Pensées et rêveries

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Nattes
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Pensées et rêveries

Message par Nattes »

La sensation d’un baiser. Un délicat et léger baiser sur une peau douce et claire. Bientôt je vois cette peau se transformer en sable, le sable en dessin, le dessin en portrait. Un tracé fin et soigné sur la chaude roche. Oui, voilà, c’est ça que je vois… Belle figure n’est ce pas ? Dommage qu’elle soit si éphémère, ce simple baiser l’a effacé. Plus rien… un souvenir, voici ce qui me reste. Un vague souvenir. Une légère esquisse… Et ces lèvres ? A qui appartiennent elles ? Où sont elles passées ? Pourquoi je ressens cette chair rosée m’effleurer alors que je ne suis, ni un portrait, ni… cette attirante bouche ? Attendez voir… mais si… ce dessin, c’est… moi ?… La ressemblance est pourtant frappante, j’aurais du y penser plus tôt…

Je l’imagine encore comme un reflet, et voilà qu’en y pensant seulement, un miroir apparaît. Je le traverse. Curieuse chose… Des mots envahissent mon espace, ils m’entourent, m’enchaînent. Je peux lire sur quelques uns : amour, charme, séduction. Je fuis. Ou plutôt… je désire fuir plus que tout. Je veux sortir. Attachée par ces suites de lettres que je ne cherche désormais plus à comprendre, je tente d’avancer. Impossible… je m’enfonce. Plus je bouge, plus je m’enfonce. J’étouffe, je suffoque…

Plus rien. Noir, tout est noir, sombre et vide. Pourtant j’avance, je me demande ce qui m’arrive, je regrette d’avoir apprécié le baiser, d’avoir contemplé le portrait, de m’être emportée dans mon reflet. Je ne sens pas de sol ou support sous mes pieds, mais j’avance. J’avance en prêtant attention au moindre bruit. « A l’aide ! » prononce alors une voix familière… Je met quelque temps avant de comprendre qu’il s’agit de l’écho de mon âme. Je suis la voix, je suis ma voix, et j’arrive en face d’une épée dont la seule clarté illumine et disperse la sombre brume m’entourant. Belle lame. Je la touche, je me brûle. C’est alors que je remarque quelque chose apparaître, non, quelqu’un, une personne, un homme je crois. Il me dit que je ne suis pas assez forte pour toucher l’épée, pas assez digne pour la porter, et que je ne devrais même pas pouvoir la voir. Alors l’être disparaît dans une lumière aveuglante. Je ferme les yeux pour me protéger, je porte les mains devant mon visage. Il me semble que l’éclat d’une extrême blancheur s’est évaporé. J’essaie d’ouvrir les yeux. Je ne peux plus.

J’hurle. Je crie autant que je le peux. Je m’effondre épuisée par tant d’efforts… Je pleure. Je sens les larmes se déverser le long de mon visage, je les essuie, puis touche mes yeux encore clos. J’essaie de les ouvrir.

Je me réveille. Fatiguée, j’essaie de donner un sens à ce rêve.


[HRP] Le rêve n’est que l’expression abstraite de divers évènements de la journée qui nous ont plus ou moins bouleversés. J‘ai choisis cette méthode pour relater la journée de Nattes. J‘espère que ça vous plaira, sans trop vous casser la tête. [/HRP]
Nattes de Sinnyn.
Sinane
Epouse de Bherir.
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Elève de Palladio.

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Nattes
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Re: Pensées et rêveries

Message par Nattes »

La douceur et la délicatesse d’une plume sur le visage. Celle-ci parcours ma peau, contournant mon nez, glissant sur mes lèvres et balayant mes yeux. Désormais ouverts, ils se portent sur le fabuleux volatile qui tournoie au dessus de moi, perdant peu à peu son fier plumage, pourtant d‘une incroyable beauté. Je regarde sa fierté s’anéantir à mesure que sa seconde peau le quitte. Il me semble souffrir, cet oiseau. Cependant, ce n’est pas tellement son état qui m’attire, mais la douceur avec laquelle sa beauté s’évanouit, lentement bercée par le vent. J’attrape un peu de son duvet au vol, et ouvrant ma main pour contempler mon butin, je constate avec effroi qu’à sa place règne … du vide ; un trou, d’où coule abondamment du sang est apparu dans ma main. J’ai peur. Pourtant, je ne ressens rien, aucun mal, non, strictement rien. Juste une affreuse souffrance intérieure qui me ronge et rallonge la plaie à tout mon corps.

Je n’existe plus. J’étais, je fus, ma vie est passée, tout ce que j’ai vécu est oublié, tout… finit à jamais. Je me découvre alors volant, dans un espace indescriptible, naviguant dans l’air, enfin libre ! Était-ce se à quoi je devais m’attendre ? La mort, seule issue pour atteindre le bien-être ? Pas si sûre. Voilà que je participe à une conversation avec des vivants. Participe ? Non, j’essaie. J’ai beau parler, crier, rien à faire. Ils sont heureux. Moi, seule. Tout ça à cause d’une plume… Peut-être aurais je dût porter plus d’attention à la souffrance du volatile. Ce n’était qu’un aigle, après tout, ces bestioles ça ne pense pas.

Je viens à peine de finir ma réflexion, qu’un homme m’apparaît de profil. Je ressens quelque chose émaner de lui, certaine qu’il va me parler, qu’il arrivera à communiquer, je m’élance à sa rencontre. Je m’arrête, il s’est tourné et son visage entier me terrorise. Je regarde son œil gauche, de ce côté, il me semble avenant et charmant, d’une beauté surréaliste. Je regarde son œil droit, de cet autre côté, il me semble répugnant et repoussant, d’un caractère agressif. Il ne bouge plus, seul son regard ne me quitte pas… Je le contourne et me place du côté ou son profil me paraît le plus agréable, je l’admire.

J’entend un bruit, un grincement. Toujours captivée par l’homme partagé, je ne songe pas à deviner de quoi il s’agit. Cette sensation déplaisante recommence. Enfin… elle se termine… Je sursaute. Un nouveau son me fait tressaillir, un son plus profond, plus fort, plus brusque… Finalement, je décide d’en chercher la provenance. Je passe devant l’homme. Il est coupé en deux dans le sens de la longueur. Apeurée, j’essaie de réajuster les morceaux à terre, mais ceux-ci ne souhaite pas revenir à leur emplacement. Je me dis que de toutes façons je n’appréciait pas l’autre côté, alors bon, ça m’arrange. Quelque chose attise ma curiosité, pas de liquide vital s’épanchant de l’amputation. Du marbre. Était-ce simplement une statue ? Je touche la matière, je m’évanouie.

Je me réveille.
Nattes de Sinnyn.
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Nattes
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Re: Pensées et rêveries

Message par Nattes »

Une ombre terrifiante. Brusquement, je me tourne, puis plus rien. L'ombre grandit, et s'élargit, me signalant que la créature n'a pas disparu, mais qu'au contraire, elle se rapproche prudemment... Paralysée par la peur, je ne bouge pas, attendant le moment le plus propice pour la surprendre. Tout d’un coup, elle cesse son avancée, et un rire glacial retentit. Je frissonne. Je sens mon cœur se serrer, se tordre, se décomposer… Respirer devient de plus en plus difficile. Malgré la progression nouvelle de la créature, je ne prête d’attention qu’à ma plaie intérieure. Elle pose une main sur mon épaule droite. Mon épaule se relâche. Elle pose son autre main sur mon épaule gauche. Celle-ci se détend. Je pince ma peau et mes vêtements au niveau de mon cœur, avant de relever la tête. Je ne respire plus. Je ressens chaque goûte de mon sang se déverser pourtant à une vitesse phénoménale dans mes veines qui me brûlent affreusement. Ma mâchoire se referme avec intensité. Mes poings se crispent avec vitalité. C’est alors que le monstre se penche en avant, de manière à se que son visage incliné passe devant le mien relevé. Je croise ses yeux quelques secondes. Elle me sourit de toutes ses dents, m’offrant une vision d’horreur, me souffle sur le visage une brume agressive. Ce nuage verdâtre piquant m’oblige à plisser les yeux quelques instants.

Le néant s’offrant devant moi disparaît dès l’instant où mes paupière se soulèvent. Plus de monstrueuse image. Simplement un enfant. Un jeune marmot de quelques années seulement. Je le recueille dans mes bras. Une étrange impression survient alors… Une sensation inconnue, un bien-être naturel, une réaction inhabituelle. Je ne pense pas à analyser la situation, je me contente d’être là pour lui. Seulement pour lui. Il ouvre alors grand la bouche, et je constate avec effroi qu’il possède déjà de nombreuses dents, mais surtout… des canines étrangement développées. Il se jette alors sur moi, et me dévore sans que je ne puisse réagir. Que faire fasse à un enfant sans défense ? Il est pourtant si agréable ; son doux visage, ses traits légers et rebondis marquant une bonne santé, son corps d’une extrême pureté qu’on croirait gravé pour une éternité dans sa peau délicate de marbre blanc.

La douleur me transperce un peu plus.

Mes hurlements me réveillent.
Nattes de Sinnyn.
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Fille adoptive de Karadak.
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