Gorm

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
Gorm
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Gorm

Message par Gorm »

Au plus profond des terres kultares, au milieu des plaines irriguées par les ruisseaux charriant les boues, s’érige un village sur pilotis, Auc’Sna. Les alluvions provenant de la confluence des rivères toutes proches offrent une richesse toute particulière à cette terre. Des plantes géantes qui rivaliseraient avec un géant si elles ne rampaient pas sur le sol meuble. Des fleurs peu communes aux vertus encore inconnues, pour autant qu’elles en aient, attiraient la curiosité d’herboristes renommés. Bref, une terre pauvre et désolée pour qui trace sa route, mais riche pour le promeneur aguerri.
Mais qui aurait voulu s’arrêter un instant dans ces terres où les deux clans, Mages et Oubliés se livraient une guerre acharnée, rongeant peu à peu l’essence d’un peuple.

L’Alta mundi, l’œil exercé scrute le nouveau-né. Se retournant d’un air entendu, Elle proclame, face à l’assistance :
« - Loin est l’horizon, petite perle d’Auc’Sna
Jeune le nourisson, sur le chemin du Nirvana
elle brandit une robe couleur terre. Face à l’alta mundi, le visage d’un Mage se ferme. La femme à ses côtés laissent échapper quelques larmes accompagnées d’un son guttural inhabituel pour un kultar
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Gorm
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Re: Gorm

Message par Gorm »

« - Tiens, en voilà un autre qui fouinait par ici. »
L’enfant, les mains liés, imposait par sa carrure. Sur ses bras, des scarifications révélaient des dessins étranges masqués par d’autres marques plus vives et plus aléatoires. Paniqué, ses yeux cherchaient un refuge qu’il ne trouvait pas. Puis, comme d’habitude, la lourde porte de bois se referma, emportant ce jeune et le couple Mage. L’édifice en bois, construit avec une attention toute particulière, laissait pourtant filtrer les lumières funestes qui jaillissaient du toit de chaume et les cris d’effroi et de douleur. Pendant des heures, mes parents, deux mages respectés pour leurs importants potentiels magiques, s’acharnèrent jusqu’à trépas sur ce kultar sans magie, ce kultar préférant l’épée. Nombreux étaient ceux qui avaient rejoint le charnier commun à l’écart du village. On n’avait même pas la décence de brûler leurs corps. Mon père disait, qu’ainsi, ils ne revenaient pas, prisonniers de leur corps. Nombreux également étaient les Mages qui n’étaient jamais revenus. J’avais 9 fingéliens et j’errais parmi les joncs, ma robe couleur de boue, étoffe honteuse parmi les brillants.

Gorm
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Re: Gorm

Message par Gorm »

Cette nuit, j’ai mal dormi. De toute façon, qu’attendait-on d’une robe de terre ? Oh, je ne peux pas dire que j’ai été malheureuse. J’ai toujours mangé à ma faim, pu me trouver un coin pour me reposer bien que la terre nourricière ait ma préférence. De la part de mes parents ? Pas de violences comme je les savais capable. Et puis, ma mère n’avait pas eu de nouvel enfant ou pas pu. Tout cela m’arrangeait. On me laissait tranquille, seule la plupart du temps, sauvage parmi les miens.
Ainsi, je parcourais les alentours du marais, fouinant ici et là, curieuse de tout et d’un rien à la fois. A force, je connaissais les moindres recoins des alentours du village, et était capable d’en percevoir les changements. Cette connaissance des lieux et mon unique robe se fondant dans le milieu environnant m’a d’ailleurs souvent éviter de biens mauvaises rencontres et alléger bien des sévices. Lorsque l’édifice se noyait de lumière, je m’éloignais, cachée sous une de ces feuilles géantes, recouvrant mes oreilles de boue. Cela n’étouffait pas tout ; l’écho se faisait plus supportable. Cela ne me touchait pas moins ; la colère, la douleur, la rage mais jamais de sanglots. La boue avalait tout cela.

Voilà donc qu’une énième aube pointait à l’horizon, l’aube de ma seizième année. Longtemps j’ai crains cette journée qui scellerait ce que j’allais devenir. Assise près du feu central, j’attendais fébrilement que s’approche le maître de cérémonie. Je ne cessais de ressasser que cette journée était importante. Et tous ces regards posés sur moi me mettaient mal à l’aise… et rien pour se dissimuler.
Après quelques instants, qui m’ont semblés interminables, une silhouette sortit de la hutte centrale.
« - Kel’parkta a bien voulu s’occuper de toi. »
Mon mentor.

Gorm
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Re: Gorm

Message par Gorm »

Voilà maintenant trois fingéliens que je suivais les enseignements de Kel’Parkta. Je crois que mon mentor s’était résignée. Et puis, l’Alta mundi savait que mes capacités étaient limitées en matière de magie. Elle avait pris sous son joug un autre mage qui lui offrait plus grande satisfaction. Il faut dire que je montrais peu d’engouement, surtout au début. Mais le temps avait fait son affaire. Je comprenais, maintenant, combien la magie pouvait être passionnante et nécessaire. La torture n’était pas une obligation. La magie n’imposait pas, ne changeait pas ce que l’on est. Elle transcendait le mage et parfois l’amenait à la plénitude. Et elle pouvait se révéler fort utile. Si Kel’Parkta savait combien je bouillais lorsque j’utilisais la magie. D’ailleurs, sitôt l’enseignement délivré, à l’abri des regards, je m’empressais de m’entraîner et puiser ressources et concentration. Ainsi passaient, inlassablement, les jours.

Gorm
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Re: Gorm

Message par Gorm »

Un soir, un voyageur s’arrêta au village. Comme quelques autres de passage, il mendiait un repas en échange de récits. Apprendre ce qu’il se passait loin de nos terres natales ne se refusait pas ; et les histoires se déroulant sur ces ilôts centraux lointains passionnaient l’auditoire. Pour une fois, celui-ci avait une approche particulière. Habituellement, ces voyageurs nous abreuvaient de luttes guerrières et nous vantaient les hauts faits dont ils se prévalaient. Celui-là, en revanche, s’attachait davantage à décrire ces étranges contrées. Ici les terres vertes et cultivables ou foisonnaient les animaux les plus communs et les créatures les plus féroces au milieu d’une flore bariolée. Là les terres arides parfois dangereuses, parfois lieu enchanteur. Ici l’abrupte de la roche, creusée de vastes galeries aux richesses convoitées. Là les terres glacées, aussi rudes que splendides par la lumière qui perçait les cristaux lorsque les perles gelées s’arrêtaient de tomber. Des terres où la splendeur n’avait d’égal que Leurs cruautés.

Trois mois étaient passés depuis cette visite. Trois mois pendant lesquels je m’étais préparée peu à peu. Avec ces nouvelles informations, le défi revêtait de tous nouveaux habits ; des habits d’apparât. L’attirance avait mûri. Ce n’était plus une simple lutte armée sauvage et destructrice. Il y avait beaucoup à voir, beaucoup à apprendre, beaucoup à comprendre.

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