[V] Une histoire d'Halisanth

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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halisanth
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[V] Une histoire d'Halisanth

Message par halisanth »

Ma forêt était comme tant d’autres et je suis un Haut Elfe comme il y en a cent. Ma vie avant n’a connu ni évènements marquants, ni tristesse plus grande qu’un chagrin de jeune elfe -ou d’enfant, si vous préférez-.
C’est une histoire qui n’a ni morale ni raison autre que de célébrer un passé qui a été.

S’il est une chose que j’aimais plus que tout c’était partir sous les arbres pour récolter les simples. Dormir sous les frondaisons ne m’était pas non plus étranger. Mais je ne m’écartais jamais du village au point de dépasser les limites fixées par les Anciens. Il en est quelques uns qui s’en éloignaient par jeu: un mètre, puis deux. Qui irait le plus loin? Alors que j’étais très jeune, il en est un qui les a franchies pour aller si loin qu’il n’est jamais revenu. Des groupes partirent à sa recherche mais revinrent sans mot ni parole. J’espère qu’il se porte bien où qu’il soit. Peut-être même est-il dans ces terres qui semblent attirer tant de gens de tant de peuples différents.

Nous au contraire étions assez isolés, je ne sais si c’était par choix. Mais les étrangers étaient rares et seulement des Elfes, pardon, des Hauts Elfes. J’étais plutôt sauvage envers les inconnus et en tant qu’enfant ne leur était de toute façon pas présentée. Pourtant j’écoutais de loin leurs chants avec autant d’attention que j’écoutais les récits des Anciens. Les sons étaient portés par le vent et les arbres les répercutaient au loin.
Plus encore, leurs chants étaient préludes à de grandes fêtes. Que célébrions-nous? Leur venue je suppose. Tout ce qui importait alors était de rire et de danser. Ces moments duraient jusqu’à l’aube, avant que tous ne se retirent. J’aimerais pouvoir mieux vous décrire ces réjouissances mais mes mots sont insuffisants pour cela. Je ne possède pas l’art des conteurs qui vient si souvent par grâce et par temps.

Nous étions peu d’enfants comme cela n’étonnera sans doute personne. Mais nos jeux furent nombreux: nous faisions la course, nous amusions à nous cacher ou à tresser des fleurs dans les cheveux, parfois à raconter des histoires incroyables en gardant un air sérieux. Je gagnais rarement à ce dernier, mais je restais souvent cachée le plus longtemps.
Alors que je grandissais, presque adulte et presque enfant, je me suis retrouvée de plus en plus fréquemment dans les sous-bois, seule cette fois mais non pas solitaire. Il y avait tant de choses à y faire: croquer les pommes assise sur le pommier même, se baigner dans les cours d’eau, parcourir les sentiers invisibles sous les feuilles pour le simple plaisir de le faire, écouter les bruits qui provenaient d’au-delà des limites, imaginer ce qu’il y a avait là-bas. Et bien sûr ramasser les simples.

Il serait présomptueux de dire que j’étais en apprentissage pour fabriquer des remèdes et onguents. C’était un peu plus informel que cela. J’aurais pu à la place m’entraîner à l’arc ou à d’autres arts. Mais cette situation s’était créée d’elle-même et je n’avais pour habitude de contester quoi que ce soit. Il se peut qu’une autre voie m’ait attirée davantage, mais une fois encore c’était de loin que j’observais ses pratiquants. Si on m’avait proposé d’approcher… Mais on ne l’a pas fait. Et je ne l’ai pas non plus demandé.
Le métier d’apothicaire, comme l’on dit ici, me manque parfois maintenant qu’il a été effacé de mon esprit. Peut-être que je m’y remettrai un jour comme un loisir, pour en retrouver la manière…

Mais que voilà un récit bien mélancolique! Je voulais évoquer les miens dans la joie de mes souvenirs. Mais à les revoir tous ainsi, mémoire après mémoire, ils me manquent soudain plus que je ne saurais le dire et ce sentiment a coloré mes paroles.
Pourquoi alors avoir quitté cette forêt? Cela… cela je ne le révélerai pas. Il y a peu de temps un sage m’a dit qu’il n’avait rien à cacher. C’est aussi mon cas. Mais certaines choses resteront miennes en ce jour et cette heure.
Peut-être qu’une autre histoire…
Mais celle-ci se termina là.

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