Escales à fleur de temps, de lieux et d'enjeux.

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
Eogue
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Inscription : 30 janv. 2008, 18:27
Localisation : Arpente les montagnes de Nord-Thyl.

Escales à fleur de temps, de lieux et d'enjeux.

Message par Eogue »

------------------------------------------------------------------- De Cî-et-Delà
  • *Les histoires et courts écrits relatés sur le vif, au fil des pages du carnet de route transcrites en cette salle, ont la teneur de notes récapitulatives touchant aux jours de l'auteur, incluant menues réflexions, anecdotes et rencontres particulières, datées dans la mesure du possible. Certaines annexes feront, prises à part bien que considérées comme parties intégrantes de la narration, office de rapports sur les sporadiques reculs, progrès ou plus simplement fluctuations tangibles dans les différentes recherches menées pour le compte de la connaissance et la sagesse commune. Pour le plaisir de lire et le plaisir de vivre, de rire et de partager, encore d'en rire si possible en fut-il, la suite vous est bien dédiée.. *
[color=olive]Feuillet de Notes du 19 Archeno 369[/color] a écrit :
  • " Epuisé.
    Ce qui semble aux yeux une antre d'agonie capture, au passage des ronces et des branchages rudoyants, les dernières onces de la magie lumineuse du jardin. Mais enfin, l'entraînement va commencer, l'initiation laborieuse et sérieuse, passage à la maturité. Après un court passage à vide, une absence de volonté, (Foutrecol, que la Récolte est épuisante sous cette chaleur), repartons de bon pied. Ais, grâce à la connivence et la confiance d'Aadrii, Maîstre Nain de sympathie et de rencontre, eu connaissance d'un lieu formidable à mon entendement, n'évoque pas semblable sentiment au coeur de tant d'autres, à double et judicieux sens. Sans ambages ni malice aucune, le petit personnage, Agent des Gardiens de la Tradition et à l'occasion de Rassurance de son Etat me concernant, a cheminé longtemps et jusque tard dans la matinée devant moi, guidant mes pas. Avons mené l'expédition depuis les contreforts de Nord-Thyl jusqu'aux "portes" désengoncées de Mynadar, à travers les villes ruines et échos. Avons croisé quelques loups et lapins, tout appliqués à leurs errances et toilettes, sons étouffés et jeux d'ani-mots inintelligibles à notre pauvre audition, passe. Traversons par suite l'étendue valloneuse de Taarsengard.

    Lieu effrayant en reste à mon esprit, lacunes bientôt comblées si mon guide n'a pas éxagéré sa réponse à la question: "Dîtes-moi, en quel lieu, en vertu de mes pathétiques talents combattifs, me conseillez-vous d'élire bivouac, dans le but d'un prompt et rude et rétablissement? " Ni une ni deux, alors que je désespérais de trouver un jour fourneau à mon projet, celui-ci se contenta d'un sourire aimable et laconique. Puis de m'inviter par les routes escarpées de cette campagne hantée de Gobelins Armés, jusqu'aux entrailles du Palais Mémorable. Aadrii, petite personne érudie d'astucieuse manière, de barbe brune et brousailleuse, masquant ainsi une humeur bonhommiesque, semble regorger de surprises et a acquis une bonne connaissance de maints secrets de cette terre. Contrairement à la plupart des Nains que j'ai pu connaître, sans généraliser honteusement et à outrance, il semble plus empathique que ce qu'on pourrait bêtement considérer comme la moyenne, bien qu'il n'en dise mot. Par des routes dont le nom m'est encore inconnu et ne semble laisser traces, du passage occidental de la Vallée de Tarsengaard, aux profondes caves du Divin Palais, Aadri m'a offert humblement la joie de pouvoir combler mes voeux, je l'en ai remercié plus que de raison. Il faudra que je lui rende sans retenue un jour ce gage de sympathie, le temps viendra, les mots aussi et autrement que par des preuves uniquement matérielles.

    Et aujourd'hui cela fait cinq jours bien tassés que je fends, me débats puis terrasse quand se cambre le bras les monstres velus tapis dans cet antre de vie rampante. L'endroit, convection de galeries brutes, aux parois sombres et ternies d'un bleu-vert de mousse, presque jugulé dans le corridor central, d'obscurité profonde, cache assurément un passé enfoui fort loin dans la mémoire des temps Fingeliens, que je ne connais pas bien, ne saurais, et ne veux déterrer je crois. L'autel, curieux ventre arachnéen d'opale où je passe mes nuits, plutôt à la vérité mes rares moments de repos dans ces épreuves, sent, non, laisse ressentir, du sang, des larmes et des poisons insidieux autrefois écoulés sur sa pierre de taille subtile, ouvragée de belle mais sinistre façon, au nom de puissances d'antan qui (c'est là un avis et le mien) ne le méritaient sans doute pas. Celles-ci je suppose dorment d'un sommeil éternel, éternel comme leur berceau. Landes... Le Poison...oui,... le poison. Ais réussi à n'en pas défaillir et éviter la tombe en ce caveau plus d'une fois. Oh, je ne pense pas sincèrement, ou de manière alarmante, en mourir, mais...par moments il fait battre, en un tambourinage incessant, lancinant, insupportable au compte, le sang à mes tempes rougies. Quelques cris que je pousse indiqueraient à l'envi le combat livré en chair et esprit, pour la lucidité et la vitalité, entre ce que l'on pourrait mystiquement, par fibre poétique ou ignorance, nommer "Forces de Vie" et "Forces de mort". Muées ici en une déplaisante allégorie du combat éternel, soeurs et amantes enlacées violemment, de tourments, complémentaires mais douloureusement endurées, ménage hardi et écrasant.

    Enfin, trouve petit à petit le sommeil, lent et tardif. Le feu crépitant dans l'âtre improvisé, sous l'arche de dalle rocheuse, saupoudré du mélange de jusquiames noires, chanterelles et roses rouges cueillies à mon départ puis broyées par tours de poignets, devrait me donner la paix. Et surtout devrait, en emplissant les galeries d'une fine fumée odorante, tenir en respect ces morantes "Six-Pattes", groupissantes mais furieuses des dommages occasionnés tantôt, en protestation aigue et irrégulière de broborygmes à peine audibles dans la pénombre proche. Au moins sont gagnées quelques heures précieuses pour que cessent les frissons me parcourant le corps, compliquant par instants la rédaction et l'envoi télépathique de ces feuilles fumées, et que se ravive la flamme du lendemain. Le plus troublant, outre les senteurs âcres et stagnantes distillantes en ce cocon de pierre protecteur, outre, avant de se laisser choir dans des nîmbes ensommeillées, la tristesse et le peu de réconfort du lieu en lui-même, ancien foyer de mort en destinations, de pleurs en devenir, d'horreurs combien t'et comment naquirent?.

    Outre le manque de vie, des vies que l'on aime tendrement, telles qu'on les aime, le plus troublant tient au décompte des heures. Je me rends brusquemment compte au troisième jour, fuseau de clarté, et ce serait le cas pour longtemps, que je ne vois ni ne peut me rendre compte en ce lieu des variations des cieux, ni plus que des herbes au dehors, perdant là même l'impression qu'il existe un dehors, si au-dehors existe encore au moment de sombrer dans une insconscience d'ancre, et ses rêves informes, beau ou horriblement meurtri. Les notions de "soir" "matin" "rayon de soleil" même perdent de leur sens, la grande montre ne sait plus comment tourner ses aiguilles désorientées ici. Si je perds bel et bien le compte du temps, je reste assuré d'une chose, je n'en ressortirais plus. Plus avant longtemps, si dans cette situation "longtemps.", cela signifie bien toujours...."quoi."..."quelque chose. Ressortir...uniquement si je n'ai plus à craindre les créatures qui m'ont tant fait souffrir, qu'enfin je puisse combattre et mourir, coups férissant utilement aux côtés de mes Frêres et Soeurs, Amis. Chaque chose en son temps, disait un Ancien, Route est longue et incertaine comme le même se plaisait à dispenser, mais le moment venu, prêt je serais, vengeance sera obtenue par rouges sillons, prêt je serais, rictus monstrueux s'éteindront. La lame sera crainte des immondices, me le suis juré. Cet apprentissage titanesque par l'ampleur de la tâche n'est pas entrepris avec le plus grand plaisir. Mais par malheur, au jeu des récents évènements, un jour ou l'autre, semble qu'il faudra bien qu'il y ait la Guerre. Je prie, paradoxe lourd de sens pour un Athée, simplement qu'elle n'ait point lieu entre frêres et familles de même amitiés, ne prépare torrents de sang et de larmes. Fassent les épreuves nous éclairer la voie à suivre, pour enfin sourire et réconcilier.

    Pour tout dire, .......... ".



    *La suite se ramène à quelques lignes entremélées et illisibles, la fatigue fit son office pour finir le rude travail de la journée...*
"Si tu veux vivre hors-la-loi, il te faudra être honnête." Bob Dylan.

Eldo-Rian(t) de bon cœur
Journaliste au MagLE,
Ecrivain à l'essai,
Amoureux de la lecture.
Alchimiste compétent
Fabricant en devenir.

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