Les Petites Chroniques.

[Romir]

Les Petites Chroniques,
Par Romir Petitelame.



- Ouais? Qu'est ce que c'est?

Un étranger m'interpellait à l'entrée de la galerie que j'avais creusé récemment. Je ne voyais que sa silhouette remuant dans tous les sens, il faisait très noir, dans cette caverne de Thyl Dûr. J'avançais avec une torche puis je vis enfin l'homme qui m'attendait. Il n'avait pas l'air d'apprécier l'ambiance humide de l'endroit, il tirait une tête à faire pâlir un patrouilleur.

- Oui?
- J'aimerais passer une com...
- Romir Petitelame, à votre service! Coupai-je brutalement tout en sortant un calepin. Que puis-je pour vous?
- Hé bien... Vous extrayez le fer? bégaya-t-il, un peu surpris par tant d'énergie.
- Tout à fait, tout à fait.
- 1000 minerais, c'est possible.
- Tout à fait, tout à fait!
- Vous pouvez me livrez dans combien de temps?

Je griffonnai quelques calculs simples sur mon calepin, je voulais toujours savoir exactement le temps que je passerais à remplir une commande.

- Dans 6 heures, j'ai ma pause déjeuner d'un quart d'heure, cela vous convient-il?
- 6 heures! Pour un jeune aventurier comme vous?
- C'est trop long? Je peux ne pas aller manger s'il n'y a que ça.
- Non non, du tout, c'est parfait! Vous êtes si rapide que cela?
- Rapide? Non, c'est juste que je remplis mes commandes dans la minute. C'est la première fois que vous commandez?
- Oui.
- La maison vous offre 50 essences volcaniques pour votre premier achat, vous voulez une carte de fidélité?
- Une quoi?
- Une carte, venez me voir régulièrement et vous aurez de nouveaux cadeaux. Sans engagements, gratuit.
- Des... Cadeaux... Hé bien, pourquoi pas.
- Bon, je vous laisse, j'ai du travail, bonne journée.
- Bonne journée...

Il repartit un peu éberlué, ce nouveau client. On aurait dit qu'il sortait d'une soirée mouvementée à la taverne. Je me demandais si je ne faisais pas un peu peur à tout le monde avec ces idées commerciales que je venais de trouver. Les gens n'aimaient pas bien les changements.

Depuis peu, je me trouvais quelques clients et j'essayais de me faire un nom parmi les aventuriers. La récolte et l'alchimie pouvaient me permettre d'avoir des revenus convenables, mais moisir dans une grotte n'était pas ce qu'il y avait de plus excitants.

Ainsi, je partais régulièrement à la chasse, traquant des gobelins, armés d'une solide hache que m'avait offert un frère nain, Tigrou. Simple, efficace, les crânes de ces bestioles n'y résistaient pas.

Un quotidien des plus ordinaires, pour un nain ordinaire. Cela faisait un moment que j'étais arrivé dans les landes, maintenant. Mais j'étais toujours un peu perdu. Je m'entraînais régulièrement, récoltais le plus possible... Je tentais de me dessiner un avenir, comme beaucoup d'entre nous.

Même si j'avais la singulière impression de foncer droit dans le mur.

[Romir]

Une trouvaille.


Des coups de marteaux retentissaient dans la galerie. Les bruits de la roche et du métal rebondissaient contre les parois, agressant les tympans de quiconque voulait y mettre les pieds.

Quelques aventuriers aux oreilles imperméables ou déjà à moitié sourdingue travailler de temps à autre dans cette petite galerie où l'on trouvait toujours son bonheur. Certains filons étaient à nus et ne demandaient qu'à être exploité.


Ce jour là, plusieurs aventuriers s'occupaient avec énergie d'un large gisement de charbon. La galerie, après tout, était à tout le monde et ce n'était pas ce Petitelame qui irait les empêcher de faire quoi que ce soit. Ce jour là, il tapait tellement fort que l'on pouvait voir des gerbes d'étincelles au fond de la galerie.

Une explosion.

Une autre.

Les aventuriers se regardèrent. C'était la première fois qu'ils entendaient un son pareil.

- C'était quoi, ça? demanda l'un d'eux, un peu secoué.
- Je ne sais pas, j'ai pas envie que tout ça me tombe sur le coin de la tronche!
- Partons!

La plupart quittèrent l'endroit mais d'autres, intrigués, descendirent plus profond, en direction de Romir...


***

Non, non, je ne me doutais pas de ce qu'il allait se passer ce jour là. Avais-je découvert un science inconnue? Aucune idée. Je frappais, je frappais encore et toujours en quête de ce minerai de fer tant recherché.

Je cognais cette roche si dure quand, dans mon dos, il y eut de grosses explosions. Je fus collé contre la paroi contre laquelle je me battais depuis à l'instant, poussé par une force invisible et une immense chaleur.

Ce fut bref, intense...

Quand je recouvrais enfin mes esprits, je me levai la tête, cherchant une explication.

Elles étaient là. Oui, ces essences volcaniques. En venant, je les avais posés ici, avec du souffre et d'autres ingrédients qui traînaient dans mon sac.

Elles n'y étaient plus.


- Romir? Vous êtes là?

Les contours d'une silhouette se dessinaient plus haut. Je ne décernais aucun traits, la personne était à contre jour. J'étais un peu encore assourdi par l'explosion.

- Hein? Quoi?
- Vous allez bien? Demanda la voix, féminine apparemment.
- Parlez plus fort!
- Je vous demande si tout va bien! Lança-t-elle avec force.
- Oui oui! Tout va bien! Juste un pan de roche qui s'est effondré.
- Bon...


Elle se retourna et s'en alla. Avais-je rêver? Ce n'était guère possible, ce que j'avais réalisé. Et surtout, personne ne m'aurait jamais cru. Je décidai d'oublier cette histoire rapidement.

Juste un rêve.

[Romir]

Vie et mort d'un nain.

Je crois qu'il serait temps pour moi d'écrire ici ce qu'il se passe réellement ici. Quand j'ai quitté le village de mes parents, je vais vous dire, c'était pour voyager et prendre part à une aventure qui me tendait les bras. La destination était toute trouvée, les îlots centraux.

J'épargne ces quelques pages de toutes ces histoires que j'emporterais avec moi dans la tombe. Si j'écris ici, c'est pour oublier toutes ces mésaventures, ces sinans qui perdent la boule, des démons dans des elfes, des disputes incessantes entre aventuriers...

La vérité, je ne la pousserais pas plus loin. Ce que je veux dire, c'est qu'ici, dans les îlots centraux, c'est un beau bazar et pas une seule journée ne se passe sans qu'un aventurier fasse le malin ou qu'un mégalomane sectaire ne débarque.

On se croirait dans un asile de fou, en fait. C'est pour cela que je suis désormais l'un des conseils de mon maître, Kargorm: Toujours avoir une arme sur soi.

Et moi, là dedans, vous me direz? Je fais ce que je peux. Je tente de sauver ceux qui le méritent en faisant des plans sur la comète, comme ont dit. Tenez, par exemple, pas plus tard que hier, alors que mon ami Palladio faisait une crise de schizophrénie, j'ai demandé à Gannel de m'aider à l'attraper.

Résultat, nous avons failli l'assommer alors qu'il allait mieux, faire un plan nous ayant tellement pris de temps que finalement, nous sommes arrivés trop tard.

Je ne brille pas, dans tout ça et au fond, je m'en fiche un peu. Je voulais vous donner une idée de ce qu'il se passait, de mon point de vue. Je pense qu'il vaut mieux prendre un peu de recul et se dire que finalement... Nous ne sommes que peu de choses, que nous soyons mégalos ou maladroit.



***


Le squelette fit alors volte face très brusquement. Il avait senti la présence du nain. Celui-ci lui fonça dessus, sans aucune finesse. Le squelette éclata en morceaux, des petits os tombèrent au sol dans une petite symphonie de petits cliquettements. Le nain se releva:

- Font moins les fiers, ceux-ci.
- Petitelame! Petitelame, c'est toi?
- Mrh??! Qui est-ce?
- C'est moi, Dunkan!

Dunkan venait du village, comme lui. Lui aussi, l'aventure l'avait appelé. Lui aussi, il était venu se perdre ici.

- Hé bien, qu'est ce qu'il se passe?
- Remonte, un messager, au camp! Pour toi?

Le nain emprunta l'échelle pour remonter à la surface et il se dirigea en direction du camp de Galeinth'.

- Bonjour, vous êtes Romir Petitelame? lança le messager.
- Oui oui...

Il prit le message entre ses doigts, le déroula.

Romir,

C'est maman, il faut que tu rentres. Ton père est mort.

Fais vite.

Huliane Petitelame.

Le message tomba dans le sable chaud.

[Romir]

Maman,

J'espère que tout va bien au village. Je vais des tas de choses ici. Je viens enfin d'entrer chez les Patrouilleurs, c'est magnifique. J'ai enfin rejoint Rol, tu sais ce nain dont je t'ai parlé, et Kargorm, mon maître. Je suis très heureux d'accomplir ce travail et de protéger de mon mieux les aventuriers.

Tu sais, j'ai même crée un bureau pour retrouver les gens et des sacs perdus. C'est fou ce qu'ils sont distraits, ici. Je crois que je me fais un petit nom, par ici. Cette histoire est un drôle de coup de tête, mais ça me plait et je crois avoir un peu grandi, grâce à tout ça. En tout cas, j'ai davantage confiance en moi.

Quand je pense de la peur qui m'avait pris que je suis parti! Qu'ils étaient impressionnant ces aventuriers... Quelles étaient grandes ces terres...

Il y a une femme bleue que j'adorerais te présenter, d'ailleurs... Plusieurs en fait. J'aimerais beaucoup que tu me rejoignes.

Bon, je vais retourner à mes petites affaires, à bientôt, je t'aime.

Romir.

[Romir]

La Gilde des Petites Lames.


- Romir!

Huliane avait ouvert la porte doucement, comme par crainte. En reconnaissant Romir, elle se précipita sur lui.

- Mon fils! Mais.. Mais... Tu es habillé comme un guerrier!
- Il m'arrive d'exercer cette activité, 'man.
- Ah oui, les patrouilleurs, tu m'avais envoyé une lettre et... D'ailleurs, tu pourrais m'en envoyer plus! Je n'en ai reçu qu'une, je suis ta mère! Je m'inquiète et je suis seule, ici!

C'est vrai qu'à part l'oncle Hudrir, son frère, Huliane n'avait plus personne. Le village n'aimait pas son caractère et la laissait loin de tout, isolée.

- Allez, rentre, tu tombes bien, j'ai fait une quantité de ragout invraisemblable.
- Ah, ça, j'veux bien. Il n'y aurait pas un peu de bière?
- Non! Si tu crois que tu ne viens ici que pour boire et manger, tu te trompes, Romir! Il y a des fissures à colmater, une cheminée à ramoner, des fuites à..
- Oui oui 'man! Oui!
- Je n'ai pas fini, jeune homme! Il faudra que tu ailles à la forge de ton père, aussi.

Romir tressauta. Il posa son sac au sol, l'air sombre.
- Et pour quoi faire?
- L'entretenir. Je vais la vendre pour qu'un nouveau forgeron s'installe.
- Riche idée.

Ils mangèrent. Huliane avait éduqué Romir à coup de livres, sciences et récits d'aventuriers. Huliane était une idéaliste. Elle apprécia donc tout particulièrement les histoires de combat, de géants et autre Névros.

- Et ce Kargorm, il n'est pas trop dur avec toi, au moins? Tu es jeune et loin d'être un guerrier aguerri! Qu'il fasse bien attention à ce qu'il fait, celui-ci!
- Maman... Je t'assure, c'est un très bon professeur. Mais en rentrant je vais avoir un maître elfe.
- Un maître elfe?
- Oui, pour en apprendre plus sur les elfes et puis... Sur les arbres.
- Si ce Kargorm a eu cette idée, ma foi, je trouve ça intéressant.
- Tu sais maman, je me demande pourquoi tu es comme ça au milieu de ce village de vieux nains tous plus têtu les uns que les autres.
- Oh ça...

Huliane se leva et alla attiser le feu. Elle lança un autre sujet. Les heures passèrent et le peu de lumière qu'il y avait dans la village s'éclipsa totalement.

- N'empêche, ce Kargorm a intérêt à faire attention!
- Mais... Maman...
- Mhrr!

*toc toc*

- Qui est là? Lança Huliane.
- Il parait que ton môme est revenu, Huliane, j'ai voulu voir si c'était vrai.

Huliane alla ouvrir la porte. Un nain massif, hache à la main, regardait la mère de Romir avec un sourire mauvais. La naine le regardait froidement.

- Depuis quand les guerriers du village s'intéressent-ils à ma vie de famille?
- Remballe tes phrases compliqués. Où est-il?
- Fiche lui la paix, Dhurad, sinon je t'assure qu'il va t'arriver des ennuis.

Le nain éclata de rire puis tenta d'avancer, poussant légèrement Huliane.

- Je t'ai dit que j'voulais lui causer!
- Grossière erreur! Eructa Huliane.

Elle lui décocha le plus grand coup de pied bien placé qu'il n'avait jamais reçu puis claque la porte après lui avoir dit que ce n'était pas un comportement à adopter avec les dames. Dhurad râla un moment devant la porte, menaçant Romir au cas où il ne se tiendrait pas à carreau pendant son séjour.

- Des fois, maman, tu me surprends.
- T'as encore rien vu, mon chéri.



Plus tard, Romir sortit de la maison des Petitelame pour aller dans le coeur du village, là où les gens le regardaient de travers. Là où Huliane ne pouvait aller sans déclencher des scandales. Mais c'était ici qu'était la forge. A l'aide d'une grosse clé, Romir ouvrit la porte et entra.

C'est un endroit poussiéreux, maintenant, mais très bien rangé. Reitel était pointilleux, efficace et extrêmement travailleur. C'est d'ailleurs cela qui l'a tué.

- Romir?
- Oui?
- C'est moi, Hudrir!
- Oncle Hudrir!

Le frère d'Huliane était un nain encore plus petit que ses congénères. Il adressa à son neveu un visage rayonnant.

- Dis donc, tu as changé!
- Comment te portes tu?
- Comme un charme. Je vais souvent voir ta mère, je passais justement la voir et m'a annoncé que tu étais là. Elle est très contente.
- Oui, je viens d'arriver. J'ai déjà eu un accrochage avec Dhurad.
- Oh, lui, hein. Huliane m'a dit qu'elle l'avait envoyé avec les honneurs, si l'on peut dire, lança Hudrir, hilare.
- Oui...

Romir regarda autour de lui. Finalement, ils allèrent à la taverne et burent un coup ensemble, en discutant de chose et d'autre. Son oncle était la seule personne qui s'occupait de sa mère, ici.

- Bon, Romir, tu sais, il y a un livre que tu devrais lire. Ta mère t'a causé un peu de nos histoires de familles?
- Pas vraiment, disons que ça m'intéressait pas vraiment, à l'époque. Mais peut-être que ça me permettrait d'apprendre pour ma mère est si différente de mon père...
- Alors lis. Tu ne vas pas être déçu! Hudrir s'esclaffa. Il faut dire qu'Hudrir rigolait énormément.

Ils se séparèrent et Romir rentra. Il ouvrit aussitôt le livre.


****

Hered Braheldif était un aventurier. Mais pas n'importe lequel. Un fichu aventurier. Mon arrière arrière grand père, et j'oublie sûrement un ou deux "arrière".

Ce n'était pas le genre de nain à s'occuper d'une forge ou bien à s'occuper d'un troquet, ça non. Hered Braheldif n'est pas une légende, mais il était brave, un vrai guerrier qui arpentait le monde et se battait contre les landes.

- Braheldif? Mais c'est le nom de famille de ma mère, ça!

Figurez vous que Braheldif monta une gilde. Oui oui, une gilde. Une gilde d'aventurier nain. La gilde des Petites Lames. Il y avait la famille Braheldif, très aventurière et puis plusieurs personnes qui travaillaient pour eux. Avec le temps, une nouvelle famille apparut et fût très influente. On la nomma Petitelame.

Alors que les Braheldif voyageaient et combattaient, les Petitelame travaillaient à la mine ou à la forge.

- Je rêve. Les Petitelame?

Romir feuilleta le livre rapidement.

A la fin de la vie d'Hered, les Petitelame désirèrent le pouvoir, une crise qui fit éclater la gilde en milles morceaux. Le Petitelame, de plus en plus conservateur, furent maudits par Hered Braheldif. Les Petitelame disparurent au fil du temps.

- Tu vois, Romir, que l'aventure, c'est dans le sang. Reitel, ton père, était le dernier des Petitelame.
- Maman! Tu ne dormais pas?
- Non. Il était temps qu'Hudrir écrive cela, ce vieux flemmard! Une belle histoire, hein?
- Pourquoi ne me l'as tu jamais raconté?
- Oh... Il était tellement difficile de rapprocher nos deux familles à nouveau, le mariage avec ton père était là pour oublier les erreurs du passé... Et puis finalement, Reitel est resté un Petitelame... J'ai voulu t'écarter un peu de toutes ces histoires.
- Alors... Je suis...
- Le descendant d'une sacrée gilde, ça oui.

[Romir]

La maladie du mineur


- Reitel, va chercher le guérisseur, vite!
- Pourquoi donc?

Reitel était assis devant le feu, occupé à faire réchauffer ses pieds. Il ne tourna pas la tête pour regarder sa femme paniquée.

- Romir est malade! Dépêche toi, il a beaucoup de fièvre!
- Encore? Ce n'est pas possible! Il le fait exprès!

Huliane tira Reitel de son fauteuil en lui criant de chercher le guérisseur. Il s'exécuta de mauvaises grâces, pestant contre la tâche ingrate qui lui était confié. Il revint 10 minutes plus tard en compagnie d'un nain très âgé à la barbe grise.

- Où est le petit Romir, Huliane? Demanda le guérisseur d'une voix douce.
- Dans sa chambre, là, venez vite, Drehli.

Ils entrèrent dans la chambre. Oh, une minuscule pièce où le lit tenait à peine. D'ailleurs, cette pièce ne servait qu'à ça, à dormir. Ou bien à être malade.
Romir était allongé, luisant de sueur. Il était secoué de quinte de toux. Il grimaçait de douleur à chaque fois que ça le prenait.

Drehli se pencha sur Romir, écouta sa poitrine, sa respiration, sa gorge. Il tâta le jeune nain à divers endroits d'une main experte. D'une voix toujours douce mais emprunte d'une pointe de gravité, il demanda:

- Peux-tu parler, Romir?

Le malade ouvrit la bouche, sans résultat. Drehli secoua légèrement la tête, la mine contrite. Huliane perdit soudainement son sang froid:

- Comment va-t-il? Encore une crise?
- Oui. Mais c'est plus grave que je ne le pensais, cette fois-ci.
- Co... Comment ça?
- Il doit prendre de la convalescence, prendre l'air. Et surtout... Ne plus aller à la mine, Huliane, d'ailleurs il...
- Il n'en est pas question!

Reitel, solidement planté dans l'encadrement de la porte, parlait fort et semblait furieux:

- C'est une Petitelame! Les Petitelame sont des mineurs! Cela fait depuis l'âge de treize ans qu'il a rejoint les mineurs du village et il va y rester!
- Reitel, Romir est malade! Cela fait 5 ans qu'il mine sans relâche, il...
- Je ne veux pas d'un faible chez moi! Ce nain est la décadence de tout un peuple! Aucun nain ne souffre de ça et il faut que ça tombe sur nous! Sur nous!

La soirée se termina dans un silence assassin. Huliane, déchirée, s'occupa de son mieux de Romir qui ne pouvait avaler la moindre nourriture. Reitel avait disparu, laissant ce fils qui ne lui ressemblait pas à cette abjecte maladie.


****


- Ah, Romir! Bientôt le départ, hein?

Hudrir donna une grande claque dans le dos de son neveu.

- Oui, mon oncle. C'est le moment de repartir, ça m'a fait plaisir de revoir maman.
- Ça lui a fait plaisir aussi, crois moi. Dommage que tu ne restes pas plus longtemps, les filles auraient aimé voir le bel aventurier que tu es devenu.

Romir esquissa un sourire. Son sac était prêt et, d'ici quelques heures, il repartirait pour les îlots centraux.

- Et quand te trouveras-tu une dame Petitelame, mmh? C'est que tu as presque 30 ans, maintenant!
- Oh, ça.. Lança Romir, étrangement réticent.

Hudrir regarda Romir, son œil vif si particulier décrypta la mine de son neveu.

- Je sais que c'est le nom de ton père... Mais... Les Petitelame n'ont pas toujours été ainsi. Ils ont la fierté du travail bien fait. Tu as lu le livre que j'ai écrit à ton intention, n'est ce pas?
- Oui, Hudrir.
- C'est une belle histoire que la notre, et si ta mère et ton père se sont mariés pour réunir les deux familles fâchées depuis si longtemps, c'était pour un nouveau départ...
- Plutôt raté, le nouveau départ..

Hudrir soupira et acquiesça.

- En ce qui concerne ton père... Ce comportement détestable l'a tué, j'aurais parfois aimer le rosser, mais Huliane m'en aurait trop voulu... Elle était pour la réunification de nos familles et..
- Tué? Il est mort d'une crise cardiaque, voila tout.
- Romir...

Hudrir se leva et alla fermer la porte de la maison d'Huliane. Il avait préalablement regarder les alentours. Sa mine avait changé. Il était un peu effrayant dans ces cas là, il ressemblait à Kargorm. Hudrir avait été un grand aventurier, il était, pouvait-on dire, à la retraite. Il racontait un tas d'histoire à Romir et à ses filles quand ils étaient tous petits. Cela désespérait Reitel qui traitait Hudrir de comédien, mais l'oncle de Romir faisait taire Reitel d'un claquement de doigt. Il avait peur de lui.
Hudrir tourna sa face grave à Romir.

- La version officielle. Mais Reitel s'est suicidé. J'étais là, j'ai vu le corps, Romir.
- Mais..

Romir était comme bloqué, la bouche entrouverte.

- Je le soupçonne de l'avoir fait parce qu'il ne voyait plus claire, il vieillissait de plus en plus vite à cause de l'alcool... L'imbécile.. La vieillesse, la faiblesse lui était insupportables.
- P.. Pourquoi n'avoir rien dit?
- Pour protéger ta mère. Je sais, c'est dur, mais... Nous avons été obligé de cacher l'information, tes parents les plus éloignés nous en aurait voulu s'ils avaient appris ça... Ils nous auraient accusés, sûrement. Ça aurait été la fin des Braheldif, la guerre ouverte! Reitel était le plus "pur" de la lignée, le descendant direct! Tout comme moi, ta mère et TOI!

Quelle horreur! La famille de Romir avait le chic pour lui faire découvrir de vieux secrets!

- Tu me réserves d'autres secrets de famille, Hudrir?
- Mmh.. Non, souffla Hudrir, un peu gêné.
- Je préfèrerais.

C'est encore assez secoué que Romir embrassa sa mère pour partir. Mi-énervé, mi-perdu, Romir était finalement totalement épuisé de ces découvertes.

- Vive les vacances, tiens...

[Romir]

Le Cor de Romir

Quel temps! Romir était bringuebalé dans tous les sens, dans cet endroit confiné qui faisait office de cale. En son centre trônait un unique réchaud qui brillait d'une lumière orangée.

Hormis les diverses marchandises, il n'y avait pas grand monde, pour le voyage. Il faisait un froid de chien et tous était engoncés dans leurs vêtements chaud.

Qu'est ce qu'il était long, ces voyages! Romir farfouilla son sac et en sortit le petit livre qu'avait écrit son oncle, Hudrir. Le jeune nain n'avait pas encore tout lu.

Le cor des Braheldif.

On connaît surtout Hered Braheldif comme un baroudeur hors du commun. Un nain extraverti qui causait à tout ceux qu'il croisait. Il s'était aussi fait la réputation d'être un grand conteur itinérant.

Ce que l'on sait moins, en revanche, c'est qu'avant d'être voyageur, il était militaire. Oh, cela ne dura pas vraiment longtemps, une dizaine d'année, tout au plus.
Braheldif était alors un éclaireur, et pas n'importe quel éclaireur. Il pouvait marcher des jours sans s'arrêter. C'est grâce à cette prédisposition qu'il avait commencé à se faire un nom.
C'est de là, que vient ce cor. Notre ancêtre possédait un cor tout ce qu'il y avait de plus banale en apparence. Il lui permettait de donner l'alerte, envoyer des signaux et tout un tas de choses militaires sur la signalétique. A l'époque, on racontait qu'il possédait un quelconque pouvoir magique, ce qui n'a jamais été vérifié. Braheldif le garda toute sa vie et le légua à son fils. Le cor était même le symbole de la gilde des Petites Lames.

- Ah ben... Elle est bien bonne celle-là...

Romir retourna son sac et se saisit du cor. Il le regarda attentivement sans y déceler quoi que ce soit qui aurait pu lui échapper. C'est son oncle qui lui avait donner, quand il était petit. Ce cor qui lui servait pendant les patrouilles à Pierre Blanche.

Il rangea son cor et s'installa confortablement dans sa couverture. Il ferma les yeux, indifférent au roulis. Bientôt, les images de patrouilles, d'aventures et de quelque kultare vinrent lui tenir compagnie pour la nuit.

[Romir]

Le Carnet de Romir.

30 d'Ullivatar 374.

Je souffre tant. Ca me brûle depuis tant de mois. J'ai eu la fièvre, je ne mangeais plus. Je tiens debout à l'heure qu'il est mais c'est encore insupportable. Je serre les dents. Les nains ont besoin de moi.

Je veux d'un peuple uni et soudé. Je veux d'un peuple qui vit en communauté. Je vais réformer la politique interne de la trésorerie et du dépôt pour que chacun en profite. J'ai tout noté quelque part. Ils travailleront bientôt de concert et les nouveaux venus n'auront plus de difficultés. Nous avons choisi des nains fiables et compétents qui auront plaisir à travailler ensemble. Qu'ils travaillent peu ou beaucoup, ils le feront ensemble. Nous allons dans le bon sens, j'en suis sur.

Je veux d'un peuple qui prendra les armes ensemble pour défendre des valeurs nobles et justes. Je veux d'un peuple qui ne se laisse pas impressionner par des chimères des landes, qu'elles soient monstres ou pas. Je veux d'un peuple qui allumera les torches et lancera des pierres contre ceux qui sont soit disant trop fort pour nos guerriers. Je veux d'un peuple que rien n'arrête, que tout amène vers la prospérité, l'unité et la sécurité.


*Le reste semble avoir été écrit plus tard*

Elle m'a laissé ici. Pourquoi est-elle partie si précipitamment? Etait-elle en danger? J'ai tout noté, étudié. Ce n'est pas le moment de flancher, ton peuple a besoin de toi. Tu dois te battre. Elle reviendra j'en suis sur, elle n'aurait pas pu me laisser ainsi.

Gorm reviens, je ne veux pas que toi aussi tu disparaisses. Que je te recherche comme j'en ai tant recherché quand je dirigeais le RBI.

Et que je n'ai jamais retrouvé.....

[Romir]

10 Nuona 374


*Quelques mots griffonnés en hâte*

Nous avons tellement fait ensemble.
Ce n'est jamais allé très loin, jamais jusqu'au bout...
Mais c'était ce que nous cherchons tous,
L'Aventure.

Reviens.


*c'est comme s'il y avait eu un soupire, un instant de pause, de réfléxion. Et puis les mots reprennent, les pensées embrayent sur autre chose:*

Gahard, tu as sûrement rejoins Hamal... Pourquoi n'ai je pas été plus proche de toi?! Pourquoi! J'aurais tellement aimé t'avoir comme père. Tu me manques... Toi aussi, j'aimerais que tu reviennes. Reviens.

Reviens...


*un griffonage violent, de la colère, de la peur... Des larmes sur le papier, des ronds dans le blanc. Revenez. Puis, pour finir*



Ne me laissez pas, je vais me tuer. Ne me laissez pas. Maman.

[Romir]

Jour 21 du Nuona 374


lls me voient et ils m'ont eu. Nodin, le fossoyeur de Nord Thyl, a été retrouvé pendu. Là où j'ai pendu cet homme en noir. Ils ont tué Nodin. C'est ma faute, quoiqu'en dise mes amis. Je m'en veux, j'ai manqué à tous mes devoirs... Crétin que je suis, j'ai donné de l'argent pour la tombe de Nodin, c'est bien tard pour l'altruisme. A quel jeu ai-je voulu jouer? L'autorité ne me va pas, la peur non plus. Je suis idiot.

Je m'en voudrais toute ma vie. Je veux détruire cette secte mais...

Que dois-je faire?

[Romir]

6 Mundia 374

J'ai failli quitter la Patrouille. J'ai à nouveau failli à mon devoir. J'ai emmené un groupe important rendre le trésor à Tiamat. Il est revenu. J'ai tellement fait perdre de temps à ce groupe, que Selena et les autres mourraient au combat et crachaient du sang. Grim était en danger de mort.

Je suis le Porte-Etendard. Je suis le premier à tomber. Maintenant que Tiamat nous a donné un dernier délai, d'autres que moi ont pris la suite. J'espère que Naedrah et les autres s'en sortiront. Elle est courageuse, elle peut y arriver. J'espère que la voix que j'ai ouverte suffira. Ils devront se baser sur les travaux qui ont été fait, ceux de Gorm et des autres dont j'ai oublié le nom.

Mais j'ai d'autres chemins à ouvrir, j'ai donc abandonné celui-ci. Cela valait mieux, cela tournait au n'importe quoi.

J'aurais tellement voulu voir Selena avant qu'elle n'aille se reposer. Je m'en veux tellement... Je veux la voir. Je l'aime tellement, je ne pourrais supporter qu'il lui arrive malheur. Je crois que je sombrerais dans la folie qui me guette.


Je suis le Porte-Etendard. J'ouvre la voix à toute vitesse. Je tombe et laisse la troupe que j'ai rallié se battre et gagner.
Je suis le Porte-Etendard. Je n'arrête jamais la lutte.
Je suis le Porte-Etendard. Je n'arrête qu'à la fin du monde.
Je suis le Porte-Etendard. Je n'ai jamais peur, je n'ai jamais froid, ni faim.
Je suis le Porte-Etendard. Je cours, quoiqu'il arrive, pour la lutte et l'espoir.
Je suis le Porte-Etendard !!!

[Romir]

Livret de Famille.
Par Hudrir Braheldif.


Introduction:

Fonder un foyer, donner un nouveau souffle à une famille, ça n'a pas de prix. Faire perdurer les traditions d'une famille, permettre à ses enfants se souvenir, c'est une responsabilité, un devoir. Rares sont les écrits que je possède au sujet de nos familles, les Braheldif et les Petitelame. Avec ce que j'ai pu retrouver, j'ai retranscrit dans ce livret l'histoire de nos familles, le destin de nos ancêtres a fait ce que nous sommes aujourd'hui et, je crois, c'est l'essence même de toute naine et de tout nain. Souvenons nous alors.


Famille Braheldif, une éternelle aventure.

Les derniers représentants de cette lignée sont:

Helir Braheldif et Hessiane Trivedor, disparus, ils sont mes parents. Ils sont partis voila 45 fingeliens dans ce qu'ils appelèrent à l'époque leurs derniers voyages. Ma soeur et moi n'avons jamais vraiment fait le deuil mais c'est ce qu'il voulait, aussi, nous respectons leur lointain départ. Ils auraient, aujourd'hui, 140 fingeliens.

Huliane Braheldif, 70 fingeliens fille d'Helir Braheldif et Hessiane Trivedor.Veuve et Marié à Reitel Petitelame, décédé à l'âge de 130 fingeliens.
Romir Petitelame, 32 fingeliens, fils d'Huliane Braheldif et de Reitel Petitelame.

Hudrir Braheldif, 80 fingeliens, fils d'Helir Braheldif et Hessiane Trivedor. Marié à Dhelii Rosargent, 75 fingeliens.
Hilia Braheldif, 28 fingeliens, fille d'Hudrir Braheldif et Dhelii Rosargent, soeur de Rhana.
Rhana Braheldif, 25 fingeliens, fille d'Hudrir Braheldif et de Dhelii Rosargent, soeur d'Hilia.



La famille Braheldif est réputée pour son coté aventureux. Bonne ou mauvaise réputation, elle a su s'imposer au fil des fingeliens. La première question que l'on peut se poser est: Quelle est l'origine de cette étrange manie de partir dans tous les sens.

Tout commence avec notre lointain ancêtre, Hered Braheldif. Issu d'une famille modeste, Hered s'engagea très jeune dans les armées du roi. Peu habilité au combat, il fût placé dans un corps particulier: les éclaireurs. L'armée naine compte surtout sur ses nains en armures aujourd'hui encore. Les troupes légères sont loins d'être prépondérantes et pourtant, il ne fait aucuns doutes que l'éclairage et l'information sont capitales lors d'une guerre. Les nains éclaireurs sont donc en vérité des éclaireurs très particuliers. Ils doivent compenser leur manque d'agilité et leur masse par un instinct et un flair démesuré. Pister des ennemis ne ressemblent pas à de la prospection.

Il s'avéra qu'Hered était un éclaireur de génie. Il passait les lignes adverses sans problèmes et fournissait à l'état major de précieuses informations. Hered allait de plus en plus loin, il marchait des heures. On pense que c'est ce penchant qui l'a poussé à aller encore plus loin, à aller voir de l'autre coté de la montage.

Son passé d'éclaireur se traduit notamment par l'histoire du Cor des Braheldif. Je vous met une vieille note que j'ai trouvé à ce sujet, je la tiens d'un vieil oncle que je n'ai point connu.

Le cor des Braheldif.

On connaît surtout Hered Braheldif comme un baroudeur hors du commun. Un nain extraverti qui causait à tout ceux qu'il croisait. Il s'était aussi fait la réputation d'être un grand conteur itinérant.

Ce que l'on sait moins, en revanche, c'est qu'avant d'être voyageur, il était militaire. Oh, cela ne dura pas vraiment longtemps, une dizaine d'année, tout au plus.
Braheldif était alors un éclaireur, et pas n'importe quel éclaireur. Il pouvait marcher des jours sans s'arrêter. C'est grâce à cette prédisposition qu'il avait commencé à se faire un nom.
C'est de là, que vient ce cor. Notre ancêtre possédait un cor tout ce qu'il y avait de plus banale en apparence. Il lui permettait de donner l'alerte, envoyer des signaux et tout un tas de choses militaires sur la signalétique. A l'époque, on racontait qu'il possédait un quelconque pouvoir magique, ce qui n'a jamais été vérifié. Braheldif le garda toute sa vie et le légua à son fils. Le cor était même le symbole de la gilde des Petites Lames.

Galar Braheldif.

L'origine de ce cor reste inconnu. Je doute toutefois qu'il soit magique, Romir l'a en sa possession, légué par mes soins à son départ pour Draia. Il paraît que Draïa inhibe certaines magies. En conclusion, son potentiel n'a jamais été révélé. Moi-même, quand j'étais jeune, j'ai eu beau souffler dedans, rien ne s'est produit. J'ai appris, toujours sur un écrit (en très mauvais état) de cet oncle Galar, que le pouvoir de ce cor aurait été de terrifier, voire de faire fuir, les ennemis à proximité.


Hered Braheldif resta donc environ 10 fingeliens dans les armées du roi en tant qu'éclaireur. Certaines sources, comme les écrits de la Gilde des Petites lames, assurent qu'il y a passé plus de 20 fingeliens. Bref, quoiqu'il en soit, il en est parti. Il s'est mis à voyager et surtout, à commercer. Il découvrit l'énorme potentiel qu'offrait le commerce et l'enfermement des nains. Il commença doucement à rapporter des marchandises, jusqu'à pouvoir s'installer et créer un magasin de fournitures qu'on pourrait qualifier d'exotiques. Les livres qu'ils ramenaient des autres peuples étaient très appréciés. Hered toucha, en présentant ses voyages, que ce soit en rapportant des marchandises, des livres, des peintures, de l'art etc... un public particulier, souvent des nains riches, ou bien des nains un peu plus excentriques.

Il fonda alors un foyer, eut un fils. Il inculqua à sa famille des valeurs nouvelles, qui, il faut bien le dire, bousculer la plupart des habitudes naines. Hered était l'original, mais il était respecté, car il avait su faire fortune. La famille des Braheldif reposait alors sur des traditions naines légèrement déviantes. Il était question notamment que les jeunes Braheldif assuraient les voyages pour garantir le commerce de son magasin, une tradition mentionnait d'ailleurs qu'un premier voyage libre était "obligatoire" à 20 fingeliens. Le jeune nain était alors libre d'aller là où bon lui semblait. Il devait toutefois ramener quelque chose d'important à la famille.

Les prémices des Braheldif ont donc toujours reposé sur les valeurs qu'avaient inventé Hered Braheldif. Elles prirent bien sûr de l'ampleur quand, bien des fingeliens après sa mort, la famille s'était considérablement agrandi.
Les Braheldif respectent toutefois les plus purs traditions naines, ils font des apprentissages et sont tenus d'avoir un savoir diversifié au long de leurs vies. Toutefois, ce savoir s'occupent énormément de choses plus proches de leurs affinités, à savoir la biologie, la médecine (beaucoup de Braheldif furent médecin), la botanique, l'agriculture, la prospection, les corps d'éclaireurs etc... Les naines et nains Braheldif par alliance appréciaient souvent ces disciplines et la famille Braheldif a toujours attiré du monde (notamment beaucoup de naines qui aimaient les nains un peu plus ouverts et moins bourrins...). Cela changeait de la mine, de la forge, et des autres disciplines parfois difficiles physiquement. C'est aussi pour ça qu'au fil des fingeliens, les Braheldifs furent physiquement un peu plus grand (enfin pas tant que ça non plus) et un peu moins corpulents. On remarque aussi que les Braheldif ont le teint légèrement mat et les cheveux noirs.

Pour citer une autre tradition, les Braheldif créèrent même une tresse particulière en fonction du nombre de voyage. Plus la tresse comportait de perles bleu ciel, plus le nain avait fait ses preuves durant les voyages. Seul le patriarche de la famille pouvaient en décider. Le bleu ciel, pour information, représentait le ciel tout simplement, pour signifier leur amour d'avoir au dessus de leurs têtes le ciel plutôt que le plafond noirâtre d'une caverne. J'arbore moi-même une tresse aux multiples perles, une trentaine, environ.


Il fonda plus tard une guilde. La guilde des Petites lames. Nous y reviendrons.


Hered créa sans le vouloir une dernière traditions familiales. Il mourru loin des terres naines et sa dépouille fut rapatrié un fingelien après sa mort. Les générations suivantes ont suivi cet exemple, du moins, pour les plus fervents admirateur d'Hered. L'Ultime Voyage est une tradition particulière et aujourd'hui encore, discuté. J'aurais moi-même préféré être au chevet de mes parents, à lors décès, plutôt que d'attendre que leurs corps me reviennent. La tradition indique que les participants de l'Ultime Voyage doivent s'arranger pour que le corps retourne à la famille.



La famille Petitelame: Les métiers d'une guilde.

Derniers représentants en date:

Romir Petitelame, 32 fingeliens, fils de Reitel Petitelame et Huliane Braheldif.

Je n'ai découvert aucuns autres cousins ni aucunes autres parentés.


L'histoire de cette famille est celle de beaucoup de familles naines, à cela près que ses débuts sont un peu troubles. Tout commence quand le premier officiel de cette famille, un certain Rirguil, rencontre Hered. On ignore étrangement tout de cette rencontre, les écrits ne sont pas d'accord. Les origines de cette famille semble effacé par l'influence pesante des Braheldif.

Il faut l'admettre, les Braheldif, très fort économiquement, faisaient sûrement de l'ombre à cette famille qu'ils employaient.

Rirguil, donc, s'associa à Hered quand celui-ci avait son magasin. Rirguil était visiblement un excellent forgeron qui put fournir les Braheldif.

Ce partenariat perdura de longs fingeliens, Rirguil et ses descendants purent se diversifier et sa famille devint à son tour relativement puissante grâce à son travail acharné aux côtés des Braheldif.

Quand Hered créa la guildes des Petites Lames, il y intégra aussitôt la famille de Rirguil qui fut nommé, ou renommé, pour l'occasion, la famille Petitelame. Il est aussi étrange de remarquer que Rirguil semblait ne pas avoir eu de noms de famille avant cette guilde.

La famille Petitelame, de par son travail, prospéra. Ses valeurs étaient celles de toutes lignées naines qui se respectent. Le travail de la roche et du métal, l'apprentissage, les tresses... Les Petitelame ne faisaient pas dans l'excentricité, plutôt dans le travail pur et dur, et absolument pas dans les voyages, ni même dans la guerre.

Il y avait parfois des tensions, car les familles étaient différentes. Un certain respect s'était toutefois instauré. Les deux familles étaient dépendantes de l'autre. D'autres familles mineures étaient bien présentes mais celles-ci étaient en définitive, moins influente. Les Petitelame était pâle, souvent roux comme Reitel et Romir et parfois légèrement en surpoids (n'allez pas répéter ça à Romir.).

Le jour où la guilde éclata, suite à un conflit que les Petitelame avait engagé avec Hered lui-même, ce dernier, alors en fin de vie, décida de partir faire un dernier voyage. Furieux, dépité, Hered lança une malédiction sur les Petitelame.

Cette malédiction, les écrits en parlent abondamment du coté Petitelame. Hered n'était pas un sorcier ou une autre kormelerie dans le genre, pourtant, au fil des fingeliens, et vous voyez bien que seul Romir les représentent à l'heure qu'il est, la famille commença à perdre de sa superbe. D'aucuns diront que l'enfermement dans les traditions, l'alcoolisme et la consanguinité, sont en cause. Quelqu'en soit la ou les raisons, les Petitelame s'éteignait doucement. Ils devinrent plus faibles, certains contractaient des maladies. Romir en est l'aboutissement de par sa maladie du mineur, ses difficultés respiratoires etc... Petit, il a failli rejoindre Hamal plusieurs fois, j'ai bien cru que ma sœur allait en mourir d'inquiétudes...

Certains Braheldif assure que cette malédiction est véritable, ajoutant une dimension mystique à Hered. Il désirait la dégénérescence des Petitelame puis leur fin. Chose plutôt réussie.


La guilde des Petites Lames: une puissance.

Crée par Hered Braheldif, associé à de nombreuses familles dont les Petitelame, la guilde s'est imposée rapidement comme une puissance commerciale. Elle s'évertuait à produire des matériaux d'excellente qualité et à vendre des produits originaux très intéressants. Prônant la culture et le travail bien fait, elle a su allier la force des matériaux de qualité supérieure naine et les voyages très enrichissants des Braheldif. Alors que les marchandises naines faisaient miracles à l'étranger, les produits étrangers engendraient des bénéfices profitables en terre naine. Les marchandises naines étaient souvent améliorées grâce à une meilleure connaissance des techniques étrangères (galdurs, elfes etc...). Les Petitelame s'y plièrent quand ils virent que les clients étrangers appréciaient ces améliorations qui s'adaptaient à leurs cultures. Pour citer un exemple, les forgerons Petitelame apprirent à forger des armes plus légères et plus maniable, basées sur des connaissances naines impeccables et un savoir faire elfe original. Il ne fût pas évident pour les familles travailleuses de la guilde de s'adapter, mais Hered choisissait ceux qui entrait dans la guilde et ce problème resta relativement mineur. De toute manière, quand l'argent entre, ça fait taire même le nain le plus récalcitrant...

La guilde fonctionnait avec un conseil où chaque famille était représentée. Un nain, toutefois, Jared Nerelson, représentait tous les nains morcelés, séparés de leurs familles (beaucoup de nains étaient les seuls représentants de leurs familles respectives.).
Ainsi, on trouvait Hered, maître de guilde et représentant des Braheldif, soit des caravanes et des produits exotiques. Il était assisté de sa plus grande fille, Helène (Hered était réputé pour adorer ses filles, quitte à bousculer les traditions de protection des naines en vigueur dans le peuple). Rirguil et son fils Reld représentait les forgerons et mineurs et bien sûr, la famille Petitelame. Bor et son frère Bid (qu'on surnommait Gros-Bide) représentait la famille Poingdacier, ils s'occupaient de la sécurité des caravanes voire des magasins de luxe. Cali, jeune naine à ses débuts, parlait au nom de sa famille de commerçant, les Doidor, ce sont eux qui tenaient les différents magasins. Et donc, Jared Nerelson, représentant de... Tous les autres.

Tout allait bien jusqu'à ce qu'une rixe éclate entre les Petitelame et les Braheldif. La famille Poingdacier ne réussit pas à maintenir le calme et le conflit s'éternisant, Nerelson et ceux qu'il représentait partirent travailler ailleurs pour devenir indépendants. La guilde éclata. La seule chose de certains, dans cette histoire, c'est que les tensions perpétuelles, opposant les travailleurs Petitelame et les voyageurs Braheldif en sont la cause. Difficile de trouver un coupable, les deux familles le sont sûrement.

Au fil des années, les magasins des Braheldif se firent plus rares et les matériaux des Petitelame perdirent de leurs qualités. Alors que ces derniers périclitèrent sérieusement, les Braheldif ont toujours su se maintenir, aidé de la famille Doidor avec qui nous entretenons encore d'excellents rapports. Les voyages des Braheldif se font souvent accompagnés de membre de la famille Poingdacier, et nous travaillons régulièrement avec la guilde qu'a fondé par la suite Nerelson, guilde qui, il faut bien le dire, nous a aidé à subsister mes parents et moi. Moi-même, je travaille encore pour eux.



Aujourd'hui, nos enfants: Un nouvel espoir.

Il y a maintenant plus de 50 fingeliens, le père de Reitel Petitelame, Rehel Petitelame, renoua le contact avec ma famille, par l'intermédiaire de ma mère (mon père était alors en voyage.). Il voulait repartir sur de bonnes bases avec nous, peut-être pour lever cette soi-disante malédiction. Peu de gens y croient encore, mais Rehel, désespéré de voir sa famille dans cet état, n'avait plus que ça pour sauver sa lignée. Rehel était un nain calme, voire agréable. Je l'ai peu connu, mais il était intéressant et aurait pu améliorer les choses. Ma mère se laissa convaincre et donna la main d'Huliane, espérant sûrement relever nos deux familles. Huliane se maria à Reitel. Les débuts furent agréables. Jusqu'au jour où Reitel ne voulut pas laisser Huliane faire son voyage. Nous commençâmes quelques négociations, afin de sauvegarder nos traditions. Mon père s'en chargea personnellement. Reitel arrivait à nourrir Huliane, à lui donner un toit, et même à donner de l'argent à mes parents qui étaient alors en difficulté financière. Il lui fût impossible de lui refuser sa demande. Huliane ne put partir qu'un petit mois. Le voyage avait un goût de trop peu. Elle s'adapta à la vie d'un Petitelame alors que, jusqu'à présent, les naines et nains s'adaptaient à la vie d'un Braheldif. Rehel était mort depuis longtemps et tant mieux, il n'aurait pas supporté la suite des événements.
La mariage donna naissance à un petit Romir, faiblard. Les affaires de Reitel ne fonctionnait plus et Romir était mal nourri. Romir dut travailler très tôt à la mine et contracta une maladie. Reitel, lui, perdait de plus en plus à la tête et Huliane m'appela plusieurs fois en renfort alors que son mari frappait Romir. Par contre, Reitel me détestait -c'était réciproque- et surtout, avait peur de moi. Ce mariage était une catastrophe.

Romir fût à son tour privé de voyage. Mais le Destin en décida autrement. Ce garçon, Petitelame de corps et Braheldif de coeur, rencontra, par un extraordinaire coup du Destin, la plus belle femme bleue du monde, dans son village souterrain. L'amour qu'il lui voua durant deux jours déclencha la colère de Reitel. Huliane fit partir Romir à l'aventure. C'est là qu'il reçut le Cor.
Reitel se suicida quelques temps plus tard, complètement fou, dans sa forge désaffectée, Huliane considéra que c'était l'issu des effets de dégénérescence de la malédiction d'Hered. Elle s'installa chez moi.

Le destin de deux familles est à présent réuni entre les mains de Romir. Puisse la malédiction, si elle existe -Huliane y croit dur comme fer-, laissait le corps de ce petit en paix. Puisse la guerre de Draïa ne pas l'emporter. Hamal le garde...





C'est terminé. De Hered à Romir. J'ai voulu rendre hommage à mon neveu. Il est comme un fils. J'aimerais également saluer mes filles que j'aime tendrement et qui sont en train de faire leurs voyages ensemble, aux côtés d'un solide nain de la famille Poingdacier. Je vous aime tous les trois, vous avez reçu une copie de ce livret. A vous de le compléter et de le faire perdurer. Parlez de vos voyages.


J'aimerais, pour conclure, vous compter cette petite histoire. Quand j'étais petit, mon père nous faisait faire un petit jeu à ma sœur et à moi. Il nous donnait une brindille et nous demandait de la briser. Bien sûr, c'était facile. Il nous donnait alors un petit fagot. Il nous redemandait de le briser. C'était impossible.

Il pouvait alors conclure.

Ce fagot. C'était la Famille.




[hrp: Le livret de famille est dédié aux joueurs qui incarnent ingame Huliane et Hudrir. Ils se reconnaîtront.]