Avant de s'asseoir près de la cheminée, il commanda un ragoût de cerf, du pain, du fromage, un pichet d'eau fraîche et une chope de bière à la tenancière, en déposant le contenu d'une petite bourse de cuir finement gravé de symboles runiques, et attendit que son plateau soit servi par Réca pour atteindre sa place.
- Dîtes-moi, Dame Réca, puis-je placarder sur l'un des murs, les paroles d'une chanson que j'ai composée, avec l'aide d'un ami de mon peuple? Il s'agit d'une petite chansonnette sans prétention aucune, que j'ai écrite à propos de quelque chose qui me tient particulièrement à coeur: le peuple Nain.
La tavernière regarda le vieux Nain d'un oeil surpris, mais en même temps enjouée.
- Ma foi, je n'y vois aucun inconvénient. La Taverne du Nain Joyeux, comme son nom l'indique, est un endroit où l'on aime chanter et faire la fête, Maître Nain. J'espère qu'un jour vous viendrez la chanter vous-même!
Le vieux Nain souria à la tavernière.
- Moi aussi. En espérant qu'Hamal m'est doté d'une assez belle voix pour ne pas gâcher la chanson, hein! Le vieux Nain eut alors l'oeil pétillant, éclata d'un rire cristallin, et retrouva une meilleure humeur plus digne de son habitude, puis placarda le parchemin.
Le Chant de Nord thyl, de Darkheim aidé de Darin
I
Que jusque tout au bord,
On remplisse nos verres,
Qu’on les remplisse encore
De la même manière,
Car nous sommes les plus forts
Buveurs de blondes bières!
Refrain.
Car nous sommes bien
De bons vrais Nains!
Dignes de nos aïeux, ‘crévindieu!,
Car nous sommes comme eux, ‘crévindieu!,
Disciple de la bière,
Fils de la terre !
II
Nous ne craignons pas ceux
Qui dans la nuit nous guettent,
Les Féaux et Véreux,
Et leurs armées de squelettes,
Ni même que les cieux
Nous tombent sur la tête!
III.
Nous combattons toujours,
Avec la même rage,
Nous perdons certains jours,
Toujours avec courage,
C'est r'partit pour un tour,
Ça va être un carnage !
IV.
Et quand nous fermerons l’œil
Au soir de la bataille,
Pour fêter notre deuil
Qu’on fasse une guindaille
Et pour notre cercueil
Qu’on prenne une pierre de taille!
V.
Et quand nous paraitront,
D'vant Hamal nôtre père,
Sans craint' nous lui dirons :
« Autrefois sur ces terres,
Pour sûr, nous aimions
Que les naines et la bière ! »