Au commencement

Vous trouverez ici les histoires pré-datant Fingel, comme plus personne ne peut en témoigner elles ont acquis le statut de légendes.
Coursier
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Au commencement

Message par Coursier »

Texte attribué à Amargas, premier bibliothécaire du Palais du Divin Fingel.



Comment une contrée entière peut-elle prendre vie ? Comment une terre inerte peut-elle devenir un être sombre, cruel, froid mais éveillé ?



C'est là tout le secret des Landes Eternelles. Ce nom poétique pourrait tout simplement désigner les plaines verdoyantes, les gigantesques forêts aux arbres titanesques, les lacs scintillants, les côtes dorées, les oasis accueillantes, les hauts monts enneigés et toutes les autres merveilles de cette magnifique région. Hélas, son histoire en a voulu autrement.



Connaissez-vous la légende des Humains Anciens ? Cette race extraordinaire à descendance directe des dieux ? Ces hommes et femmes de haute stature, au charisme indéniable, à la jeunesse éternelle ? Ces êtres dont la vie ne prend fin que lorsque leur destin est achevé, leur permettant donc d'affronter siècles et millénaires sans vieillir d'une once ? Ou de disparaître après vingt ans seulement, après quelques hauts faits ?



Peu nombreux, ils avaient réussi à bâtir une civilisation parfaite. Jamais aucun conflit ne les divisait et l'immense tour qu'ils avaient construite au centre de leur pays, semblait puiser sa perfection du sommet divin même et illuminer le reste du monde. Ils étaient cette tour. La Grande Tour de Sagesse.



Il y a des millénaires, de divines mains (plurielles ou non, à vous d'en juger selon vos croyances), façonnèrent de nouvelles races, moins parfaites mais plus originales que ces Humains Anciens.

Toutes plus différentes les unes que les autres, ces races furent réparties un peu partout dans le monde. Mais les êtres de ces races, tous fragiles face à la nature environnante, mortels (même si certains, comme les Elfes, ont une vie bien plus longue que les autres) avaient un défaut commun : le désir de supériorité.



Naquirent avec l'homme et les autres êtres conscients créés en même temps les guerres, les fléaux, les ambitions sans fin, la volonté de dominer. La boite de Pandore avait été ouverte et toutes ces races semblaient vouées à leur fin.



Voyant que ces nouvelles créations s'autodétruisaient ridiculement alors qu'un peu plus loin, les sages Humains Anciens continuaient à vivre harmonieusement, une nouvelle décision divine fut prise. La civilisation des Humains Ancien devait disparaître.

Les Humains Anciens ne formeraient à présent plus un peuple uni mais seraient tous éparpillés aux quatre coins du monde, pour sauver les autres races. Ils auraient à présent un objectif : vivre parmi les autres êtres vivants et les pousser, discrètement, à surmonter leurs faiblesses et à construire les fondations de civilisations aussi idylliques que la leur.



Les Humains Anciens, tout autant généreux que sages, acceptèrent la décision qu'ils perçurent dans leurs rêves et promirent de se consacrer à cette tâche jusqu'à la fin des temps. Ils firent leurs adieux à leur splendide capitale, se séparèrent sans larmes et partirent dans des directions opposées. Des familles furent divisées mais sans regrets : les Humains Anciens savaient qu'il se reverraient dans l'Autre Monde et que la tâche qui leur avait été assignée était la plus glorieuse qu'ils n'avaient jamais eue.



Chacun eu néanmoins un pincement au cœur voyant au loin, dans un éclair, la Grande Tour de Sagesse disparaître, enveloppée dans les brumes.



Et l'Histoire prit le pas. Les différentes races proliférèrent et grâce aux interventions discrètes et ponctuelles des Humains Anciens parvinrent à survivre.

Mais les Humains Anciens étaient trop peu et tellement seuls, qu'ils ne trouvaient plus de compagne ou de compagnon de leur race pour assurer leur descendance. Ils se fondaient parmi les êtres imparfaits. Leur race s'éteignait et les guerres ne prenaient pas fin. Les fléaux des autres races ne s'achevaient pas.

Leur objectif grandiose se poursuivait, sauvant les civilisations d'une chute précipitée, mais ne parvenant pas à rendre le monde parfait comme à l'aube des temps.



Un petit groupe d'Humains Anciens qui ne s'étaient pas perdus de vue, trahissant ainsi la promesse faite aux Mains Divines, s'accordèrent, las, entre eux sur le fait que tous leurs efforts étaient vains. Ils partirent en quête d'une terre inhabitée où ils pourraient reconstruire leur ancien monde.

Ils découvrirent une immense contrée, ceinte par une très haute chaîne de montagnes et une mer houleuse. Une région sauvage, inhabitée et merveilleuse. Toute la beauté du monde tel qu'il était à la rosée des temps semblait s'y être réfugiée.



Ils leurs donnèrent un nom : les Landes Eternelles. Et s'y installèrent en fondant une ville dont l'architecture était digne de l'antique Cité et de la Grande Tour de Sagesse.

Pendant plusieurs siècles, ils proliférèrent comme une nation sourde à toutes les tribulations du monde. Leur rêve semblait se réaliser à nouveau.



Mais c'était oublier qu'ils avaient rompu leur promesse et avaient trahi leur objectif, celui de sauver les autres peuples de la déroute.



Puisqu'ils ne tendaient plus la main vers les autres races pour les aider, ce sont les autres races qui vinrent à eux. Les Landes Eternelles, vierges de toute découverte, furent simultanément découvertes et colonisées par neuf peuples : Elfes, Nains, Eldorians, Sinans, Kultars, Galdurs, D'jhis, Hommes Bleus et Sauriens.



Les Humains Anciens des Landes se refusèrent à voir leur perfection presque atteinte à nouveau détruite.

Ils abusèrent de leurs pouvoirs conférés par les Mains Divines à la création et commirent l'impossible : ils donnèrent vie aux Landes Eternelles, à leur terre aimée. Ils la dotèrent d'un caractère vivant et contrôlable.

Par leurs magies, ils pouvaient diriger la sauvage nature de la région, ses monstres et ses animaux, selon leur volonté.

Grâce à cette magie, ils purent empêcher les neuf races d'approcher de leur propre territoire, au sud ouest des Landes.

Chaque fois qu'un être tentait, inconscient, de s'approcher de leur territoire, mille et uns maux l'accablaient lui et son peuple. Cette partie des Landes reçut des neuf peuples un même adjectif : maudite.



Ce que les Humains Anciens ne savaient pas, c'est que leurs pouvoirs s'étaient retournés contre eux. C'était là la sanction divine qu'ils avaient méritée. Le comble était arrivé sans qu'ils s'en rendent compte : une partie du caractère vivant des Landes, s'était développée avec une seule envie, celle d'unir les neuf peuples qui les habitaient et de voir la paix les submerger.

Alors que les Humains Anciens des Landes avaient trahi leur promesse, et avaient décidé de ne plus aider les autres races, leur propre création leur échappait en ce point précis : leur propre création désirait ce qu'ils ne désiraient plus, leur propre création désirait sauver les êtres imparfaits de la chute.



Les Landes échappèrent donc un soir des mains des Humains Anciens et donnèrent naissance à un héros exceptionnel : Fingel. Fingel était né du ventre de sa mère légitime, par la semence de son père légitime, mais les Landes y avaient ajouté leur aura, leur volonté, leur puissance et leur magie.



L'histoire de Fingel, vous la connaissez ou sinon, vous l'apprendrez ailleurs mais rappelez vous seulement que ce héros parvint à imprimer la volonté généreuse des Landes de l'époque sur les autres peuples. Il parvint après de longues années, à les unir avec son charisme et ses nombreux dons.

Il ne semblait pas vieillir et pendant plus de deux siècles, les peuples des Landes vécurent dans la paix la plus totale. Le rêve s'était réalisé. Pas à l'échelle du monde, soit. Mais sur une région entière, les différences et imperfections s'étaient effacées.



Mais les Landes avaient trop espéré d'un seul homme. Fingel était un héros exceptionnel mais ne pouvait pas, seul, changer le caractère inné de millions d'individus et de races antiques. Son charisme ne parvint pas à faire perdurer le rêve et des esprits unis, se réveillèrent les désirs de puissance, de guerre et de pouvoir.



Le songe de Fingel fut réduit à néant en l'espace de quelques années et face à cet échec cuisant, le Divin Fingel mit fin à ses jours devant sa capitale en flammes, devant le travail d'une vie en cendres.



Les Landes, essentiellement contrôlées par les Humains Anciens, encore à cette époque, pour éviter qu'on ne les découvre, perdirent la raison, si elles en avaient une. Devant la mort de leur élu, de leur création et de leur envie la plus profonde, elles échappèrent totalement au contrôle des Humains Anciens.

Et la fureur d'une contrée entière éclata.



Le visage des Landes se défigura sous la colère et de multiples catastrophes mirent fin à la vie de peuples entiers, de millions d'êtres vivants. La mer envahit le centre des Landes et des îlots se formèrent. Des monstres impossibles et des animaux sauvages se mirent à proliférer dans les terres, obligeant tous les survivants à survivre et non plus à vivre, à périr chaque jour sous la colère non éteinte des Landes.



Quant aux Humains Anciens... ils n'échappèrent pas à la colère de leur propre création. Leur erreur et leur abus de leurs pouvoirs se retournèrent totalement contre eux. Leur civilisation nouvelle périt aussi. Il n'y eut qu'une trentaine de survivants, parmi eux. La moitié put fuir indemne les Landes et partit loin, purger sa peine et dans ce but, reprendre sa tâche initiale comme les autres Humains Anciens du reste du monde.



L'autre moitié, les survivants plus anciens et ceux qui avaient donné initialement la vie aux Landes furent asservis à leur volonté. Complètement soumis, ils devinrent les portes-paroles des Landes. On les surnomme aujourd'hui "Féaux Eternels", et ils foulent les îlots centraux des Landes, tout comme vous, aventuriers.



Le caractère des Landes a bien changé à présent. Celles-ci veulent, je pense, toujours sauver les races de leur déchéance. Mais alors qu'avant, elle avaient essayé de le faire, par le biais de Fingel, un cadeau pour les aider, leur enseignement est à présent beaucoup plus dur. Cruel. Amer.





Une version plus complète de ce texte serait disponible au Palais du Divin Fingel, en Séridia.

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