Echk à vous
Mon nom est Yoegh, fier Elfe Noir exilé des profondeurs, c'est au hasard de mes voyages que je suis arrivé sur les Landes Éternelles. Dès mon arrivée, je me suis senti nu et démuni, quel sortilège m'a frappé durant ce voyage en mer ? J'ai presque tout oublié de ma vie passée.. Oh je sais bien quelle est ma race et mon nom. J'ai bien le souvenir d'appartenir à un peuple d'élite, mais c'est comme si j'avais tout oublié... J'ai su tenir une épée un jour... J'avais bien un métier qui me faisait vivre... Mais à chaque fois que je tente de me concentrer sur ces souvenirs, un épais brouillard occulte mon esprit. Quelle malédiction agit sur ces terres ? Point de lamentation ! Aux noms de mes ancêtres (quels sont -ils ?) je dois explorer ces terres pour comprendre et me retrouver.
C'est ainsi que un peu perdu et isolé, j'ai commencé à explorer timidement ces vastes contrées inconnues. Seul et nu comme un ver, la chasse de petites proies et la cueillette m'ont permis de survivre comme les premiers êtres. J'ai ensuite commencé à pratiquer certains métiers, en essayant tout ce qu'il m'était donné de faire en suivant quelques conseils d'habitants des Landes. Je me suis vite rendu compte que certains gestes me paraissaient vaguement familier... peut être des traces de souvenirs de mon ancienne vie. Certaines tâches me semblent plus faciles, voire naturelles. Très vite le besoin d'explorer ces terres inconnues m'a pris et ce qui arrive quand l'aveugle se prend à arpenter une corniche est arrivé... Je suis mort... Pas vraiment en fait. Après une rencontre avec ce qu'il semble être un cyclope, j'ai vécu un voyage dans un lieu désolé. D'abord le trou noir, puis ce lieu... des fleuves de feu, aucune vie... J'ai appris que l'on nomme ce lieu l'Acheron par ici. Quelle sensation désagréable ! Une voix dans ma tête résonnait "Le Nord, suit le Nord, toujours au Nord..." Je me suis mis en route et j'ai trouvé une porte qui, quelle surprise, me ramena sur l'ile de mon débarquement. Encore un sortilège ! J'ai appris par la suite que la mort telle que je la connaissait jusqu'alors n'existe pas vraiment. Certes elle est douloureuse et désagréable, mais pas définitive. Une chance pour moi, car je n'en étais qu'à ma première imprudence.. Rapidement, j'ai croisé d'autres aventuriers explorant les Landes, mais personne de mon peuple dans les premiers temps. Peu assuré, je restais discret, un peu à l'écart de ce monde, où je me méfiais de tout et de tout le monde...
Un soir de cueillette, j'ai été abordé par une aventurière, nommée Laure, qui semblait à l'aise dans ces contrées. Elle s'est présentée et m'a proposé son aide pour affronter ma nouvelle condition. D'abord hésitant, et un peu méfiant je dois dire... trop souvent les étrangers à notre peuple sont hostiles, méprisants ou veulent simplement nous abuser. En y réfléchissant, je me suis dit que j'étais bien trop démuni pour que l'on veuille me dépouiller et dans sa voix et dans son attitude, je ne percevais aucune hostilité, pas un trace de mépris... au contraire. Malgré mon air un peu farouche, elle m'expliquait qu'elle même faisait partie d'aventuriers qui avaient formé un groupe qui ambitionnait de devenir un rassemblement d'aventuriers partageant les mêmes valeurs nommé en ces lieux une "Gilde". Conscients du caractère hostile de ces terres et convaincus de la nécessité d'une union des peuples dépassant les rancœurs passées et les préjugés de races, leur but est d'apporter aide, conseils et assistance au nouveaux venus comme moi, perdus et à la merci des dangers de ces Landes. Peu habitué à ces vues altruistes qui me paraissaient trop désintéressées pour être honnêtes, je restais sur mes gardes. Ce soir là, elle m'a expliqué leurs buts, la possibilité pour moi de joindre mes faibles forces à leur entreprise et la totale liberté de quitter cette aventure à tout moment, sans reproches ni mesures de rétorsion. Puis elle m'a prodigué quelques conseils forts utiles, donné gracieusement de quoi m'équiper et m'a proposé d'y réfléchir. Ce que j'ai fait... je n'avais toujours pas trouvé trace de mon peuple, des monstres rodaient... De l'aide, pour sûr ! J'en avais grand besoin ! Je crois que finalement c'est cette liberté d'adhérer à leurs idéaux ou de les quitter qui a emporté la décision. Pour moi qui avait déjà vécu le bannissement (pour quelle raison d'ailleurs, je ne m'en souviens plus) et ses conséquences, c'était une donnée qui avait son importance. Et puis peut-être pourront-ils m'aider dans mes explorations, renouer des contacts avec mon peuple dont j'ai détecté, plutôt senti, quelques traces ici et là. M'aider à retrouver la mémoire, retrouver qui je suis.
Après une nouvelle discussion avec Laure, je me suis décidé à rejoindre cette union, l'Union des Forces Disparates et Altruistes ou UFDA comme disent les initiés. J'ai fait la connaissance de Cernunnos, autre aventurier aguerri, dont l'accueil m'a réchauffé. Je n'étais plus seul ! Tous les deux m'ont prodigué de très utiles conseils, m'ont guidé dans mes recherches et m'ont fourni du matériel pour ma protection et pour m'aider dans mes travaux et la récolte. L'entraide, sans conditions de race ou de choix de vie, est un concept nouveau, et je dois bien l'avouer très séduisant, pour moi. Récemment, j'ai découvert que mes nouveaux compagnons entretenaient des relations fort cordiales avec des nains... Je dois dire que cela m'a fortement perturbé, les sentiments que je nourris envers ce peuple ont un caractère hostile, mais c'est flou, tellement flou dans mon esprit... Les sortilèges qui agitent ces Landes et les forces maléfiques à l'œuvre semblent pousser les peuples à dépasser leurs différences pour s'unir face à l'adversité. Je suis encore trop jeune dans ce monde pour savoir si cela est une bonne chose, peut-être que ce sentiment de rejet n'est qu'une rémanence de mon autre vie ? Je n'en sait pas plus pour le moment. Pourtant cela semble fonctionner et peut-être est-ce la voie à suivre pour vivre en paix. Je sais que le temps me répondra.
Très récemment j'ai découvert avec soulagement et bonheur un minuscule territoire où vit mon peuple. Qu'il est bon de retrouver ces choses familières et rassurantes, la langue, l'architecture, les odeurs... tout cela est inscrit en moi de façon animale. Cependant il me semble que j'ai tout à (re)découvrir de ma culture.
Les jours passent et chaque instant me conforte dans le choix d'avoir rejoint mes nouveaux compagnons. Un sentiment étranger germe en moi, ce qu'ils appellent altruisme, cette envie de participer au but commun, de partager pour le bien de tous. C'est un plaisir de les croiser et d'échanger avec eux, il m'apprennent beaucoup et je prends plus d'assurance dans ma nouvelle vie. Je suis au début de la route et vois l'immensité à parcourir, mais maintenant avec foi et espoir.
À suivre.
Dernière édition par Yoegh le 11 Juin 2018, 17:06, édité 1 fois.
|