Désordre au Palais du Divin Fingel
Publié : 29 sept. 2010, 23:07
Ess'Pyi est paisiblement en train de travailler sur des archives kultares lorsque une petite troupe passablement excitée fait une entrée bruyante et remarquée entre les rayonnages. Intriguée autant qu'effrayée, la vénérable dame referme un ouvrage lourd et poussiéreux compilant de nombreuses recettes médicinales à base de liqueurs et de plantes. Puis elle lève la tête, rehausse d'un rapide coup d'index ses fines lunettes sur son petit nez et fronce ses noirs sourcils.
Les bougres sont rapidement rattrapés et malmenés par la soldatesque postée non loin de la porte principale. Aux coups de bouclier dans le dos et de bâton dans les côtes répondent des jets de livres et de chaises. Le métier des gardes permet toutefois de rapidement cerner les velléitaires et de refroidir leurs ardeurs. Un brave Eldorian aux mains calleuses et au visage creusé hurle plus fort que les autres :
"C'te honte ! Où qu'il est le Seigneur ? Il sait comment qu'on traite nous autres ici ? Nos maisons, elles sont plus du tout sûres. Nos champs, ils donnent plus rien d'bon. Et quand on s'plaint de not' misère, on nous insulte de culs terreux et on nous bat ! Où qu'il est le Seigneur ? On veut le voir maintenant ! On veut lui dire que des aventuriers nous parlent sans respect. On veut lui raconter que ses soldats, au lieu de nous défendre, ils nous frappent."
Un sergent aux larges épaules et au regard mauvais, de toute évidence peu sensible aux arguments du malheureux, encourage ses hommes à davantage de fermeté. D'une voix grave et puissante, il aboie ses instructions :
"Serrez-moi ces gens, qu'ils tâtent bien l'épaisseur de vos armures et sentent assurément le tranchant de vos lames ! Ils y réfléchiront à deux fois avant de poursuivre leur scandale. Quand nos patrons reviendront, je refuse qu'ils découvrent cette foire. Hors de question que nous finissions à surveiller les routes montagneuses."
Pleurant à chaudes larmes et levant très haut une affiche froissée et en plusieurs endroits déchirée, un gaillard galdur aux grands yeux clairs et à la mâchoire carrée interpelle la frêle bibliothécaire :
"Regardez madame Ess'Pyi ! Regardez ce que dit cette Capuche sur notre Seigneur. Qu'il ne s'inquiète plus de nous. Qu'il nous laisse à notre sort. Qu'il se satisfait de son trône et de sa couronne. C'est vrai ? Notre souverain nous a oubliés ? Il est donc devenu un despote ? C'est partout la guerre. Et même que c'est la disette aujourd'hui. C'est un signe madame Ess'Pyi. On se laissera pas faire. On veut notre part, qu'on nous laisse choisir aussi notre avenir. On a de bons chefs qui savent quoi faire, il faut les écouter et leur donner du pouvoir en partage. Chaque peuple doit recevoir le droit de vivre comme c'est sa tradition."
Décontenancée, Ess'Pyi demeure muette. Elle se sent soudain si lasse et si loin.
Les bougres sont rapidement rattrapés et malmenés par la soldatesque postée non loin de la porte principale. Aux coups de bouclier dans le dos et de bâton dans les côtes répondent des jets de livres et de chaises. Le métier des gardes permet toutefois de rapidement cerner les velléitaires et de refroidir leurs ardeurs. Un brave Eldorian aux mains calleuses et au visage creusé hurle plus fort que les autres :
"C'te honte ! Où qu'il est le Seigneur ? Il sait comment qu'on traite nous autres ici ? Nos maisons, elles sont plus du tout sûres. Nos champs, ils donnent plus rien d'bon. Et quand on s'plaint de not' misère, on nous insulte de culs terreux et on nous bat ! Où qu'il est le Seigneur ? On veut le voir maintenant ! On veut lui dire que des aventuriers nous parlent sans respect. On veut lui raconter que ses soldats, au lieu de nous défendre, ils nous frappent."
Un sergent aux larges épaules et au regard mauvais, de toute évidence peu sensible aux arguments du malheureux, encourage ses hommes à davantage de fermeté. D'une voix grave et puissante, il aboie ses instructions :
"Serrez-moi ces gens, qu'ils tâtent bien l'épaisseur de vos armures et sentent assurément le tranchant de vos lames ! Ils y réfléchiront à deux fois avant de poursuivre leur scandale. Quand nos patrons reviendront, je refuse qu'ils découvrent cette foire. Hors de question que nous finissions à surveiller les routes montagneuses."
Pleurant à chaudes larmes et levant très haut une affiche froissée et en plusieurs endroits déchirée, un gaillard galdur aux grands yeux clairs et à la mâchoire carrée interpelle la frêle bibliothécaire :
"Regardez madame Ess'Pyi ! Regardez ce que dit cette Capuche sur notre Seigneur. Qu'il ne s'inquiète plus de nous. Qu'il nous laisse à notre sort. Qu'il se satisfait de son trône et de sa couronne. C'est vrai ? Notre souverain nous a oubliés ? Il est donc devenu un despote ? C'est partout la guerre. Et même que c'est la disette aujourd'hui. C'est un signe madame Ess'Pyi. On se laissera pas faire. On veut notre part, qu'on nous laisse choisir aussi notre avenir. On a de bons chefs qui savent quoi faire, il faut les écouter et leur donner du pouvoir en partage. Chaque peuple doit recevoir le droit de vivre comme c'est sa tradition."
Décontenancée, Ess'Pyi demeure muette. Elle se sent soudain si lasse et si loin.