Mémoires d'un Sinan

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Valiant
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Mémoires d'un Sinan

Message par Valiant »

Assis près d'une cheminée, un Sinan soupire en regardant les flammes, sur ses genoux un parchemin fraîchement rédigé.


Auprès du feu, quand la nuit tombe, se réunissent autour de l’âtre d’une taverne ou d’un feu de camp, les âmes de personnes qui, cherchant un but à leur vie, viennent écouter les légendes des temps anciens.
Les plus jeunes, le regard fixé sur les flammes vacillantes, admirent les héros qui combattent pour la bonne cause ou pour un but personnel fort, tuent des êtres, et survivent toujours aux nombreuses péripéties que le Destin leur a opposé. Les plus vieux, nostalgiques de leur jeunesse, se perdent dans les mots ou dans la voix envoûtante de l’orateur, n’écoutant pas forcément ce qu’il raconte, mais laissant libre court à leur souvenirs, et s’il arrive que certains ne soient pas mélancoliques, c’est qu’ils espèrent encore avoir cette lueur de vie en eux, qui leur permet de rêver, qui leur permet de survivre.

Les Histoires finissent pour la plupart, d’une façon heureuse. Le Héros en sort toujours vainqueur.

Il n’en était pas de même chez les Sinans. Les enfants de ce peuple n’avaient pas les mêmes rêves que les autres. Autour du feu de ce village, les Histoires qui étaient contés avaient un but bien précis. Ni le rêve, ni l’admiration. Chacune des Histoires contées avait un sens caché, une morale que celui qui raconte l’Histoire fait découvrir aux personnes présentes, à demi-mot, jamais rien n’est véritablement dit. Tout est sous-entendu.


Assis près du feu, un enfant s’amuse à bouger les braises à l’aide d’un bâton, quand une étincelle éclate, ses yeux s’illuminent. Certaines fois il lève son regard vers le conteur et sur son visage se lisent certainement ses pensées. Il est concentré, et avide de connaître la fin de l’Histoire, certainement il songera au sens de ces paroles longtemps après, et il ne cessera d’y songer avant d’en avoir découvert le véritable sens.

Cet enfant pensif avait pour nom Valiant. Je n’écrirais pas les souvenirs qui affluent en moi à la première personne, car je me suis tellement détaché de l’enfant que j’étais, que je ne le considère pas comme la personne que je suis devenue.

Une Histoire a particulièrement marqué cet enfant. Notre jeune Sinan a finit de dîner avant tous, il sort et marche lentement vers le feu de camp, il sait que le conteur doit déjà y être. Approchant de la place, il aperçoit une ombre se mouvoir près du feu. Il avait raison. Un Homme est afféré à raviver les flammes avant que les autres n’arrivent, et en le voyant s’approcher, il sourit. Le conteur ne s’étonnait plus de voir l’enfant venir en avance, il faisait ça chaque soir, et lui montrait ces progrès en Nécromancie.

Après avoir discuté un peu avec lui, Valiant tout excité, lui demande d’invoquer quelque chose. L’orateur prononce alors quelques incantations et un aigle renaît de ses cendres, au sifflement de son maître celui-ci vient se percher sur son épaule.
Admiratif, Valiant tend la main vers l’aigle et lui lisse les plumes.
–Ce ne serait pas toi qui aurait volé le linge que ta tante avait étendu ? Elle a retrouvé ses dessous sur le toit du voisin....dit l’Humain d’une voix grave.
Valiant relève la tête et avec un sourire, il acquiesce vivement.
–Oui c’était bien moi !
Le conteur rit aux paroles naïves de l’Enfant et lui demande s’il veut entendre une Histoire. Valiant hoche la tête vigoureusement, et tout content d’avoir un conte pour lui seul, s’assied en tailleur près de son ami.


"Loin d’ici, dans un pays dont aucune carte n’a jamais été faites, dans des contrées d’où aujourd’hui personne ne revient, était un fils de Roi, il se nommait Vérité. Le Souverain de ces terres se nommait Conquérant et son épouse Patiente. Ils avaient deux fils, Vérité et Chevalier. Il était de coutume dans ce pays que la vertu que le fils d’un Roi ou d’un Noble veut qu’il possède lui soit attribué en nom. Ainsi donc notre héros était un jeune homme vif, que la vérité guidait en tous lieux, il était très franc et en effet ne mentait jamais.

Quand Vérité devint majeur, on lui donna un cheval d’un blanc pur, mais le Prince ne l’apprécia pas, et il le dit. Le Roi fort embêté de ce que son fils avait affirmé, trouva que la vertu qu’il possédait n’était pas des meilleures, et il pensa alors que son aîné ne serait pas le meilleur souverain. A contrecœur il prétexta que son garçon allait s’occuper des affaires de l’autre côté de la contrée pour l’éloigner du trône et en faire profiter son deuxième fils.

Vérité fut donc envoyer loin du château, dans une région charmante et verdoyante où les gens vivaient de ce qu’ils appellent le ‘bonheur’. La vie y était douce pour le jeune Prince qui tout le long de la journée se tournait les pouces et regardait les jeunes paysannes passer et venir à leurs affaires. Son conseiller et meilleur ami, était un fils de Noble et se nommait Galant. Ils discutèrent de longues heures allongés près d’une rivière ou sous un arbre, ils chevauchèrent longtemps…
Et pendant le peu de temps que Vérité conversait avec les paysans, il avait déjà réussi à en vexer certains et certaines. En fait Vérité ne répondait qu’aux questions qu’on lui posait, et jamais plus, ni moins.

Un jour, un paysan, le cuisinier, s’en vint lui demander s’il trouvait que sa table était bien dressée, et si il était satisfait. Galant voulut intervenir mais le Prince s’interposa.
–Vous voulez savoir comment je trouve vos mets ? Si l’on peut appeler ça ainsi. Puisque oui ce ne sont pas des plats, c’est à peine si un porc voudrait manger votre ragoût ! Satisfait satisfait, non je ne le suis pas ! Comment le pourrais-je avec des incapables comme vous qui prennent des heures à comprendre ce que je veux !
–Ne l’écoutez pas monsieur, disposez…
-Non restez, je n’ai pas fini ! J’ai demandé du sanglier pas quelque chose comme ça, on ne sent même plus que c’est de la viande sous la dent.
–Mon Prince…
-Allons ramenez moi ça aux cuisines et donnez moi quelque chose de mangeable
–Il faudrait…
–Laissez moi donc finir !
–Mais…
-Et épicez plus votre sauce, on dirait du bouillon. Allez !
Le pauvre cuisinier n’avait pas vu arriver ces reproches et il s’en alla bredouille. Galant essaya d’expliquer que le jeune Prince était trop brusque, mais il ne l’écouta pas.
De même plus tard, une jeune fille fort mal faite s’en vint et demanda audience auprès de Vérité. Elle essaya de lui dire tant bien que mal qu’elle s’était éprise de lui, au bout d’un moment, elle dit :
–Je vous aime, je crois que c’est bien ça.
–Il doit y avoir erreur.
–Non non, bafouilla-t-elle.
–Eh bien.
–Eh bien quoi ?
-Eh bien tant mieux pour vous, moi je ne vous aime pas.
La jeune fille frustrée, partit en pleurs, et le lendemain, on la retrouva pendue dans une étable.

Il y a bien d’autres petites historiettes au sujet du jeune Prince et de sa vertu, mais je ne vais pas m’attarder sur ces détails.

Il y a par contre un événement important qui a marqué sa vie.
Un jour Galant vint lui annoncer son mariage avec une jeune paysanne qu’importe son nom. Vérité de joie commença les préparatifs de la fête. Mais quand il vit la jeune fille, il en tomba amoureux. Galant ne lui posant pas de questions, il alla rejoindre plusieurs fois la paysanne chez elle, et tout deux s’aimaient en cachette. Mais vint un jour où on accusa Vérité d’avoir tué le cuisinier, il jura que non. Et on lui demanda son alibi. Il dit ;
-Ce soir-là j’étais chez l’épouse de mon meilleur ami.
–Galant ?
–Lui-même.
–Qu’y faisiez vous donc ?
–Et bien je dormais près d’Elle.
A ces mots tous furent indignés et Galant n’en revint pas. De rage il saisit son épée, et d’un coup d’estoc tua le Prince. Il se fit condamné à la mort pour avoir tué l’héritier du trône. Et tous se remémorèrent de Vérité pour sa fin idiote. "


Le Sinan regarde l’enfant avec des yeux brillants, il savait qu’il avait déjà compris la morale. Valiant relève la tête et dit d’une voix hésitante :
-Serais-je… trop franc ?
L’orateur ne répond pas et voyant les autres du village approcher, il se lève et se racle la gorge, avant de commencer une nouvelle histoire.

[HRP: Remerciements à Belegondil pour m'avoir fourni la source de mon inspiration! ;)

Valiant dépose le parchemin sur l'âtre, et avec toute la haine qu'il pouvais avoir pour son passé, il sort de la maison, en sifflant comme si de rien n'était.
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Message par Valiant »

Le Sinan s'est endormi près du feu, un rêve l'habite peut-être en ce moment, lui seul sait. [hrp: étant donné que c'est un rêve, personne ne peut réagir sur ce dernier, merci bien.]

Il est des choses qui restent gravées au fond de la mémoire, des choses qu’on renie, qu’on veut oublier, mais qui jamais ne nous quittent, comme une blessure, une plaie, qui jamais ne cicatrise.



L’enfant est sensé être couché, la lumière de la bougie passe par dessous la porte, il regarde cette raie lumineuse anxieusement.
Les murmures qu’il entend, il sait, il sait qu’on parle de lui, il sait qu’il est source de problèmes.
Les voix s’élèvent, et le petit Humain frémit d’entendre gronder ainsi des voix qu’il connaît. Il sait, il sait que c’est de sa faute.

–Pourquoi insistes-tu pour garder ton bâtard ? ! Il nous est inutile, frissonne au moindre coup de vent, est trop distrait et n’arrive à rien en nécromancie, nul en magie, et aussi frêle qu’un Eldorian !
–Tu ne comprends jamais rien ! C’est mon fils !
–Oui ton fils ! Mais pas le mien, je te l’ai déjà répété, va rendre ce gosse là où tu l’as fait ! J’ai accepté de le reconnaître comme mon fils, mais je ne l’ai fait que pour toi ! Il y a maintenant plus de dix années que je le supporte, ce fils illégitime ! Dix ans que j’attends que tu m’en débarrasses ! Dix ans que je veux MON héritier !
–Mais il sera un bon héritier ! Il fait de son mieux… Et puis tu sais bien que jamais je ne suis allée…
-Tais toi ! Insolente, qu’as-tu à dire Femme ! Ne parles plus jamais de … cet endroit, où je te promets que je ferais renaître ton assassin de père et le monterais contre toi ! Idiote qui n’a fait que me pourrir les os ! Tu ne m’as apporté que des ennuis, tout ce que tu avais de bon c’était ton héritage ! Sot que j’ai été de t’épouser !
–Oui tu es sot ! C’est ton Fils !
-Je t’ai dit…


Un bruit sourd de coup, un gémissement étouffé, un râle. Le petit enfouit sa tête entre ses mains.
Des pas approchent, mais ils ne proviennent pas de l’intérieur, il sort sa petite tête d’entre ses bras, et aperçoit le conteur. Le Sinan se penche au dessus de la silhouette recroquevillée contre le mur, et le soulève, il l’emporte plus loin en silence. Dans la nuit, seul le bruit de ses bottes sur l’herbe humide, au nord, quelques bruits de sabots, certainement des cavaliers qui rentrent, et puis toujours mais moindre à force de s’éloigner, des cris et gémissements camouflés et déportés par le vent.

L’enfant lève des yeux rougis par les pleurs vers le ciel nuageux. L’orateur lui ébouriffe les cheveux avec un sourire masqué par la noirceur de la nuit.
La pâle lueur de la Lune éclaire à peine le chemin.

–Qu’as-tu entendu ?
La voix s’élevait tel un rêve, une voix envoûtante dont le ton aspirait confiance.
–Je … Ce n’est pas … je … ,sanglote doucement l’enfant.

Le Sinan prend l’enfant dans ses bras en le berçant un peu comme pour les bambins. Il repose sa question une seconde fois.

–De quoi parlaient-ils ?
–Ils… Ils disaient que je n’étais qu’un bâtard… Ils parlaient de la frontière je crois, et des Eldorians !

Le conteur s’éloigne alors précipitamment de l’enfant, et le dévisage dans la nuit, l’enfant aperçoit les pupilles de son ami rétrécir un peu, il se demande ce qu’il se passe. Le conteur sans rien dire, tourne les talons, et vers le campement s’en va.

Le lendemain, le petit se réveille dans les champs, il court chez lui où il trouve sa mère et son père attablés comme d’habitude, rien ne semble avoir changer cette nuit, ils ne sont pas encore sortis. Après s’être fait incendié pour avoir passer la nuit dehors, il sort et va courir aux nouvelles du village. Sur son passage, on s’écarte, on murmure, on le pointe du doigt, un volet claque.

Le conteur près du feu ne lui adresse un mot, d’ailleurs, jamais plus il ne lui adressera la parole. Le petit comprend alors, et traînant des pieds il se dirige vers les champs. Se roulant à terre, il pleure et se jure de ne plus jamais être le même. Plus jamais ce ne serait un enfant, son innocence était enterrée dans ce sol.

Quelques jours plus tard, on ne reconnaîtrait plus l’enfant, il avait changé, était devenu plus robuste, et très froid, sérieux, les rumeurs à son sujet s’étaient tues. Mais tous les soirs, le jeune Sinan s’en allait dans les champs et tournait son regard vers le ciel, cherchant ses origines dans les étoiles.


Le Sinan s'éveille et se frotte le visage, lson encrier venait de se renverser sur celle-ci, en maudissant ce rêve et l'encre, il sortit et alla se débarbouiller histoire d'oublier ce rêve qu'il espérait faux, et d'enlever l'encre avant qu'elle ne sèche et laisse des traces.
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Message par Valiant »

Valiant est assis en face des flammes vacillantes du feu du dépot de la cité du port, il écrit.


L’enfant lance des pierres dans l’eau, il s’essaie aux ricochets.

–Un, deux… Encore raté !

Cela fait deux jours qu’il s’est enfui du village, il en avait marre de devoir toujours faire des efforts en nécromancie, en magie, en combat, il voulait qu’on le laisse seul, qu’on le laisse apprendre à son rythme.

Il avait grandi, prit des épaules, un fin duvet commençait à recouvrir ses joues.

–Trois… quatre et cinq ! Oui !

Il saute alors en l’air, le poing levé vers l’étang comme s’il avait vaincu son adversaire.
Le village lui manquait, mais non, il ne rentrerait pas. Il le savait, il n’avait pas sa place là-bas, les autres enfants se moquaient de lui, on l’acceptait juste à cause de son Père.

Il s’assied au pied d’un arbre en saisissant sa petite dague qu’il avait laissé là, se remémorant de tous ces gens qui le narguait, il se lève rageusement et pourfend l’air tel un bretteur de première, puis alors qu’il fait une roulade sur le côté pour esquiver un coup virtuel d’un ennemi peu probable en cette région quasiment déserte, il se cogne la tête à l’arbre et s’évanouit.

Le jeune Sinan rouvre les yeux, le ciel est nuageux, la Lune se lève, il doit être tard. Il se redresse un peu, et en entendant le grondement de son estomac, rit d’abord, puis s’inquiète de ce qu’il va manger.

Dans le ciel rougeoyant, un aigle tournoie, il vient bientôt se poser près de l’arbre, l’enfant saisit sa dague à deux mains, et avec un cri de guerre s’élance vers le rapace, celui-ci alerté par les cris de l’enfant, s’envole majestueusement et se perche sur une branche de l’arbre en regardant curieusement le Sinan, comme si il savait.

L’enfant rageusement s’en vient au pied de l’arbre et regarde l’oiseau.

–Tu as l’air de bien rigoler petit, mais quand je t’aurais tiré de là… tu feras moins le malin !

Sur ces paroles, il se penche sous le regard anxieux de l’animal, et saisit une pierre. Fermant un œil, tirant la langue, il se recule pour mieux pouvoir viser le volatile, mais ne regardant pas où il met les pieds, il trébuche sur une pierre et tombe sur les fesses. Il se relève en se massant le postérieur, il jette un regard haineux à l’aigle comme si il était la cause de tout. Il lance rageusement le caillou vers l’arbre, mais celui ci n’atteint même pas l’oiseau qui regarde la scène d’un œil amusé. Au bout de sa troisième tentative, il fait mouche, mais l’aigle effarouché prend son envol et part au loin.

–Reviens ! Et tu verras ! je t’aurais volatile de malheur, approche donc que je te déplume !

Il crie en vain, en scrutant l’horizon, après s’être bien essoufflé, il se tait enfin.
Déçu, fatigué, et affamé, il s’assied sous l’arbre et soupire.

Et si il retournait au village ?

Non jamais, on l’y traiterait mal comme avant.
Il jette alors un caillou un peu plus loin, et s’endort.

Le lendemain, il lui semble que son estomac s’est transformé en une pierre tellement il avait mal. Il fallait qu’il mange.
Alors qu’il prend la décision de continuer sa route à la recherche de quelques bestioles, le grand aigle réapparaît avec une proie entre ses serres, quand il se trouve au-dessus du Sinan, il lâche sa prise qui tombe devant l’enfant.
Ce dernier regarde bêtement le lapin qui vient de tomber du ciel et se rue vers la viande qu’il dévore crue tellement il a faim.
Le rapace assiste à la scène à une certaine distance, l’œil attentif.
L’enfant après avoir finit son repas, sourit à la bête, et comme si elle le comprenait.

–Approche donc mon ami, tu m’as sauvé, tu n’es pas comme ces autres qui m’auraient laissé, approche donc.

L’oiseau s’envole et fait un tour dans le ciel avant de venir se percher sur l’épaule de l’enfant, celui-ci rit, il n’avait plus rit depuis longtemps, cela lui fit bizarre, il veut alors se relever pour continuer son voyage.

Mais alors qu’il se dirige sur le chemin, l’oiseau s’envole et prend le chemin inverse, il s’arrête quelques pas plus loin, et émet un cri strident. Valiant est très intrigué par le comportement de son ami, il insiste en lui parlant.

–Allons, ne fais pas ta tête de mule ! C’est par là que je vais, tant pis je te laisse là heuin!

Mais l’enfant hésite à s’en aller puis va chercher l’oiseau, le farceur évite les griffes de son assaillant en reculant à chaque fois un peu plus sur le chemin.

–Tu veux vraiment aller chez moi ou quoi ? arrête un peu ! Viens par ici !

Et l’enfant continue à poursuivre le volatile. Il finit par se lasser de ce jeu, et s’assied en croisant les bras.

–Mais pourquoi tu veux aller par là ?

Valiant boude quelques instants l’oiseau qui vient discrètement se poser sur son épaule lui picorer gentiment l’oreille, et alors que l’enfant bondi pour l’attraper, le rapace s’envole dans un cri narquois. Valiant se résigne après quelques heures de lutte acharnée, et se dirige sur le chemin, entraîné par l’oiseau.

Traînant des pieds, il marche trois jours vers son village, arrivé aux frontières, il hésite et voyant l’oiseau, pousse la lourde porte qu’il avait passée six journées plus tôt. A son approche, tous reculent légèrement, et quand le rapace vient se poser sur le bras de Valiant, tous dévisagent l’enfant. Il ne comprend pas pourquoi on le regarde ainsi, mais au lieu de baisser la tête comme à l’accoutumé, il pose son regard sur chacun des villageois, avec un sourire qu’il voulait méchant sur son visage. Tous ne le reconnaissait plus, il avait maigri mais quelque chose l’avait transformé, son visage s’était affiné et avait un air curieux, il se tenait droit et fièrement, et puis son regard, quelque chose de nouveau y était né, une résolution forte en découlait, jamais plus il n’inclinerait l’échine devant quelqu’un s’il n’en voyait pas l’intérêt. Son père s’approche, et pose sa grosse main sur sa frêle épaule, il se retourne vers la mère, et ils se regardent un instant, il se penche alors près de l’oreille de son fils et murmure :

-Viens, fils. Il est temps de rentrer chez nous.

Son père ne l’avait jamais appelé ainsi avant.


Pris d'une soudaine rage, il jette le parchemin dans l'âtre, et regarde un instant la feuille se transformer en cendre, les yeux vides d'expressions, puis il se lève et sort silencieusement après s'être assuré que tout l parchemin a bien été consumé par les flammes.
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Message par Valiant »

Valiant est couché près du feu, on se demande si c'est la fièvre où un rêve qui le hante, son visage apparaît crisé à la lueur des flammes, de fines goutes de sueur perlent son visage, son poingt est serré.


Le Sinan depuis sa rentrée au village, reste à l’écart des autres, son Père se charge de son éducation lui-même, délaissant un peu le reste.
Une véritable relation s’installe entre eux, peut-être pas cette amitié/amour qu’il doit y avoir entre père et fils, mais juste que les tensions ont cessé, que chacun est moins dur envers l’autre.

Ce soir on fête la majorité de certains jeunes Sinans, Valiant en fait parti. Son Père lui donne ses derniers enseignements. Ce jour-là, Valiant réussit tous les exercices, il parvient même à déstabiliser son Père en combat singulier.
Fier des progrès de son fils, il ne cesse de le vanter, en précisant bien que ce jeune Sinan si habile, est de sa famille, c’est même, son héritier.

Valiant est amer, il s’est épuisé. Il sait que c’est le dernier jour, alors il a fait un effort. Un arrière goût ne parvient pas à le quitter, pendant que tout le monde festoie, il reste à l’écart encor une fois.

Les discours, la cérémonie, tout est sombre, mais le buffet commence, le vin coule, des rires éclatent à toutes les tables. De loin, Valiant regarde son Père, et il serre sa dague dans sa main. Il boit beaucoup, beaucoup trop d’ailleurs. En face est assis le conteur, le Mage. Il est déjà ivre constate sinistrement le jeune Sinan.

Son Père l’appelle, Valiant approche, il fait signe qu’on se taise.

–Voilà mon Fils ! En ce jour, le plus mauvais qu’il soit, il devient majeur ! Regardez bien ce Sinan ! Retenez son Nom : Valiant ! C’est mon Fils ! Moi je vous le dis, il a quelque chose ce petit.

Valiant échappe de la main qui étreint son épaule, il esquisse un sourire amer et saisit une coupe de vin avant de se diriger dans un coin.

Tout le monde parle, tout le monde mange, boit ,c’est jour de fête… Quelques jeunes Sinans montrent leur prouesses aux anciens qui ricanent, satisfaits de leur descendants.

Mais tout d’un coup le conteur se lève, il veut faire quelques effets de magie pour que la fête en soit plus égayée encor, mais le Mage est ivre, l’incantation est écorchée, le sort dévié vers le Père du Sinan.
Un instant de silence, le Mage court voir les dégâts qu’il a causé au Sinan le plus important du village, il se confond en excuses.

Le Sinan se relève, le regard vide, tout le monde recommence à parler pensant que tout était normal. Mais le Mage reçoit un violent coup derrière la tête, le sang coule. Tout le monde est surpris par ce soudain accès de colère. Le Père du Sinan ne répond plus, il se dirige vers Valiant, qui étonné et n’ayant rien vu de la scène ne s’écarte pas.

Personne n’ose dire mot, le Mage l’avait cherché. Tout le monde laisse passer le Sinan de peur de l’irriter.
Arrivé près de son fils, il lui donne une violente claque. Valiant ne comprend pas, il titube, il recule. Il se cogne à quelque chose, bizarre il pensait qu’il n’y avait rien. Il se retourne et se retrouve en face d’un immense ours. Saisissant sa dague il l’enfonce dans le ventre de l’invoqué. Il court plus loin, par peur de son père qui se met à invoquer des orcs, des gobelins. Espérons qu’il n’invoque pas… Trop tard, un Géant renaît sous les yeux ébahis de tous les villageois.
Le Sinan ne voit plus son fils et pousse un cri qui déchire l’air, d’un geste il dicte à ses créatures de détruire tout. C’est la panique, personne n’est armé, beaucoup de femmes et d’enfants sont là. Le Géant écrase tout sur son passage et soulève les toits les maisons. Beaucoup courent prendre leurs armes et combattent comme ils le peuvent. Beaucoup tombent pendant cette bataille.

Valiant s’est réfugié derrière le gros rocher, là où il va quand il a peur, quand il va mal. Il entend les cris, il entend tout ça, mais il n’ose pas sortir.

***

Le lendemain les survivants parcourent les ruines à la recherche de ce qui est récupérables et d’éventuels rescapés. Valiant se montre alors et aide tant bien que mal. Mais les habitants l’évitent. Décidément, il ne les comprend pas.
Soudain alors qu’il ramasse une épée, quelqu’un s’écrie.

–C’est lui ! C’est le Fils du destructeur de ce village ! Empêchez-le de piller les restes !

Valiant se retrouve entouré d’hommes armés, le second de son père à l’air consterné, les villageois sont furieux, ils veulent un coupable, Valiant fera l’affaire. Mais c’est tout de même le fils d’un ami. Il hésite un peu, puis grave il prononce l’exil de Valiant et tous crient sur son passage jusqu’aux frontières du territoire. Les paysans le pointent avec leurs fourches. Il est tellement bousculé, qu’il n’a pas le temps de se rendre compte.

Le voilà en dehors des frontières, sans qu’il n’ai rien pu dire.


Le Sinan rouvre les yeux subitement, il se redresse, reprend son souffle, un cauchemar, juste un cauchemar...
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Les yeux fixés sur les flammes vacillantes de l'âtre, le Sinan se rappelle de quelque chose, il laisse parfois entendre un léger soupir et tracer dans la poussière un nom.



La nuit tombe.

Doucement scintillent quelques étoiles au-dessus de la tête des jeunes amoureux – si le sentiment qui lie ces deux êtres aussi fortement se nomme bien Amour. Le Sinan est appuyé à un arbre et caresse d’une main distraite le bras de sa belle Elfe. Il regarde les arbres et leur feuillage qui obstrue le ciel même dans cette clairière.

Elle pousse un petit soupir et un sourire aux lèvres, l’amante s’endort sur l’épaule du Sinan. Doucement il fait glisser le corps sur l’herbe douce, sans la réveiller. Lentement et sans bruit, il se lève et fait craquer chacune de ses vertèbres douloureuses. Il n’est vraiment pas fait pour la foret. Il fait quelques pas et s’adosse à un arbre en face de l’Elfe endormie.

Il parcourt des yeux les formes de celle-ci, il se surprend à sourire. Ses pensées sont un peu floues ; tant d’émotions en si peu de temps : cette course poursuite pour échapper aux brigands …et puis cette Elfe dans la foret ; cette peur de devoir encor rebrousser chemin. Cette surprise de l’entendre parler sa langue, cette joie qu’elle ne le chasse pas, ce sentiment si confus quand elle le prend dans ses bras. Valiant secoue vivement sa tête, mais qu’est-ce qu’il lui arrivait depuis qu’il avait quitté son village, ou plutôt depuis qu’on l’en avait contraint …

Ses résolutions d’adolescent où étaient-elles passées ? Plus jamais d’amitié, plus jamais de reconnaissance, plus jamais une larme, ne jamais connaître…
l’Amour ?

Il veut cesser de penser à tout cela, ça lui fait mal…

L’exilé compte plutôt le temps qui s’est écoulé depuis qu’il a franchi les clôtures de son village. Par où était-il passé exactement ? Il lui semble qu’il a voyagé pendant des décénnies, et pourtant il n’est qu’à la foret des Elfes, il n’a donc franchi que deux contrées. Mais il a fait tant de détours, tant de fois il est revenu sur ses pas, tant de fois il a couru de nuit pour éviter de se faire capturer, tant de fois il avait affronté des voleurs, des brigands… Il avait peut-être fait mille et un détours. Il se rappelle s’être arrêté près d’une rivière pour épier les jeunes filles qui lavaient le linge où qui barbotaient, tant de fois elles ont crié en l’apercevant, mais toutes les fois n’ont jamais donné l’alerte, et même lui ont donné des vivres…

Ah, les femmes…

Il rouvre alors ses yeux et voit là où il est, une clairière en plein milieu d’un territoire Elfe, il regarde le corps étendu. Une mèche de cheveux tombe devant son visage et se balance au rythme de la calme respiration de l’habitante des bois, sa main est négligemment posée près de ses cheveux éparses qui rompaient le vert du talus, son visage, calme, inspire au Sinan quelque chose que jamais il n’a souhaité, quelque chose qu’il nie ; doucement il approche sa main de la joue de la belle, et aussi légèrement que la bise fait trembloter les feuilles des arbres, il effleure sa peau avec la crainte de la réveiller, contrastant avec l’envie folle de laisser ses doigts parcourir encor son visage, caresser encor ses cheveux…

Dans son sommeil elle soupire un peu et un sourire illumine son visage pâle. Valiant tombe à genoux près d’elle, et aussi doucement qu’il le peut, il passe ses bras autour de sa taille, et en évitant de trop réfléchir, il l’attire contre sa poitrine et s’endort pour la première fois avec l’espérance que tous ses soucis sont finis, et que rien ne viendra troubler cette nuit.



Silencieusement, Valiant se lève et part.
Dernière modification par Valiant le 25 avr. 2008, 20:13, modifié 1 fois.
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Valiant
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Message par Valiant »

Les yeux dans le vague, la main tremblante, la plume s'agite au dessus du parchemin.


L’eau clapote doucement contre les rochers, les oiseaux gazouillent dans leurs nids, tout semble si harmonieux en cette forêt ; tout est en accord, sauf ce Sinan incrusté.

Le Nécromant observe son reflet dans le courant d’une onde pure, il avait bien changé depuis son départ… Son visage s’est allongé, ses yeux semblent avoir changés de couleur –mais cela devait sans doute être à cause de l’éclairage- son teint avait foncé, ses joues et son menton sont recouverts d’une barbe brune. Il soupire doucement et trouble le liquide de sa main pour se laver le visage.

Alors qu’il se débarbouille il n’entend pas arriver derrière lui l’Elfe qu’il pense encor endormie dans la clairière. Cela fait bientôt une semaine qu’il est en territoire inconnu, une routine se met en place. Avec la souplesse d’une panthère elle se glisse près de Valiant et avec un sourire, sans rien dire, pose sa main sur celle du Sinan qui se perd un instant dans la contemplation de la beauté inouïe des yeux de sa belle, puis pose son regard sur cette si pâle main. Avec toute la douceur dont il est capable il prend la main de l’Elfe et murmure qu’elle ferait mieux d’y aller, ses frères allaient se douter de quelque chose si elle n’allait pas les rejoindre aujourd’hui.

Docilement elle acquiesce et dans sa belle tunique blanche elle s’enfonce un peu plus profondément dans la forêt, les arbres et les animaux semblant lui frayer un passage pour qu’elle puisse y pénétrer sans se blesser.

Seul, Valiant prend conscience qu’il ne pourra pas resté éternellement dans cette forêt avec Elle, mais il se refuse à la quitter, il espère sans y croire qu’ils n’auront à prendre cette décision que dans longtemps. Mais il sait que ce jour se rapproche il le sait. De rage, le Sinan donne un coup de poing dans l’eau. Cesser d’y penser, tout ce qu’il voulait. Que son esprit le laisse tranquille quand il est avec Elle, que cette torture s’arrête…

La journée est longue, seul, perdu au beau milieu d’une foret où l’on sait qu’à tout moment un Elfe peut le surprendre et sortir de derrière un buisson en rompant le fragile équilibre de cette douce vie.

Valiant pense devenir fou, ce silence, ce calme… Rien. Jamais rien. Il marche au milieu de la clairière se tenant la tête entre les mains. Frapper quelqu’un, quelque chose… Il veut frapper un arbre, mais alors qu’il se dirige vers sa cible, il se rappelle qu’Elle n’apprécierait pas qu’on touche à un être quelconque de cet habitat. Doucement il recule, il s’assied dans l’herbe et y reste jusqu’à la tombée de la nuit où elle revient, comme chaque fois.

Le visage d’habitude si souriant et si calme de sa divinité est alors sombre et plus pâle que jamais.
Le Sinan le sait, il est l’heure. Il se met à genoux devant Elle, apercevant dans ses yeux des larmes briller.

–Non, je t’en supplie, ne mouille pas tes beaux yeux, voyons regarde moi, je t’en prie…

L’Elfe tombe dans les bras de Valiant qui souffrant plus qu’il ne le montre, pose un baiser tremblotant sur son front.

–Ne t’en fais pas… Je sais… Ne te fatigue pas à me le dire. Demain, dès les premières lueurs... Non ne pleure pas ainsi, ils t’ont suivi ? Non ? Alors ne t’en fais pas…

La voix de Sinan devient de plus en plus rauque et finit par se briser.

–Il… Tu m’as déjà dit qu’il me faudrait partir, le moment est venu. J’irai à Draia comme prévu… Ne pleure plus…Je t’aime.

Valiant n’en peut plus, ça lui fait mal… Va-t-elle s’arrêter de pleurer ? ! Qu’on la fasse taire… Dans un accès de violence, Valiant cogne le sol de son poing. Les sanglots peu à peu s’atténuent, ne reste qu’un hoquet et des yeux rougis. Avec lenteur Valiant s’approche de sa douce et la console à voix basse : il lui promet tant de choses impossibles, il paraît si sur de lui.

Cette nuit malgré la fatigue, aucun des deux amants ne trouve le sommeil.


Le Sinan relève la tête doucement, il renifle un peu, puis range soigneusement le parchemin sous sa cape [hrp: il vous faudra faire un acte rp si vous voulez le parchemin]
Valiant (qui fut un aventurier) - C.

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Valiant
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Message par Valiant »

Sous la chaleur harrassante du désert de Galein'th, Valiant avait décidé d'écrire, et comme sous l'effet de la chaleur, écrit ceci.


La foret se réveille et ses habitants également.

Il est temps.

Le Sinan n’ose réveiller sa belle pour lui dire Adieu. Il a encor une conviction… il la reverra.

Il se souvient de ses paroles. Après la rivière, trouver une cabane, puis se diriger vers le Nord, d’ici là, la fin de la foret et la route vers la cité où de nombreux bateaux accostent et partent, brassant ainsi les civilisations, les us, les âges… Alors qu’il marche en essayant d’éviter de faire de bruit ses pensées vagabondent et se rejoignent toutes au même sujet : l’Elfe.

Il croit l’entendre, la voir, il a l’impression d’être épier. Fou se dit-il, je deviens fou…

Oui c’est par ici…

Et puis après tout, on finit toujours par tout oublier.

Voilà la cabane, au nord, facile de dire ça…le nord… Montons dans un arbre voir…

Je vais bien finir par oublier ses beaux yeux, sa voix mélodieuse, ses gestes souples, son visage pâle mais si beau…

Par ici… Allons-y.

Et puis en Draia, je finirai bien par trouver une femme à mon goût, et puis je l’oublierai…

Courage.


Sorti de la foret à la tombée de la nuit, Valiant décide de ne pas se reposer et de directement poursuivre sa route : à peine fermait-il les yeux que l’image de l’Elfe apparaissait… il ne voulait pas…


Suant à grosses gouttes, le Sinan regarde ce qu'il vient d'écrire, la gorge sérrée, il laisse le parchemin près des autres, soupire et continue ses essences.
Valiant (qui fut un aventurier) - C.

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Valiant
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Message par Valiant »

Il se souvient de tout, pourquoi il est ici, ce qu'il est sensé rechercher, mais qu'il n'a trouvé, et puis il se souvient de cette bouteille jettée à la mer, bouteille renfermant son amertume, ses orignes qu'il renie. Sinan? Certes, que d'appelation, mas d'âme. Le soleil de Galein'th s'étnue, le vent souffle et emporte en de petits tourbillons le sable qui virevolte. Valiant écrit mot pour mot sa première lettre, il s'en souvient.


Les fortifications se dressent devant lui aux pâles lueurs du soleil levant. Il se repose près d’un arbre dans lequel il grimpe, un cerf égaré passe.

Valiant est assis à califourchon sur une branche, guettant sa proie. Un cerf approche lentement, l'humain sort sa dague et bondit. Raté. Déçu et fatigué de cette chasse vaine, il s'assied contre l'arbre et prend le fruit qui vient de tomber de ce dernier, après avoir croquer dans la chair du fruit, il prend sa plume et mordille son extrémité avant de la tremper dans l'encre couleur sombre et d'écrire un récit que voici :

« Un jour, mon père m'a dit, il me semble, 'sois patient et persévère, et tu arriveras toujours à tes fins...' En ce moment je me dis qu'il a peut-être tord. Voici des fingeliens que j'ai quitté mon village natal... Je me souviens encore des raisons qui m'ont contraints de quitter mes proches.

Je me souviens bien de ce jour-là. Je venais d'avoir la majorité, c'était jour de fête, mon père avait un peu trop bu, je crois. Ah! mon père! Un nécromant connu et reconnu dans mon village! Je crois aussi que son meilleur ami était un magicien peu habile de ses sorts, et fort maladroit, je crois que lui aussi avait bu. Je me souviens parfaitement d'avoir vu cet ami lancé un sort à mon père, sans faire exprès, je me souviens aussi de la folie de mon père à ce moment là, ivre et fou... La magie et l'alcool ne font pas bon ménage, je revois parfaitement mon père invoquer mille et une créatures, et les lancer contre ma mère. Oh, ma mère, ma pauvre et jolie mère. Je revois le sang couler, je revois le carnage des monstres sur tout le village.
Je me rappelle que j'avais réussi à m'en sortir. Je me souviens qu'on a retrouvé mon père mort parmi les autres victimes de sa nécromancie.
Je sens encore le regard des autres peser sur mes épaules. Regards plein de reproche et de haine, comme si j'étais responsable de ce qu'avait fait mon père.
Je me souviens de mes larmes, de mes excuses. Je me souviens de l'exclusion, de la manière dont ils m'ont jeté du village, de la manière dont ils m'ont mis dehors sans rien.

Je me souviens aussi de ces beaux yeux, qui quand je me suis réveillé m'ont accueilli, les beaux yeux d'une elfe... Je me souviendrai toujours de son aide précieuse, et de ce conseil sacré: 'va vers ce point, tu y trouveras des amis, ici je ne peux te garder, tu n'es pas le bienvenue, tu n'es pas de notre race, et tu es orphelin, pars là-bas et deviens fort'
Je me souviens de mon voyage, des hommes qui m'ont volé, qui m'ont menti... Je me souviens aussi qu'à chaque fois, c'est une femme qui m'a sorti du pétrin. Oui, je me souviens.

Mais aujourd'hui j'ai décidé qu'avant d'entrer dans les terres que la belle elfe m'avait montré, je vais rejeté ce passé, ces souvenirs, je suis juste Valiant, homme sans histoire, sans racine. »


Une bourrasque amène le sable sur le visage de Valiant qui recule violemment, laissant le parchemin près des autres, et l'encrier encor ouvert, gromelant, grognant, il s'écarte et essaie de ne plus penser aux sombres chosesqui l'attendent certainement... Et puis à l'Elfe.
Dernière modification par Valiant le 07 mai 2008, 10:47, modifié 1 fois.
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Valiant
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Personne ne sait vraiment.

Message par Valiant »

Le vent souffle doucement sur le sommeil des landais, il transporte tant de haine, tant d’amour, tant d’émotions, de cauchemars, de rêves, de souvenirs, de souhaits, d’espoir. C’est à vomir.

Chacun a sa propre vérité.
Le vent les dissémine au hasard, sous des formes que l’Homme et la Femme de connaissent pas, ne savent guère déchiffrer.



Il se souviendra toujours de ses paroles :
« Un Sinan reste un Sinan ; quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse, il est un Sinan dans son âme et dans son cœur, et les rumeurs populaires aiment à dire qu’un Sinan n’a pas de cœur, alors en Sinan que je suis je n’en ai jamais eu. »

Il l’a dit. Il l’a gravé en lui, il l’a écrit dans le sable avant de l’effacer comme pour renier cette conviction, renier ses origines. Mais le passé ne nous lâche jamais, tel un chien fidèle à son maître, tel un bandit au coin de la rue, il reste dans l’ombre de chacun de nos pas, guettant chacun de nos gestes et à la moindre défaillance, ressurgit pour nous faire trébucher sur le chemin, pour nous engloutir, nous tuer.
Valiant a toujours erré, sans trop savoir où il allait. Il a toujours laissé le destin faire, à moins que ce ne soit que le hasard, la chance et la malchance, avec une pointe d’ironie du sort. Il a longtemps été déchiré entre convictions, pensées, et origines. Il est allé, le dos courbé sous le poids des remords, le poids de sa conscience. Il a cru en des coïncidences, des discours, des réflexions. Et jamais il n’a chuté plus bas qu’il ne l’était, jamais il n’a laissé revivre son passé, il se croyait maître. Il décidait de quand il voulait se souvenir de telle chose, il le décidait. Il dirigeait. Mais un chien, s’enrage. Un bandit, n’obéit pas toujours. Le passé s’est dressé, l’a hanté, l’a envahi, a fait de lui un souvenir, une image plus qu’un individu. Les souvenirs ont fait de lui une simple enveloppe fragile, qui se briserait au premier coup de vent.

Mais…
Mais « Un Sinan reste un Sinan »
Valiant est un Sinan, « quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse »
« Il est un Sinan dans son âme, et dans son cœur »
Il ne les a jamais oublié, ces « rumeurs populaires » qui « aiment à dire qu’un Sinan n’a pas de cœur »
Et Valiant est un Sinan, alors de cœur, il n’en a jamais eu.
Alors le passé ne peut pas l’atteindre.
N’est-ce pas ?
Si l’on n’a pas de cœur, l’on est insensible, l’on ne se laisse pas berner par des espérances qu’on sait vaines, l’on ne se laisse pas aller à ses faiblesses de l’esprit qui nous font aimer, qui nous font aimer…

Alors « en Sinan », il est devenu une apparence, quelque chose de creux, de faux, de vide, ou peut-être de plein. Quelqu’un qu’on peut aimer ou haïr. Quelqu’un qui s’est inventé un cœur, pour renier ce passé, ces origines, pou démentir ces ragots. Quelqu’un qui a cherché une issue, et l’a trouvé, dans le pire des souffrances :

Etre quelqu’un d’autre que lui-même.

[le récit étant écrit à la troisième personne, le lecteur comprendra que ce texte ne peut nullement ni être entendu, ni être lu. Merci.]
Valiant (qui fut un aventurier) - C.

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