Noahem, homme bleu
Publié : 27 juin 2008, 15:51
Je suis arrivée il y a peu à Draïa. Il ne m'a pas fallu longtemps pour remarquer que chaque fois que l'on découvre un nouveau visage en ces rudes terres, l'inévitable question se pose : qu'est ce qui a pu l'amener ici? Parfois, la question est ouvertement posée, comme j'ai pu le constater dès mon arrivée à la Taverne du Nain Joyeux. C'est en général une marque d'intérêt voire de vive sympathie, au sens premier du terme. Souvent, elle est tue, mais les regards trahissent cette curiosité. On sent que l'autre se pose précisément les questions dont on tente de percevoir les réponses derrière les façades souvent endurcies des Aventuriers.
J'ai remarqué que beaucoup se parent du mystère le plus absolu. Cette armure ne les immunise pas de la curiosité mais protège à mon sens tant bien que mal de cruelles blessures, qu'on ne saurait prendre plaisir à rouvrir. Je n'ai pas la force, aujourd'hui, de porter telle cuirasse. J'ai besoin de conter mon histoire, plus en l'honneur de la mémoire des miens que pour moi-même, même si je ne peux qu'admettre espérer quelque soulagement de cet exercice.
Je suis encore jeune, et mon récit sera relativement bref. Je m'appelle donc Noahem, du nom que m'ont choisi mes parents, il y a environ 25 Fingeliens de cela. A vrai dire, j'ignore mon âge exact, je suis né au milieu du désert au cours d'une longue marche de ma tribu. Ma mère, Enitas, m'a inculqué ce qu'elle savait et aimait : le chant et l'harmonie de tout ce qui nous entoure. J'ai eu des rapports moins privilégiés avec mon père, Andemir, par le simple fait qu'il jouait un rôle important dans notre tribu. Il était en effet considéré comme le plus puissant de nos mages. Compte tenu de notre isolement - nous rencontrions rarement plus d'une tribu au cours d'un Fingelien, et n'assistions que rarement au grand Conseil bleu, ce qui nous a parfois valu railleries ou défiance de la part d'autres tribus, sans que nous nous en offusquions car nous comprenions leur attitude – je ne saurai vous dire si sa magie était exceptionnelle ou non. Toujours est-il qu'il a souvent été celui capable de faire jaillir l'eau nécessaire à l'établissement de notre campement. Toutefois, il n'était pas chef de tribu, mais il assumait un rôle de conseiller à celui-ci qui l'occupait énormément. J'ai un grand frère, Elymarne, et une jeune sœur, Seluta. Jusqu'aux évènements récents, ma vie était consacrée autant au perfectionnement de mon chant et de ma voix qu'à la participation aux tâches utiles à la vie du campement. J'aimais par-dessus tout m'occuper de nos animaux. Je répugne d'ailleurs à manger leur viande, dont le goût me rend malade. Observer la nature, comprendre les interactions de ses différents éléments pouvait aussi m'absorber des journées entières.
Mais rien de ce que j'ai pu apprendre au travers de ces observations n'a pu m'avertir ni me préparer à ce qui est survenu en Archeno dernier…
Nous venions d'établir notre nouveau campement près d'une source chaude que nous retrouvions fréquemment en cette période du Fingelien. Nos gardes entonnaient à la nuit tombée les chants protecteurs et apaisants. Je dormais depuis au moins une heure lorsqu'un cri perçant et discordant retentit dans la nuit noire et fraîche. Mon frère et moi nous sommes contactés télépathiquement pour se confirmer l'un à l'autre que ce n'était pas un cri que l'on pouvait attribuer au peuple bleu ni aux bêtes qui l'accompagne. Alertés, nous nous sommes précipités vers là où dormaient nos parents et Seluta. Et je n'oublierai jamais ce que j'ai vu alors : une lueur rouge, qui encerclait notre campement. Et nos chants habituellement puissants, repris à l'unisson, semblaient étouffés, privés de leur portée normale. Quelqu'en fût la raison, cela produit un redoutable effet sur moi, et d'après ce que j'ai vu, sur l'ensemble de la tribu. Puis l'attaque eût lieu.
J'ai remarqué que beaucoup se parent du mystère le plus absolu. Cette armure ne les immunise pas de la curiosité mais protège à mon sens tant bien que mal de cruelles blessures, qu'on ne saurait prendre plaisir à rouvrir. Je n'ai pas la force, aujourd'hui, de porter telle cuirasse. J'ai besoin de conter mon histoire, plus en l'honneur de la mémoire des miens que pour moi-même, même si je ne peux qu'admettre espérer quelque soulagement de cet exercice.
Je suis encore jeune, et mon récit sera relativement bref. Je m'appelle donc Noahem, du nom que m'ont choisi mes parents, il y a environ 25 Fingeliens de cela. A vrai dire, j'ignore mon âge exact, je suis né au milieu du désert au cours d'une longue marche de ma tribu. Ma mère, Enitas, m'a inculqué ce qu'elle savait et aimait : le chant et l'harmonie de tout ce qui nous entoure. J'ai eu des rapports moins privilégiés avec mon père, Andemir, par le simple fait qu'il jouait un rôle important dans notre tribu. Il était en effet considéré comme le plus puissant de nos mages. Compte tenu de notre isolement - nous rencontrions rarement plus d'une tribu au cours d'un Fingelien, et n'assistions que rarement au grand Conseil bleu, ce qui nous a parfois valu railleries ou défiance de la part d'autres tribus, sans que nous nous en offusquions car nous comprenions leur attitude – je ne saurai vous dire si sa magie était exceptionnelle ou non. Toujours est-il qu'il a souvent été celui capable de faire jaillir l'eau nécessaire à l'établissement de notre campement. Toutefois, il n'était pas chef de tribu, mais il assumait un rôle de conseiller à celui-ci qui l'occupait énormément. J'ai un grand frère, Elymarne, et une jeune sœur, Seluta. Jusqu'aux évènements récents, ma vie était consacrée autant au perfectionnement de mon chant et de ma voix qu'à la participation aux tâches utiles à la vie du campement. J'aimais par-dessus tout m'occuper de nos animaux. Je répugne d'ailleurs à manger leur viande, dont le goût me rend malade. Observer la nature, comprendre les interactions de ses différents éléments pouvait aussi m'absorber des journées entières.
Mais rien de ce que j'ai pu apprendre au travers de ces observations n'a pu m'avertir ni me préparer à ce qui est survenu en Archeno dernier…
Nous venions d'établir notre nouveau campement près d'une source chaude que nous retrouvions fréquemment en cette période du Fingelien. Nos gardes entonnaient à la nuit tombée les chants protecteurs et apaisants. Je dormais depuis au moins une heure lorsqu'un cri perçant et discordant retentit dans la nuit noire et fraîche. Mon frère et moi nous sommes contactés télépathiquement pour se confirmer l'un à l'autre que ce n'était pas un cri que l'on pouvait attribuer au peuple bleu ni aux bêtes qui l'accompagne. Alertés, nous nous sommes précipités vers là où dormaient nos parents et Seluta. Et je n'oublierai jamais ce que j'ai vu alors : une lueur rouge, qui encerclait notre campement. Et nos chants habituellement puissants, repris à l'unisson, semblaient étouffés, privés de leur portée normale. Quelqu'en fût la raison, cela produit un redoutable effet sur moi, et d'après ce que j'ai vu, sur l'ensemble de la tribu. Puis l'attaque eût lieu.