l'homme arbre...

[jehan]

Je me souviens de ma grand mère. Une de ces Kultars aux cheveux grisonnants de vieillesse, et une flamme lointaine qui brûle derrière des yeux vitreux. Un regard fixé désormais sur un autre monde, le passé.
Un autre monde, et pourtant un bout du nôtre...

Un autre temps, peuplé d'une autre histoire, d'autres monstres... Mais qui me fit partir un jour de chez moi. De mon marais de Morcraven que j'ai eu la tristesse de voir ravagé et peuplé de squelettes et guerriers fantômes... *silence... noeud dans la gorge... larme ravalée*

Bref ma Grand-mère... Ce soir là, avec sa distance habituelle, elle se lança dans un récit dit comme une lithanie.

"Il fut un village qui vénérait un arbre. Un arbre sans âge, au tronc large, posé sur une plaine comme une ville fortifiée. Element imprenable, inateignable par les Hommes ou le temps. Symbole de la sagesse.

Dans ce village, un couple rongé par les malheurs et la misère fut obligé d'abandonner leur enfant pour survivre.
Pour cela, ils s'en remirent à l'arbre. Solenellement, ils déposèrent l'enfant au creux de ses branches, lui firent des offrandes et prononcèrent des voeux.
La mort dans l'âme, ils repartirent vivre leur vie de misère dont seule la mort les délivra...
On peut sourir à cela, mais on dit que l'arbre nourrit l'enfant et l'éleva dans le silence et la méditations. Assis sous l'arbre, il apprit à sentir la nature, les saisons la vie pour finalement dépasser tout cela et se placer dans une dimension hors du temps et du monde. La dimension de l'arbre, âme pure baignant dans la sagesse ultime.
On dit que sous cet arbre sans àge, aujourd'hui est un Homme sans âge et à la sagesse inégalée.
On dit que rien, m'eme une tempête ne le fait bouger et que les racines de l'arbre lui ont fait comme un abris qui protège.
On dit aussi que celui qui le trouvera et saura écouter ce personnage saura écouter l'arbre et héritera d'une partie de sa sagesse. Cett partie si infîme soit elle en fera alors l'un des sages parmis les sages de tous les mondes..."

Comme d'habitude ma Grand-mère se tût. On ne savait dire, alors, si elle dormait ou si son esprit errait quelque part dans cette contrée lointaine...
Puis un son sortit de sa bouche comme un souffle

"On dit aussi que c'est en courant après des chimères que l'on finit par se trouver, se perdre ou que l'on se fuit..."

Finalement, notre pire ennemi sur ces Landes comme partout, c'est nous.
Soit l'on se dompte, soit l'on se brûle, soit l'on fuit, on se fuit éternellement et dans le désespoir...

Un jour pourtangt, je préparais mes affaires et partit. Ce jour, le mal qui touchait déjà les bords du marais de Morcraven commença à ronger son coeur ou nous étions si heureux et si paisible...

En chemin, je croisait la première fois une créature hideuse dont la seule proximité me glaça le sang...