Récit sur la télépathie

[Sixona]

Est-il possible de ne pas pouvoir faire de télépathie dans les Landes? C’est possible, ça m’est même arrivé. Mon histoire est un peu longue, mais je crois qu'elle vaut la peine d'être écrite.

Tout à commencé alors que j'affrontais des gargouilles, l'une d'elles portais un traité que je possédais déja. Alors que j'exprimais ma surprise, un aventurier me suggéra de lire ledit ouvrage. J'étais assez réticente, car les pages du livre traitant de nécromancie.

À partir de se moment le doute a envahi mon esprit, mon choix de ne pas pratiquer la nécromancie était remis en cause. Tout doucement, sans que je m'en rende compte, j'ai commencé à entendre une voix qui me poussait dans mon questionnement. Je savais qu'il y avait une bonne raison pour que les Kultars détestent la nécromancie,mais je n'arrivais plus à m'en souvenir.

À un moment la voix a du sentir que j'allais bientôt céder à ses cajôleries. Elle a alors cherché à m'isoler et à me faire commettre l'irréparable. En désespoir de cause, ne sachant plus quoi faire, je me suis rendue au feu du village de Morcraven pour réfléchir.

Je commençai à lutter plus fort, et quand Ysuna a perçu mes pensées par télépathie, et m'a rejoint ne comprenant pas ce qu'il m'arrivait. Elle s'est assise à mes côtés, pour parler pendant un long moment. C'est là que la voix à dérouler tous ses arguments qui me semblaient plus vrais les uns que les autres. Mais finalement, grâce à la présence de Ysuna, je réussi à faire taire cette voix insidieuse... momentanément du moins.

Après un peu de repos, j'ai réalisé que la source de tout ceci, c'était les deux traités de nécromancie que je possédais. Il fallait que je m'en départisse, et les brûler était un bon moyen pour ça. Je les pris et, avec de quoi allumer un feu, je m'en retournai au feu de Morcraven.

J'eus à peine le temps d'allumer le feu que j'entendis de nouveau la voix. Ou plus exactement, deux voix : la même qu'auparavant, et une autre qui criait tout le temps. Son cri me paralysait, je n'arrivais presque plus à bouger. Durant mon immobilité, la première voix continuait de m'entraîner vers la pratique de la nécromancie, elle tâchait de me convaincre de garder les parchemins, argant que je pourrais devenir une invocatrice de haut niveau avec les connaissances de ces soit-disants précieux livres.

À ce moment, tout est devenu vague. La seule chose dont je sois sûr, c'est que j'entendais des kultars qui m'encourageaient, et par la suite, j'ai senti la présence de deux d'entre eux à côté de moi. Je continuai de lutter contre les voix pour jeter les parchemin dans le feu. Quand j'ai enfin réussi à me débarrasser du second, j'ai senti la frustration et la colère des deux voix car elles n'avaient plus d'emprise sur moi. Mais je ne voulais plus, je n'en pouvais plus, d'entendre ces furies résonner de leurs hurlements déments dans ma tête. Je leur dit donc de se taire, de tout taire, car je ne voulais rien entendre de plus, ni maintenant ni jamais. Elles se sont alors brusquement tues. Envolées.

Je pu enfin parler normalement avec les deux Kultars qui étaient toujours présents. Si j'entendais l'un parfaitement, l'autre semblait étrangement réservé. Je demandais alors verbalement au second pourquoi il ne voulais plus me parler. Ils commencèrent alors tous deux à soupçonner des choses...Au fil de leurs questions, ils finirent par trouver de quoi il retournait : j'avais perdu ma perception de la télépathie....

[Soriemirhil]

À Avachi, Darkgab, Deepblue, Gorm, Hasdrubal, Kerberos, Razamut, Verbania, et plus qu'à tous, à Sixona... De tout mon coeur, Merci.

Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être, non...
Et la panique a souvent raison des meilleures volontés et du Calme le plus profond.

Il en est ainsi du mal qui a frappé ma filleule. Bien que nous n'ayons à ce jour pas pu établir avec certitude quelles étaient ces voix, à force d'examiner Sixona, nous avons fini par mettre le doigt sur l'origine du blocage. En réalité, nulle malédiction, nulle trace de magie... Ma filleule était tout simplement terrorisée.

Imaginez-vous devoir plonger la tête dans un brasier et y rester. Ca vous brûlera à vous en faire exploser la voix, vous aurez l'impression que votre crâne va exploser, et pourtant vous devrez maintenir cet état de fait qui va à l'encontre de votre instinct... Vous ne le ferez certainement pas, sachant quelles en sont les conséquences. Sixona était dans ce cas, incapable de réouvrir son esprit ; Le simple fait de s'ouvrir et de laisser une nouvelle fois ces deux voix envahir son esprit la terrorisait. Il lui fallait un guide, et un cocon protecteur qui l'entoure le temps qu'elle réussisse à oser percevoir de nouveau. Elle avait besoin de Calme, pour retrouver son sang-froid, et plus que tout, ses amis étaient indispensables pour l'épauler, et qu'elle cesse de se braquer.
Comme un enfant que l'on encourage à marcher seul, elle avait besoin que quelqu'un fasse le premier pas dans son esprit, et que tous ensemble, nous lui tendions la main.

Il y a quelques Fingeliens, j'ai eu la chance d'être né dans ce peuple qui, en dehors de Draia, est le seul qui pratique la télépathie. Et j'ai eu la chance de croiser une Kultare du nom de Sixona, qui m'a honoré le jour où elle est venue timidement requérir mon parrainage dans notre religion vouée à l'Instable. Certains verront là une coincidence, d'autres y verront la manifestation des Landes qui jouent avec nous et qui se jouent de nous. Quelques-uns prétendront même y voir la marque indiscutable du Destin, ou de la Prompte et Forte Poigne... Peu importe. Je ne pouvais pas accepter ce qui lui arrivait, et j'avais une chance de pouvoir l'aider. Quand elle vint nous trouver pour exposer son mal, j'ai senti une bouffée d'Espoir qui explosait dans ma poitrine, car à vrai dire, j'avais peur de sa réaction si la proposition d'aide venait de moi... Toujours à cause de cette volonté singulière de suivre son propre chemin. Nous y reviendrons.

Après que nous l'ayons interrogée, nous commençâmes à réfléchir à ce qu'il nous était possible de faire. Si nous parvenions à ce qu'elle se concentre sur la confiance qu'elle portait à ceux qui l'assistaient, j'avais une chance de réussir à transpercer la barrière mentale dans laquelle elle s'était emprisonnée, et ensemble, nous pourrions briser ces murs de silence.
Le "problème" avec Sixona, bien qu'elle soit au demeurant assez discrète et effacée, c'est sa grande force de caractère. Un point commun à de nombreux adeptes du Feu, au passage : l'Instable étant l'Origine du Changement donc de la Diversité, il est rare que ses adeptes ne cherchent pas leur propre chemin et qu'ils obéissent docilement s'ils n'en ressentent pas le besoin.

Vous avez déja essayé de conquérir une belle en chantant sous sa fenêtre, alors que celle-ci était fermée? Résultat cuisant... Vous avez déja essayé de convaincre un orateur borné alors que vous lui laissiez la possibilité d'une évasion? Même verdict. Plus nous y réfléchissions, plus cela apparaissait comme une évidence : le passage critique du rituel, ce ne serait pas d'abattre la muraille, non, ce serait de la transpercer. La stratégie devait se baser sur ces deux points : Comment ouvrir la fenêtre de la belle, et comment bloquer toute échappatoire à l'orateur dans le déni.

La confrontation entre nos deux volontés s'annoçait comme un point de passage obligé... Comment alors utiliser ce dont nous disposions à mon avantage? Il fallait renforcer mon âme et affaiblir temporairement la sienne. Les potions! L'idée a jailli dans un éclair d'évidence. Comment, par la suite, nous aider à briser cette prison mentale? Les potions encore, et la magie! Le plan de bataille s'échaffaudait lentement.


Nous avions choisi un lieu propice à la concentration : le temple de l'Air, à Galein'th Aseyis.

Trois jours avant le rituel, j'ai cessé de m'alimenter, et je n'ai bu que de l'eau de l'oasis, tâchant de m'imprégner des vibrations du désert et de me fondre en lui... Le dernier jour, j'étais entré complètement en transe. Soit dit en passant, j'ai du avoir un comportement troublant et particulièrement détaché du monde, pendant ces trois jours, qui vous aura sans doute choqué ou étonné, je m'en excuse sincèrement auprès de tous.

Pendant ce temps, mes confrères (et néanmoins amis!) Avachi et Deepblue préparaient six types de potions, dont je justifierai l'usage plus tard : Mana, Volonté, Aura, Instinct, Magie, Intelligence.

Chacune des personnes assistant au rituel, Sixona comprise, devait venir avec quelques essences funestes.

Les potions devaient être ingérées selon un ordre précis, par Sixona ou moi-même, pendant le rituel :


Je savais que la transe allait affecter ma capacité d'élocution ainsi que ma rhétorique. Pendant que je chanterai, une partie de mon âme devait être précise et raisonnée pour que les vers de mon chant bercent Sixona, alors que l'autre partie continuerait à vibrer aux Rythmes qui m'environnaient. J'avais besoin de potions d'Instinct et d'Intelligence.

Sixona n'arrivait plus à percevoir les ondes : son instinct, tel un cheval terrifié ayant désarçonné son cavalier, ruait en aveugle vers tout ce qui approchait. Elle aurait besoin que le sang-froid reprenne l'instinct en main, tel le cavalier ressaisissant les rênes, et que sa perception soit plus perçante que jamais pour percevoir l'appel : Il lui faudrait également des potions d'Intelligence d'Instinct. Il peut être surprenant de prime abord d'utiliser les mêmes potions pour des effets opposés... Ce n'était justement pas des effets opposés, que nous cherchions, dans ce cas, mais des effets identiques et complémentaires : la Raison devait canaliser plus précisément que d'accoutumée un instinct exarcerbé, afin que qu'une force accrue des pensées communique avec une sensibilité la plus fine possible.

J'avais besoin que ma voix et mes pensées soient plus marquantes que jamais : il me fallait des potions d'Aura. Non pas des potions du talentueux potioniste Eldorian, non, mais de celles qui augmentent temporairement ce trait de caractère que les gens subissent ou utilisent sans même en être conscients.

J'avais choisi de commencer à chanter à voix haute, puis de mêler progressivement quelques vers télépathiquement, dirigés vers Sixona seule. C'est ainsi que je comptais percer la muraille, et les potions de volonté m'y aideraient.

Au début du chant, et après chaque strophes d'incantations, les participants devaient bénir Sixona et moi-même, pour empêcher les voix de faire leur apparition. Afin de magnifier les effets et pour ajouter un effet magique supplémentaire à notre tentative, il nous fallait également des potions de Magie.

Si, pour une raison ou pour une autre, nous devions être amenés à employer la magie runique en urgence, il nous fallait également des potions de Mana.


Nous nous sommes réunis, alors que Kallum, un vieillard bienveillant de mon peuple, s'apprêtait à être parrainéé par Naedrah, de mon peuple également. Tous deux ont eu la gentillesse de respecter ce que nous tentions, je tiens à les remercier aussi profondément que sincèrement pour cela, toutes choses par ailleurs mises de côté.


Sixona et moi nous sommes assis face-à-face, et les autres ont formé un cercle protecteur autour de nous. Sixona a vidé ses poches de toutes les choses qu'elle pourrait utiliser pour briser le rituel ou attaquer l'un d'entre nous.



Hasdrubal a brièvement rappellé le déroulement du rituel, pendant que je donnais quelques essences à un Kultar qui avait oublié les siennes.

Je me suis totalement relâché, et j'ai commencé à chanter.

Lorsque j'ai tâché de pénètrer la carapace silencieuse de Sixona,j'ai eu un moment d'incertitude : La muraille n'était pas ce bloc de Thyl que je m'attendais à trouver, et elle s'échapait, inconsistante, évanescente, elle ne faisait pas front. Ce n'était même pas mes pensées qui glissaient sur elle, mais l'inverse. J'aurais du m'en douter, venant de la part d'une Adepte du Feu Changeant.

Pour forcer le contact spirituel, j'ai forcé le contact physique, en prenant ses mains dans les miennes et en appliquant mon losange sur son front. Immédiatemment, la vision d'un mur lisse, d'un éclat mat, s'est imposé à mon esprit. Chacun de mes mots étaient comme une rafale de vent sablée s'écrasant sur la muraille, dont les notes hurlantes psalmodiaient les différents Rythmes qui émanaient de chacun des présents et de tout ce qui nous entourait, jusqu'au plus petit grain de sable. La forteresse changeait en permanence, ses chatoiements ternes s'adaptant le mieux possibles aux différents Rythmes qui la faisait vibrer. Mais s'il est facile de suivre une fréquence pour mieux s'en affranchir, l'exercice est bien plus difficile sur une conjugaison d'harmonies.
À un moment, les ondes de chacun se sont fondues en une vague prodigieusement intense, et j'ai discerné un craquement, pendant que le visage de Sixona sourcillait : et le mur s'était peu à peu effrité pour laisser apparaître une brèche étroite.

J'ai alors concentré ce qui me restait de volonté et je me suis rué à l'intérieur. Avec le recul, je pense que c'est à ce moment-là que j'ai intégralement "chanté" mes pensées, je ne peux le dire avec certitude, mes souvenirs sont un peu flous.

J'avais usé beaucoup de mon énergie à percer cette brèche, et je sentais que je ne pourrai pas tenir une telle concentration très longtemps. Par moments, l'image d'une cascade m'invitant au repos s'imposait fugacement à mon esprit ; un Sinan m'a d'ailleurs fait remarquer après le rituel que je dégoulinais de sueur. Mais le plus souvent, je ne percevais rien que les paroles que je pensais, ni image, ni son, seules des idées dans le néant. Petit à petit, je me suis mis à entendre des sons de chaines qui tombaient au sol et des bruits étouffés de remparts criant sous des coups de bélier.

Il ne fallait pas faiblir, nous touchions au but! Et pourtant... les sensations perdirent subitement en intensité, elles semblaient se mélanger et se dissoudre tels des blocs de sable dans un torrent... J'étais en train de m'effondrer. Les autres m'ont dit que j'ai crié de bénir Sixona, mais je ne m'en souviens pas. Je ne sais pas s'ils ont perçu les mêmes choses que moi, s'ils ont vu les mêmes images et ont entendu les mêmes sons. Je me voyais insensiblement happé en arrière vers la faille, je courrai droit à l'échec! C'est peut-être à cet instant que nous avons tous réalisé combien notre tentative était dérisoire sans la profonde amitié qui nous liait à Sixona, sans cette force mystérieuse qui unit les êtres au-delà de toute autre valeur au point d'en accomplir des miracles...

Comme par dizaines, des sorts de bénédiction se sont mis à pleuvoir sur Sixona et moi, provenant de chacun des présents qui y jettaient toute leur détermination. J'ai ressenti une secousse très lointaine, comme celle d'un tronc d'arbre qui s'éventre sous le vent, et Sixona a poussé un hurlement... unique, je n'ai jamais entendu de son aussi particulier. A la fois caverneux et aérien, un cri de volonté brisée et en même temps libérée. Plus le temps passe, plus j'ai de mal à me rappeler le son exact que j'ai entendu...



J'étais épuisé, mais lucide, quand j'ai enfin réalisé que Sixona utilisait la télépathie pour remercier les différentes personnes qui l'avaient assisté lors de cette reconquête, je l'ai à mon tour remercié pour sa confiance et son amitié, ainsi que chacun des participants pour leur soutien qui s'était avéré indispensable.

Par la suite, il y a eu un problème avec ce sinan dont j'ai parlé... Un sinan aux mains agiles, qui a détroussé Avachi pendant un moment d'inattention. Je me souviens avoir essayé de calmer Avachi qui voulait se rendre justice, je lui ai rappellé le lieu où nous nous trouvions, puis... plus rien. Par la suite les autres m'ont dit que j'ai tâché de convaincre le Sinan, et qu'au moment où il semblait sur le point de rendre le médaillon, je me suis écroulé endormi.

Le reste... J'ai grommellé certaines choses, dans mon sommeil, et celles-là, je ne m'en souviens que trop bien. Mais mon passé, mon enfance notamment, ne regarde que moi.

Au final, la Magie apparait sous un visage différent de ceux qu'on lui prête habituellement : La majorité d'entre nous n'y voient que des applications runiques de soins, de combat, ou de transport. Certains, par adoration ou superstition, se réfugient dans la croyance qu'elle peut tout, qu'elle est LA solution à tout nos problèmes. Selon moi, les deux visions sont aussi erronées l'une que l'autre.

Alors ici, simple outil et pas clef de voûte de stratégie? Oui, c'est vrai, le premier point de vue se vérifie.
Mais n'a-t'elle pas été un outil d'une formidable puissance, qui nous a incroyablement simplifié la tâche? C'est également vrai, le second point de vue est tout aussi valable.

N'y a-t'il pas un principe sous-jacent qui réconcilierait ces deux visions?
La Magie nous a été indispensable et accessoire à la fois, je commettrai une erreur en affirmant l'inverse... La véritable clef de la guérison, ici, c'était l'amitié. Reste à savoir combien considèrent la communion et l'attachement des âmes comme étant une forme de Magie.

Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être, non...

[Acktar]

Se permet d'écrire un mot pour sixona étant adepte de termo.

Ark tyb,
Kel' Tak Taknor Sixona, Emen ‘kel tak
Tak ack kul narf arfkul
Tak kel’tak?
Kta’emen tak, tak auc’ ack.
Tak nor tak Sixona.

Sixonna, kel ack’tak, tak kel
Tak auc’tarack,
Arf kel arf’tak.
Kularftar arf’tak
Grista erf’kel.
Kta’kutar.

Acktar, Emensha ark Sixona.