Leowin sursaute en plein milieu de la nuit.
La chute récente des températures trouble son repos bien qu’elle apprécie ces changements de paysages. Elle se lève et s’approche doucement de la fenêtre creusée dans le bois. La pleine lune éclaire les pétales gelés des dernières fleurs. Le ciel est dégagé et dévoile ses étincelantes étoiles. L’elfe inspire profondément. Cette originale vision lui donne la vague impression de voyager loin de ces îlots.
Leowin se dirige vers la bibliothèque puis passe rapidement le doigt sur la tranche de ces nombreux livres. On peut découvrir de nombreux ouvrages portant sur les légendes des îlots, des recueils de poésie ainsi que de nombreux archives qui lui prennent tout son temps. Malgré tous les magnifiques livres présents, son doigt s’arrête sur une fine tranche abîmée. La rousse hésite puis finit par récupérer l’ouvrage. Il est poussiéreux et les pages sont très précairement assemblées.
Tremblante, presque angoissée, Leowin s’installe sur son lit, approchant la bougie du papier. Elle avait déjà eu l’occasion d’évoquer son passé mais elle n’avait jamais pris le temps de relire les lignes de cet écrit.
Alors qu’elle s’apprêtait à quitter le continent et ses proches, elle avait rencontré un voyageur qui avait décidé de la suivre un temps dans son périple. Elle avait fini par lui raconter son histoire et lui, avait pris sa plume et quelques pages pour retranscrire le récit qui lui avait été confié. L'homme ne cherchait aucune reconnaissance. Il trouvait son bonheur dans la retranscription d'histoires racontées en jouant avec des mots précis et forts de signification. Le voyageur se plaisait à écouter puis à conserver ses écrits pour son bon plaisir. Le temps de ce voyage il avait préparé un exemplaire pour Leowin, afin qu’elle n’oublie jamais.
L’elfe aux longs cheveux feuillette rapidement les précieuses pages du manuscrit. Les pages sont sales et tachées. Elle rit. C’est vrai qu’avant d’arriver sur les îlots, l’équipage et les voyageurs avaient rencontré quelques mésaventures et le carnet en avait perdu de sa splendeur.
Leowin dépose l’ouvrage à côté d'elle puis se laisse tomber sur l’édredon. Sa nuque la lance. Elle passe rapidement sa main fraîche dessus et détaille les reliefs de sa cicatrice.
Elle osera peut-être un jour redécouvrir ces mots et les confrontera alors aux images de ses souvenirs.