[V] Le froid de l'âme

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
Avatar de l’utilisateur
Halarim
Messages : 3
Inscription : 27 avr. 2008, 23:46

[V] Le froid de l'âme

Message par Halarim »

*Halarim parle au fond de la cale d’un navire qui vogue vers Séridia, il discute avec un homme dont le visage est en partie recouvert par une large capuche, ils sont éclairés par intermittence par une vieille lampe à pétrole*

- C’était il y a quelques lunes déjà, une bonne centaine peut-être, je ne sais plus… j’étais parti avec Hélora, nous n’en pouvions plus tous les deux, les terres sinans ne sont que rocs, vents, froid… froid de la terre et froid de l’âme. Les terres sinans sont la mort mon ami, pourtant elles sont belles et me manquent déjà…

*L’autre homme verse un verre de vin rouge sombre à Halarim*

- Tiens Halarim, bois

- Merci mon ami… alors nous avons pris nos affaires et nous sommes partis découvrir le vaste monde, Hélora était si belle, la peau pâle, de longs cheveux noirs, des yeux si noirs que l’on ne distinguait plus l’iris de la pupille, elle était grande et fine… les courbes de son corps, mes mains ne les toucheront, hélas, jamais plus…

-Que s’est-il passé ?

- Nous avons traversé les frontières imaginaires de nos aïeux et sommes rentrés en pays Eldorian, nous sommes allés dans les montagnes car Hélora voulait voir la neige, cette fameuse neige qu’elle croyait rêvée, sortit d’un conte que sa mère lui avait raconté enfant.

- Il existe des contes sinans pour enfants ?

- Oublie ce que l’on a pu te dire sur les sinans, oublie tout… tous les miens n’ont pas un squelette pour serviteur et tous les enfants ne sont pas sacrifiés à la grandeur d'une divinité démoniaque quelconque. Cela existe aussi bien sûr, et l’apprentissage de la survie est une leçon sans fin sur ces terres… Mais il existe aussi un peuple cultivé, riche, fier de ses racines et aussi généreux, parfois… un peuple où l’amour est une denrée rare et précieuse et où le peu de chaleur humaine se perd dans les vents glacés…

*Halarim finit son verre d’une large gorgée*

… Helora a souri quand elle s’est allongée dans la neige, je crois bien que c’est la seule fois que je l’ai vu sourire, elle m’a dit viens ! Mais je ne suis pas venu… Je regardais une bâtisse au loin, de la fumée sortait de la cheminée et la perspective d’un bon feu et d’un repas m’appâtait sérieusement. Nous nous sommes alors dirigés vers la bâtisse, nos longs manteaux noirs bardés de plumes de corbeau nous distinguaient très clairement au milieu de cet océan blanc. Et la première rencontre que nous fîmes avec des Eldorians eût lieu bien avant que l’on atteigne l’habitation…

… Des chasseurs sont sortis des bois à quelques mètres devant nous, ils étaient quatre et l’un d’eux avait un renard sur l’épaule. Nous avons approché pas à pas, nous étions un peu inquiets, pas certains de la tournure des événements, ils se sont arrêtés à trois pas de nous. L’un a dit Sinans ?, j’ai répondu Oui… Un autre chasseur était plus jeune, il avait un arc bandé et semblait terrifié au point de trembler dangereusement. Hélora a fait un pas vers lui en lui tendant la main, elle voulait lui donner de la neige… de la neige ! *rit nerveusement* la… la flèche lui a traversé le cœur. Elle est tombée tout doucement en me regardant, elle a ouvert la bouche pour me parler mais le sang fût sa seule parole, un sang rouge, écarlate, se répandant sur la neige et dans mon âme. Les chasseurs sont partis, le jeune m’a dit pardon ! en chevrotant et je suis resté là, avec Helora, perdu, seul et désespéré… Des heures plus tard, en pleine nuit, un homme est venu avec un cheval, sûrement alerté par la nouvelle que deux sinans étaient dans la région, il m’a emmené chez lui, je ne comprenais plus où j’étais. Il était étrange et m’a parlé à peu près en ces termes "tu es bien loin de chez toi jeune sinan, cette vie et cette terre ne sont pas pour toi, tu dois faire honneur aux nôtres et à notre histoire. Est-ce que tu préfères subir comme tu as subi aujourd’hui ? Est-ce que tu dois baisser la tête et endurer ? Il n’y a que deux choix, deux perspectives, deux … destins, subir ou régner, accepter ou refuser, avoir mal ou faire mal, quel camp choisiras-tu ? Les faibles ou … les forts ?"

*Halarim se tait un instant, se remémorant ces instants*

- Et qu’as-tu choisis Halarim ? Que viens-tu donc chercher en Séridia ?

*Halarim sourit, s’allonge pour dormir, éteint la lampe et dans le noir, lance une dernière parole*

- Toi, qu’aurais-tu choisi ?

Répondre