La veillée

[Cheven]

La nuit commence à tomber sur Pierre-Blanche. À la demande du Seigneur Luxin, la Représentante Cheven s'apprête à convoquer le Syndicat des Natifs. L'organisation doit mettre sur pied une logistique d'urgence pour dresser l'inventaire des ressources disponibles et les mettre en adéquation avec les besoins généraux.

La Haut-Elfe, avant d'entamer sa tournée des responsables, fait un détour par la salle communautaire - un ancien temple désaffecté et réaménagé par l'ensemblière bleue Yorwan - pour s'assurer qu'elle conviendra aux futures discussions. Entrant dans le petit bâtiment et laissant la porte ouverte, elle a la surprise de découvrir une poignée de gens débattant passionnément des derniers événements. La porte-parole du souverain reconnait la plupart des personnes présentes, pour l'essentiel de petits notables des environs. Tous alors font silence et se tourne vers l'inopportune arrivante qui naturellement s'étonne.

"Mais... Si je m'attendais à trouver du monde ici..."

Une première réponse fuse, cinglante, lancée par un Sinan drapé dans sa cape de velours et tapotant nerveusement ses doigts contre le fourreau de sa dague.

"Ah ! C'est vous, Représentante Cheven ? Seriez-vous venue pour espionner les sujets du Seigneur ? Pensiez-vous découvrir un quelconque complot visant à renverser le Trône ? Hin hin hin ! Quelle déception, n'est-ce-pas ? Ce n'est pourtant qu'une sauterie d'anciens combattants, l'une de ces rencontres informelles où les serviteurs du domaine narrent leurs anciens exploits. Nous nous demandions, à ce propos, si nos éprouvantes aventures d'autrefois nous vaudraient éventuellement paiement de gages ? Après tant de fingéliens à nettoyer le palais de ses crottes de gobelins, cela ne serait pas scandaleux. "

Son vis-à-vis immédiat, un large Galdur portant une armure dont les entailles et les bosses narrent bien des combats, complimente l'Homme et apostrophe Cheven.

"Vous avez bien parlé, ami ! Car si nous étions payés le prix de nos peines, nous serions plus riches que les rois nains. Nos épées ont tournoyé jusqu'à enrhumer les orques. Nos boucliers ont porté trop de camarades vers leur dernière demeure. Mais nous n'exigeons pas trop. Que le droit de considérer ces maisons que nous habitons comme nos foyers. Nos chefs ont sacrifié leurs vies à défendre ces terres, ils doivent maintenant réclamer le paiement comptant de leur engagement. Les titres ne coûtent rien au donateur car ils ne valent rien sans privilèges."

Un troisième intervenant, barbe peignée et nattes lustrées, jusqu'alors assis et dodelinant de la tête, paraissant profondément absorbé par sa réflexion, sort de son altière réserve. Levant les yeux et plongeant son regard dans celui de la dame, il confie son opinion d'une voix rocailleuse.

"L'honneur et la fierté de mes compagnons sont blessés. Pourtant, aucun de ces gens ne pensent à mal. Ils expriment à leur façon, selon les usages particuliers dont ils sont les gardiens, l'exaspération du plus grand nombre. Vous n'étiez pas conviée, Cheven, mais puisque vous êtes apparue, apprenez deux choses : la première est que nous ne soutenons pas cette ombre dissimulée sous sa capuche, qui parle lâchement et sottement ; la seconde est que nous n'avons toutefois plus l'intention de laisser une seule famille eldoriane diriger notre monde. Les pionniers étaient les pairs d'Elouin, les colons ne sont plus que les serviteurs de Luxin. Accomplissez votre mission, allez rendre compte à qui de droit de notre infaillible volonté."

L'affable fille du Général Lasud, comprenant l'inutilité d'exprimer une humeur mauvaise, répond posément aux détracteurs de la Couronne.

"Vos doléances sont compréhensibles et vos manières traduisent une grande amertume. Je saisis aisément que vous vous sentiez offensés, que vous ayez l'impression de n'être que des vassaux plutôt que des amis. Mais notre Seigneur Luxin n'a-t-il pas toujours fait preuve de douceur et de patience avec ses plus loyaux sujets ? N'a-t-il pas octroyé à nos communautés les libertés nécessaires à leur développement et à leur épanouissement ? N'est-il pas l'héritier légitime d'Elouin, de celui qui aborda et ravit ce navire aux Landes perfides afin d'offrir aux mortels la plus belle des revanches ? Je vous en prie, dans un moment aussi grave, où la guerre est féroce et où les vivres manquent, nous ne devons pas nous tromper d'ennemi. Les chefs de nos communautés rencontreront bientôt leur suzerain. Je suis persuadée qu'après toutes les rénovations urbaines et toutes les transformations institutionnelles concédées aux peuples méritants, le Seigneur Luxin continuera d'œuvrer pour le bien collectif."

Derrière Cheven, attirés par la lueur des bougies et les éclats de voix, quelques badauds aventuriers et natifs commencent à se regrouper pour ne rien manquer des échanges. Les avis sont partagés, les attitudes sont diverses. Nul ne connait encore l'avenir séridien.

[Elzeberith]

Une femme elfe, sombre de surcroît, s'arrête un instant sur le seuil, prêtant oreille aux discussions. Sa mise sobre et seyante signe le bon goût de ceux qui ont grandit dans une maison où ni les vivres ni les livres ne manquent.Un instant, la lassitude s'empare d'elle. Dans le bourdonnement des éclats de voix des mâles, il lui prend l'envie de s'accouder au chambranle de la porte, et de claquer des doigts pour que la vie redevienne simple, comme avant.
Néanmoins, elle n'en fait rien. Elle avance d'un pas, jusqu'à ce que la lumière de la pièce l'embrasse et découvre son visage. On devine dans sa main gauche, reposant contre sa hanche, un petit éventail en bois de rose et aux plumes de cockatrices.


"Je vous plains Cousine. Vous devez plaire à votre Seigneur, faire honneur à votre mère, ceci tout en ne trahissant ni vos propres croyances ni vos amis natifs, ni votre peuple, alors même certainement que chacun place en vous des espoirs bien différents.
Et vous le savez, au fond de vous, vous ne pourrez tous les contenter. Il y aura des déceptions, peut être des rancoeurs.

Mes beaux seigneurs, ma cousine n'est ni Luxin, ni les petites gens qui pleurent et brandissent leurs enfants devant la demeure de Tarsengaard espérant ainsi attirer la pitié des leurs.
Comme moi, elle entend vos demandes, mais ne peut y répondre.

Bien sûr, vous avez donné plus que ce que l'on ne pouvait exiger de vous pour poursuivre le rêve de vos aïeuls. Les Maudites vous ont pris plus d'amis que vous n'avez de doigts pour les compter. Vous me direz, quelle pension pourrait effacer la peine de les savoir disparu à tout jamais ? Aucune, bien entendu, nous en avons ici tous conscience. Pourtant, cela réchaufferait certaines blessures de guerre que de savoir que vous pourriez vous établir enfin, et tirer autant que possible du repos de cette retraite méritée.
Mais las, ce n'est aujourd'hui pas possible, et cela doit changer.

Cependant, mes beaux seigneurs, vous ne devez pas oublier ceux que vous avez durement protéger face à bien des périls. Votre vaillance n'a pu les protéger de tout, et les voici maintenant démunis, perdus, incapables même de faire savoir qu'ils sont là, faibles qu'ils sont. Ce petit peuple pour qui vous vous êtes sacrifié une vie durant, ce peuple qui entretient vos terres, vous devez une dernière fois le protéger sans quoi, le labeur de votre vie sera vain."

Elle parle plus fort à présent, voulant être certaine que ceux qui sont dans la rue l'entendront.

"Cette Dame craint la violence car elle craint de décevoir son Seigneur, et elle a parfaitement raison, de la violence il y en aura si aucun de vous ne vient frapper le poing sur la table. Ce n'est pas une menace, c'est le constat que nous sommes tous en mesure de faire.
Luxin vous a utilisé, il avait besoin d'une terre en paix pour asseoir sa couronne d'héritier, et son ambition achevée, il semble qu'il ait tiré toute la couverture vers lui. Votre poigne, avec l'appuie de vos frères et soeurs, peut rétablir l'équilibre.

Et s'il se refuse à partager ?
Je vous sais capable d'user de la manière forte pour qu'il comprenne l'importance de vos exigences."

Elle pointe son éventail fermé vers eux d'un mouvement grâcieux du poignet.

"Votre message nécessite des Hérauts devant lesquelles les portiers s'inclineront."

[Meynaf]

L'elfe blond à la pelisse brune pousse doucement le vantail de la porte de sa main libre. D'un pas gracieux, il entre dans la pièce ; tandis qu'il marche, on peut entendre le léger "poc" provoqué par son bâton qui scande le sol à chacun de ses pas. Son visage est serein, et un léger sourire vient ourler ses lèvres délicates.

Tandis qu'il cherche un endroit où s'asseoir, il salue les présents, gratifiant Elzeberith d'un sourire, s'inclinant galamment devant Dame Cheven et adressant un signe de tête aux trois autres présents, y compris le sinan qui joue nerveusement avec son couteau, et le nain qui visiblement, se demande combien d'autres gens "non conviés" viendront encore se joindre à eux.

Avisant un coin libre, propre et sec sous une fenêtre, il s'y dirige ; les vitraux cassés laissent passer le soleil dont les rayons semblent jouer avec l'or de ses cheveux. Il prend une pose d'attente, appuyé sur son bâton, l'air faussement détendu... car il sent que ce qui est sur le point de se dire ici est susceptible de changer notablement la face des îlots, et que comme toujours, les débats risquent d'être houleux.

Contrairement à son impétueuse "cousine" à la peau sombre, il préfère ne pas prendre la parole de suite, mais écouter ce qui se dit auparavant.

[L'inconnu]

Un vieil homme marchant lentement entre dans la pièce, attiré par les paroles qui s'en échappaient. Il comprend qu'il est en plein dans une réunion conflictuelle et s'éloigne de la porte, s'installant sur une chaise dans un coin d'ombre.
Sa mise n'attire pas le regard sur lui, un caperon sombre cache son crâne chauve, mettant en valeur sa barbe blanche, ses habits sont classiques et de bonne coupe mais ne sont pas richement apprêtés. Ses mains sont rongées par l'arthrite et chaque mouvement lui semble douloureux. Vous ne l'avez jamais croisé, sans doute parce qu'il arrive à peine de Trépont. Il sort une pipe de sa besace et la bourre lentement, écoutant attentivement ce qui se dit, silencieux et discret. La fumée qui peu à peu l'entoure monte dans l'ombre, légèrement parfumée à l'anis.Les paroles de la sombre l'interpellent peut être, le silence de l'elfe également, mais son regard se pose surtout sur les visages des Natifs, comme s'il avait senti la différence entre les deux groupes.

[Meynaf]

Voyant le vieil homme arriver, Meynaf décide d'approcher un banc pour lui permettre de s'asseoir. Tout bas, il ajoute avec un sourire :

"Bienvenue, vieil homme. Asseyez-vous donc, vous serez plus confortable."

[jessi]

La rumeur va bon train dans le Ilots . Un Eldorian s'approche du temple et y pénètre .
" Je vous salue tous . Je me nomme Jessi , Aventurier Eldorian .

• J'côtoie pas grand-monde et j'cause pas souvent parce que j'y comprends "comme un castor" à la politique , mais j'ai eu vent des problèmes qui font se soulever la population du coin ; j'en vient aux faits :
  pour me nourrir , j'me sers dans vos champs ou sur vos arbres , je récolte aussi du miel que je transforme , bref , si ça crêve la faim dans vos villages , j'suis pas contre mettre la main à la poche .
  Si vos representants discutent avec les notres et proposent une taxe pour que vos gosses et vos vieux mangent à leur faim , ça me f'ra même plaisir de donner régulierement des lumens ou des objets manufacturés que vous pourrez revendre pour les temps difficiles .
  Maintenant , j'ai p'tèt rien compris à ce qui vous réunis . Si c'est des histoires d'pouvoir , j'vous laisse continuer vot' causerie , merci de m'avoir écouté , faut qu'j'retourne à mon travail , à bientôt . "

Sort du temple .

[Fharath]

Fharath quitte le lieu de son dernier discours face aux gens en colère comme un animal que l'on vient de débusquer de sa tannière, et emboîte le pas à la native elfe de Corren. Au passage elle bouscule l'homme remarqué dans la foule, lui glisse une missive dans la poche.

Fharath essayait de se calmer. Bien qu'elle conservât un visage impénétrable en gagnant la porte laissée ouverte par Cheven. Elle était en proie à une fureur mêlée de frustration qu'elle avait bien dû mal à dissimuler.
Elle se calme doucement en arrivant dans la pièce, regarde autour d'elle.
J'adore l'atmosphère délicieusement décadent qui règne ici.
Ils devraient servir de la nourriture à l'image du délabrement général.

D'un geste de la main en désignant un coin de la salle.
Ici une montagne de pains secs, a moitié pourris, en train de se rassir sous un tissu constellé de toiles d'araignées.

De l'autre main.
Et là, des bouteilles de vin poussiéreuses, frelatées par la mauvaise conservation due à une mauvaise gérance des responsables.

Préférant changer de sujet : Fharath s'adressant à sa soeur tout en s'essuyant les yeux à l'aide d'un mouchoir brodée de fleur de lys, bordé d'une splendide dentelle.
Soeur, vos mansuétudes à l'égards de ces seigneurs m'abattent. Vous m'en faites jaillir des larmes surgies de Dieu ne sait quel coin perdu de mon coeur au bord de mes paupières, chaudes, brûlantes, irrépressibles.

Après quelques minutes, Fharath pense à autre chose et l'image de ce natif remarqué parmi la foule s'impose aussitôt à son esprit.

[Meynaf]

Le silence devient lourd, tout le monde se regarde en chien de faïence... Haussant mentalement les épaules, l'elfe blond se dit finalement que c'était le bon moment pour poser une question qui le tracassait depuis que la grogne populaire avait commencé.
Quittant les alentours du banc qu'il venait de proposer au vieil homme inconnu qui venait d'arriver, et attendant galamment que l'elfe noire nommée Fharath termine de parler, il s'avança un peu et dit : :

"Messires, il est inutile de nier la justesse de vos revendications. Vous souhaitez de la reconnaissance pour les efforts entrepris, et les sacrifices endurés. C'est légitime. Face à la souffrance, au manque de considération, vous souhaitez du changement, tout comme la Capuche, si on réfléchit bien. La Capuche, cependant, prône la révolte armée, vous semblez plus raisonnables et prêts à la discussion. C'est louable, et franchement, je vous rejoins là dessus."

Tout en parlant, l'elfe faisait les cent pas, lentement, silencieusement. On n'entendait plus le "poc" de son bâton frappant le sol. Il poursuivit :

"Toutefois, une question se pose, et je l'aurais tout aussi bien posée à la Capuche. Cette question, la voici : Que se passera-t-il lorsque Luxin aura été déposé ? Par quoi proposez-vous de le remplacer ? Allez vous mettre un seigneur à la place d'un autre ? Une Assemblée de Natifs, peut être ? Une oligarchie ?"

Meynaf, tout en parlant, regardait tour à tour tous les présents. Et de fait, dans la question qu'il s'apprêtait à poser, il voulait qu'on comprenne qu'il ne s'adressait pas seulement aux natifs mais aussi aux aventuriers.

"Et nous, les aventuriers, avons-nous un rôle à jouer là dedans ? Devons-nous prendre une plus grande part dans ce renouveau, alors même que pour la plupart des natifs nous sommes une nuisance plus qu'un bienfait ? "

[Chtø]

Une nuit de plus dans Pierre-Blanche, mais cette fois il n'y a pas que la ronde des gargouilles qui anime le coin, non. Des chuchotements et quelques éclats de voix, des lueurs bizarres et ça frétille dans l'air......Ça ne peut être qu'une chose...!

Sur la pointe de ses pieds, le bout des doigts frôlant l'herbe fraîche, Chto s'avance à pas de loup :
- Chuuut...Faut pas qu'ils nous voient...

Une fois sur place, ses grands yeux pleins d'étoiles se plissent d'un coup. La bouche en coin, une grimace contrariée, Chto s'approche des quelques badauds devant la porte :
-Je veux les voir, je veux les voir, je veux les voir !
Elle a beau sautiller, rien n'y fait, ces deux masses devant elle sont décidément bien trop grande:
-Bon, puisque c'est comme ça...

Chto recule un peu, attache la masse de ses cheveux de sa longue natte, gonfle le torse et...fonce dans le tas :
-JE VEUX LES.....!!
-...Nioupsss...
Après s'être faufilée, de force, entre les natifs agglutinés à l'entrée, la découverte de la salle et des présents, la fige dans son élan :
*Nom d'un caillou mou...c'est pas des farfadets ça...!*
Les yeux écarquillés elle observe les visages tournés vers elle, et réalise l'incongru de son arrivée :
-Euh....Bouh ?

Précipitamment elle se cache dans un coin près de la porte.
Il lui tarde le moment où on l'aura oubliée et où elle pourra tranquillement repartir à ses occupations...

[Darkheim]

Darkheim était entré silencieusement, afin de mieux suivre les débats.
Pour l'instant, tout semblait calme, ce qui augurait d'un dialogue intéressant.
Il alla s'installer non loin de l'Elfe Meynaf, qu'il appréciait.
Lorsque l'Elfe eut fini de parler, le vieux Nain s'avança et prit la parole, d'un ton calme et assurré, sans un mot plus haut que l'autre.

- Natifs et Aventuriers, permettez-moi de prendre la parole quelques instants. Je serais bref.
Depuis quelques jours, les Natifs réclament plus d'écoute de la part du pouvoir, plus de force politique, mais aussi une chose primordiale: croire en l'avenir. Cela est on ne peut plus juste, et nul ne peut leur enlever ce droit.
De ce que j'ai pu lire du tract du dénommé Capuche, on sent que ce cri vient du coeur.
Je vais juste donner mon sentiment d'Aventurier. Selon moi, nous, les Aventuriers, n'avons pas à attiser la violence, comme certaines personnes le font, peut-être involontairement. Nous n'avons pas non plus à dicter aux Natifs ce qu'ils doivent faire. Ils sont, je pense, les mieux à même pour prendre les décisions qui les concernent, quoiqu'on en dise.
Donc, nous n'avons pas à prendre une part directe dans ce débat.
Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas participer: car ce qui touche les Natifs nous concerne indirectement: nous commerçons avec eux, nous vivons avec eux en plus ou moins bonnes relations, ...
Il y a peut-être un ou deux jours, une idée a été proposée, et elle me semble bien plus efficace que de prendre les armes contre le Seigneur Luxin pour y porter les doléances des Natifs. L'idée est la suivante: qu'une délégation de Natifs, désignés par les Natifs eux-mêmes, de chaque peuple, accompagnés des représentants Aventuriers, aillent rencontrer le Seigneur Luxin, pour porter ces doléances si chères à vos coeurs. Les salles que possèdent les différents peuples pour discuter vous sont ouvertes pour que vous définissiez précisément les doléances qui seront portées au Seigneur Luxin.
Je pense que cette solution est préférable à celle de prendre les armes contre Luxin: il sera déjà plus enclin à vous écouter que si vous venez discuter armés de pied en cape.
Amis Natifs, sachez que les Aventuriers, dans leur grande majorité, ne veulent qu'une seule chose: vous aider. Vous pouvez compter sur nous. Mais, de grâce, je vous supplie de ne pas choisir une voie de non-retour, une voie qui, loin de régler des problèmes, en apportera d'autres: la voie des armes ne règle rien, ou ne règle que des peccadilles...

[Salilalulla]

Personne ne s'était aperçu de la présence de l'elfe sombre Salilalulla assise dans un coin
écoutant tranquillement ce qu'ils se disaient sans se mêler de la conversation.
A la fin du discours de Darkheim, elle poussa violemment le vase à coté d'elle contre le mur
le bruit fit sursauter la majorité de l'assemblée.
Elle lança un simple

Pardonnez moi je ne voulais pas vous déranger.

Puis continua d'écouter discrètement tout en aiguisant sa lame avec ses dents

[Elzeberith]

L'elfe aux cheveux opalins hôche imperceptiblement de la tête aux question de son cousin elfe, et, son attention détournée par le tonneaux-en-barbe derrière elle, tend l'oreille tout en surveillant sa jeune soeur aux dents longues. Le discours du nain achevé, elle entreprend d'y répondre d'un ton le plus aimable possible qui ne dissimule pas une pointe d'exaspération.

"Mais comment réussissez-vous encore à espérer qu'ils comptent sur nous ? Vous-même, vous ne pourriez dire sincèrement que vous aimeriez compter sur les étrangers qui vous exploitent et jouissent du fruit de votre travail sans témoigner de toute la reconnaissance que l'on peut attendre d'un tel forfait. Votre rengaine calquée sur la berceuse moralisatrice des grands manipulateurs de ce monde devrait s'éteindre, et vous, profitez de ce silence dans votre conscience vierge pour faire cas et état des choses telles qu'elles se présentent réellement.

Peccadilles la violence ?

Balivernes d'un vieux gâteux nain !

C'est la violence qui nous permet à tous de vivre sur cette île jour après jour. C'est la violence contre l'engeance féale qui a assis Elouin puis ses successeurs sur le trône de Séridia. Ce que vous appelez violence est aussi détermination, ambitions.
Et ne m'adressez pas ce regard faussement réprobateur, nous croirions alors que vous prétendez l'ambition mal des Tortueuses.

L'ambition nous pousse à exceller. Au grand dam de tout les conservateurs bouffis par le lucre de ces terres qui eux, se trompent en pensant ne plus rien avoir à acquérir ou améliorer. Nous n'irons nullement résoudre les tracas de nos chers natifs à leur place, et nous ne pourrons les accompagner dans cette démarche sans leur consentement au moins implicite."

Elzeberith sur ses paroles se rapproche de Fharath, laissant les curieux envahir l'espace qu'elle a libéré. Elle murmure quelques paroles douces à peine audible par ceux qui les entourent à l'oreille de la chasseresse.

"Vous et moi ne connaissons que trop bien le plaisir et les contraintes à servir une maîtresse juste. Comment ne pas les comprendre, eux qui n'ont plus cette chance, serfs d'un tyran non éclairé."

Elle étire lentement ses lèvres en un sourire sybilin, soutenant le regard de sa soeur.

[Cheven]

La confusion s'installe dans l'assemblée de plus en plus informelle.

Le natif sinan aux doigts agiles semble surpris en sortant de sa poche un morceau de tract. Sans aucun doute, c'est un bout de cette affiche publiée par la Capuche. Au recto, quelques mots enflammés appelant à se rendre au palais de Luxin. Au verso, une prose fine et nerveuse, ressemblant à s'y méprendre à un filet de sang séché. Froissant la feuille dans son poing, l'homme profite de l'agitation pour s'éclipser au plus vite sans être importuné.

D'autres natifs, dispersés dans la salle ou arrivant de l'extérieur, continuent de débattre fiévreusement. Les aventuriers aussi paraissent très partagés, certains tentant de calmer les plus agités quand d'autres appuient leurs doléances.

[Fharath]

Miraculeusement, après un exténuant discours du nain, Fharath pu reprendre l'éveil de tous ses sens.
Elle remua ses poignets en un geste affecté, se frotta les yeux injectés de sang.

Enfin, en entendant sa douce soeur Elzeberith pleine d'attention, elle ne put s'empêcher de sourire.
En ce moment, au plus sombre de la situation, ils ignorent qui peuvent bien pouvoir leur venir en aide. Nulle personne vers qui se tourner.. Il est bien heureux que certains d'entre nous sommes présents à leur côté pour faire porter leur voix un peu plus loin.

Puis soudain elle remarque le départ précipité du sinan. Elle réfléchissait à toute allure, en même temps qu'elle répondait à sa soeur.
Mêmes les animaux sont mieux traités.

Fharath se tourne vers son autre soeur richissime Salilalulla, elle lui indique du menton la sortie du sinan, d'un simple regard les deux elfes sombres se comprennent.

[Salilalulla]

Salilalulla se retourne vers le nain et lui chuchotte:

n'oubliez pas les chansons naines sur les biens faits de la nourriture et de la bière les
natifs ne savent pas ce que c'est de manger à leur faim.
Sur ces belles paroles je vous laisse à vos raillerie .

sors de la salle en saluant ses soeurs.