Dernier souvenir d'un elfe noir

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
Zamaah
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Dernier souvenir d'un elfe noir

Message par Zamaah »

Un bruit sourd. Je me réveille au milieu de la nuit. Ou du jour, je n’en sais plus rien en fait. Ici le jour et la nuit se confondent, il fait toujours nuit dans ces couloirs obscurs à l’intérieur lesquels nous errons depuis des jours qui me semblent déjà une éternité. Enfin, je n’y pense pas, je ne pense plus à rien. Je ne vois plus qu’elle, celle que j’aime, celle qui m’obsède jour et nuit, celle dont l’image me traverse l’esprit a chaque battement de mon cœur. Où est-elle en ce moment ? Que fait-elle ? Pense-t-elle à moi comme je pense à elle ? Se souvient-elle encore de moi au moins ? Je ne sais pas et je ne le saurai sans doute jamais.
J’ai l’impression de ne rien savoir en réalité. Je ne sais pas où je suis, je ne sais même pas ce que j’y fais, je ne sais pas de quoi demain sera fait. Ah si ! Je sais pourquoi je suis ici, je suis là parce que mon frère est là.

D’ailleurs je le vois qui se lève péniblement, réveillé à son tour par les grondements qui se réverbèrent dans la grotte, perçant le silence étouffant de la nuit. Il s’habille en toute hâte, passe son armure de chair humaine, attrape son épée longue à la garde et au pommeau roses ornés de fleurs et la lame noire mais brillant d’une étrange lueur dans sa main. Il me lance mes affaires et me fait signe de la main en quittant la tente en me souriant comme pour me rassurer. A mon tour je m’habille et jette un œil à l’étrange objet de forme dodécaédrique noir qui renferme le dragon-fée, familier de mon frère. En temps normal ils sont inséparables mais il a trop peur de le perdre pour exposer son « petit dragounet adoré » à la rudesse des combats que nous menons, laissant d’incommensurables charniers dernières nous. Bien sûr il m’a promit que tout cela serait bientôt fini, que nous pourrions nous établir et vivre heureux, d’ailleurs il n’a de cesse de le répéter comme s’il cherchait lui même à s’en convaincre. Moi je sais bien que c’est faux mais je ne peux pas lui en vouloir de mentir, nous avons tous besoin de nous accrocher à quelque chose pour espérer survivre dans cet enfer.

Une fois prêt, je sors rejoindre mon frère, je le vois susurrer quelque mot à l’oreille d’un officier. Je me dirige vers un rocher pour m’asseoir et rapidement il vient me rejoindre, se blottissant contre moi. Sous nos yeux se déroule un spectacle impressionnant. Aux sons qui avaient transpercé l’épaisse toile de la tente viennent désormais s’ajouter les lumières multicolores, courant sur les parois tels des démons dans une folle danse macabre. Le simple fait de les regarder provoque un malaise inexplicable et un sentiment de révulsion en moi. Mon frère, lui, a toujours le même regard. Fasciné, curieux, il semble admirer cette danse frénétique mais pourtant ce regard laisse transparaître la peur qui l’habite. Moi ça ne me fait plus peur, cette situation nous l’avons déjà vécue des centaines de fois. Peut-être même un peu trop souvent mais on ne peut rien y faire, et demain sera pareil, comme toujours.

Devant les hommes sont déjà regroupés en rang serrés, près pour le combat, excités comme un enfant qui reçoit sa première dague. On dirait presque que ça les amuse, les idiots. Mon frère me glisse quelques mots à l’oreille « au maître d’arme d’ouvrir le bal » puis il me sourit et s’en va en lévitant vers le groupe de sorciers un peu plus loin. Alors je passe devant et d’un geste de la man ordonne aux soldats de me suivre. La colonne avance d’un pas décidé, traversant les méandres formés par les rochers et autre stalagmites et rapidement, débouche sur la grotte d’où émane ce formidable tumulte.

De tous côtés la bataille fait rage, d’étranges petites créatures très laides accompagnent des nains présentement occupés à massacrer les sentinelles mortes vivantes laissées là en guise de rempart. Personnellement je n’aime pas beaucoup ça. Mon frère dit que les morts vivants forment les meilleurs gardes, ils ne dorment pas, ne sont jamais distraits et respectent les ordres à la lettre. Pourtant j’ai horreur de ces créatures, elles sont issues de la magie et la magie peut corrompre l’âme des plus braves.
L’elfe doré à coté de moi dégaine son glaive et me donne une tape sur l’épaule, il est temps. Cimeterres au clair je donne l’assaut d’un geste ample et d’un cri bref, sautant le premier dans la mêlée. Déjà autour de moi je vois mes frères tomber, mais je plonge au plus profond de l’enfer, découpant, hachant par des gestes symétriques et précis tel un boucher.
Et je me noie dans un torrent sordide de haine et de violence.
Pourtant je ne suis pas certain de savoir qui sont mes vrais ennemis dans cette bataille …

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Pal
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Message par Pal »

Triste souvenir que voila mon Frère.....

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