Le Carnet de Tanit

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
Tanit
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Le Carnet de Tanit

Message par Tanit »

Assise en tailleur sur le sol, Tanit est toute entière concentrée sur son ouvrage.

Devant elle une épaisse liasse de parchemins, tous découpés à la même taille, deux peaux tannées, achetées à Koluar et découpées de la même façon, un amas de fil de coton et une aiguille.

Soigneusement elle dispose les parchemins entre les deux peaux et entreprend de coudre l’ensemble. Elle songe qu’ainsi, les parchemins dureront plus longtemps, protégés des intempéries et du temps qui passe.
La peau souple n’oppose qu’une faible résistance aux doigts puissants de la galdure, et très vite, la reliure est achevée. Un dernier nœud. D’un coup de dents, Tanit coupe le fil, puis elle range immédiatement l’aiguille dans son sac. Si précieuse et si utile aiguille.

Enfin Tanit peut contempler son œuvre. Elle fait la moue. Peut mieux faire, songe-t-elle. Elle soupire. On peut toujours mieux faire. Mais pour l’instant elle n’a qu’une envie, écrire sa toute première phrase dans son tout premier carnet.

L’encre de myrtille est déjà prête, la plume est neuve. Tanit pose le carnet sur son genou et l’ouvre. Elle s’empare de la plume et la trempe dans l’encre et…

… et rien ne vient.

Tanit grogne doucement. Soudain elle ne sait plus ce qu’elle voulait écrire, c’est le vide absolu dans sa tête. Elle a beau réfléchir et réfléchir encore, rien mais rien ne lui vient.

Par quoi commencer ? un commencement c’est si important. Un instant Tanit a presque peur de cette page blanche et cela elle ne le supporte pas. D’un seul trait, elle écrit :


"Je suis Tanit la Galdure"


Et s’arrête. Elle regarde la phrase. La regarde encore. Puis la lit à haute voix en détachant soigneusement chaque mot :

« Je suis Tanit la Galdure … je suis Tanit la Galdure… Oui oui une bonne phrase pour commencer, cela. Boooon. »

D’un geste appuyé, elle appose un point final à la phrase puis ferme le carnet et le range dans son sac. Un grand sourire éclaire son visage.

« Un bon début oui. Suffisant pour l’instant. Maintenant, une petite visite aux asperges du temple d’Illumen. Elles doivent se languir de moi. »

Tanit la Galdure se lève et la main déjà sur le pommeau de son épée, s’en va à grands pas vers un autre genre d’ouvrage.

Tanit
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Le collier de Tanit

Message par Tanit »

Le soleil de midi frappe de plein fouet le sable blanc du désert de Starenlight. Les cristaux de quartz fulgurent d’un éclat violent, projetant d'irréelles évanescences de bleu, blanc et rose mêlés.

Les petits animaux qui d’ordinaire hantent le désert se sont terrés pour échapper à la chaleur. Même les serpents ont désertés les pierres pour s’enterrer dans le sable à la recherche d’une hypothétique fraîcheur.

A l’horizon, l’air semble curieusement habité, esquissant de troublants mirages tout aussitôt avortés.

Soudain, comment naissant des sables, une silhouette surgit.

C’est une grande galdure à l’air farouche, toute armurée de cuir. Elle marche, concentrée, totalement indifférente à la chaleur environnante ; elle sait ou elle va et elle s’y rend à grands pas.

Soudain elle s’arrête au pied d’un bouquet de trois doigts de cristal bleu. Elle pose son sac sur le sol, en sort une pioche et entreprend de creuser le sable.

Quelques minutes plus tard, elle extrait des sables brûlants un petit paquet enveloppé d’un parchemin jauni et craquelé.

Grondant sourdement, Tanit s’agenouille sur le sable et défait avec précaution l’emballage.

Apparaît alors un doigt. Un doigt humain. Bruni, desséché, la chair s’est rétractée sur l’os et il est parfaitement momifié. Mais tout à fait reconnaissable.

Il s’agit bien d'un doigt. Celui d'un homme même. Une vilaine découpure a la base montre qu’il a été arraché à son légitime propriétaire, vraisemblablement par un féroce coup de dents.

Tanit examine minutieusement le doigt momifié, le tournant et le retournant délicatement en tous sens. Puis satisfaite de son examen, elle sourit. Un sourire bref qui éclaire gracieusement son visage comme le premier rayon de soleil illumine le ciel après la pluie. Le sourire sied à Tanit même si elle l'ignore.

Très concentrée, Tanit range la pioche dans son sac puis en sort une peau parfaitement tannée.

Elle tire sa dague de son fourreau et d’un geste aussi précis que puissant, elle découpe d’une seule traite une lanière de cuir d’une quarantaine de centimètre de long dans la peau souple.


Habilement, elle noue le doigt momifié avec la lanière, confectionnant ainsi un collier rudimentaire. Tanit passe ensuite ce barbare ornement autour de son cou. Une satisfaction intense se lit sur son visage. Un instant, elle admire son ouvrage, toute à son ravissement.

Enfin, elle tire de son sac un carnet de peau relié, une plume et de l’encre de myrtilles violacée. Confortablement installée sur le sable, elle écrit :


"Aujourd’hui je me suis fait un collier du doigt de l’insolent Mohtas. Puisse-t-il servir d’avertissement à tous les aventuriers qui osent me manquer de respect.

Si l’un d’entre eux s’avise encore de roucouler autour de moi, je compléterai mon collier préféré avec l’un de ses doigts. "


Tanit réfléchi un instant puis rajoute d'un trait de plume bien appuyé :

«Ou toute autre partie de son anatomie qui me plaira de lui arracher ».


Satisfaite, Tanit referme son carnet, range ses affaires dans son sac, ses pensées déjà fixées sur l'ouvrage à venir.

Elle s’en va par les sables du désert comme elle est venue, à grands pas, son nouveau collier bien en évidence autour du cou.

L'horizon nébuleux avale sa haute silhouette et la paix retombe sur le sable de Starenlight.
Dernière modification par Tanit le 15 mai 2007, 19:08, modifié 1 fois.

Tanit
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Trouver un mari : fait.

Message par Tanit »

Tanit serre contre sa peau nue la douce fourrure blanche. Elle fouille dans son sac, posé contre la couche, en sort son carnet et sa plume et écrit :



« Proie capturée »


Elle range soigneusement son carnet puis se lovant contre le corps chaud de son amant, entreprend alors de le réveiller en le mordillant doucement.

Tanit
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Trouver un anneau : fait.

Message par Tanit »

Tanit danse avec les grisettes. C’est une danse de mort et de vie à laquelle excelle la grande galdure.

Gracieuse et légère, pas à pas, elle se fraye un chemin sanglant entre les hauts murs noirs du kasteel d’Azgarath. Coups de pieds, coups de poings, se succèdent en un rythme mortel. Tanit semble à peine respirer, toute entière sous l’emprise d’une transe guerrière ; son visage serein ne laisse rien transparaître de ses violents efforts et seuls ses yeux semblent habités, flamboyants d’une terrifiante énergie.

Tout soudain, dans un courant d’air glacial, un combattant-fantôme apparaît.
Il porte un coup vicieux de son épée vers la gorge de Tanit. De son bouclier d’acier, elle pare puis réplique par un puissant coup de genou dans l’aine du Combattant. Celui-ci vacille et recule, surpris de cette résistance. Il repart à l’assaut et il est reçu par une avalanche de coups de poings.

Alarmé par tant de résistance il tente de fuir, mais c’est déjà trop tard : une tornade de cuir l’emporte déjà vers la mort.

Tanit regarde le combattant-fantôme s’écrouler en un petit tas pitoyable et éclate de rire. Ah ! il avait cru la surprendre et la tuer, mais c’était lui qui avait rencontré sa fin.

Elle jouit intensément de ce sentiment de puissance et de force qui circule en un flot brûlant dans tous ses muscles et tous ses os : elle se sent si vivante, plus vivante que jamais.

Soudain son regard est attiré par une vague lueur : quelque chose brille au doigt du combattant-fantôme.

Intriguée, elle se penche et examine la main de son pitoyable adversaire : il semble porter quelque chose au majeur, une bague peut-être, mais la lumière est trop mauvaise pour y voir vraiment.

D’une puissante torsion de poignet, Tanit arrache le doigt du combattant, puis s’approchant d’une torchère, elle détaille d’un œil expert son butin : un anneau d’argent, de toute beauté !

D'une rondeur sans défaut, fait d'un argent pur de tout grain, si lisse qu'il semble satiné.... Vraiment parfait ! pour une bague de fiançailles.

Un instant Tanit s'imagine passant cet anneau magnifique au doigt de neofutur, quand ils se rencontreront ce soir au coin du feu et de quelle façon il la remerciera...

Ravie, Tanit fait glisser l’anneau du doigt encore chaud, empoche sa trouvaille puis se débarrasse d’un geste négligent du reste macabre du combattant-fantôme.

« Butin pris sur une proie pour la plus belle de mes proies » murmure Tanit.

Rajustant son bouclier sur son bras, elle se jette à nouveau dans la bataille. Taiaut ! RRrrrRRRrrrrrR ! ! ! !

Tanit
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Première Touche

Message par Tanit »

L’art de la guerre de Sun Tsu – Livre III – La stratégie offensive - 5.

Whang shi : Examinez la question des ses alliances et provoquez-en la rupture et la dislocation. Si un ennemi possède des alliés, le problème est grave et la position de l’ennemi est forte ; s’il n’en a pas, le problème est mineur et sa position est faible.

Tanit
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Le Feu et le Sang

Message par Tanit »

Chaud… si chaud… je brûle… soif … boire… boire … trop chaud …trop chaud. De la lave brûlante circule dans les veines de Tanit, incendiant chacun de ses membres d’une coulée de douleur et de feu ; son cœur s’emballe en un galop furieux, embrassant sa cage thoracique dans un soleil de fureur. Ses doigts ! ses doigts fondent ! et coulent telles des bougies en fin de course… je brûle je brûle… Tanit voudrait crier s’enfuir bouger … chaud trop chaud ! soudain, comme une vague, le choc de la conscience, réminiscence, elle comprend se souvient. Etory !! ce n’est pas elle, mais Etory, qui souffre brûle brûle ! Etoriiiiii !

Un sursaut brutal qui contracte tous ses muscles. Tanit se réveille, étouffant sur ses lèvres un cri inachevé. Etory ! Elle s’est endormie alors qu’elle veillait au chevet du guerrier blessé. Baaakhaaa 'shi !! Tanit se penche et observe attentivement le guerrier alangui dans son nid de fourrures d’ours blanc. Ces pommettes saillantes sont rougies par la fièvre, ses lèvres craquelées par la soif, ses mains tremblent, hors contrôle. Il gémit sourdement… la fièvre maudite fièvre le dévore de nouveau, invisible ennemie que Tanit ne peut transpercer d'un coup d'épée.

Toute la neige a fondu dans la bassine. Tanit se lève en titubant légèrement, prends la bassine et sort. Dehors le vent joue dans les arbres ; partout un manteau de neige pure, estampillé d’un camaïeu de bleus azuréen. Tanit pose la bassine à terre et doucement se laisse tomber sur le sol moelleux. Elle se roule dans la neige avec délice : froideur qui apaise et console.

Un instant flotte dans son esprit une image fugace : elle et Etory, enlacés, riants, roulant dans la neige, peau contre peau, cœur contre cœur…

Tanit se relève d’un bond. Des choses à faire. Pas de temps, pas de temps à perdre. Elle cueille vivement quelques poignées de neige fraîche, les dépose dans le récipient puis sans un regard pour le ciel où pointe le museau de l’aube, elle rentre sans plus s’attarder.

D’un coup de pied, elle ravive le feu, y dépose quelques bûches. Patiemment elle humecte un doux tissu de coton, rafraîchit le visage brûlant de son guerrier. Tout à l’heure, elle ira chasser et elle lui rapportera du sang frais. Sang d'ours ou sang de loup, selon la proie qui la première se présentera à la guerriere.

Tout à l’heure, arrivera la femme courbée d’ans qui la relayera. Tout à l’heure, l'agaçante Irae viendra livrer quelque deccoction savante, encore, sera-t-elle plus efficace que les autres ?

Tout à l'heure retentira le grondement d'appel de Beld... appel à l'entrainement... appel au combat....lame contre lame corps contre corps... Debout Jeunes Guerriers Debout !

Pour l'heure, Tanit passe la main dans les cheveux trempés de sueur et d'angoisse de son Etory. Et sa main a beau se faire plus douce et plus légère que la plus tendre des fleurs de coton, ce geste d'amour sincère ne provoque qu'une éniéne onde de douleur sur le visage émacié d'Etory.

Impuissante, Tanit murmure, comme un mantra protecteur :

Les guerriers meurent au combat, les galdures ne les pleurent pas. Les guerriers meurent au combat, les galdures ne les pleurent pas. Les guerriers meurent au combat, les galdures ne les pleurent pas.

Tanit
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Message par Tanit »

Assise au pied de l'arbre, Tanit fixe intensément les polypores qui en colonisent la peau rugueuse.

Soudain, elle tire de son sac son carnet et son nécessaire à écriture. Accotée à l'arbre et au souvenir, elle écrit d'un geste précis :

Attendre Etory.


Referme le carnet, le range avec soin. S'en va d'un pas vif vers un énieme ouvrage.

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