[NoëLE 2021] Une histoire et au...

Cette taverne de l'Île du Trépont, accueille les aventuriers depuis le début de la colonisation des Îlots Centraux. Venez-donc boire un verre, parler de tout et de rien, dans la bonne ou la mauvaise humeur !
Coursier
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[NoëLE 2021] Une histoire et au...

Message par Coursier »

Le vieux galdur frotte doucement ses mains paume contre paume puis les tend à la flatterie des flammes. Il n'a pas vraiment froid. Pensez-vous, il en a vu d'autre ! C'est que le geste est ancré au plus profond de ses vieux os, souvenir de ces innombrables soirées passées à la lueur d'un feu de camp, les yeux brillants, à se réchauffer le corps et l'âme entouré de camarades d'aventure.

Hélas, au Trépont, bien peu s'arrêtent à son âtre, et Ham Men Lok Laa n'a guère plus que ses propres souvenirs pour tiédir l'atmosphère. Pire ! La présence de son voisin eldorian qui reste là les bras ballants toute la sainte journée en se plaignant de sa mégère l'irrite au plus haut point. Si c'était charité que de le secouer jusqu'à ce que ces dents s'entrechoquent, ce serait fait. Mais le bougre attire la pitié et la concupiscence.

Entre nous, je peux vous le dire, je l'ai lu sa prose, et vraiment, ça n'a rien d'extraordinaire. Pas une grande perte.

Aaaah, si seulement, si seulement quelqu'un s'arrêtait là maintenant. Il partagerait son hydromel le plus fin, et son ragoton, un délicieux brouet que l'apprenti de Reca lui porte tout les soirs avec un sourire compatissant. Brave enfant. Ça lui rappelle... enfin bref.
Et puis ce quelqu'un s'assiérait, on écoute mieux assis, c'est connu. Et alors, alors, hypnotisé tant par le conteur que par le feu dansant, le temps s'arrêterait un instant et chacun repartirait au matin, plus reposé et revigoré qu'après une nuit sur la meilleure paillasse.

Oui, il aimerait bien ce soir quelque chose de différent à se mettre sous la dent. Une histoire qu'il partagerait ensuite avec d'autres amis. Le mythe fondateur d'une famille, d'une confrérie, d'une sororité... une histoire à se raconter par la nuit la plus noire, dans la plus terrible tempête.

Et le voilà qui tisonne le feu, et rajoute de grosses buches à son appétit vorace. Si avec ça personne ne s'arrête ...

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Leowin
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Re: [NoëLE 2021] Une histoire et au...

Message par Leowin »

Leowin s’installe à la chaleur du feu de Trépont, saluant les deux hommes présents. Cela fait un moment qu’elle connait ces natifs mais rares sont les fois où elle prend le temps de s’arrêter pour connaître les nouvelles. Mais cette soirée étoilée lui donne envie de profiter d’un agréable moment devant ces flammes envoutantes.

« Et si… » Ces deux mots retentissent au milieu d’un silence paisible.

Elle sourit aux deux hommes et propose de leur conter un joli texte qu’elle a entendu, il y a bien longtemps, lorsque sa vie se trouvait encore sur le continent. Avec l’accord du Galdur et de l’Eldorian, elle s’installe devant le foyer et débute avec émotion ce récit empreint de nostalgie.

« Lorsque la chaleur du soleil frôlait son visage, elle ouvrait les yeux puis étendait les bras. Sa journée pouvait débuter. Elle s’amusait à regarder autour d’elle. Le chat de la cité avait l’habitude de passer tous les matins en se dandinant tranquillement à la recherche d’un poisson à se mettre sous la dent. Les passants, bien que de mauvaise humeur, prenaient le temps de le caresser et semblaient soudainement s’apaiser. Était-ce le miaulement du félin ou le soleil qui réchauffait leur cœur, la question restait entière. Entre deux caresses, le chat s’approchait d’elle, se frottant rapidement. Son odeur devait certainement l’attirer pour qu’il vienne ainsi ! Mais aussitôt arrivé, aussitôt reparti !

Ah, qu’il est difficile d’attendrir ces fougueux animaux.

Oh, mais ! Voilà la petite fille aux longs cheveux qui arrivait. Elle tenait la main de sa maman et affichait un sourire malicieux. Ses yeux pétillaient. Elle s’arrêtait à chaque pas pour observer le petit monde qui l’entourait. Sa maman ne semblait pas pressée et prenait plaisir à la laissait découvrir ce qui constituait notre terre… Et puis, elle l’aidait dans ses recherches ! Elle s’accroupissait à côté de sa fille et l’aidait à examiner une petite fourmi qui passait par là. La petite s’amusait à la regarder porter une miette de pain.

Quand on y pense, cela doit être impressionnant d’être à la place d’une fourmi, non ? Un petit être de quelques millimètres entourés de ces grands humains qui l’observent en train de travailler. Puisque ramasser une miette de pain c’est un dur labeur… Alors, si elle rencontrait un géant, ça serait vraiment terrible !

En détournant les yeux de la petite fille aux longs cheveux, elle trouva un jeune bleu en plein chant. Il était assis en tailleur, les mains posées sur ses genoux. Il était connu pour ne jamais s’arrêter de fredonner. L’élaboration de son chant bleu devait être parfait et il passait ses journées à s’exercer et à compléter sa mélodie. Mais dans son obsession, il ne remarquait plus la beauté du paysage qui l’entourait. Il ne voyait pas les couleurs chaudes du lever du soleil. Il ne discernait même plus l’odeur boisée des arbres et le parfum des fleurs. Il ne voyait pas les feuilles tomber des arbres en ce début d’automne. Pourtant qu’elles étaient belles ces feuilles. Couleur de feu, elles montraient toute la beauté de la vie. Même fanées elles restaient belles. Mais tout ça, il ne le voyait pas.

Alors, elle détourna encore son regard. La petite fille et sa maman avait réussi à faire quelques pas et s’arrêtèrent un instant devant elle. Elles souriaient toutes les deux. Elles restèrent pendant un long moment comme ça. Elles se regardaient toutes les trois, mais n’échangeaient aucun mot. Ce n’était pas grave car fixer ces yeux innocents lui suffisait. Puis les deux Eldorianes continuèrent leur chemin en quête de nouveaux mystères à découvrir.

C’était ainsi tous les matins. Elle s’amusait à regarder les gens passer devant elle. Certains s’arrêtaient, d’autres l’ignoraient, mais elle, elle pouvait observer ce qu’était la vie.

Puis au fil de la journée, le temps l’engourdissait, elle voulait voyager mais elle ne pouvait pas bouger. Son seul plaisir était donc de regarder le visage des passants, animal ou humain. Elle ne faisait aucune différence. Elle se plaisait à imaginer leurs pensées, leurs vies, leurs désirs, leurs rêves. Après tout, le monde était si grand et si impénétrable.

Cependant un jour, elle aperçut un homme passer devant elle. Il avait un bouquet de fleurs à la main. Elle se mit soudain à réfléchir. Que pouvaient donc penser ces fleurs ? Cette couleur intense et ces pétales parfaits n’avaient qu’un but précis : être offerts. Si certaines boutures servaient à l’élaboration d’orbes magiques, celles-ci ne pouvaient que satisfaire le cœur languissant d’une personne. Finalement, ces fleurs vivaient pour apporter de la joie.

Au fond, c'est beau. Elles qui sont si majestueuses, elles peuvent combler le vide des cœurs malheureux.

L’homme les humait avec délectation tout en souriant. Il était heureux, c’était certain. Il marchait, poussé par le vent qui soufflait dans son dos. L’homme semblait léviter à chacun de ses pas, guidé par une énergie invisible. C’était si magique. Un sentiment nouveau le conquérait, cela se ressentait dans la manière dont il choyait le précieux bouquet.

Pourtant, elle, elle enviait ces fleurs à mesure qu’elle les observait.

Mais je me demande. Pourquoi les fleurs ne peuvent-elles pas recevoir également des présents ? Parce que ce ne sont que de simples fleurs ? Après tout… elles naissent, elles vivent puis retournent à la terre.

Puis les jours s’écoulèrent, identiques les uns aux autres. Le soleil chauffait toujours sa peau dès son réveil et la laissait dans le froid quand il se couchait. Alors, elle resongea à ces délicates fleurs. Ces fleurs qui allaient droit vers le bonheur. En y repensant, elles avaient eu la chance d’être choisies et d’avoir la possibilité de participer à la joie d’un amour naissant.
Mais elle, elle attendait encore d’être choisie. Parfois, on la regardait, parfois on la frôlait, parfois on la sentait, mais personne ne tendait la main pour l’élire. Elle attendait là, glacée par le froid de la nuit ; Humide par la rosée du matin ; Sèche et flétrie par la chaleur de la journée. Elle attendait que passe les jours, tout en imaginant ce qu’était le monde. Mais souvent elle se demandait pourquoi elle n’était pas choisie comme toutes ces fleurs dans les bras de l’homme.

Puis elle se souvint qu’elle n’était qu’une rose cachée parmi les ronces. »
Leowin fixe les braises lorsqu’elle souffle le dernier mot. Elle se laisse flotter dans ses songes quelques instants avant de chercher le regard de ses interlocuteurs.

"L'interprétation est propre à chacun" dit-elle d'une voix douce


Elle leur sourit et leur resservit quelques vivres. La nuit était encore longue et les histoires ne cesseraient pas de sitôt.
Dernière modification par Leowin le 31 janv. 2022, 21:43, modifié 3 fois.
Leowin de Garnalorel.

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Nyrissa
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Re: [NoëLE 2021] Une histoire et au...

Message par Nyrissa »

Le feu du Galdur ronronne affectueusement, la jeune bleue s'en approche, timide, elle écoute l'histoire de Leowin et sourit à la fin, l'histoire est belle, poétique, inattendue. Elle se demande si elle a parmi les secrets confiés à l'Onde, une histoire aussi belle. Probablement pas, mais le silence de la nuit n'est plus celui de l'émerveillement, il se fait insistant, exigeant d'être empli d'une nouvelle histoire.

Alors la voix de la bleue se fait entendre, douce, chantante, légère, elle se mêlent au crépitement des flammes, danse dans la fumée qui s'envole.



Elle n'était qu'une rose, cachée parmi les ronces
Rêvant, c'est édifiant, de faire notre bonheur
Espérons qu'à ce vœu jamais elle ne renonce
Et qu'un amant un jour la prenne sur son cœur


L'Onde m'a choisie bien avant ma naissance
J'étais la Mémoire témoin d'une génération
Mais j'ai surement fait montre d'une défaillance
J'ai donc gardé mes secrets sans consécration
Saura-t-Elle me pardonner pour cette indécence :
Je porte celui-ci à votre considération


Elle n'était pas vraiment belle, son nez un peu long
Ses cheveux un peu de travers, tout comme ses dents.
Elle n'avait pas la taille fine, mais des lorgnons
Ses mains ne semblaient créer que des accidents

Il n'était pas vraiment chaleureux, tout en os
Sa grande taille courbée lui faisait une bosse
Il pouvait d'un seul regard froid tout assombrir
Son visage fermé savait-il seulement sourire ?

Elle n'était pas belle, il n'était pas chaleureux
Tout le monde le savait, tout le monde le disait
Sans penser un instant qu'ils étaient malheureux
D'être si mal vus et autant stigmatisés

Elle seule remarqua sa générosité
Lui seul s'émerveilla de sa curiosité
Une amitié profonde bientôt les unira
Née de ces qualités qui tant les inspira

Elle si gauche, lui si froid, elle tordue, lui courbé
Ils ont découvert, au delà de tout ça
Deux cœurs aimants, deux cœurs blessés, deux cœurs brisés
C'est à travers l'autre que chacun d'eux s'embrassa

Ils se marieront bientôt, car s'aimant enfin
Elle a séduit par ses discours trop passionnés
Un étranger que le hasard a égaré
Et qui ne cherche plus à trouver son chemin.

Ils se marieront bientôt, car s'aimant enfin
Il a, par ses attentions délicates, charmé
Une inconnue que le hasard a égaré
Et qui ne cherche plus à trouver son chemin.
Voix Silencieuse des Secrets.

Coursier
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Re: [NoëLE 2021] Une histoire et au...

Message par Coursier »

Ah, mais voilà donc qu'une femme-elfe s'approche. Le vieux galdur lui sourit, sans trop montrer ses dents, avec timidité, comme pour ne pas l'effrayer. Il ne veut surtout pas qu'elle change d'avis. C'est que les ailes de l'exploration ont l'âme voyageuse, pas de voyage sans récit, pas de voyageur sans une bonne histoire ! Et puis voilà, quelques banalités, elle s'asseoit, élégante comme ne le sont que ces elfes, et sur le ton de la confidence déroule sa narration avec un art consommé. Entre deux silences, le galdur lui tend sans un mot une timballe rase d'eau de vie, et lève la sienne à peine remplie en son honneur.

Les mots font corps entre eux et l'âtre, quelques oreilles s'attardent en passant. Trop peu encore, à vrai dire. Et puis il remarque une silhouette agrémentée d'une paire d'oreilles azurées. Petite souris qui se faufile discrètement, ah, il la connaît moins celle-là ! Il lui fait un petit signe. Quand Leowin termine, le silence retombe quelques instants, jusqu'à ce que l'apparition bleuté entonne alors un chant.
Ham Men et le poseur eldorian se régalent, encadrant l'AILE, du chant improvisé pour l'occasion. Ma foi ... voilà un moment que l'on n'oubliera pas !

Le vieux grogne un peu dans sa barbe quand la musique retombe, chassant l'émotion qui perle au coin de ses yeux, et pour reprendre contenance s'adresse d'un ton bourru à l'autre : " Et va pas écrire ça dans une de tes pièces et dire que tu l'as inventé !"

Avec galanterie ensuite, il fait une place à la bleue, et lui propose aussi de partager le boire et le manger. La courtoisie force chacune à accepter encore.

Vient inévitablement le moment où chacune se lève, encouragée par l'autre à prendre l'initiative de s'éclipser. Le galdur leur fait signe d'attendre. Il court voir Ktanor et revient chargé comme un âne.

"C'est que... pas grand chose... et que Fingel vous garde ! Et revenez quand vous voulez, enfin, arrêtez vous. La prochaine fois je vous ferai goûter cette excellente liqueur de cerise que Valeria m'a offerte en 403 quand... Bref...
C'était bien beau. "

Et puis tout à trac, il largue ses présents aux pieds des deux aventurières, et presque au pas de course s'éloigne d'un air qui se veut très affairé, certainement par pudeur, du côté des bois.

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