Réveillez-vous !

[Selena]

C'est là tout proche, elle est encore en train de papoter devant le brasier qui accueille le nouvel arrivant défroqué à Trépont. Elle voit bien la garde patibulaire qui entre d'un pas conquérant dans la taverne de Reca. Elle se dit d'abord qu'il vaudrait mieux pas s'en mêler, vu que généralement ses tentatives d'aides se soldent par un bon coup de pied au derrière jusqu'au paillasson.
Mais non, c'est pas normal, le bruit d'une altercation qui s'élève au delà de la maisonnette...

Alors, tant pis... Elle bondit sur ses deux jambes, pose la main sur la poignée de son épée légère sagement remisée au fourreau, et se précipite vers la source de son inquiétude. A peine le perron franchit, elle voit ces espèces de molosses tout près à faire mal à Reca.
Elle fonce droit sur eux en hurlant et en faisant des moulinets avec les bras.

"Allez vous en tas de grosses bourriques ! C'est pas ici que la loi de la terreur va régner ! Vous êtes pas mandaté par notre Seigneur pour terroriser les p'tites personnes simples qui ont rien demandé à personne.
Y'a quelques temps vous veniez vous détendre ici, et maintenant vous nous traiter comme des moins-que-rien !

Vous avez pas le droit !

Qui vous a donné ce genre d'ordres ?"

Elle baisse les bras et réassure sa main sur le pommeau de sa lame.

"C'est assez, on a trop attendu en espérant que notre Seigneur reviendrait. Vous êtes avec Ernek vous, j'en suis sur !
C'est bien ces méthodes ça, la force, la brutalité, mais rien d'autre !

Vous croyez que c'est en emprisonnant ceux qui vous nourrissent, en les torturant que vous allez résoudre tout les maux de Séridia !"

Elle sort sa lame d'un geste vif, consciente néanmoins du rapport de force complètement déséquilibrée. Elle regarde Reca, se disant que toute façon au point où elle en est ...

"Si c'est une guerre civile que vous voulez, et un plus gros scandale, continuez comme ça. Mais je jure devant Fingel que pour toucher à notre Reca ou à ce kultar pisseux, il faudra d'abord m'expédier en Achéron, moi, et tout ceux qui vont rappliquer ici pour aider."

Et là, Selena prie pour que ceux qui peuvent percevoir physiquement ou mentalement l'urgence de la situation, rapplique en renfort.

[Meynaf]

Dans une gerbe de lumière et des volutes de fumée scintillante, Meynaf se matérialise dans la pièce. D'un côté, il y a Reca et un Kultar terrifié. De l'autre, une bande de soldats. Entre les deux, Selena, son visage ciselé empourpré de colère et tenant en respect, seule, plusieurs hommes.

Ces soldats, d'où sortent-ils ? Sont-ils en maraude, ou en mission ? L'elfe ne le sait pas vraiment, et il sera toujours temps de le découvrir... Ce qu'il sait par contre, par le miracle de la télépathie, c'est qu'il y a du grabuge, et qu'une amie est en mauvaise posture. C'est suffisant pour agir.

La fumée s'est dissipée, et la fine silhouette du mage guérisseur est à présent bien nette. Un demi-sourire amusé sur les lèvres, il s'adresse à la bleue :

- "Toujours dans le pétrin, on dirait."

D'un pas mesuré, son bâton fermement tenu dans sa main droite, profitant de la surprise causée par son arrivée inopinée, il vient se placer aux côtés de Selena, dont il touche l'épaule de la main gauche en murmurant des mots de pouvoir. Aussitôt sa peau bleue et satinée prend une couleur brune et terne, rugueuse et dure au toucher : les signes d'un sortilège de Peau de Cuir.

"Un peu moins belle, mais mieux protégée" se dit Meynaf. Se campant sur ses jambes, dans une position faussement détendue, l'elfe dévisage les soldats et dans l'éclat de son oeil bleu on peut voir sa détermination.

- "La dame vous a posé une question, messieurs", lance-t-il à la montagne de muscles qui sert de chef aux soldats, et espérant qu'au dessus des sourcils ce ne soit pas l'anémie, "ce serait galant de votre part de répondre."

[Kargorm]

Sortant tranquillement de la reserve avec un tonneau, le guerrier nain dans sa belle armure titane commence à refermer le passage secret en parlant

-"Je te prend....C'est quoi ca ?"

Posant son regard sur la troupe, le nain pose doucement le tonneau par terre, puis la main sur la hache naine

-"Qu'est qui se passe ici ?"

s'approche doucement de l'elfe et de la bleue

[Ajh'Illya]

La petite danseuse bleutée avait fait une escale à Trépont pour aller voir l'Esprit et en passant devant la taverne les bruits de rixe l'avaient intriguée. Egale à elle-même et donc totalement inconsciente du danger potentiel, comme souvent, elle était entrée dans la taverne pour découvrir Selena, Meynaf et Kargorm entourant Réca face à une bande de soldats manifestement énervés. Une jeune fille douée de raison se serait enfuie, surtout sachant ses dons, fort limités, pour le combat mais Ajh'Illya n'était pas vraiment logique et sans être courageuse elle n'était pas du genre à fuir. Elle se plaça devant les gardes, faisant face à leur chef et sa pensée s'éleva, douce et calme, parfaitement audible quoique légère, dans la taverne pourtant bruyante.

~Messire Garde, j'ai souvenir d'au moins un natif arrêté brutalement et à tort. Si vous avez des questions à poser à ces gens le faire avec une telle brutalité ne vous apportera rien. Les natifs ont beaucoup perdu dernièrement, il ne peuvent aussi perdre foi en la garde qui doit les protéger.~

La pensée laissa un temps de silence avant de reprendre, toujours aussi posée et apaisante :

~La sédition n'est pas une menace pour un souverain juste, et la torture n'est pas nécessaire à une garde efficace.~

Elle resta debout, sans arme, entre les garde et les aventuriers tous armés et de ses lèvres closes monta un chant léger et apaisant. Malgré l'absence de parole on sentait dans ce chant l'espoir de jours meilleurs et une incitation au calme.

[kely]

* Sortant de l'Achéron encore une fois et vraiment trop à son goût depuis quelques temps, Kely en tenue de cuir et muni d'un bâton simple, passe devant la taverne de Reca. Il lui semble reconnaitre la voix énervée de Selena, intrigué il rentre. Il constate la position des uns et des autres, et en voyant Selena, Meynaf et Kargorm côte à côte, n'a aucune hésitation à les rejoindre pour apporter son aide éventuelle.
En passant à côté d'Ajhillya il lui soumet l'idée de ne pas rester entre la garde et eux et de se replier derrière eux.*

[Selena]

Les épaules de la bleue se détendent lentement en voyant le soutien affluer, mais sa prise reste ferme sur son épée. Elle jette à Kargorm un :

"Ils sont venus pour torturer Reca à cause de la famine et des affiches !"

Ce qui a pour don de résumer un peu trop simplement la situation, tout en en révélant assez pour mesurer la gravité du moment.

[Ajh'Illya]

Illy' sourit à Kely avec douceur et se tourne un peu vers les aventuriers, sa pensée à nouveau, douce et calme, se fait entendre

~Ce sont des Gardes, mais ce sont des natifs, prendre les armes contre eux n'est pas la solution, quand vous aurez tué cette patrouille, ou qu'ils vous auront envoyé en Achéron, que se passera-t-il ?~

Se tournant vers Réca elle ajoute :

~Ce n'est pas ici et maintenant que cela doit se régler, il faut voir à plus long terme, vous ne devez pas être torturée, mais prendre les armes serait une erreur.~

Un appel de la bleue retentit sur les ondes aventurières.

" Un représentant de n'importe quel peuple pourrait-il se présenter au Palais et obtenir, rapidement, audience auprès d'un général ou s'il y parvient du General Ernek lui-même ? Ou, mieux encore, du Seigneur Luxin ? Dites-leur, je vous prie, de passer à la Taverne du Nain Joyeux, certains gardes font preuve d'un zèle excessif."

Elle n'a pas bougé, toujours présente entre les gardes et les aventuriers entourant Réca, toujours sans arme, bras le long du corps, et le chant interrompu un instant se fait entendre à nouveau, tandis qu'elle attend les réponses des aventuriers et l'arrivée d'un Général ou du Seigneur.

[Gormeng]

Percevant des ondes peu rassurantes provenant de sa Bleue, le sang de Gormeng ne fait qu'un tour et il se rend en hâte à la taverne, préoccupé. Arrivé devant la porte, des éclats de voix parviennent à ses oreilles et sans plus attendre il franchit le seuil, tous sens en alerte. Il remarque rapidement parmi les clients un Kultar ébouriffé et tout rouge, puis diverses têtes connues, qu'il apprécie, et lorsqu'il voit Selena, il réprime l'envie de la serrer dans ses bras.
S'adressant au chef des gardes, il tente de calmer le jeu mais ne peut s'empêcher d'élever la voix :
"Mon Salut ! Allons, avez-vous donc trouvé si peu de renseignements sur cette Capuche, pour vous en prendre à la tenancière la plus connue des Îlots de façon aussi peu respectueuse ?"

[Kemigua]

Kemigua, apaisée par l'Esprit du bout de l'ïle, passait près de la taverne. Elle n'avait pas l'habitude de fréquenter ces lieux trop bruyants et trop fréquentés. Elle avait observé ces soiffards sortant d'un de ces lieux, où certaines valeurs se perdaient, où l'on oubliait toute modération. C'est ainsi qu'elle expliquait certains liens contre nature, des liens faits d'effluves, plus solides qu'un lien de sang, par ici. Ainsi donc, Kemigua rejoignait les Docks, en passant par le Bourg Elouin, quand elle entendit un brouhaha qu'elle localisa facilement, sans surprise. Elle s'arrêta quelques secondes, repensant à ce que lui avait dit Vesine à propos de ces produits et proféra .
- Et bien, on dirait que le courage coule à flots.
Puis, elle se remit en marche, estimant que tout cela était sûrement sans intérêt.

[Quazar]

Alors qu'il se trouvait à boire paisiblement devant la fontaine de la place de Mynadar le Sombre entendit que quelque chose de très grave se passait à Trépont. Il se téléporta donc devant la taverne et entra donc et contemplant la scène comprit tout de suite la gravité de ce qui se déroulait. Il émit un sifflement désagréable avant de marcher silencieusement jusqu'au comptoir et de s'y adosser regardant les gardes d'un air sinistre. Il fit grincer ses dents et d'un ample mouvement de sa main dégaga son flanc gauche caché par sa cape révélant le pommeau d'une rapière. C'est d'une voix fatiguée qu'il s'adressa aux gardes.

Est-ce ainsi que la Garde procède? C'est ainsi que vous prétendez assurer la protection du peuple Séridien? Vous vous foutez de nous? Ou alors vous êtes juste des simples d'esprit? Vous pensez faire quoi là? Vous venez semer le trouble dans la seule taverne ou les aventuriers se rassemblent en très grand nombre. De plus ces affiches sont partout! Toutes les tavernes ont des affiches de la Capuche. Et comme par hasard vous avez ciblé celle ci? Si vous vous excusiez plutôt et que vous nous donniez la raison de votre présence dans cette salle? Et...

Regardant le pauvre Kultar se débattant toujours pour qu'un garde le lache.

Mais lacher le! Vous voyez bien qu'il va se faire dessus nom d'un chimérien! Vous êtes stupide à ce point?! Bon bon bon... Je crois savoir quel est votre langage. Je buvais tranquillement moi, vous avez dérangé tout le monde!

L'air consterné par la bêtise des gardes, Quazar dégaine sa rapière de sa main droite et avec la gauche sort une dague des plis de sa cape. La lumière de la pièce se reflettant dans les lames et sur le diadème du Sombre autant que dans ses yeux. Il se rapprocha de ceux qui s'interposaient entre Réca et la Garde.

Personne ne vous laissera faire avec aussi peu de manières. Pas même les simples marchands.

Et il pensa à sa réaction encore une fois vraiment déséquilibrée tout en se disant: "Mais qu'est-ce que je suis venu faire moi?... J'aurai ptet du rester à faire des armes et des bijoux."

[Salilalulla]

Venant boire son verre d'outranque journalier, Salilalulla comprit vite que cela n'allait pas être facile
de se faire servir par un raffut pareil.
Comme à son habitude, ne sachant pas ce que le mot discrète signifie, elle se fait remarquer en claquant
la porte de l'auberge tellement fort que le kultar a bien failli faire cette fois,
puis se dirigeant tranquillement vers Reca lui dit d'un ton doux et affichant un large sourire :

Chère amie pouvez vous me servir un verre d'outranque s'il vous plait ? Il est si bon chez vous.

se tourne ensuite vers le garde qui lui semble être le meneur, son sourire s'effacent de son visage et d'une voix
calme et froide :

Vous êtes leur chef non? Par déduction je suppose que vous avez un peu de jugeote,alors prenez un verre et détendez
vous je vous invite, à moins que vous ne préfériez mourir ici cela me semble être la solution la plus sage.

puis s'assied confortablement en attendant son verre

[Eogue]

L'entrée des gardes et d'un flot discontinu d'aventuriers, les claquements de porte à en faire trembler les battants l'ont tiré de sa somnolence.

Pris au dépourvu en sa détente méritée, Eogue s'enquiert de la situation pour le moins complexe , tout en n'y comprenant, il s'en avise bien, pas grand chose malgré les dires de tous les intervenants.

Néanmoins il a suffisamment observé pour le moment pense-t-il.


Comment réagir? Que faire? songe-t-il.

Hésitant, il renonce à bourrer sa pipe, avale à grandes gorgées sa liqueur elfique, puis pose les yeux, pensif, sur son gobelet vide.

Enfin Eogue a décidé, advienne que devra.

Avec grand bruit, il choque le récipient de fer sur le bois de la table, se lève et repousse sa chaise d'une terrible extension de jambe.

D'une voix haute et fort audible, empruntée quoique déterminée, Eogue s'adresse aux gardes en ces termes:

"Allons, Messers! Nul ne peut se targuer d'avoir poussé avec tant de rudesse et d'âpreté, tant d'irrespect, la porte de notre tenancière favorite, sans en avoir rendu par le menu un compte précis!

Il ne me sied guère, récolteur en repos que je suis, de prendre les armes contre les agents prétendus d'un seigneur que pourtant j'apprécie!

Mais je ne suis pas homme à supporter duperie, et ne puis m'assurer que vous représentiez en l'instant le quart du millième des valeurs qui sont les siennes!

Et à Selena, ma chère amie, je dis bien fort!

qu'en la circonstance, mes modestes armes lui reviennent, et que mon humble courage, pour vous chargé de mépris, contre vous s'abattra si davantage de la bienséance élémentaire vous persistiez à faire fi!"


Dans le même temps, Eogue dégaine son épée en acier trempé avec une lenteur consommée, faisant ouir à la cantonade les notes sinistres du tranchant de son fourreau extirpé.

Farfouillant au fond de sa bourse, Eogue jette quelques pièces sur la table pour régler sa note, puis vient prendre place aux côtés de Selena.

Toutefois Eogue pense:

Pourvu que nous ne nous battions pas trop vivement, cela fait bien deux lunes que je n'ai manié l'épée, et à peine mes doigts retrouvent-ils le frémissement des prémices du combat.

Et, diantre, quel endroit saugrenu et réduit, à tout bien considérer, pour mener à son terme sanglant s'il le fallait, une si étrange et sordide échauffourée!

Une dernière reflexion se dévoile dans son esprit, avant qu'il ne fixe son attention sur les brutes bardées de métal, juchées sur leur autorité douteuse, et ne guette leurs réactions.


Mais quant à Reca et à ce kultar effrayé, point ne se sont-ils exprimés, quelle peut bien être leur pensée?

[Goer]

De retour d'une visite instructive à l'Esprit, le grand Galdur rêveur sursaute en percevant la harangue explosive de Maître Baldur et le brouhaha aggressif des pensées fortement contradictoires qui émanent de la Taverne, lieu qu'il connait peu, plus enclin à consommer l'eau des rivières et la viande de sa chasse. Dans l'enchevêtrement des impulsions, il décèle les fluxs amis de la Dame Bleue, Ajh'Illya, et surtout la pensée inquiète mais protectrice de Messire Kely à l'égard de celle-ci.

Peu accoutumé à la foule, le Galdur solitaire hésite, tiraille son long bouc roux et ses sourcils s'élevent alternativement au rythme de l'entrechoc des pensées : "Quel champ de bataille !", pense-t'il en avançant machinalement vers la Taverne. Parvenu à l'entrée, il s'ébroue et tapote son habit, parsemant l'entrée de la Taverne de petits monceaux de soufre, puis entr'ouvre la porte et glisse sa grosse tête chauve par l'entrebaillement.

Là, son amie Bleue est au centre de ce qui lui semble deux groupes antagonistes : des Gardes armés, à l'air vil et aggressif et dont un malmène un petit Humain sombre qui tremblotte et larmoie, font face à un rassemblement de Natifs et d'Aventuriers, groupe qui lui-même apparait scindé par des réflexions antagonistes. "C'est les Landes..." est alors le premier réflexe du Galdur qui se reprend, étranglant le désabusement naissant, puis qui farfouille dans son sac et y vérifie la présence de sa bourse de lumens.

Du bout de son Bâton, il ouvre la porte et, gauchement, regardant plus le plafond que l'assistance, pousse ses pieds comme trop grands vers le comptoir où il vient se placer et contre lequel il pose son Bâton, à distance égale du groupe de Gardes et d'Ajh'Illya. Il reconnait la taciturne Dame SaLiLaluLLa, la rieuse Dame Naedrah, les salue avec timidité puis se tourne brièvement vers Reca : "Bonjour, Dame Reca. Une bière, je vous prie". Son regard se pose sur la Bleue à laquelle il adresse en souriant une pensée apaisante : "Bonjour, belle Amie des poètes". Puis il se tourne vers Messire Kely, s'incline en salut, le regard plein de questions ; c'est pour lui un paradoxe, mais s'il peut être dissert et poète dans l'intimité et la confiance ou élégant causeur dans les discussions superficielles, le Galdur adepte de Grammaire devient quasi mutique dès qu'il s'agit de participer aux débats en assemblée.

Les tirades fusent alentour, il tente de se concentrer pour comprendre la situation, écarquillant les yeux vers les uns et les autres, la peau tendue par l'effort, ses doigts crispés sautant de sa barbe poussiéreuse à sa broussaille de sourcils au fur et à mesure qu'il surprend tant de données qui lui paraissent étrangères. D'emblée, il écarte un élément parasite, compliqué : la Capuche.

Après une grande inspiration, l'orphelin nomade bloque son souffle comme lui a appris sa nourrice lors de leur long passage chez les Elfes et son esprit fait silence. Sa respiration reprend, lente à l'extrême. Il laisse remonter en lui les mots, qui se résolvent en concepts dont naissent des images qui se font paysage géomètrique où il plonge, droit vers le centre.

Le centre est vide. Circonscrit par de souples courbes de lumière qui s'entrelient, mais vide. Les yeux rivés au sol, le Galdur va élever sa grosse voix grave, mais se retient puis marmonne, loin de cette préciosité habituelle qui le tient encore à l'écart de son peuple d'origine :
"Si le problème est nous en Elles, si le problème est Elles en nous, le problème est Elles, le problème est nous...
Elles sont là, mais pas de nous. Ou trop de nous, donc pas de nous. Et trop de je, trop d'elles et d'ils et trop d'elles et d'eux et pas de nous."
Il souffle, sa bouche en grimace comique : "Vous, vous, vous... Euuuuux... Eeeeelles..." avant de reprendre son monologue :
"Ce n'est pas un Verbe qui transformera les je épars en le nous un. Ce sont les je qui doivent s'assembler en ce nous un pour que se choisisse le Verbe.
Donc tout je doit se dissoudre lui-même tout en restant un pour que soit la solution nous un d'où s'élèvera le Verbe".

Puis il se tait, apaisé par ce début de solution évoquée. La tête encore penchée vers le bois du parquet, il lève son regard sous la frondaison dense de ses sourcils pendant que les harangues et les réflexions continuent de fuser. Il reste. Non loin d'Ajh'Illya et de Kely, il écoute plus paisiblement, la main pourtant proche du Bâton.

[Selena]

La bleue se bidonne un coup, ce qui est assez déconcertant étant donné la situation, puis lorsque sa poitrine cesse de trembler, ses yeux décomptent rapidement les aventuriers présents et les natifs qui, toute à l'heure protestaient et, parmi lesquels certains se pressent contre le groupe d'immortels. Sa voix a repris un timbre plus proche de ce qu'on pourrait appeler, le calme.

"-Nous....

C'est à dire, l'ensemble de ceux qui se trouvent ici.

On vous demande de partir, là, maintenant ! Si votre Ernek veut remplir ses cachots, qu'il vienne en personne le faire. Vous n'avez pas besoin d'essuyer les plâtres. Rentrez chez vous.
Vous savez bien qu'on ne cèdera pas. Parce que comme le dit votre chef, on est des dégénérés bon à rien."

Elle se tourne vers la danseuse bleue :

"- Beaucoup sont allés faire le pied de grue au palais, en vain. On ne veut pas, ou ne peut pas nous recevoir.
Voilà ce qu'est Séridia en ce moment, aux prises avec son général tyran. Souvenez vous bien, c'est lui même qui nous a chassé du palais pour ne plus jamais nous y faire revenir.
Tout ça, ne pouvait finalement se finir ailleurs qu'ici."

Après un court silence elle ajoute, sur le coup d'une réflexion beaucoup plus profonde :

"-Reca, si tu es fâchée après, pitié, cette fois, ne t'en prends pas à mes oreilles."

[Lasud]

La Taverne du Nain Joyeux ressemble à un chantier avec deux contremaitres se querellant sur les plans. Une partie de la soldatesque forme déjà un demi-cercle autour de Reca, encouragée par un chef de patrouille aboyant ses instructions. Le Kultar gémissant est toujours pendu au bras de l'Eldorian pendant que son ami improvisé, le Nain à la barbe en sauce, le tire par la culotte. Le reste de la troupe sort prestement l'épée du fourreau. Elle s'apprête à fondre sur la clientèle qui n'a pas pu s'échapper et sur les maigres renforts maniant les piques philosophiques.

"Premier groupe, sortez la tavernière d'ici et menez-la au Palais ! hurle le meneur. Deuxième groupe en barrage, nettoyez-moi cette chienlit !

- Allons vous autres ! ajoute un fantassin excité par la chaude ambiance. Puisque ces drôles nous invitent à danser, apprenons-leur les mêmes pas qu'aux orques de Nord-Thyl. Chacun sa cavalière !"

Une vague de métal et de cuir engloutit rapidement la pauvre tenancière. Son balai à terre, Reca n'a pas la force de se défaire de la tenaille militaire. Elle crie et gesticule sans émouvoir ses chiens de garde. De l'autre côté de la salle, formant un mur se rapprochant de la porte demeurée ouverte, le second peloton cherche à rabattre ceux qui résistent vers la sortie.

"Jetez-moi tout ça dehors ! Qu'on en finisse ! ordonne le chef de patrouille. Et vous ! Emmenez la dame chez notre questionneur.

- Celui-là aussi, chef ! Et son copain le Nain avec ! enchérit le soldat aux cicatrices, décidé à emporter son butin. Ils sont suspects, ils sont tous..."

Surpris par l'apparition subite d'une silhouette familière, l'Eldorian ne termine pas sa phrase et lâche sa proie. Le Kultar et le Nain enlacés comme deux partenaires de bal, emportés par leur élan, tournent ensemble sur une courte distance avant de chuter lourdement.

"Sénéchal Lasud ? demande prudemment le gradé. Vous n'êtes pas chargée de superviser les défenses de la Capitale ? J'ai cru comprendre...

- ... que vous seriez tranquille pour opérer votre forfait ? coupe sèchement Lasud. Je suis ici pour me rendre compte à quel point vous outrepassez vos ordres de mission.

- Je n'obéis qu'aux maîtres du domaine et j'accomplirai...

- ... quarante jours de geôle si vous persistez à me contredire. Commencez par libérer votre otage, ensuite vous me ferez le plaisir de déguerpir de cet honorable établissement, vous et vos sbires. Je ne sais qui vous pousse à tant de zèle, mais je mènerai mon enquête.

- Sauf votre respect, insiste le chef de patrouille, vous n'êtes pas mon commandant. Mes instructions sont formelles, quiconque pactise avec les comploteurs et les affameurs doit être mené devant les autorités. Qu'on emmène la tavernière, de gré ou de force ! Exécution !"

Désarçonné par tant d'aplomb, le loyal général doit réagir rapidement, mais comment arrêter une troupe armée et entrainée, bien décidée à terminer sa mission ?

[torino]

*Tout comme son compatriote Meynaf, l'Elfe apparait, près de Lasud cette fois, dans une gerbe d'étincelles argentées. Lumineuse, certes, mais moins vive que l'apparition de l'autre Mage.

L'Elfe jette ensuite un regard à la ronde pour vérifier une nouvelle fois la situation, puis jette un regard complice à Meynaf une seconde avant de retourner la tête vers le Chef de Patrouille, les mains bien sur son bâton et le regard virant noir et flamboyant, une étincelle y étant logée*

Ainsi donc, il faudra enfermer et interroger la Sénéchale Lasud puisque cette dernière tente de protéger Dame Reca?

Replacez donc vos idées dans ce qui vous sert de cervelle: La tenancière de cet établissement permet aux habitants de ces îlots de se nourrir, pas comme vous qui affamez réellement vos prisonniers, comme vous le dites, afin de garder davantage pour vous! Vous qui emprisonnez quiconque vous plaise et vous encore qui festoyez au palais pendant que le petit peuple demande pitance!

Sortez donc d'ici immédiatement avant que la situation ne dégénère encore davantage. Pour cela au moins vous aurez un talent: Aggraver les choses. Pourquoi ne pas nous faire voir le Seigneur Luxin? Son frère le général Ernek? De quel vil comploteur initiateur d'un coup d'état viennent vos ordres? Ce doit bien être la raison de cette assurance face au Sénéchal, face aux aventuriers, face aux honnêtes gens, non?

Allez, sortez et présentez-le-nous cet imposteur! Autrement, si vous cherchez à rester ici... vous n'atteindrez de toute façon pas vos objectifs car nous ne changerons pas de position avant des explications et votre départ. Le choix vous appartient entre un bain de sang et une légère utilisation de ce qui repose sous votre casque, en espérant que votre lame ne soit pas trop vive pour vos méninges...

*Et sur ce, l'Elfe reprit une prise combative sur son bâton d'une main, gardant l'autre près d'une poche de son manteau, prêt à l'action. Sans un mot, d'un discret mouvement du poignet, le bâton touche la Sénéchal Lasud, le même sort que précédemment s'effectuant et la peau de Lasud se durcissant, changeant une fraction de seconde de couleur et durcissant légèrement, une puissance nouvelle se faisant aussi sentir dans les muscles de la native.

Quoi qu'il puisse arriver, il était aux côtés de Lasud, qui bénéficiait de sa magie, qui avait déjà fait ses preuves et savait quelques individus de confiance à proximité. Ensemble ils résisteraient et seraient au plus efficace de leurs capacités*

[Fluette]

Des pas lourds, et des éclats de rire "gras" se font entendre derrière la porte de l'entrée, Fluette entre en trompe dans la taverne.

Ours à la bière ou Cerf à la bière raaa Fluette hésiter!

La Galdure s'arrête net, et regarde le magnifique spectacle.

Grouwf.... *une sourire carnassier commence à se dessiner*

Grouwaaa, ça bonne Baston là!! Nains avoir dit à Fluette ça être bonne taverne! *commence à remonter ses manches*

[Din_beleg]

Alerté du grabuge en cours à la Taverne, Dîn s'y téléporte immédiatement. Discrètement il se faufile aux côtés de Torino. Du grand manteau jeté sur ses épaules ne dépasse que sa main droite, fermement agrippée à un solide bâton de bois.

[Sidwell]

Ses sens toujours en éveil à l'affût d'un quelconque danger que l'un de ses proches pourrait rencontrer, Sidwell apparait dans la Taverne quelques secondes après son frère.

En fait, elle n'avait pas ressenti uniquement l'appel de Dîn, mais également celui de ses deux autres amis Mages.

Son bâton bien serré dans sa main, Sidwell observe avec un calme apparent toutes les personnes présentes afin de comprendre ce qui se passe.
Les personnes qui la connaissent bien peuvent déceler son inquiétude, mais également sa détermination témoignant d'une promptitude à l'action étonnante.

[Skwyrell]

Skwyrell entre et dévisage brièvement tout le monde d'un regard sombre. Il force un peu le passage et lance une bourse à Reca.

"Voilà Dame, le restant de mes dettes..."

Il fait demi-tour et reproduit le même schéma avant de sortir sans que personne ne comprenne pourquoi.
Il se dit qu'avec un peu de chance Reca apercevra la bague de Séridia accrochée au cordon de la bourse et saura en faire usage si cela continue de dégénérer.