Le rève.

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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umorae
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Inscription : 07 juil. 2012, 14:53

Le rève.

Message par umorae »

L’aube naît.
L’Astre d’argent laisse place au gros disque rougeoyant sans chaleur du Soleil . Les étoiles s’éteignent, peu à peu, sous le regard fatiguée de la Sombre s’avançant prudemment dans les taillis qui bordent l’entrée de Fénégor. La nuit a été longue, bonne pour la chasse comme pour la cueillette.
Le jour naissant apporte la fraîcheur, la rosée sur l’herbe tendre, ainsi qu’un voile léger s’accrochant tel un gaz de coton dans les branchages chargés de fruits.
La sombre avance lentement, cherche le ruisseau serpentant non loin, écoute les bruits du matin qu’elle affectionne et s’arrête sans bruit au pied d’un arbre aux racines plongées dans l’eau fraîche. Elle s’accroupit dans une grimace de douleur et boit à même le ruisselet au cours si frêle.
Il est temps de rentrer maintenant, la grotte n’est plus très loin.
Les Montagnes...lieu d’habitation, la sécurité d’un foyer sur, un endroit ou se reposer et oublier le fracas de la journée; une paillasse, un bon feu, une nourriture chaude...
Toutes ces pensées lui traverse l’esprit alors qu’elle passe devant la gargouille qui garde l’entrée. Elle saisit le rubis que lui tend la gardienne et pénètre dans son antre à peine éclairée par un feu mourant.
Elle se sent mieux maintenant. L’intérieur est spartiate, mais le nécessaire suffit. Les parois sont à peine éclairées par le foyer et la Sombre se dépêche de raviver les flammes s’étiolant dans un dernier souffle.
Elle cherche du regard un peu inquiète la paillasse de sa fille. Celle ci n’est pas la. C’est un peu sale et en désordre mais elle verra ça plus tard.
La fatigue est bien la, sourde et entêtante.
Le foyer central ravivé, elle entreprend de retirer son armure de cuir renforcée.
Elle commence par le bas; jette ses bottes au loin et grimace en voyant la blessure ouverte sur sa cuisse gauche.
la Sombre lèche le sang encore frais qui coule le long de sa jambe.
Puis dans un lent mouvement gracieux, elle enlève le haut, laissant apparaître d’anciennes cicatrices sur sa poitrine légère ainsi que sur son ventre. Elle ne les voit plus depuis longtemps..c’était une autre vie..si lointaine et pourtant si présente..
une fois dénudée, Umorae cherche des yeux sa peau d’animal qui lui sert de paillasse. ha! elle est la! Sa fille ne l’a pas vendue ou cachée comme elle le fait si souvent.
Elle regarde son corps encore jeune, sa poitrine marquée, son ventre ferme, ses bras fins et graciles, sa peau si brune et ses jambes longues.
Elle sent le sommeil la gagner alors qu’elle regarde les flammes danser au milieu des braises. Elle est toujours un peu inquiète avant de s’endormir, encore que depuis un moment les cauchemars semblent s’espacer.
Ses yeux papillotent.
Sa respiration ralentit.
elle se pelotonne dans la peau d’animal, la chaleur prend possession de son corps, elle s’endort..enfin...




...J’avance. je ne sais pas ou je suis. La route semble s’ouvrir telle une plaie faite par une dague sur la peau.
Je ne peux pas me retourner. Je ne comprends pas, j’ai l’impression qu’elle se referme derrière moi.
Un vent glacé souffle dans ma direction, c’est la Nuit. L’air et la poussière ici semblent n’avoir jamais traversé de corps. Les lampes argentées sont voilées par une brume épaisse à l’odeur de pourriture. La végétation est rabougrie, seuls quelques buissons piquants et de l’herbe jaunie...partout autour de moi ce n’est que désolation. Les arbres sont tordus et malades, aucunes feuilles, des fruits qui semblent vénéneux.
J’arrive dans une plaine, vide. Je cherche instinctivement dans le ciel noirci, une réponse. L’odeur est nauséabonde. Je commence à distinguer des images dans cette brume épaisse. je ne sais pas si je les vois ou si je les imagines. Le fracas de combats anciens...des armées de morts, relevés par Noctys, le Peuple Ylith souffrant, des corps tombant en morceaux indistincts..des cris de souffrance...
Je suis perdue.
je tourne mon regard à nouveau vers le ciel. l’instinct. ça y est! les étoiles s’illuminent enfin! la brume s’accroche encore un peu aux branches mortes mais le ciel s’éclaircit dans une nuit constellées d’astres couleur d’argent. Les formes...les étoiles..je distingue ...Une Araignée.

Arrète toi fille de la nuit!

Je stoppe sur la champ, interdite.

Déesse-Mère?

Baisse les yeux!


je m’agenouille dans l’instant et baisse le regard.

J’ai entendue ta plainte! N’as tu pas honte?!

je ..je suis..c’est vrai, je vous ai priée si souvent...

Dis moi Umorae suis je une Déesse de la Clémence? de la Pitié? du Soulagement?!

Nau, je sais bien, mais moi...ce que je vous ai demandée humblement..c’est juste..d’avoir pour mes adversaires comme pour mes amies et sœurs ...comment dire...
Vous n’ êtes pas comme nous!Vous n’êtes pas tenue, ni par le temps ni par l’espace, alors siyo, je demande pour mes adversaires... Que vous jetiez un un voile de fraîcheur sur les yeux brûlants des flammes de douleurs. Juste..d’engourdir leurs sens si je les ai fait souffrir..
C’est beaucoup je sais.
J’apprends moi, à vaincre sans passion et à mourir sans peur au ventre. je ne suis pas une si mauvaise Sombre!

Il suffit! Cesse de te plaindre et comporte toi en sombre!

Siyo, déesse-Mère.
Pourquoi...pourquoi ais je donc tant souffert ?

Souffert! Mais parce que c’est le chemin des Sombres! Ce sont des épreuves que j’ai placée sur ton chemin, rien de plus!

Siyo, je suis peut être fragile..mais.. j’ai perdue mon père que je n’avais connue que deux jours avant qu’il ne tombe sous les flèches de l’ennemi! j’ai paniquée et je n’ai pu le soigner!
Pourquoi ce destin si funeste?
Et ma mère? quelques jours après, morte de chagrin, j’étais si jeune! pourquoi m’infliger cela?

Tais toi!

Je ne peux plus me taire! j’ai été l’objet de luttes de pouvoir auxquels je ne comprenais rien! j’ai du fuir mon propre clan! Ensuite....

Cela suffit Umorae!

un matin de cauchemar... cinq pâles me tombant dessus alors que je revenais d’une nuit de cueillette! Ils m’ont tirée par l’arrière..je me suis défendue pourtant...ma lame dans la poitrine du premier..Mais ils étaient plus nombreux..et plus fort...je n’avais jamais connue la chair avec un mâle..ils m’ont abusée! de nombreuses fois...ils ont forcés mon corps! chacun leur tour..ils m’ont ensuite laissée pour morte, battue et violentée dans une clairière en plein jour! Pourquoi? pourquoi tant de douleur? Et ma fille? cette batarde me rappellant sans cesse cette infamie! je l'aie accouchée seule! personne pour m'aider à la faire mourir! C'est vrai, aussi, j'ai été faible, je n'ai pu la dévorer! Mais c'était mon elfette avant tout! l'instinct de préservation de la race, même batarde!

Umorae, ces épreuves n’ont qu’un seul but! Que tu deviennes ce que tu dois devenir! Une Sombre! les Ylith vivent de la douleur, elle est leur alliée la plus précieuse et c’est leur chemin. Tu dois t’y résoudre!
Et puis...c’est vrai..j’ai placée en toi ce dragon..le souvenir perpétuel de ton viol . Sache le bien! tu ne l’extirperas jamais! tu m’entends! jamais!
Il restera tapi, attendant le moment le plus propice pour enflammer tes yeux, s’enfoncer au plus profond de ton corps et de ton esprit, faisant rejaillir la violence naturelle de toute Sombre qui se respecte!
Voila ce que tu es! Maintenant, regarde bien au fond de toi. Il existe un endroit caché, auquel je n’ai pas accès.Une fois seulement je l’ai pénétrée. C’est un jardin, caché, ou poussent les Fleurs dont tu as besoin pour équilibrer ta nature.
J’y ai semées des Fleurs de Regrets mais la terre n’y est pas bonne pour elles, les graines n’ont pas pris. Mais j’y ai vue les Fleurs de l’Espérance, de la Générosité, de la Joie, de l’Amour aussi.
Cherche bien!
Et puis... n’ai je pas mis quelqu’un sur ton chemin? Une femme des sables? Elle t’apportera l’équilibre naturel dont tu as besoin.
La violence est en toi car tu es une Sombre et je sais te le rappeler quand je le souhaite, mais tu as aussi besoin de toutes ces autres choses...
Allez! Va maintenant! et n’oublie pas! ne Réfléchis pas! Ressent! Vit! Bats toi! Aime! Désespère! Accroche toi! Apprend à céder!
Je suis Instant et Éternité, Fini et Infini, la Beauté comme la Laideur, la Bonté comme la Cruauté! je suis ta Déesse-Mère!

...continue le chemin, quelqu’un t’attends un peu plus loin....




..Je suis à nouveau sur la route. Il fait toujours nuit. Il règne une odeur de soufre dans l’air chaud. Le chemin est de roche basaltique, et il monte fortement. Il y a quelqu’un devant moi, elle me prie de la suivre, sans discuter, silencieusement.
La chaleur s’intensifie légèrement à mesure que l’on avance. Les parois rocheuses sont noires, sans végétation et les étoiles semblent guider sa route au travers un dédale de sentiers tortueux que je ne connais pas.
Nous obliquons soudainement à gauche et nous longeons une maison plantée dans la roche.
Une petite maison fermée, nous ne nous attardons pas.
Je la suis pas à pas afin de ne pas la perdre. Elle semble légère, avance à pas rapides et silencieux , une cape de couleur mauve sur le dos. La chaleur s’accentue alors que le sentier devient de plus en plus mince.
La nuit est belle . j’aime sa compagnie.
Nous continuons encore un moment, sans bruit. Nous arrivons soudain tout en haut sur un plateau, nu, désolé, seulement de la roche qui commence à chauffer sous mes pas. Un vent chaud à l’odeur ferreuse pénètre mes narines. Ninim s’arrête un instant.

Voila, c’est ici.

Nous discutons avec deux gobelins traînant devant nous avant de descendre les quelques marches qui nous mène vers une entrée discrète. Nous saluons Naflug qui nous gratifie d’un coup de pied au fesses et nous descendons enfin dans l’antre du volcan.
L’odeur est mauvaise et la lave fait son apparition. La chaleur continue de s’intensifier et je perçoit les premières créatures qui nous attendent. Nous ne nous attardons pas, ce n’est pas le but de ce voyage.
Nous descendons doucement sur les chemins de roches friables .
C’est une belle femme du désert. Sa peau est bleue et son corps souple comme une liane. Elle reste un peu sauvage mais cela me convient tout à fait .
Je l’observe discrètement mais reste prudente, regardant autour de moi, étonnée de cette découverte.
Nous pénétrons la deuxième grotte, plus chaude encore.
La lave coule de façon plus importante et je dois faire attention. Je passe sans un mot autour des créatures diverses qui ne songent qu’a m’assaillir. Elle rit de me voir attaquer un troll ou deux, puis nous continuons notre descente vers la chaleur la plus intense que j’ai connue jusque la.
Elle parle peu, cela me convient. j’avance lentement, enfile mon talisman apyre ainsi que ma si mal seyante cape verte qui ne va pas avec le teint de ma peau brune.
Nous descendons encore...Ici c’est pire que le styx. la chaleur y est étouffante, l’air saturé de soufre et les créatures les plus viles et les plus dangereuses des landes y règnent en maître. Chimériens, géants et j’en passe..
Ninim me dit que nous touchons enfin au but de ce voyage.

Regarde.

Je ne saisis pas tout à fait sur le coup. c’est un peu obscur comme atmosphère ici. Puis, je distingue un peu plus loin, une lumière dorée, une montagne dirait on.
Une montagne d’or!
Le Trésor du Léprechaun! de l’or! des pierres précieuses! des montagnes d’or, cachées ici, inaccessible!
Nous décidons d’aller voir de plus près. Nous traversons le canal de lave et nous installons paisiblement devant les montagnes d’or.
Je n’ai pas le goût de l’argent. Il doit juste me servir à acquérir un bien dont j’ai besoin, rien de plus.
nous nous regardons, silencieusement, un petit moment.

Ninim?

oui?

Notre histoire, elle est un peu contre nature non?

comment ça?

Je veux dire...tu n’aimes pas l’Art de la nécromancie, et tu sais que je suis une Sombre.

Ho!

Alors, aussi, si tu veux, je peux t’expliquer.

Hum. vas y! hihi!

La d’où je viens la nécromancie possède deux voies bien distinctes l’une de l’autre.
La première est le fait de relever les morts. Cela se fait ici aussi. Il existe bien entendu un lien étroit entre l’invocateur et le relevé qui ne se comprend qu’entre eux, mais ça c’est autre chose.
je sais que cela ne te plaît pas. Pourtant elle n’est pas dangereuse. C’est vrai, la magie blanche soigne alors que la magie Sombre est une magie de combat. Et le fait de prendre une vie pour en rappeler une autre te semble étrange. Mais considère la chose suivante: nous avons besoin de cadavres pour relever des créatures , mais vous ? mages? de quoi avez vous donc besoin? Les runes vous sont nécessaires non?
Il faut comprendre que nos avons besoin d’un catalyseur afin de pratiquer l’Art Sombre aussi bien qu’un mage, ses runes. Ni plus, ni moins. Tous ceux qui pratiquent la nécromancie ne chassent pas pour le plaisir de chasser, c’est juste qu’ils prennent des vies afin d’en sauver beaucoup plus. De plus, à un niveau plus élevé, les cadavres ne sont plus nécessaires.
Bien sur, il existe de mauvais nécromants. Mais...réfléchis un instant!

Hum...les runes ..les cadavres .. hihi pourquoi pas? Mais la magie blanche, elle, soigne sur le champ de bataille cela a son importance aussi !

bien sur!
l’importance Ninim Jolie, n’est pas la magie employée, mais la façon dont on s’en sert. Tout est la.Il existe de bons et mauvais nécromants comme de bons et mauvais mage. Ces deux magies donnent un pouvoir à celui qui le pratique, cela est vrai! mais ce pouvoir est temporaire! Il ne dure que le temps d’un sort ou d’une invocation! Le pouvoir est dans la créature relevée ou dans le sort. Pas dans la personne! Et...
Elles se complètent ces magies!
Cela à un nom. La dualité. toute chose est duale, c’est un phénomène naturel. S’il existe une magie Sombre, alors une magie blanche naît aussitôt. Et tout est à cette image. je suis une Elfe Sombre et je connais des pâles, tu vois? c’est naturel! C’est un équilibre qui fait que ce monde tient debout. Les magies n’en sont qu’un des multiples reflets.

hihi! Bien, mais dis moi ikhendor, l’autre voie? quelle est-elle?

Ho! chez moi, la deuxième voie était réservée aux prêtresses. Elle désigne l’interrogation ,dans un but de divination, des personnes décédées qui sont censées survivre et communiquer avec les vivants. Cela est très différent et demande beaucoup de pratique. La prêtresse doit connaître la cérémonie, invoquer une personne disparue mais attention! l’interprétation demande la plus grande prudence! Une mauvaise interprétation et ..ça peut être le chaos! Généralement cela est fait en cas de conflit ou faits graves concernant le pouvoir ou l’avenir d’un clan. Ce n’est pas une opération légère que l’on fait à la va vite!
Ici, cela ne se pratique pas, c’est tout ce que j’en sais.

hum ! hihi! c’est bien que tu m’ait parlée ainsi!

Je m’approche de Ninim, nous nous enlaçons. Je crois que je suis heureuse, elle le semble aussi.

Je suis fatiguée Ninim Jolie, je crois que je vais m’assoupir ici avec toi à mes cotés.

Hihi! moi aussi, je n’en peux plus!

Nous nous embrassons, puis nous tombons de sommeil, couchées l’une contre l’autre.



....La Sombre se réveille en sursaut, les cheveux en batailles devant les yeux, le regard un peu hagard, la transpiration coulant le long de son corps chaud.
Elle se relève à moitié, les coudes au sol, jambes allongées.
Umorae regarde autour d’elle, se souvient de son rêve. Elle court fouiller dans sa besace, trouve un parchemin vierge et rédige dans l’instant ce très étrange voyage imaginaire, à la fois futur, passé, présent, fantasme ou vécu, quelque chose de rare et précieux en elle.


Je ...je sais qui je suis maintenant....
Umorae yufai, Éternelle femme de ninim yufai, morte dans la sérénité du retour auprès de la Tisseuse.

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