Forums des Landes Eternelles

Le bois est silencieux, et l'arbre centenaire ;
Dessous les hautes branches où nichent les oiseaux
On voit se recueillir, avec la mine austère,
Un Elfe aux cheveux blonds, et à la blanche peau.

Il ne demande rien, et il ne prie personne,
Mais ses yeux sont fermés, son coeur est en émoi ;
Auprès d'un lierre dense aux couleurs de l'automne,
Il gère une émotion qu'il ne maîtrise pas.

Tout seul, ainsi caché, il confiera sa peine
Au tronc qui le soutient, aux branches de lilas,
Aimables confidents de tous ses embarras.

Affichant simplement une mine sereine,
Il n'en paraîtra rien dans la lueur du soir,
Où il s'éloignera, fidèle à son devoir.

Le soleil se mourait par delà les remparts,
Et des ombres dansaient dans les pics montagneux.
Les nuages laissaient, du haut du ciel blafard,
Dans les plaintes du vent, tomber le cri d'un freux.

En ces lieux désolés que la joie abandonne,
On voit passer des gens que le froid fait rentrer.
Tout est calme et pourtant, on croirait que l'on sonne
Le tocsin ou le glas, ou la fin d'un été.

En ces lieux je revois constamment le carnage
Et les crimes odieux et la mort et le sang.
Ils sont là, bien présents, dans la pluie et l'orage,
Des gens que j'ai aimés les fantômes hurlants.