Les poèmes d'une Sinane.

Toute contrée étrange et aventureuse attire son lot de héros. Mais que seraient ceux-là sans un poète pour chanter leurs exploits ?
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Nattes
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Les poèmes d'une Sinane.

Message par Nattes »

Le désastre :

C'est en ces terres déchirées,
Par la haine, le sang versé,
Que nos aventuriers,
Se plaisent à s'égorger.

Chacun recherche puissance,
S'exhibant à outrance,
Espérant être reconnu,
Importunant les vaincus.

Eux ne pensent qu'à la guerre,
Ils pourraient tuer leurs mères,
Pour une choppe de bière.

Eux ne pensent qu'à la paix,
Ils iraient s'épuiser,
Pour soigner un sanglier.

Quel chemin faut-il suivre ?
Quel route emprunter ?
L'important est de survivre,
En ces terres déchaînées.
Dernière modification par Nattes le 16 oct. 2009, 22:27, modifié 3 fois.
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Message par Nattes »

Lapin blanc... :

Quelle belle fourrure,
Quelle fière allure !
Tu es roi de la naïveté,
Frère de la crédulité,
Incarnation de la pureté,
Amant de la simplicité,
Ami de l'ignorance,
Luttant contre toutes violences,
Tu te sers du potager,
Comme d'un garde-manger.

Quel est cet air énervé ?
Que t'est-il arrivé ?
Pourquoi subitement,
Perses-tu mes vêtements ?
La douleur m'envahie,
Tu veux me prendre la vie ?

Je n'ai rien pu faire,
Me voilà Achéron,
Lapin des enfers,
C'est toi qu'on nomme démon ?
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Message par Nattes »

Esprit du chagrin :

Elle me hante ; chaque jours, chaque nuits,
Je la repousse, je m'enfuis,
Mais telle la faux à la Mort,
Elle s'agrippe à ce jeune corps,

C'est en mon cœur qu'elle sévit,
Elle parcourt mes moindres envies,
Elle pense rester à tout jamais,
Et je l'entend me déclamer :

"Je suis la muse de la Solitude,
Je suis la gardienne du portail des pleurs,
Et je peux vous dire avec certitude,
Que même s'il est un jour où mon humeur
Semble être en état pour marchander,
Je garderais toujours en mémoire,
Que vous êtes soumise à ma volonté,
Et pour m'échapper il va vous falloir,
Plus de courage que vous n'en possédez..."


J'entend résonner cette voix
Jusqu'au bout de mes bras
Vibrant sans se contrôler,
La peur ? Non... absurdité !

C'est que ... depuis de nombreux jours,
Elle ressasse tout mon passé,
M'exclut vitalité, amour,
Force, courage et volonté...

C'en est trop de la supporter !
Je vais enfin réagir ;
Arriver à la bannir
De mon esprit possédé.

Puissances invisibles aidez-moi !
Cette lutte est bien trop laborieuse
Pour une jeune fille dans mon état...

Tristesse, je te voyais rieuse !
Désormais tu pourras goûter,
Aux amers chants du mauvais sort
Qui te réserve, j'ose l'espérer,
Une mise à l'écart de tout corps !

Ca y est, tu m'as quitté...
Je retrouve enfin ma santé,
Mais pour combien de temps ?!

"Patience, mon enfant !"...
Dernière modification par Nattes le 25 janv. 2009, 12:40, modifié 1 fois.
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Message par Nattes »

Irilion :

J'étais bercée par de doux flots,
Et légèrement assoupie,
Lorsqu'on rompit ce court repos,
Puis, lentement, mes yeux j'ouvris.

Successivement mon regard,
D'où jaillissait de toutes parts,
La soif, l'envie d'explorer,
Fut attiré par ces attraits.

Mère Nature m'avait séduite,
M'ouvrait les portes de Sa beauté,
Je sentais qu'elle m'avait induite,
A mettre pieds sur Ses contrées.

Je descendit du navire,
Me sentais peu à peu gravir,
Les marches d'une terre qui désormais
Me livrera tous ses secrets.
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Message par Nattes »

Silence :

Telle la réflexion de l’homme au sein de l’esprit,
Telle la mère qui sourit et pardonne sans un bruit,
Tel le vent apportant de son souffle la vie,
Le silence est sage.

Telle la mer refoulant l’écume sur le rivage,
Tel l’enfer, flamboyant, de ses feux nous ravage,
Tel l’amour enivrant d’odeurs qu’on se partage,
Le silence est roi.

Comme une note perdue, une mélodie passagère,
Comme un cris parvenu, au delà des arrières,
Comme la bleussienne fraîchement épanouie,
Comme le cristal maladroitement saisie,
Le silence se brise.
Nattes de Sinnyn.
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Message par Nattes »

Le Temps :

J’entend, chaque seconde, ce bruit perpétuel,
Je ressens, chaque instant, l’obsession temporelle,
Je me vois, chaque moment, l’aborder de trop près,
Me sentant, chaque endroit, en insécurité.

Il m’observe, me chagrine, m’embrasse non par bonté,
Il me suis, me taquine, de ses sons affolants,
Me tourmente, et s’obstine, à me persécuter,
Me poursuit, m’extermine, de son poids conséquent.

Cette force divine cherchant à m’accabler,
Je me plie, vermine, à ses moindres volontés,

Par faute de combattre, j’exécute mon destin,
Je le laisse tracer mon ennuie, mes desseins,

Je l’entend toujours, un peu plus s’approcher,
Me vieillir le jour, la nuit m'effrayer…
Nattes de Sinnyn.
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Re: Les poèmes d'une Sinane.

Message par Nattes »

Sonnet pour la Muse :

Mon regard s'arrête partout pour vous, ma Dame,
Mon esprit parcourt mes plus profonds souvenirs,
Recherchant toujours un moyen pour vous servir,
Jusqu'à pénétrer les abîmes de mon âme.

C'est lentement que l'observation j'entame,
Je vois un monde emplit d'une soif d'anéantir,
Et le malheur survient, je le laisse retentir.
Approchez donc, sous cette apparence de femme !

N'allez vous voir que ceux poursuivit par la mort ?
Ceux dont bientôt sera décomposé le corps ?
Sont-ils les seuls à profiter de votre flamme ?

Injustice, alors, que je ne puisse pouvoir,
Ne serait-ce qu'un instant moi aussi m'émouvoir,
Sous l'inspiration que vous nous procurez, Dame.
Nattes de Sinnyn.
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Re: Les poèmes d'une Sinane.

Message par Nattes »

Miroir d’eau :

De sa main fine et élancée, il ajustait
Ses cheveux revêtis d’une légère couche grisâtre,
Masquant les restes sombres et brillants d’une gloire passée.
Son visage semblait être figé dans l’albâtre,

Tant sa peau d’une pure blancheur était maculée.
On croirait assister à une scène de théâtre,
En le voyant se contempler avec excès,
Cherchant dans son reflet son regard opiniâtre.

De sa main fine et élancée, il ajustait
Sa longue chevelure pendante et grisonnante,
S’aidant dans le liquide de son divin reflet.

Il sourit enfin m’offrant une vision charmante,
D’un visage travaillé et creusé par le temps,
Seule empreinte parvenant à toucher mon amant.
Nattes de Sinnyn.
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Re: Les poèmes d'une Sinane.

Message par Nattes »

Nécromancie :

J’ajoute au mélange un peu de son être,
Une once de vie pour le faire apparaître,
Les résidus d’une existence passée,
Le poussant lentement à s'éveiller.
Nattes de Sinnyn.
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Re: Les poèmes d'une Sinane.

Message par Nattes »

Éphémère :

Des grains fins de sa peau d’où perle la rosée,
De la couleur de son teint aux parfaits reflets,
De sa robe qui ne cesse d’égarer mes yeux,
Émane un arôme à la fois doux et mielleux.

C’est du bout des doigts que je m’élance incertaine,
Et que j’autorise à ma peau marmoréenne,
De pénétrer le doux velours la recouvrant.
Il glisse sous ma blanche chair élégamment.

Hésitante, je me permet encore une fois
De descendre à son extrémité mes doigts,
Afin d’atteindre le seuil de sa courte vie.

Silencieusement ma dague je brandis.
Je laisse une dernière fois mon regard s’attarder,
Sur la rouge rose que je m’apprête à couper.
Nattes de Sinnyn.
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Re: Les poèmes d'une Sinane.

Message par Nattes »

Dernières images :

Étendue sur le rivage, attendant la paix,
Elle exhale une puissante odeur cadavérique,
Caractéristique de ces corps putréfiés.
Toi qui t’es battue pour une cause symbolique,

Vois de quelle manière a-t-on ta vie sacrifiée !
Les gradés te diront : « Tu as sauvé l’antique
Dispute en nous offrant ta précieuse beauté. »

Ne préfèrerais tu pas revoir élastique,

Ta peau désormais dure, froide et violacée ?
Éclater cette sombre vitre, qui devant
Tes yeux s’est désormais battit un lourd foyer ?

Non. Tout est parti. Même ce monde mourrant
A travers lequel tu ne peux plus que filtrer,
Les derniers rayons du soleil encore sanglant.
Nattes de Sinnyn.
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Re: Les poèmes d'une Sinane.

Message par Nattes »

Assassin :

Dans ses yeux presque vides nage désormais l’espoir
Qu’une fin plus heureuse bouleverse son destin.
C’est maintenant qu’elle recherche sa mémoire,
Disparue à l’instar des rayons cristallins.

Elle ressent la mort en laquelle elle ne veut croire,
Et oublie la souffrance qui traverse son sein.
L’odeur forte et sanglante se répandra ce soir,
Le long de la table où elle a bu son vin.

Une dernière fois, en un douloureux cri,
Elle élance son bras, suppliante à la vie.
Mon regard de son corps s’éloigne et se défait.

L’ivresse du combat, cette chaleur m’a quittée.
Avec elle la pitié, l’amour se sont enfuis,
Emportant mon premier acte de barbarie.
Dernière modification par Nattes le 18 oct. 2009, 15:26, modifié 1 fois.
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Re: Les poèmes d'une Sinane.

Message par Nattes »

Nattes, à la recherche de quelque parchemin, retrouve en sa giberne le brouillon d'un ancien poème destiné à un concours de l’Assemblée Neutre des Grands Explorateurs.
Surprise, elle se mit à le relire une nouvelle fois à voix haute, ravie de son travail et de l'inspiration que lui avait procuré le sujet. C'est d'une voix claire et délicate, déversant les syllabes à mesure que les vers s'écoule en un murmure irrésistible, qu'elle entame :


"Le maître artisan :

D’un air grave et concentré il ouvre son esprit,
Au travail qui sera désormais finit,
Lorsque de ses fières mains ridées et accablées
Porteront la pierre soigneusement taillée.

J’observe l’artiste, plutôt intriguée,
Remarquant sur ses mains pour seuls outils,
Les traits que le temps n’a pas épargné,
Et que l’ouvrage n’a pas attendrit.

D’un air grave et concentré il ouvre son esprit,
Sur les nombreux joyaux entourant l’établi,
Oubliant les visiteurs un peu trop curieux,
Il laisse sa personne à l’ouvrage minutieux.

Successivement, je vois ses grands yeux,
Balayer le mince espace, parcourant
Les métaux fondus dans les moules creux,
A la recherche du meilleur élément.

D’un air grave et concentré il ouvre son esprit,
Aux seuls objets qui pour lui mérite attention,
Ignorant les disputes, se créant un abris,
Où même la haine laisse place à l’imagination.

Je vois sur ce visage, lamentations
Inexprimées, forgeant son expérience,
Je vois la volonté et l’ambition,
Danser ensemble et jouer à la balance.

D’un air grave et concentré il ouvre son esprit,
Aux matériaux sculptés, aux pièces déjà finies,
Qui, à peine eut-il le temps de les admirer,
Partirent dans les mains de désireux étrangers."
Nattes de Sinnyn.
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