Récit d'un voyage...

[Azraelle]

Chers Aventuriers,

Il y a quelques lunes de cela, je partis en voyage pour revoir les miens que je n’avais point vu depuis fort longtemps, suite à une missive envoyée par ceux-ci. Cela m’a permis d’éclaircir certaines questions que je me posais sur mes origines ainsi que sur les origines de mon très cher frère Argoroth.
Ce voyage fût pour moi une excellente expérience bien que mouvementée et riche en émotions. C’est pour quoi, je décide aujourd’hui de vous le compter pour but de pouvoir partager les émotions que j’ai pu ressentir sur ces terres m’étant pour le moins inconnues.


Descendue du bateau qui s'amarrait au port, on m’attendait déjà. Une Elfe noire de peau tenant par la main une jeune petite Elfe qui me faisait un signe de la main. La majestueuse Elfe noire se nommait Krisdiana, la petite elle, ne possédait aucun nom.

« Krisdiana ? Je ne vous connais point…où se trouve ma chère mère ? Celle qui se devait d’être là.»

« Je suis sa sœur. Votre mère n’est plus de ce monde » me dit l’Elfe d’un ton froid et d’une voix grave.

Surprise et triste à la fois je ne compris plus le sens ma venue. Soit, je suivi l’Elfe dans une taverne, une des plus belles tavernes qu’il m'a été donné de voir dans ma vie d’Elfe. À l’extérieur, une maison de bois où des roses de couleurs différentes poussaient par centaine mais aussi de part et d’autre des lys qui semblaient être là pour compléter une œuvre. En poussant les portes, nous entrâmes dans un univers de couleur où les tapis, les chaises, les tables s’accordaient avec les cristaux disposées à l’intérieur des murs de la taverne.

En bavardant avec Krisdiana j’appris que sur leurs terres, une invasion de créatures de toutes sortes était apparue il y a quelques temps de cela, peu après mon départ selon ses dires. Malgré les protections et les combats menés par mes parents, leur demeure fût complètement détruite. Mon père mourut à la suite de ses blessures. Ma mère, qui elle, put s’enfuir, se réfugia chez sa sœur, l’Elfe que j’avais donc devant moi. Elle mit par la suite au monde cette petite Elfe sans nom avant de s’endormir paisiblement pour l’éternité.
Sa dernière volonté fût que se soit moi qui donne un nom à ce petit être.

À ce moment précis mes yeux se rivèrent sur la petite : ses yeux verts pétillaient, sur ses épaules tombaient de magnifiques cheveux bleus, sa peau horriblement noir, comme sa mère, comme la mienne, cette Elfette était ma sœur. La sœur d’Argoroth...

Retrouvailles et émotions fût le thème de ses premiers jours passés aux côtés de ce que l’on peut nommer une famille.

Quand j’ouvris mes yeux à nouveau, je me trouvais couchée sur de la paille aux côtés de la petite sans nom. Regardant le plafond de la maisonnette dans laquelle je me trouvais, je vis mon reflet dans un gigantesque carreau qui s’étalait de part et d’autre de la toiture de la maison. Le soleil illuminant la pièce de toute part.
Je me rendis compte que cela faisait déjà 12 lunes que j’étais ici.

« Suis-je vraiment chez des Elfes sombres ? » Ceci fût ma première question à mon réveil ce jour là.

Une intuition ? Un sixième sens ? Une appréhension peut-être ? Dans tous les cas le jour où cette question me traversa l’esprit fût un jour qui prit une autre tournure que les jours précédant.
Dodelinant je m’avançai en dehors de l’habitation pour savourer la chaleur du soleil. L’inspiration débordante ce jour là me fît sortir mes parchemins et ma plume pour écrire un poème. J’eu à peine le temps de poser ma plume sur le parchemin qu’un cri se fît entendre dans la maison. J’accouru dans la pièce principale. À ce moment mon sang se réchauffa et mes yeux s’écarquillèrent. Je laissai tomber ma plume et mon carnet.

« Azraelle ? Tu sembles surprise ! Aujourd’hui est un grand jour, nous allons lui donner un nom, je t’attendais. » Krisdiana ricanait.

La petite était installée sur une pierre de sa grandeur, attachée, sur celle-ci, avec des lanières de cuire. Au dessous du roc se dessinait un sceau en forme de rosace maculé du sang de l’Elfe. Krisdiana tenait un livre à la main. Livre qui ne m’était pas inconnu cependant mes souvenirs étaient flous.

[Azraelle]

Regardant l’Elfette en larme, je ne réfléchis point : je sorti une dague, poussai Krisdiana brusquement et la détacha. L’imposante Elfe noir me regarda d’un air interrogatif puis me dit :

« Mais enfin Azraelle, ne t’a-t’on donc point nommé de la sorte ? Ta mère ne t’a-t’elle point éduquée ? Non cela est vrai, tu as eu un mentor pour toi toute seule et il t’a renvoyé chez nos frères pâles ! » Elle ria et ajouta : « Ne fait pas cette tête et repositionne-la veux-tu ? ».

À ma connaissance aucun rituel de la sorte ne se faisait pour un nom. Quoiqu’il en soit, je pris la jeune Elfe par la main et m’enfuit avec elle de cette demeure. « Pardon Krisdiana… » Murmurais-je durant mon escapade.

Après des heures de course folle, nous nous arrêtâmes dans une bibliothèque, petite bicoque peinte en vert. Contrairement à la taverne, cet endroit n’était point du tout accueillant. Je souhaitais trouver la signification de ce dessin inscrit au sang le plus vite possible.

Après avoir fouillé et lu la majeure partie des livres de cette bibliothèque, je trouvai enfin une explication du sceau dans un livre intitulé « Transfert ». Ce nom ne me disait rien et je supposai que la petite ne puisse point m’être d’une grande aide sur ce sujet. En tournant la page cette inscription apparue :
« Tout être exposé à ce sceau change de nature et d’âme. Pour que le changement soit parfait, le sceau doit être dessiné au moyen du sang de la personne exposée. La nature de base correspondant à son nom et / ou sa couleur de peau ».

Prise de panique je refermai le livre et décidai de le prendre avec moi pour l’étudier. Je regardais la petite encore tâchée de son propre sang. Il fallait que je m’occupe de cette jeune. Je ne pouvais pas la rendre à Krisdiana au risque qu’elle souffre à nouveau.

Nous sortîmes et traversâmes une forêt sous la pluie tombante à forte goutte avant d’atteindre une petite auberge cachée dans les feuillages des chênes et de fleurs. Une foule de personne se trouvait à l’intérieur les uns se retrouvaient assis au bar devant une bière –cela devait être des nains- les autres assis à des tables partageant des morceaux de viandes chauds.

Je m’assis également à une table et ouvris le livre à nouveau en le lisant attentivement. L’Elfette pendant ce temps mangeait quelques fruits.
Un passage du livre attira mon attention :
« Rituel : Changement de peau, toute Elfe subissant ce rituel se voit changer de personnalité. Un rituel de la sorte peut s’affliger dès l’âge d’un nourrisson. Si ce rituel est affligé à une Elfe enceinte, l’Elfe qu’elle porte sera affecté de ce sort à sa place. […] ».
Ne voulant pas en lire d’avantage je demandai une chambre, et nous y passions la nuit.

Ce matin là je me sortis de méditation avec toutes les peines du monde. J’étais tracassée. Je jetai un bref regard à côté de moi pour observer la petite dame. Un frisson me parcouru le corps : Elle n’était plus là. Je n’avais que peu de temps, mon bateau partait le soir même alors, je pris le livre sous mon bras en le serrant très fort et parti à sa recherche en hâtant le pas.

Après quelques heures de marche sous un soleil étincelant, j’aperçu enfin des habitations. Je pénétrai dans un village bâti de maisons en paille avec de vastes étendues de culture de toutes sortes. Une multitude de senteurs agréables s’échappait des plantations de fleurs bordant le petit ruisseau qui traversait la cité. Les êtres y habitant vivaient sans doute paisiblement.

Je poussai les portes d’un étroit magasin de magie caché sous les feuillages d’un arbre. Une jeune femme se tenait derrière le comptoir, elle eu l’air intriguée par ma venue dans sa boutique. Pendant que je choisissais des essences et des potions, celle-ci continua à me fixer longuement. Elle prit soudainement la parole pour s’adresser à moi :

« Vous…pardonnez-moi êtes vous la fille d’Elgardia ? »

surprise par cette demande ma réponse fût inévitablement un non catégorique. Cependant, cette femme continua à me regarder puis reprit la parole en lâchant un soupire :
« Cela fait fort longtemps que cette Elfe n’est point venue dans mon magasin. C’était une amie. Vous me la rappeliez car vous lui ressemblez grandement ».
J’esquissai un sourire à la magicienne, si je puis m’exprimer ainsi.

[Azraelle]

Prise par la curiosité, je me mis à lui parler et à la questionner au sujet de cette Elfe dont elle faisait allusion. Etrangement, plus nous parlions plus j’avais l’impression que cette histoire était la mienne. Elle parlait d’une contrée sombre, de rituels, de renaissance, de changement de couleur de peau. Dans quelles histoires m’étais-je encore mise ? Avec tout cela j’en oubliais presque la petite. Je rassemblai mes achats à toute vitesse et sortis de la boutique.

La femme me rattrapa : « Azraelle ! Prenez ce livre il servira à un de vos amis. Celui-ci parle de dangers concernant la nécromancie ».

Comment savait-elle mon nom ? Que j’avais un ami qui pratiquait cet art ? Ceci me tracassa, me connaissait-elle ? Etais-je la fille de cette Elfe Elgardia ? Point de temps, je me remis à la recherche de l’Elfe sans nom.

Cela faisait déjà cinq heure que je la cherchais. Ces contrées étaient vastes. Plus vastes encore que les Landes. Malgré la carte que m’avait donnée l’étrange dame de la boutique mes efforts de recherche ne conduisaient à rien. Sur mon chemin je croisai des créatures étranges. La plus part dangereuse et énigmatiques. Contre lesquelles je dus me battre et me protéger.

Dépourvue de tout espoir et épuisée, j’entrai dans une ville proche qui se nommait « D'niyë ». Autant chercher une aguille dans une botte de foin dans cette cohue assourdissante. Je visitai et demandai dans tous les endroits de la ville si une petite Elfe n’avait point été vue, sans résultats.

Au moment où je décidai de laisser tomber et d’espérer que quelqu'un d’autre là retrouve, un homme de gris vêtu s’approcha de moi et me posa sa main sur mon épaule en souriant. Il me conduit dans une maison bâtie de pierre. Derrière celle-ci, un jardin vide. Il n’y avait que l’herbe qui tapissait cette étendue de terrain. Pas une fleur, pas un arbre ne bordait cet espace. En silence, il me servit à boire. Une silhouette apparue soudainement derrière lui.

« Toi ! » hurlais-je.

Je pris la petite Elfe dans mes bras. Pour la première fois depuis mon arrivée elle prononça quelques mots avec difficulté. Comme si elle n’avait jamais parlé. Je ne posai pas de question sur le pourquoi elle se trouvait là ni le comment. Nous remerciâmes l’homme qui l’avait trouvé avant de nous congédier de lui.

Nous arrivâmes enfin au port. Le bateau était près à partir et les gens se bousculaient. Nous déviâmes nous faufiler pour embarquer. La petite semblait heureuse et moi je m’inquiétais. Durant notre épopée nous n’avions plus eu de nouvelles de Krisdiana. Cela me paraissait étrange. Prendre avec moi cette petite fût bien trop facile. Je m’attendais à présent à des représailles de la part de cette Elfe noire.

À ce moment je me jurai de veiller sur cette jeune comme si elle était ma propre fille bien que, noire de peau. Les voiles se levaient, le bateau partit.

Le vent soufflait fort il agitait la mer. Le soleil tapait contre les mats et réchauffait l’atmosphère. Je m’assis sur un banc du bateau. Je regardais au loin comme pour essayer d’apercevoir les terres des landes. La petite regardait avec moi le somptueux paysage qui s’offrait devant nous. Elle me posa une quantité impressionnante de questions sur l’endroit où nous nous rendions.
À ce moment là, j’éprouvais un grand besoin de parler à cette Elfe curieuse autant que moi. Elle acquiesça à toutes mes explications pour ensuite se lever et fouiller ses vêtements. La petite en sorti un livre vert poussiéreux de l’intérieur de sa petite cape blanche.

« Pour Azraelle » me dit-elle. «Du monsieur » rajouta-t-elle.

Intéressée et intriguée je pris le livre. Sur la couverture du livre on pouvait y lire « Nouvelles histoire des terres d’Arnyëm ».

« Le monsieur a dit toi devoir le lire » me chuchota la jeune Elfe.

Je la regardai et elle me sourit. J’ouvris le livre et commença la lecture qui changea par la suite la tournure de ma vie :

[Azraelle]

« Arnyëm, terres régies par la famille d’ Yilatrym.

Il y a une cinquantaine d’années Elgardia Yilatrym grande prêtresse Elfe noir et maîtresse des terres d’Arnyëm s’enamoura éperdument d’Hordak Darksbane un cruel assassin Elfe noir qui sévissait sur ses propres terres.

La prêtresse réussit à convertir Hordrak et à le prendre pour époux quelques années plus tard. Mais un beau jour, celui-ci ne pût s’empêcher de recommencer ses crimes. Elgardia ne pouvait plus l’arrêter, elle se contenta de cautionner ses actes meurtriers commis au sein même de sa propre famille. Tout cela fût caché au restant du peuple.

Malheureusement, un jour Hordrak commis l’irréparable. Il tua le fils du plus puissant druide d’Arnyëm : Krisdiana la sœur aînée d’Elgardia. Pour laver l’humiliation et la peine que lui cause le mari de sa sœur cadette, Krisdiana la captura et lui affligea un sort de conversion d’âme communément appelé « Transfert ». Cependant le sort ne pris pas effet car Elgardia était enceinte.
Note : Voir chapitre 13 du livre de magie « Transfert » expliqué aussi dans mon histoire un peu plus haut.
Son enfant nommé Azraelle en subira les conséquences à sa place le jour où elle naquît. De noir elle devint blanche de cruelle elle devint plus douce.

Elgardia et Hordrak décidèrent de l’élever tout de même de la même manière qu’un être noir normal et de lui cacher la véritable histoire de sa venue au monde. Quelques années plus tard, la petite d’Elgardia fût chassée des terres d’Arnyëm par son mentor qui ne pouvait supporter le fait de s’occuper d’une blanche.

Azraelle, jamais retrouvée, on ne sait point à l’heure actuelle si cette Elfe est encore en vie. La même année, Hordrak découvrit la liaison de sa femme avec un autre Elfe. De ce dernier elle avait un enfant. Un petit Elfe resté caché durant des années. Hordrak demanda à la sœur d’Elgardia de lui effacer la mémoire et de le bannir des terres pour punir l’adultère de sa femme.[...] »

[Azraelle]

Une larme coula sur ma joue, le soleil la faisant briller. J’lu assez ce jour là pour comprendre enfin mon histoire et fût étonnée de la forme qu’elle avait prise au fil du temps. Sans le savoir ! Durant cinquante ans environ j’ai erré sans connaître ni mon âge, ni le nom de mes terres, ni même le nom de mes géniteurs.
J’arrêtai de penser à ce genre de choses qui vous descendent le moral le plus bas du monde, car, un paragraphe attira mon attention :

« Coutumes et habitudes de la famille d’Yilatrym » ainsi se nommait-il. Curieuse, je me replongeai quelques instants dans ma lecture :

« La grande famille d’Yilatrym possède encore actuellement certaines coutumes. Comme certains rituels et habitudes affligées aux héritiers de leur famille dès leurs plus jeunes âges. Pour prendre un exemple, toutes les 60 lunes une offrande est faite au seigneur vénéré par la famille. Cela peut-être de la viande, des fourrures ou un sacrifice Elfique.

Les prénoms de la famille Yilatrym commencent généralement par un « A ». Il symbolise le commencement, la puissance de la renaissance, la création et fait hommage à la première Elfe femelle de la famille d’ Yilatrym : Aliella Elfe noir qui apporta prospérité et bonheur (à sa manière) au clan. Les Elfes accueillis par cette famille sans en être les descendants directs, se faisaient renommé avec un prénom commençant par «E » dont la signification est l’énergie, la force de l’esprit. Pour tous les autres noms, ils symbolisent pour Yilatrym, simplement, les autres familles habitant dans leurs contrées ou les bannis dès la naissance.

Les Dieux était fêté tous les […]»
Fatiguée par cette lecture je m’assoupi sur le livre.

Je sentis quelque chose me tapoter le visage et ouvrit les yeux en sursautant de côté.

« Terre Azraelle terre ! » La petite Elfe montrait du doigt les landes que l’on voyait au Nord. Nous arrivions.

Je sortis une pomme de ma bourse et croqua à l’intérieur en souriant. Finalement, j’étais à l’aise sur les landes. Je rêvassais quand soudain une personne posa la main sur moi. Je me retournai, Krisdiana était là.

« Azraelle, partout où tu te rendras je te suivrais, dans tes visions je te accompagnerais, dans tes méditations je te hanterais ! »

Elle ricanait et mon sang se glaça. Elle disparu aussi soudainement qu’elle était apparue après que le bateau est accosté.

La suite de ma vie allait être mouvementée. Je le savais, j’aurais dû le prévoir. Cette histoire, ne fait visiblement que commencer. Je pris la petite par la main et machinalement, comme par enchantement, son nom avait d’ores et déjà été choisi par mon inconscient :

« Aliella, suis-moi je vais te montrer notre chez nous je te présenterais à ton frère également et puis… »

Je la vis vraiment heureuse pour la première fois depuis, ses 20 lunes écoulées en sa compagnie.

Le récit de mon voyage est terminé, j’espère que vous avez, chers aventuriers, apprécié. La véritable histoire ne fait réellement que commencer...

-Azraelle-