Désordre au Palais du Divin Fingel

(année 2010)
EssPyi
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Désordre au Palais du Divin Fingel

Message par EssPyi »

Ess'Pyi est paisiblement en train de travailler sur des archives kultares lorsque une petite troupe passablement excitée fait une entrée bruyante et remarquée entre les rayonnages. Intriguée autant qu'effrayée, la vénérable dame referme un ouvrage lourd et poussiéreux compilant de nombreuses recettes médicinales à base de liqueurs et de plantes. Puis elle lève la tête, rehausse d'un rapide coup d'index ses fines lunettes sur son petit nez et fronce ses noirs sourcils.

Les bougres sont rapidement rattrapés et malmenés par la soldatesque postée non loin de la porte principale. Aux coups de bouclier dans le dos et de bâton dans les côtes répondent des jets de livres et de chaises. Le métier des gardes permet toutefois de rapidement cerner les velléitaires et de refroidir leurs ardeurs. Un brave Eldorian aux mains calleuses et au visage creusé hurle plus fort que les autres :

"C'te honte ! Où qu'il est le Seigneur ? Il sait comment qu'on traite nous autres ici ? Nos maisons, elles sont plus du tout sûres. Nos champs, ils donnent plus rien d'bon. Et quand on s'plaint de not' misère, on nous insulte de culs terreux et on nous bat ! Où qu'il est le Seigneur ? On veut le voir maintenant ! On veut lui dire que des aventuriers nous parlent sans respect. On veut lui raconter que ses soldats, au lieu de nous défendre, ils nous frappent."

Un sergent aux larges épaules et au regard mauvais, de toute évidence peu sensible aux arguments du malheureux, encourage ses hommes à davantage de fermeté. D'une voix grave et puissante, il aboie ses instructions :

"Serrez-moi ces gens, qu'ils tâtent bien l'épaisseur de vos armures et sentent assurément le tranchant de vos lames ! Ils y réfléchiront à deux fois avant de poursuivre leur scandale. Quand nos patrons reviendront, je refuse qu'ils découvrent cette foire. Hors de question que nous finissions à surveiller les routes montagneuses."

Pleurant à chaudes larmes et levant très haut une affiche froissée et en plusieurs endroits déchirée, un gaillard galdur aux grands yeux clairs et à la mâchoire carrée interpelle la frêle bibliothécaire :

"Regardez madame Ess'Pyi ! Regardez ce que dit cette Capuche sur notre Seigneur. Qu'il ne s'inquiète plus de nous. Qu'il nous laisse à notre sort. Qu'il se satisfait de son trône et de sa couronne. C'est vrai ? Notre souverain nous a oubliés ? Il est donc devenu un despote ? C'est partout la guerre. Et même que c'est la disette aujourd'hui. C'est un signe madame Ess'Pyi. On se laissera pas faire. On veut notre part, qu'on nous laisse choisir aussi notre avenir. On a de bons chefs qui savent quoi faire, il faut les écouter et leur donner du pouvoir en partage. Chaque peuple doit recevoir le droit de vivre comme c'est sa tradition."

Décontenancée, Ess'Pyi demeure muette. Elle se sent soudain si lasse et si loin.

Din_beleg
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Re: Désordre au Palais du Divin Fingel

Message par Din_beleg »

Dîn Beleg a lu l'affiche qui fait tant parler d'elle. De passage dans la Taverne de Reca, il a écouté avec attention les propos tenus forts et les conversations enflammées autour de lui. Il a entendu aussi, comme de nombreux aventuriers, des paysans crier famine et réclamer du pain. Après avoir ruminer un moment en silence, il a finit par parler un peu autour de lui, pressentant que ces troubles n'étaient pas anodins.

Par la Brume.. Ce n'est pas que la faim qui hurle ces temps-ci, ou la peur. Il y a autre chose qui se fait jour il me semble, une phrase dans cette affiche, des propos saisis ici ou là.
Il répète de mémoire :
"Il est temps que vous aussi puissiez décider de votre vie et de votre avenir. Que continue de régner le roi fantôme dans sa tour d'ivoire. Mais s'il ne désire plus gouverner, qu'il laisse au moins chaque communauté organiser sa défense et sauver son existence autour de ses chefs légitimes."
C'est une volonté d'indépendance, une volonté de retrouver des chefs plus proches des peuples, plus proches des traditions..
Combien est légitime cette aspiration.. ça n'apporte rien de bon d'ignorer qui nous sommes, de mélanger les cultures, oublier les racines, faire son marché parmi les pratiques des peuples.. Et cela n'a pas fait avancer d'un pouce cette légendaire unité.
S'il fallait d'abord en passer par l'autonomie des peuples, se souvenir des siens, retrouver des racines et un destin commun ? C'est après tout une voie que les aventuriers ont pour quelques uns tentés de défricher.. et pourquoi pas avec les natifs ? Est-on plus éloignés des natifs de notre peuple que des aventuriers de peuples différents ?
Dîn Beleg
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Elzeberith
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Re: Désordre au Palais du Divin Fingel

Message par Elzeberith »

L'elfe aux cheveux de lune avait appelé sans faillir durant les jours qui précédèrent la première affiche, chacun à faire cas de conscience et à en venir aux actes plutôt qu'aux sermons. Force était de constater que ses efforts étaients vains, chacun préférant s'enferrer dans la plainte ou s'en remettre aux armes contre les messagers.
Ce Capuche avait encore de beaux jours devant lui, à n'en pas douter.


"Mon cher cousin,
vos paroles pleines de raisons me touchent en plein coeur. Comme vous, je pense qu'il faut au petit peuple plus que des promesses, mais bien l'opportunité de pouvoir gouverner comme il l'entend la terre qu'il fait fructifier au péril de sa santé... ou de sa vie.
Vous aussi, avez compris que ce Luxin, non content de scinder ses gens en castes, les affament et les terrorisent pour mieux les soumettre à son pouvoir.
Et quel pouvoir ?"

Elzeberith porte dans un geste fugace la main à sa poitrine, puis avance sa paume tendue vers chacun des badauds qui se trouvaient là.

"Le pouvoir de vous oublier. Celui également de vous tourner le dos face au pire, pour ne garder que les louanges des victoires.
Et si les appels de La Capuche ne sont pas suffisant ? Et si nous affamer, nous aventuriers, indiffèrent aussi le roi fantôme ?
Prenons ce qu'il ne veut plus nous donner !

Il refuse de nous entendre, préférant que ces chiens de fer militaires fassent le vilain travail à sa place !
Soit, alors faisons lui comprendre que nous n'avons pas peur d'eux. Car notre demande va au-delà de tout ceci mes amis. Il n'est plus question d'avoir peur, lorsque le désespoir atteint ce seuil. Il n'est plus question d'espérer, quand chaque heure qui s'écoule nous éloigne un peu plus de notre dignité volée.

Je vous le dis, s'il faut crier, nous crierons !
s'il faut brûler ! Nous brûlerons.
Et si cela n'est pas suffisant, alors les nantis, les favoris du couronné seront les premiers à souffrir. Et si de leurs cris il reste également sourd..."

Le silence est tout à coup terrible.

Chacun comprend, guidé par une pensée depuis toujours enfouie, ce que laisse entrevoir le feu passioné qui danse dans les prunelles de l'elfe de la nuit. Des yeux se croisent, cherchant approbation dans le regard de leur voisin.

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Fharath
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Re: Désordre au Palais du Divin Fingel

Message par Fharath »

Fharath une épée à la main plante son regard dans celui d'un garde et le dévisage quelques secondes pour le convaincre de sa détermination.
Les salauds... marmonne-t-elle à l'adresse de ses voisins les plus proches.
Vous les voyez sous leur vrai jour.
FAIBLES ! Quand ils doivent vous protéger.
FORTS ! Quand ils doivent vous rosser.

Après quoi elle baisse les yeux, se plongeant dans ses pensées mélancoliques, rare, heureusement, et elle avait appris à chasser ses souvenirs importuns et douloureux dès qu'ils surgissaient. Un regard intense d'un visage particulièrement intelligent la fait sortir de sa torpeur. Elle le fixe, puis détourne son regard sur le paysan le plus proche.
Regardez le manque de réaction de votre seigneur Luxin, si on doit encore le nommer ainsi.

Fharath se retourne vers une immense porte en bois massif. Son bras en désignant la foule.
Aujourd'hui, le peuple est là, il demande à te voir.
Regarde-les, des écorchés vifs, leur haine les rend fanatique, ils peuvent se révéler dangereux.
Cesse de te cacher, ne surenchérit pas après une grève des activités pour nous nourrir par une fête du travail instauré par ton père.
Ton père est mort, tu es le seigneur a présent. Et aujourd'hui 18 du félinien du fingelien 378 montre nous ton altruisme.
Tu épargneras bien des vies.

Elle se retourne vers le groupe composé de natifs et d'aventuriers en fixant son regard sur une personne en particulier, lève son épée et crie.
Où que tu sois La Capuche, nous sommes là pour faire entendre ta voix. Il te faut des armes pour ton armée, tu les AURAS. Il te faut des guerriers pour changer la vie du peuple, tu les AURAS.

Dans un ultime souffle.
N'abandonnez pas la lutte!

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