La complainte des jours bleus
Publié : 11 mars 2008, 15:31
La porte de la taverne s'ouvre avec douceur, dans un grincement feutré, laissant échapper les rires et les bruits des conversations, l'odeur des pipes des nains mélangée à celles appétissantes des pains blonds et des dînés servis.
Puis discrètement, pour ne pas dérranger cette ambiance dont elle peut profiter à nouveau, une silouhette familière se glisse à l'intérieur, abritée par un épais capuchon de fourrure.
Le vêtement est bien trop chaud pour le climat doux de Trepont, mais la jeune femme, bleue, se frotte tout de même les mains, comme si elles étaient glacées.
Elle va s'accouder au comptoir, dos à la salle, et ôte enfin le lourd manteau. Recca s'avance vers l'arrivante.
La lumière laisse voir la fatigue dans les yeux de Selena, qui même s'ils restent rieurs, sont anormalements cernés. Pour ceux qui ont l'habitude de cotoyer le peuple du désert, ils remarqueraient de suite que son teint bleuté à comme une nuance de gris cendré, contrastant inhabituellement avec sa longue chevelure d'ébène.
Les deux femmes se regardent un moment, cela fesait un certain temps qu'elles ne s'étaient vu, un temps lui aussi inhabituel quand on connait l'amour iraisonné de la bleue pour cette taverne.
Recca lui sert une bière spontannément, et après une gorgée salvatrice, Selena prend la parole :
Hé Bien Recca, je suis contente de te voir à nouveaux, et de retrouver la plus accueillante des tavernes de Seridia.
Elle se perd un temps dans la contemplation des étagères chargées de bocaux et de bouteilles d'alcool de toutes sortes, ignorant la mine ennorgueuillie de Recca.
Je me rappelle mon arrivée ici ...
Je me souviens avoir chanté mon désespoir, et mon espoir tout à la fois. Les landes m'appellaient alors, et j'attendais tant en venant ici ...
Elle se tait un instant, démmêlant ses pensées.
Je suis venue ici, j'ai toujours de l'espoir, et je dois adresser cet espoir à mon peuple.
La tempête gronde dans le peuple du désert, j'aimerais que le vent un moment ammène mes paroles aux bleus, qu'il mugisse même plus fort que les colères.
Je n'ai pas d'autres armes pour me faire entendre que les mots, et si même le message ne sert à rien, j'espère au moins avoir le plaisir d'avoir distrait tes clients.
Le permets - tu ?
Sans attendre, elle se tourne enfin face à la salle bondée, et se hisse d'un geste souple sur le comptoir. Elle attrappe sa mandoline, sur laquelle l'usure du temps ne semble avoir eu aucunes prises, et se penche sur l'instrument, tout à fait replié dans sa musique. L'air est doux, et ruisselle comme une eau fraîche dans les oreilles.
Je me rappelle des chants anciens,
Les exploits du grand Fingel ou d'Illumen,
Je pourrais vous conter ces vieux refrains,
Ceux dont on dit qu'ils sont immortels.
Le temps s'égrène, ronge les dunes,
Et l'on parle des bleus, de leur infortunes.
Leur sagesse légendaire, perdu dans les brumes,
Que rien, même les prières n'éxhument.
Ce serait bien triste que de se résigner,
A croire, à accorder valeurs, à pareilles vérités.
J'ai l'impudence de croire au changement,
Et au bienfait que peut apporter le vent.
Je ne pourrais dire que nous sommes tous amis,
Et que d'une même voix nous chantons, unis.
Pourtant bleus, nous sommes fait de la même façon
Si j'en crois cette étoile, qui ceind notre front.
J'aimerais que mes paroles apaisent la tempête,
Et soulève un peu les brouillards de nos têtes.
Et s'il en est un que j'ai, le talent de vous rassembler,
Au moins autour d'un verre et d'une bonne flambée.
Je ne finirais pas cette complainte des jours bleus,
Elle vous appartient aussi à mes yeux...
Elle poursuivait sa musique, dénudée de sa voix, tout à son chagrin et à son silence, attendant, peut être en vain, les mots d'un des membres de son peuple. A vrai dire, peu lui importait que ces mots soient réconfortant, ou blessants ... ce qu'il importait, c'était que l'espoir perdure.
Puis discrètement, pour ne pas dérranger cette ambiance dont elle peut profiter à nouveau, une silouhette familière se glisse à l'intérieur, abritée par un épais capuchon de fourrure.
Le vêtement est bien trop chaud pour le climat doux de Trepont, mais la jeune femme, bleue, se frotte tout de même les mains, comme si elles étaient glacées.
Elle va s'accouder au comptoir, dos à la salle, et ôte enfin le lourd manteau. Recca s'avance vers l'arrivante.
La lumière laisse voir la fatigue dans les yeux de Selena, qui même s'ils restent rieurs, sont anormalements cernés. Pour ceux qui ont l'habitude de cotoyer le peuple du désert, ils remarqueraient de suite que son teint bleuté à comme une nuance de gris cendré, contrastant inhabituellement avec sa longue chevelure d'ébène.
Les deux femmes se regardent un moment, cela fesait un certain temps qu'elles ne s'étaient vu, un temps lui aussi inhabituel quand on connait l'amour iraisonné de la bleue pour cette taverne.
Recca lui sert une bière spontannément, et après une gorgée salvatrice, Selena prend la parole :
Hé Bien Recca, je suis contente de te voir à nouveaux, et de retrouver la plus accueillante des tavernes de Seridia.
Elle se perd un temps dans la contemplation des étagères chargées de bocaux et de bouteilles d'alcool de toutes sortes, ignorant la mine ennorgueuillie de Recca.
Je me rappelle mon arrivée ici ...
Je me souviens avoir chanté mon désespoir, et mon espoir tout à la fois. Les landes m'appellaient alors, et j'attendais tant en venant ici ...
Elle se tait un instant, démmêlant ses pensées.
Je suis venue ici, j'ai toujours de l'espoir, et je dois adresser cet espoir à mon peuple.
La tempête gronde dans le peuple du désert, j'aimerais que le vent un moment ammène mes paroles aux bleus, qu'il mugisse même plus fort que les colères.
Je n'ai pas d'autres armes pour me faire entendre que les mots, et si même le message ne sert à rien, j'espère au moins avoir le plaisir d'avoir distrait tes clients.
Le permets - tu ?
Sans attendre, elle se tourne enfin face à la salle bondée, et se hisse d'un geste souple sur le comptoir. Elle attrappe sa mandoline, sur laquelle l'usure du temps ne semble avoir eu aucunes prises, et se penche sur l'instrument, tout à fait replié dans sa musique. L'air est doux, et ruisselle comme une eau fraîche dans les oreilles.
Je me rappelle des chants anciens,
Les exploits du grand Fingel ou d'Illumen,
Je pourrais vous conter ces vieux refrains,
Ceux dont on dit qu'ils sont immortels.
Le temps s'égrène, ronge les dunes,
Et l'on parle des bleus, de leur infortunes.
Leur sagesse légendaire, perdu dans les brumes,
Que rien, même les prières n'éxhument.
Ce serait bien triste que de se résigner,
A croire, à accorder valeurs, à pareilles vérités.
J'ai l'impudence de croire au changement,
Et au bienfait que peut apporter le vent.
Je ne pourrais dire que nous sommes tous amis,
Et que d'une même voix nous chantons, unis.
Pourtant bleus, nous sommes fait de la même façon
Si j'en crois cette étoile, qui ceind notre front.
J'aimerais que mes paroles apaisent la tempête,
Et soulève un peu les brouillards de nos têtes.
Et s'il en est un que j'ai, le talent de vous rassembler,
Au moins autour d'un verre et d'une bonne flambée.
Je ne finirais pas cette complainte des jours bleus,
Elle vous appartient aussi à mes yeux...
Elle poursuivait sa musique, dénudée de sa voix, tout à son chagrin et à son silence, attendant, peut être en vain, les mots d'un des membres de son peuple. A vrai dire, peu lui importait que ces mots soient réconfortant, ou blessants ... ce qu'il importait, c'était que l'espoir perdure.