Azhar, Kultar
Publié : 16 févr. 2007, 18:32
Je suis né un jour de grande chaleur au cœur d'un vaste marais, il y a de cela vingt-sept hivers. Je me souviens de ce premier village d'accueil : petit, et nettement plus de femmes que d'hommes. Je vécus les huit premières années de ma vie parmi elles. Elles étaient maîtresses de la magie et vénéraient avec ardeur notre Alta Mundi. Cette Alta, je la respectais sans l'avoir jamais vue. Une question d'éducation je suppose...
Mon prénom, Azhar, est un défi lancé par ma mère aux puissances de ce monde, et notamment les autres Dieux dont je n’avais jamais entendu parler à l’époque. Déplacer le h d’un tel mot, mot en contradiction avec le destin, fut mal perçu par certains Kultars de la communauté. Si je devais sortir du rail, je ne pourrais jamais rejoindre un nouveau cycle de réincarnation. Les premières années, on me laissa tranquille avec ce sujet, me chérissant. Au huitième Fingelien, ma propre famille m’ignora et décida de ne plus s’occuper de moi. Plus rien ne me retenait. Pas même un ami.
Ce nom n’est pas l’unique raison de ma fuite vers un autre village. Mon potentiel magique n’avait rien à voir non plus vu que je n’étais pas encore apte à pratiquer cette discipline qui demandait rigueur et patience. La patience, je l’avais – peut-être trop. Je ne comptais pas les fois où, debout sur un plancher fragile et instable, je regardais l’immensité de notre marais, les quelques toits de villages à l’horizon et surtout le soleil couchant. Je n’aimais pas l’aube, mais je ne pouvais résister à l’envie de voir cette étoile disparaître, et avec elle ses rayons porteurs de vie. La chaleur décroissait alors, petit à petit. Souvenirs, souvenirs... Le manque de rigueur est ce qu’on me reprochait le plus : je quittais bien trop facilement mon travail, simplement pour voir le soleil. Obéissant, je le reprenais cependant bien vite...
Ma fuite... Imaginez un soir sans repas et un coucher de soleil triste, même pour moi. Je regrettais sa chaleur. L’attitude de ma mère m’irritait. Depuis le début, elle manigançait tout pour se débarrasser de l’homme que j’étais, homme apparemment sans magie ou bien peu, trop peu pour la suprématie des femmes. Je comprenais à peine le faible nombre d’hommes dans ce village. Je sautai hors des chemins suspendus au-dessus de la vase. Une flaque d’eau boueuse m’accueillit. Les derniers rayons du soleil éclairaient encore les reliefs de bosses et d’herbes du marais. Je commençai à marcher vers le village le plus proche, visible à l’horizon. Personne ne faisait attention à moi, personne ne me suivit, personne ne me vit partir. J’étais seul, livré à moi-même. J’avais huit Fingelien. J'esperais atteindre le village à l'aube.
Mon prénom, Azhar, est un défi lancé par ma mère aux puissances de ce monde, et notamment les autres Dieux dont je n’avais jamais entendu parler à l’époque. Déplacer le h d’un tel mot, mot en contradiction avec le destin, fut mal perçu par certains Kultars de la communauté. Si je devais sortir du rail, je ne pourrais jamais rejoindre un nouveau cycle de réincarnation. Les premières années, on me laissa tranquille avec ce sujet, me chérissant. Au huitième Fingelien, ma propre famille m’ignora et décida de ne plus s’occuper de moi. Plus rien ne me retenait. Pas même un ami.
Ce nom n’est pas l’unique raison de ma fuite vers un autre village. Mon potentiel magique n’avait rien à voir non plus vu que je n’étais pas encore apte à pratiquer cette discipline qui demandait rigueur et patience. La patience, je l’avais – peut-être trop. Je ne comptais pas les fois où, debout sur un plancher fragile et instable, je regardais l’immensité de notre marais, les quelques toits de villages à l’horizon et surtout le soleil couchant. Je n’aimais pas l’aube, mais je ne pouvais résister à l’envie de voir cette étoile disparaître, et avec elle ses rayons porteurs de vie. La chaleur décroissait alors, petit à petit. Souvenirs, souvenirs... Le manque de rigueur est ce qu’on me reprochait le plus : je quittais bien trop facilement mon travail, simplement pour voir le soleil. Obéissant, je le reprenais cependant bien vite...
Ma fuite... Imaginez un soir sans repas et un coucher de soleil triste, même pour moi. Je regrettais sa chaleur. L’attitude de ma mère m’irritait. Depuis le début, elle manigançait tout pour se débarrasser de l’homme que j’étais, homme apparemment sans magie ou bien peu, trop peu pour la suprématie des femmes. Je comprenais à peine le faible nombre d’hommes dans ce village. Je sautai hors des chemins suspendus au-dessus de la vase. Une flaque d’eau boueuse m’accueillit. Les derniers rayons du soleil éclairaient encore les reliefs de bosses et d’herbes du marais. Je commençai à marcher vers le village le plus proche, visible à l’horizon. Personne ne faisait attention à moi, personne ne me suivit, personne ne me vit partir. J’étais seul, livré à moi-même. J’avais huit Fingelien. J'esperais atteindre le village à l'aube.