La cidrerie - Récit du génie eldorian

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
Avatar de l’utilisateur
Yule
Messages : 178
Inscription : 23 nov. 2018, 18:26
Localisation : Sud Ouest

La cidrerie - Récit du génie eldorian

Message par Yule »

Un menton altier, des yeux en amandes de biche mais d'une fine acuité, la Margrave commente avec circonspection les plans que lui présente son voisin. Le Stratège fait glisser son index d'un point à l'autre, suivant le tracé d'une voie serpentant entre chênes et bouleaux, sinuant dans la combe, émergeant dans les plaines fertiles de Pierre Blanche jusqu'au défilé menant aux Marais. A l'autre bout, la banneresse Yüle approuve, conteste, et lance quelques moqueries faciles à l'égard des deux autres qu'elle prend systématiquement à parti.
L'architecte esquisse à son habitude un sourire qui s'éteint dans un silence poli lorsque l'échange tourne à la chamaillerie. Les deux femmes sont aussi différentes qu'elles sont complémentaires. Mais nul doute que Phèdre est plus conciliante qu'à son habitude. Il est établie cette fois que la maestria est entre les mains de Yüle. Ils portent ensemble son ambition, pour la faire grandir et l'amener à son apogée.

Au milieu d'une querelle, Syragonn toussote et ramène ses compagnes au vif de leurs intérêts.

- L'abri et le ponton pour le chargement seront là. Qu'en penses-tu Yü' ? Phèdre ?

Vague inquiétude du stratège quettant l'approbation de ses consœurs, une barre plisse son front. La rouquine se penche, épaule contre épaule avec la Margrave, enfin, contre l'acier de ses épaulières. Ses cheveux chatouillent le parchemin.

- C'est une construction audacieuse ! A notre image nan ? Enfin Phèdre aurait surement préféré un truc morne et classique.
- Ne fais pas l'enfant, encore. C'est un peu haut, est-ce nécessaire ?
- Il faut qu'un homme puisse tenir debout sur le chariot sous l'auvent en cas de gros temps, Phèdre. Moi je l'adore ! Quel talent Syra ! Je ne savais pas que tu étais aussi bon, pour ça.


La rouquine adresse un sourire canaille à l'eldorian qui le lui rend bien. Deux larrons en foire.

- Et nous savons tous que tu n'y connais rien. Bon, si ça te convient Yüle, c'est ce qu'il faut. Ne l'encouragez pas Stratège, s'il vous plait.

Un dernier rouleau s'empile sur les deux autres. L'homme au crâne lisse poursuit sa démonstration avec emphase : "bassin de lavage" "cave sèche". Le manoir est intact, l'aménagement spectaculaire. Guidée par la voix posée du créateur, Yüle visualise parfaitement la bâtisse et ses dépendances. Même Phèdre n'a rien à dire. Elles approuvent, l'une avec une admiration contenue, l'autre avec une chaleureuse reconnaissance, le travail de l'Ingénieur.

- Pour ce qui est du recrutement, j'ai trouvé la personne idéale ! La combinaison d'un solide sens de la communication, et une gouaille à faire fondre le plus glacial des galdurs. Vous allez l'adorer !


Ce qu'un regard éloquent de Phèdre à Syragonn dément d'office. Mais la Margrave au contraire adresse un sourire forcé, aussi raide que son dos, et qui se veut encourageant, à sa Paladin.

- Elle connaît plein de monde, elle nous aidera à recruter la main d'oeuvre. Le Doyen m'a aussi dit qu'il y avait quelques elfes qui semblaient intéressés... pour surveiller ce qu'on ferait au verger.
Le rire joyeux étouffé de Yüle fait écho à celui de ses camarades.
- Faudrait pas qu'on mette nos grosses pattes d'humains n'importe où ! Bah... c'est de bonne guerre.
- Je les comprends, ils tiennent à protéger leur domaine.
- Sous NOTRE autorité.
- Oui ça va, monte pas sur tes grands chevaux. Ils sont quand mêmes chez eux.


Le tact eldorian ramène les deux femmes sur les sujets importants :

- Il va nous falloir un devis rapidement, que nous sachions à quoi nous attendre. Toujours aussi riche Yü' ?
- Moi ? Mossieur ? je suis pauvre comme Ulgulu ! A peine si j'ai de quoi manger !
- Et bien, tu devras travailler. Cela ne te fera pas de mal, essaie, un peu. Si l'Unique m'entend, tu y prendras peut-être même goût.

Le trio rit ensemble, ouvertement et de bon coeur.

- On compte sur toi Stratège ! Et merci. Merci vous deux. Sans vous, je n'y arriverais jamais.
- Ne t'échappe pas trop vite Paladin. Tu as songé au nom ? Et ne me donne pas du Fingel ou je t'exile.
- C'est tout trouvé, ce sera : La cidrerie du Val. Hein Syra !


Et stratège et Paladin déclament en choeur, hilares :

"Venez goûter la bolée du Val! Plus de tracas quand on l'avale!"
Yüle Van Delbaeth
Les rois qui meurent, tour à tour, renaissent au coeur des poètes - Apollinaire

Répondre