[V] L'héritage (achevé)

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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kely
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[V] L'héritage (achevé)

Message par kely »

Le grand père
 
Le campement se situe dans une cuvette au bord de la montagne. Peu de bleus s'y aventurent, de l'autre côté le territoire sinan commence.
Le grand père de Kely, Hetano adorait se promener dans ces montagnes, il y trouvait l'inspiration pour ses chansons dédiées à la plus belle femme du campement et le silence propice à la lecture des innombrables livres. Il y passait tout son temps.
Un jour alors qu'il était en pleine composition d'une sérénade, un rugissement se fait entendre vers les terres sinanes, suivi d'un cri humain déchirant.
Peu rassuré, il s'approche néanmoins de l'endroit discrètement. Derrière un roc il aperçoit un ours d'une taille impressionnante et par terre un homme à genou, tournant le dos.
 
Il entame alors un chant d'apaisement de sa voix mélodieuse, espérant calmer la bestiole avant qu'elle ne donne un coup fatal à l'homme à terre.
Le chant a un effet presque immédiat sur l'animal qui tourne ses yeux vers l'origine de la mélodie. Comme hypnotisé il marche vers Hetano et ce dernier atténue le son de sa voix au fur et à mesure que la bête s'approche. Il se terre derrière le roc et se tait, l'ours continue d'être hypnotisé et passe son chemin.
Hetano remarque que les yeux de la bête sont vides, comme dénués de vie, elle dégage une odeur pestilentielle.
Alors qu'elle est assez loin, Hetano s'élance au secours de l'homme à terre. Ce dernier est effondré face contre terre. Il le tourne, il constate sans grand étonnement qu'il s'agit d'un sinan. Il respire encore mais ne semble pas vouloir reprendre connaissance, une vilaine blessure sur le ventre. La magie semble inopérante sur la blessure, après quelques instants d'hésitation Hetano le prend sur son dos et l'emmène au campement afin de lui prodiguer les soins nécessaires par des potions.
Il entre dans le campement avec le sinan sur le dos, la nouvelle se répand immédiatement dans toutes les tentes jusqu'aux oreilles du chef, qui se déplace immédiatement afin de constater la véracité de cette rumeur.
A l'entrée de la tente, le chef trouve Hetano en train de confectionner une mélasse pour la blessure du jeune sinan.
 
Le chef : - hum ....?
Hetano levant à peine la tête et d'un ton las : - Quoi encore ?
Le chef : - Tu as ramené un sinan avec toi paraît-il ?
Hetano sur la défensive : - oui, il est blessé, la magie n'a pas opéré sur place ... je n’allais quand même pas le laisser mourir !
Le chef gêné : - hum ... non ... bon, dès qu'il peut se lever tu le ch .... tu l'invite à rejoindre les siens !
Hetano hausse les épaules : Il est mon hôte et n'a rien fait de mal pour l'instant, c'est moi qui déciderait quand il retournera vers les siens !
Le chef s'en retourne tout en marmonnant et grognant : - humph .... imprévisible .... nécromants ..... soucis .... rhaaa Hetano !
 
Les jours qui ont suivi le sinan reprenait connaissance et sa blessure se cautérisait grâce aux onguents de Hetano mais à aucun moment la magie n'a pu aider la guérison, ce qui laissait Hetano perplexe.
Le chef du campement venait régulièrement voir Hetano pour l'inciter à se débarrasser de son encombrant invité, invariablement Hetano répondait que ce n'était pas le moment sur un ton peu cordial. Cet événement n'a fait qu'empirer les rapports entre Hetano et les bleus du campement, mais ce dernier s'en moquait. La curiosité l'emportait sur tout le reste.
Lorsque le sinan fût en état de discuter, Hetano commença à lier connaissance avec lui, à lui raconter comment il l'avait trouvé, qu'il avait été obligé de le ramener au campement pour le soigner.
D'abord méfiant, le sinan fini par comprendre qu'il devait la vie à ce jeune bleu à la peau sombre.
Il accepta donc de dialoguer avec lui et une certaine entente s'installait entre les deux hommes.
 
Comme convenu à la fin de sa convalescence, le sinan parti du campement pour rejoindre les siens.
Mais ce que personne n'a jamais su c'est que Hetano et le sinan se retrouvaient régulièrement dans les montagnes pour partager leur connaissance, le sinan expliquait l'art de la nécromancie à Hetano et ce dernier essayait de sensibiliser le sinan à l'art de la poésie.
 
Les années passaient, Hetano se trouva une compagne, qui mourut en donnant naissance à un fils prénommé Vulgor.
La seule personne qui le retenait au campement disparue, Hetano passait son temps dans la montagne avec le sinan sans trop se préoccuper de son fils Vulgor et s'éloigna encore plus de son peuple.
Ses rencontres avec le sinan s'accentuaient et au fur et à mesure la nécromancie était le sujet principal de leur rencontre.
Hetano essayait d'en comprendre intellectuellement les rouages, et malgré les incitations du sinan, jamais ne mit ses connaissances à exécution.
Dernière modification par kely le 29 sept. 2009, 08:35, modifié 1 fois.
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kely
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Re: L'héritage

Message par kely »

Le père
 
Vulgor qui suivait depuis tout petit les traces de son père, passait son temps dans la montagne en compagnie des enfants du sinan et parfois d'autres enfants de ce peuple. Peu intéressé par la poésie et les chansons qu'il estimait peu attrayant pour un garçon, voire un peu mièvre.
Ces rencontres avec les jeunes sinans étaient beaucoup plus amusantes, et puis avec eux il faisait des choses interdites dans son campement.
Il apprenait la même chose que les jeunes sinans au fur et à mesure que ceux là progressaient. C'est ainsi que très rapidement et en cachette de son père il se mit à pratiquer la nécromancie.
 
Les années passèrent, Vulgor peu amène avec les membres de son campement était complètement isolé, il passa malgré tout son chant d'adulte assez passablement.
Son père mourut quelques temps avant l'arrivée d'une caravane nomade bleue.
Comme à l'habitude le chef prépara une fête pour accueillir cette caravane. Pour une fois Vulgor resta dans le campement. Il se tenait à l'écart et regardait les préparatifs.
Le soleil se couchait, les chanteurs entamaient leur chant. Vulgor pour ne pas changer n'écoutait pas trop les paroles.
Au milieu de l'assemblée son regard fut attiré par une jeune bleue. Il ne la quittait pas des yeux, et tentait d'accrocher son regard.
Puis elle leva les yeux sur lui et le lien s'établit immédiatement.
Elle se déplaça avec la légèreté d'un nuage blanc.
Elle s'approcha de lui, aucun mot n'était nécessaire.
A la lueur de la nuit il put voir qu'elle était aussi claire qu'il était sombre.
Elle toucha sa joue, il oublia tout ce qu'il était.
 
Les jours qui suivirent furent un enchantement pour Vulgor. Hélas le jour du départ de la caravane approcha et malgré les suppliques de la jeune bleue, son père ne voulut pas la laisser, ne prenant pas au sérieux les sentiments de sa fille.
Vulgor s’échappa de plus belle vers les montagnes et ses pratiques noires.
Il était plus inconscient que les jeunes sinans, ceux-ci étant cadrés par leurs parents. Vulgor pour sa part se retrouvait souvent seul et tentait l'impossible.
Mais plusieurs semaines plus tard il eut la surprise de voir revenir la caravane bleue.
Elle était là et son ventre arrondi fit naître sur les lèvres de Vulgor un sourire qu’il avait peu l’habitude d’avoir.
La naissance de son fils Kely apporta une pause dans sa pratique nécromane. Mais après quelques années et alors que Kely fut en âge de l'accompagner dans la montagne, il repartit avec lui. Le groupe d'amis sinans s'était considérablement réduit, seuls restaient ceux qui souhaitaient aller plus loin sans entrave, poussant de plus en plus loin les limites de cette magie noire.
Kely, aventurier emprisonné pour l'éternité.

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kely
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Re: L'héritage

Message par kely »

La mère
 
La jeune bleue se prépare pour son premier voyage, elle met ses plus beaux atours pour les soirs de fête mais aussi des vêtements amples et confortables pour le voyage.
La caravane est prête et part enfin.
La caravane s'arrête d'abord dans 2 campements relativement proches. Les fêtes sont sublimes. Tous les membres du campement sont présents. Les célibataires se pressent auprès des jeunes de la caravane pour faire connaissance avec de nouvelles voix.
Ils restent une bonne semaine dans chacun de ces campements. Ils continuent leur périple en direction d'un troisième à cinq jours de marche. Au bord de la frontière sinane.
Alors qu'ils approchent, l'endroit devient menaçant, une angoisse les étreint tous, personne ne dit rien, le silence se fait comme au temps jadis dans le peuple, mais aujourd'hui il est assourdissant.
Ils arrivent enfin au campement, ils sont accueillis chaleureusement. Le malaise se dissipe dès les barrières du campement franchies et une douce harmonie les enveloppe. Le chef leur sourit ravi de pouvoir enfin commercer, il annonce la fête pour dès le lendemain soir.
Le soir approche et avec lui la fête. La jeune bleue s'est préparée toute la journée. Elle n'a pas encore aperçu les habitants de ce campement. Elle se dirige vers le centre du campement, les chanteurs, au centre, attendent que tout le monde soit assis.
Le premier chanteur se lance évoquant la joie de recevoir de nouveaux venus porteurs de biens ravissants. Il chante la beauté des artisanes et de leur bijou.
Le deuxième prend la relève, sur un rythme un peu plus relevé, il parle de la jeunesse, et de l'espérance chez eux de trouver l'âme sœur parmi les nouveaux arrivants. Le chant est plein d'humour, ils rient tous ensemble.
Alors que le troisième entame un chant sur l'union, elle aperçoit un peu en arrière un jeune bleu, on le distingue à peine dans la nuit, mais ses yeux ressortent de façons envoutantes.
Ils sont rouges.
Elle se lève irrésistiblement attirée.
Elle s'approche au rythme lancinant de la musique.
Elle a l'impression de voler.
Arrivant auprès de lui elle comprend pourquoi on le voit à peine, il est bleu foncé !
Ils se regardent longuement.
Elle touche sa peau … elle n'a jamais vu un bleu aussi sombre.
Elle n'entend plus rien d'autre que le son de sa voix.
Ils passent le reste de la nuit ensemble.
Il s'appelle Vulgor.
Les jours suivants, elle le retrouve à sa tente, un peu excentrée des autres. Il semble solitaire mais lui prodigue une attention à laquelle elle est peu accoutumée.
Le jour du départ de la caravane arrive, elle est désespérée de partir … Elle essaye d'en parler à son père.
Il éclate de rire :
« ah les premiers émois amoureux !! Bah dans 2 jours tu n'y penseras plus ! ».

Résignée, elle rejoint la caravane.
Elle le voit, le fixe. La caravane s'ébranle.
Il ne devient plus qu'un point à l'horizon.
Puis plus rien.
Son coeur se serre.
Elle ne sourit plus.
Elle ne participe plus aux fêtes.
Les jours se suivent, le voyage devient de plus en plus pénible et la rend malade.
Au bout de plusieurs semaines elle n'a plus de doute sur son état.
Elle prend son courage à deux mains et elle va en discuter avec son père.
Il est atterré.
Il en discute avec les autres responsables de la caravane et s'arrange pour repasser par le troisième campement vers la fin de la tournée.
Elle sent son cœur battre à nouveau.
La fin du voyage se passe sans encombre.
Ils arrivent enfin au campement de Vulgor.
Son père se dirige vers la tente du chef du campement. Celui-ci paraît étonné mais accepte de procéder à l'union.
Une fête est organisée. Elle ne ressemble à aucune autre. Peu d'empressement de la part de l'ensemble du camp à y participer, les chants sont de qualité moyenne, mais cela importe peu à la jeune bleue.
Son coeur est rempli de la vision de son bleu aux yeux ensorcelants.
Son père l'étreint et lui promet de revenir pour la naissance avec ma mère.
Les mois de grossesse s'écoule paisiblement. Vulgor est aux petits soins pour sa bleue. Il s'absente souvent mais est tellement prévenant quand il est là qu'elle ne s'en soucie guère.
Le 6 kamarien du fingelien 349, nait un petit garçon aux traits identiques de son père, hormis les yeux, ils sont marrons, ils l'appelent Kely.
Le regard de Vugor sur son fils est émerveillé et inquiétant à la fois, un malaise submerge la jeune mère l'espace d'un instant, mais se dissipe rapidement.
Dernière modification par kely le 29 sept. 2009, 08:31, modifié 1 fois.
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kely
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Re: L'héritage

Message par kely »

Le fils
 
kely est un garçon plutôt rêveur.
Le temps passé dans la montagne ne lui déplait pas. Il laisse aller son imagination en regardant les paysages.
Des mots se forment dans sa tête sans que jamais ceux-ci ne disent quelque chose. Mais il aime leur forme, leur sonorité. Parfois deux mots ensemble forment pour lui une harmonie parfaite et il rit aux éclats.
Mais autour de ces moments harmonieux il y a son père et ses amis, il les déteste tous sans exception. Ils se moquent de Vulgor à travers Kely, ce qui rend son père fortement irritable.
Et au campement, les autres enfants le fuient comme la peste. Alors il s'enferme dans son imaginaire … le seul qui le comprend et le rend heureux.
Jamais il ne participe aux festivités du campement, trop de regards réprobateurs à supporter. Il part dans un coin et dessine sur le sable ce qui prend forme dans sa tête … des lettres, des mots ...
Quand il n'arrive pas à échapper à l'attention de son père ce dernier l'empoigne et l'emmène avec lui dans sa folie.
Parfois les choses tournent mal. Une des créatures s'en est prise au jeune Kely. Des entailles profondes sont dessinées à jamais sur son dos.
Kely grandit, exécute sous la contrainte de son père des actes qui le dégoûtent. Il essaye d'y échapper, de biaiser ….. les colères de son père sont de plus en plus violentes.
La couleur de ses yeux changent.
Plusieurs fois Kely souhaite partir, fuir ce père mais il n'y arrive pas.
Puis vint ce jour, le jour …. le 1er mundia 371.
kely et son père sont absents du campement. Un grondement étrange s'éleve de la montagne. Il saisit d'effroi l'ensemble des habitants du campement.
Le grondement se transforme petit à petit en cris inhumains, un déferlement de créatures monstrueuses s'abat sur le campement. La rapidité de l'attaque prend au dépourvu les défenses magiques du campement, il faut un certain temps pour remettre en place une défense efficace. Un temps trop long qui fut à l'origine de la perte d'un bon nombre de bleus,
La magie du campement s'éleve de nouveau dans les airs, les créatures sont repoussées puis abattues une à une. Leur regard et leur puanteur ne laissent aucun doute quant à leur origine.
 
Quand Kely et son père arrivent au campement, les morts sont alignés les uns à côté des autres. Parmi eux Kely reconnait tout de suite la dépouille de sa mère. Il court et s'agenouille à ses pieds.
Aucune compassion ne se lisait dans les yeux des membres du campement. Dans la foulée des rites funèbres, un conseil extraordinaire se tient. L'assemblée des lieux décide de partir de ce campement, de le laisser en l'état et Vulgor et son fils sont rendus responsables de ce carnage et ils n'ont plus leur place au sein de la communauté.
Kely clame son innocence mais personne ne l'entend. Vulgor depuis longtemps était parti.
Dès le lendemain, le campement se met en route à la recherche d'un endroit propice à un nouveau départ. Kely reste seul avec les images du campement dévasté. Il n'y avait plus de lettres dans sa tête, ni de mots. Plus de son pour le faire rire, juste ces images.
Ces souvenirs …
La montagne …
Son père …
La magie noire ….
Les créatures ….

Puis plus rien … la solitude.

Quelques jours plus tard comme un automate, Kely décide de partir et marche vers l'inconnu.
Kely, aventurier emprisonné pour l'éternité.

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