Bagalad

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Bagalad
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Bagalad

Message par Bagalad »

La vie est rude pour les nains sous la montagne.
Sans cesse il faut travailler, creuser, extraire, fondre …
Ce dur labeur pourtant leur convient, rien n’est plus rassurant que la froideur du métal, la solidité de la pierre ou la transpiration de la peau qui vous rappelle être vivant..

A l’issue de leur temps de mine, ceux dont c’est la période de porter la pioche se rassemblent autour d’un copieux repas et d’abondants breuvages.
Parfois, l’ivresse aidant, certains parmi les plus habiles de la langue racontent des histoires de nains.

Cette nuit là c’est d’une vielle légende qu’il s’agit.

Bagalad, un jeune adulte assis dans un coin de la taverne écoute d’une oreille attentive et suit tant bien que mal au travers du brou-ha le verbe haut du conteur.
L’histoire est celle des landes éternelles, de l’épopée de Fingel.

« … Rendez vous compte les amis que l’alliance ainsi crée bâti de ses mains une ville magnifique au cœur même de cette contrée maudite … »
« … et dans cette cité aux milles splendeurs le bâtiment le plus formidable était celui du temple … »
« … Une des tours de ce monument érigé à la gloire de la Prompte Poigne était entièrement recouverte de Thyl… »

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Bagalad perd le fil de l’histoire .
Dans son esprit se bousculent les images de cette haute tour recouverte de ce métal si précieux.

Le lendemain dans les mines, Bagalad n’a pas la tête à son ouvrage.

Le Thyl, Le Thyl, Métal si parfait…
J’ai été si longtemps dans la nécessité.
Pauvre lignée qui est mienne de ne pas posséder de grande richesse.
Avec du Thyl je serais enfin respecté .
Mes enfants à venir n’auraient pas à rougir de leur peu de richesse.
Enfin je briserais la pauvreté qui a toujours été chez les miens.

Riche je dois devenir pour revenir et montrer à mon père que je vaux mieux que lui, que mes aïeuls.

Oui Riche je serais …Riche ou mort…


Il est des rêves qui bousculent une existence.
Il est des songes qui mènent à l’aventure.

Un peu plus tard, sur la roche grise, on retrouve une pioche abandonnée chose peu commune dans les boyaux nains.

Bagalad s’en est allé vers son nouveau destin, vers la mort ou la fortune.
Vers les landes éternelles.

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Bagalad
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Message par Bagalad »

La pièce taillée dans la pierre est sombre, mal éclairée par une bougie logée dans son support posé sur un vieux tabouret de bois faisant office de chevet.
Dans le lit de bois fatigué semble attendre un nain âgé, les traits usés par nombre années de mine, le teint pâle, les yeux jaunes et la barbe triste.

Timidement on frappe à la porte de métal peu épais.
-Entres, je t’attendais mon fils.

Celui qui pénètre dans la pièce est un nain ressemblant à ce qu’a, sans doute, été l’alité dans des temps anciens et révolus.
Bagalad s’approche du lit de son père.
D’un geste de la main, celui-ci lui signifie l’arrêt.
- Ta mère est-elle restée derrière la porte ?
- Non, elle est en grande conversation avec la voisine.
-Bien, très bien…

Un sourire jaune passe sur le visage malade.
-Bagalad, derrière toi, il y a une pipe et du tabac…
Le plus jeune nain se retourne, faisant face à une commode.
-Oui, là dans la commode, le premier tiroir, prépares moi de quoi fumer. Une dernière fois peut-être je veux savourer ma meilleure herbe.
Bagalad s’applique à bourrer la pipe paternelle sans dire mot, un œil attentif lui aurait remarqué les yeux humides.
Il porte ensuite le bois creux à son père et l’aide à allumer le foyer en lu approchant la bougie.
La cire coule sur la couverture mitée.
Lentement la fumée monte et envahie la chambre de son odeur âpre.
Bagalad reste, là, debout à regarder son père fumer.

-Père, tu ne devrais peut-être pas …
-Bah, au point où j’en suis…Mais ne parlons pas de moi, la fin est mon seul horizon et j’ai des envie de discours plus avenants. Parles-le moi de toi, que deviens-tu ?
-Tu sais, je ne suis pas partit pour vous peiner …
-Tsss, Peu m’importe ton départ et ses raisons, je ne suis pas ta mère. Je comprends ces choses là. Racontes moi plutôt ce que tu deviens.
-Très bien…
Je suis donc partit à l’aventure après avoir entendu une vielle légende parlant d’une tour recouverte de Thyl, cet ouvrage désormais détruit se trouverais dans la contrée que l’on nomme les landes éternelles.
J’ai débarqué sur les landes avec en tête des rêves de fortune, je voulais enfin sortir notre ligné de sa triste pauvreté.


L’ancien, un moment, ferme les yeux suspendant ainsi le récit …
Enfin d’un geste il fait comprendre à son fils qu’il doit continuer.

-Heu oui…
Donc je suis arrivé dans cette contrée difficile mais prometteuse et ce fut une terrible déception.
J’ai beaucoup usé de pioches dans les mines pour ne rien trouver de grande valeur.
J’ai beaucoup lever le coude dans les tavernes n’apprenant rien de sérieux sur la présence de Thyl.
Mais surtout, j’étais peiné chaque jour que Hamal fait de voir les nains méprisés des autres peuples. Dans ces pays les nôtres ne sont que l’objet de railleries incessantes.
Et il n’y a pas que des elfes à se moquer !
Devant tant d’adversité quelques-uns du peu de nain présent ont décidé de faire bloc sous l’impulsion du représentant maître Grem.
Il y avait Grem, Hreidmar moi et Katia.
Tous les quatre nous nous sommes fixés comme but de redonner au peuple nain le respect qui lui était du.
Il fut décidé que nous nous liguerions en communauté de travail pour porter rapidement l’un des nôtres à la maîtrise de la forge . Le peuple nain se devait d’être le plus habile dans ce difficile art. Nous serions ainsi considérés comme il se devait.
Grem fut choisit pour être notre forgeron, j’étais disposé à devenir un bon mineur, Hreidmar à s’entraîner pour porter nos couleurs au combat et Katia à devenir notre alchimiste et trésorière.
Bientôt d’autres nains nous rejoignirent dans cette entreprise .
Tout mes coups de pioches désormais étaient pour la communauté.
Chaque morceau de minerais récolté, je l’ai remis à Katia chargé du compte et de la gestion de nos ressources.


L’ancien est soudain pris d’une quinte de toux, Bagalad a le regard de l’enfant inquiet.
-Keuf keuf , Non non ce n’est rien. Tu as abandonné tes rêves de prospérité fils ?

-Heu , disons que j’ai privilégié la prospérité des nains des landes.
-Quelle soudaine abnégation pour un nain partit vers la fortune.
-Bah , j’ai pensé .. enfin .. oui.. Disons que j’ai changé d’idée.


Un silence, une nouvelle inspiration, une expiration sifflante et une nouvelle volute de fumée monte vers le plafond.

-Tu as sans doute eu une bonne raison.
-J’ai choisi la fortune d’un peuple plutôt que la mienne.
-Elle est comment cette Katia ?


Bagalad, les joues soudainement devenues très rouges semble ne plus savoir répondre.

-Katia… c’est une naine… c’est notre trésorière.. et alchimiste …
-Je vois.


Le visage souriant du père agace le nain qui ne sait plus continuer son récit.
Comme s’il avait besoin de se défendre il finit par reprendre :
-Je me sens investit par le devenir des nains dans les Landes, je suis d’ailleurs leur représentant auprès du conseil de Luxin.
-Et bien mon fils tu es devenu quelqu’un, je suis fier de pouvoir partir l’âme en paix.
-Tu va te remettre, tu es résistant comme la pierre.
-Le minéral dont je suis fait n’est pas à l’abri de l’érosion. Mais, je te l’ai dit, je ne veux pas parler de cela, ce qui compte c’est l’avenir et il semble que, pour toi, l’avenir soit dans ces landes auprès de tes nouveaux compagnons.
-Je resterais le temps de te soigner père.
-Non, Non mon sort est déjà scellé, ta vie est ailleurs, va, reprends la route d’autres ont plus besoin de toi.

Bagalad va répondre lorsque la main de son père lui montre la porte, il n’y a plus rien à dire, il n’y aura pas plus de mots c’est toujours ainsi que son paternelle a coupé court aux débats familiaux, ce sera ainsi que le les deux nains se quitteront.
Sans un mot de plus.

Juste une porte grinçante qui se referme sur le passé et qui ouvre vers l’avenir.

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