La chute de la Maison d'Hamal

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Skaz
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Inscription : 18 janv. 2014, 17:43

La chute de la Maison d'Hamal

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Il pose sa hache sur le tas de charbon, un nuage de poussière noire et âcre s'envole. Du bout des doigts, il saisit une essence volcanique et la catapulte au fond du four. Un grésillement. Un
espoir. Il se prépare à placer le combustible dans l'âtre, à faire gronder les barquins sur les braises. Tremper le fer, éliminer les scories, forger l'acier, c'est toute la vie des nains, la barbe toujours grise de charbon.

Le silence.

La cheminée est froide. Inutilisable. Le haut-fourneau de la communauté ne permettra plus au frère qui remonte des galeries de se réchauffer aux braises jusqu'alors éternelles.

Les nains de Nord-Thyl ont disparu.

Il avait eu des doutes. Lui-même n'était pas rentré à la cité depuis un long voyage passé dans des souterrains d'Irilion. Un gisement après l'autre. Un filon qui n'en finit pas et qui débouche sur une caverne à explorer. Une champignonnière. Du rubis, du diamant. Du fer. Des orques à massacrer.
Et puis les tonneaux de bière étaient tombés à sec, il avait fallu remonter. Les sacs étaient lourds, mais il y était parvenu. Zirak-Inbar. Un détour par les tavernes naines de Mélinis pour prendre les nouvelles. Port Anitora. Le retour, enfin ! Il avait gardé une bague de Nord Thyl dans le fond d'une poche, comme toujours.

Ils étaient toujours là, il s'y attendait. Nitha, Kdhar, Haggrin. Eux ne partiraient jamais. Nés à Nord Thyl, leurs os resteront pour l'éternité enfermés sous les voûtes de pierre de la cité, protégés des démons par les statues des gardiens ancestraux.

C'est à la taverne que ses premiers pressentiments apparurent. Il avait dû frotter de sa manche un fût pour en lire l'année de houblonnage. De la poussière à la taverne…

Le cœur réchauffé par le malt, il était résolu à entreposer ses stocks chez Gildur. Ce serait l'occasion de raconter ses aventures : un frère allait bien venir l'aider. Aucun n'était passé.

L'ouvrage terminé et ses comptes avec Gildur scellés, il était parti s'enquérir des faveurs d'Hamal au temple de la cité. Ses longues prières ne lui donnèrent pas l'occasion de croiser ses accolytes d'antan. Nul ne vint saluer Dhurgan.

L'escalier de la salle de peuple lui parut interminable. Tous ces regards des nains illustres posés sur lui. Toujours pesants, mais comme revenant d'un passé désormais révolu. Les registres de Grognon ne lui apprirent rien. Les livrets de compte n'enregistraient plus d'opération depuis longtemps.

Les ondes depuis lesquelles il s'entretenait habituellement avec ses frères ne résonnaient que de l'écho sans réponse des appels qu'il lançait.

Le cœur lourd, il se dirigea vers les forges sacrées d'Hamal. Là, il saurait. Il lança son essence brillante dans le bas fourneau. Le crépitement fut de courte durée. Cette fois il en était sûr, ils avaient disparus. La forteresse de Séridia avait autrefois été le siège de la communauté la plus vigoureuse des îlots. Ingénieux, habiles, guerriers et poètes, les nains auront été le fer de lance de la colonisation. Avant de disparaître, l'un après l'autre.

Partir. A son tour, comme les autres.
Garder une bague de Nord-Thyl dans sa poche, comme toujours.
Vive Nord-Thyl et Gloire éternelle aux nains !
&adieux

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