Forums des Landes Eternelles

Ann O'Dewhan, Haut-Elfe de son état et jeune landais, récemment arrivé pour des raisons obscures, ne voulait pas se battre. Pourquoi, selon quelles lois, quels principes... Difficile à expliquer. Pourquoi alors aller sur les landes? Ann est jeune, sage certes, mais jeune. Et les jeunes ont besoin d'être à la mode. Et il se trouve qu'en ce temps ci, l'endroit le plus dangereux, et donc le plus à la mode, est les landes. Ainsi, mût par un désir de ne pas être ailleurs que là où il faut être, Ann se retrouve en plein coeur landais et ne veut pas se battre. La peur en est la raison principale, le réalisme la raison la plus sage: un bien faible combattant, voilà ce qu'est Ann.

Entraine-toi! lui disent les gens qui le croisent. Certes, simple raison, mais Ann reste peureux. Il s'entraine, oui, mais prudemment. C'est depuis les mois passés sur les landes, devenu un noble combattant, mais pas un combattant d'élite. Le sage dirait "un chasseur, un bon chasseur". Oui mais cela ne suffit pas. Ann O'Dewhan évite donc les terres les plus risquées, et se consacre à un métier, choisi par force: l'alchimie.

Certes, il aurait pu faire autre chose, mais il reste un peu peureux, et donc attaché à devenir habile en magie: n'est-ce donc pas la magie qui résoud les situations les plus délicates? Et la magie qui permet de se tenir en permanence à distance du danger? Et enfin la magie qui permet de se soigner, et donc de ne pas mourir, chose dont Ann a plus peur que tout.

Et pour faire un bon mage, il faut soit être riche, soit faire soit-même ses essences. Ainsi Ann se fît rapidement à l'idée que l'alchimie le mettrait sur la voie qui était la sienne: la voie des mages, et donc de la sécurité. Ais toujours tes essences sur toi! est la phrase qu'Ann se répète sans cesse.

Et voici qu'après de nombreuse lectures, un entrainement quotidien (hors weekends et jours spéciaux), notre vaillant (mais toujours un peu peureux) Haut-Elfe commença à se débrouiller plutôt bien en alchimie. Plutôt bien et surtout plutôt efficacement: Maintenant il n'avait plus besoin d'acheter ses essences! Et plus encore, il avait pris goût à son art:

Les ingrédients, mis à part, son bien innoffensifs.. Mais s'ils sont dosés correctement, avec malice et précision, leur alchimie peut donner naissance à des substances effroyablement efficaces...

Au delà de toute essence nécessaire, Ann avait décidé de continuer plus loin, pour le plaisir. Fabriquer du métal pur, l'extraire du minerai, c'était tellement excitant!!! Il commença par les barres de fer, puis s'améliora et créa l'acier; Une fois sa technique au point, il conçut des lingots d'argent, puis des lingots d'or, conçus à partir de minerai d'or acheté à prix... d'or, et oui, il faut ce qu'il faut. Tout ça pour le plaisir...

Mais cela n'était rien. Il connaissait son but suprême. Extraire le titane pur du minerai. Peu de personnes pouvaient lui fournir ce minerai rare et si précieux. Mais une fois en sa possession, celui-ci ne voulait pas se soumettre à sa volonté.

A quoi bon être alchimiste! Je ne suis PAS alchimiste!!! se lamentait notre pauvre elfe. Et oui, un alchimiste digne de ce nom allait pouvoir créer des barres de titane, que les meilleurs forgeron transformeront en arme redoutable, ou bien en armures solides. Les plus solides du monde connu, mais avant il fallait qu'Ann apprenne le secret de la purification du titane. Et cela, à moins d'être un génie prêt à consacrer sa vie à l'étude du minerai, il ne risquait pas d'y arriver seul. D'aucun parlait de livres, mais personne n'en vendait sur les marchés.

Ann Allait-il donc devoir se résigner à n'être qu'un alchimiste de bas étage?

Les jours passaient. Ann n'osait même plus demander aux gens qu'ils croisaient s'ils avaient connaissance d'un endroit où acheter le précieux traité décrivant les étapes de la purification du minerai qu'Ann O'Dewhan commençait à nommer maudit. Et puis un jour il se décida à tenter quelque chose. Pourquoi pas essayer? se disait-il. Rien à y perdre, à part tout espoir. Et cela était de toute façon déjà un peu perdu. Ainsi, notre pauvre elfe rassembla les ingrédients qu'il y voyait: du titane, des essences volcaniques, et du charbon, indispensable pour faire fondre le minerai et en extraire les particules désirées.

Ann se pencha et se concentra. Tout lui paru étonnamment limpide. Il savait. Curieux, comme les choses les plus innaccessibles vous tombent tout d'un coup dans les mains, comme venu de nulle part. Il réalisa ainsi une barre de titane, puis une autre. Il perdit quelques ingrédients, mais se retrouva finalement avec une demi-douzaine de barres qu'il put stocker dans son entrepôt avec toute l'excitation que l'on peut croire.

Grisé par son succès, il ne put s'empêcher de partir faire un tour à la taverne du nain joyeux (son refuge préféré, Ann étant, on l'a déjà dit, un peu peureux). Curieusement, chacun racontait des histoires similaires à la sienne. L'un avait pu fabriquer une arme extrêmement difficile, l'autre avait réussi des potions dont il ignorait la recette, un dernier racontait qu'il n'était pas si compliqué de confectionner des bagues de téléportations.. Ann se disait que les autres étaient chanceux, mais lui savait comment faire ses barres de titane. Pourtant la joie des autres lui mît la puce à l'oreille. Il avait un semblant de sagesse du à sa race, et ne mît pas longtemps à comprendre que les landes devaient se jouer de ses habitants: un jour de la science infuse, et tout serait oublié le lendemain!

Le regard évocateur d'Ythélien en disait ce qu'il fallait y comprendre. Finie l'euphorie, finie la joie, Ann était un alchimiste certes, mais n'avait rien de l'élite de cette caste. Il était bo, point. D'ici demain il ne saurait plus faire de barres de titane. La nuit passa, rapidement car le sommeil de l'elfe était lourd, et alcoolisé. Le lendemain, lorsqu'il se leva à 3h passées, il pu constater que ses réflexions de la veille étaient fondées. Il ne savait plus rien, et se remit à arpenter les marchés divers à la recherche du livre tant désiré.

Vous n'auriez pas un livre d'initiation à la fonte du titane?

Vous n'auriez pas un traité sur l'alchimie suprême?

Vous ne savez pas où je pourrais trouver comment fondre du titane?

Vous ne connaitriez pas quelqu'un qui pourrait me dire où je pourrais trouver celui qui pourrait m'enseigner où je pourrais acheter le livre qui me dirait où se rendre pour apprendre comment lire le traité...

Ann avait demander partout à tout le monde. Il avait cependant oublié un type de personne, qu'il croisait pourtant fréquemment dans les landes: les guerriers.

Ces gens sont ignares aux yeux de l'elfe, à part certains d'entre eux qui retiennent particulièrement son admiration, et donc il ne s'était pas donné la peine de les accoster. D'autant qu'il en avait un peu peur, quand même...

Et pourtant, les guerriers, ou du moins l'un d'entre eux, ne le considéraient pas de manière aussi méprisante. Alors qu'il demandait encore, cette fois à un tavernier (curieuse démarche, mais quand on est désespéré...) où trouver un livre ou un maître, un guerrier qui passait par là, du nom d'Achilleis, lui signala qu'il possédait un tel traité et ne savait qu'en faire. Ann pouvait l'avoir pour un prix en deça de tout ce qu'il était prêt à payer pour enfin! l'avoir. Tremblant, l'elfe effectua le négoce le plus important de toute sa vie. Tentant de garder son calme devant le guerrier nonchalant, il reçu un parchemin, ou plutôt une pile de parchemins, qui semblait vouloir dire que la purification du titane était possible. Il suffisait d'en connaître les petites subtilités, que cet ouvrage, dans sa grande modestie, tenterait d'expliquer.

Ann regagna l'île du trépont, lieu sûr s'il en est, et s'attaqua à la lecture du précieux traité, convaincu qu'il s'était fait rouler dans la farine...