Le presque chasseur de presque grizzly

[Soriemirhil]

Te voilà, tous les sens en éveil, le cimeterre au poing
Tout bardé de fer, déja le goût du sang dans la bouche
À marcher d'un pas conquérant, résolu, l'oeil farouche
Prétendant secourir l'achalandage du territoire Nain

Il rôde par ici : à plein poumons ça pue le Borgne!
Tu t'élances à sa poursuite, effrayant sans vergogne
Les badauds apeurés. Quelle fière allure tu as ainsi paré!
Mais ta peau amoindrit la valeur d'une alliance sacrée.

Soudain, vers le cimetière, un bruit :
Là, derrière la grosse pierre.
Difficile de bien voir, il fait bientôt nuit!
Mais ça bouge et c'est brun : sûrement notre compère!

Tel le vent furieux, terrible ,de rocher en rocher tu bondis
D'une main tenant ta fidèle lame, de l'autre tu gobes une potion
Enfin, tu brandis les noires essences,
Et laisse les runes déchaîner en toi leur puissance.

Qu'est-ce donc que cela, pourquoi ton rasoir s'arrête net?
Thyl? Larme azur? Un Féal qui s'ennuie, sur un coup de tête?
Nenni. Ni borgne, ni démon, ni blanc, mais brun.
Innocent, inoffensif, un lapin du commun.

Par Fingel, te voici Ri-Di-Cule!
Un diablotin bleuté derrière toi rit à s'en décrocher la mâchoire
La foule indifférente scrute déja soucieusement le crépuscule
Tu as confondu un grizzly et un lapin : quel chasseur, et quelle gloire!

Tu n'es pas encore monstre, ta main l'a épargné :
Car oui, répandre le sang innocent te déplaît
Tu ne dois pas être le premier : Le lapin, l'air blasé, s'en va.
Ohohoh... Tu entends un grognement d'aise à dix pas de là!

Béat, la panse repue, les babines emmielées
Le Borgne s'endort en roulant sur le côté.
Assez pour aujourd'hui : rengaine, aventurier!
Il n'y a aucun mérite à abattre celui devant toi allongé