Le Fingélien

L'Histoire, avec un grand H, celle façonnée par Fingel et après le Cataclysme celle écrite par les premiers colons.
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Coursier
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Le Fingélien

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1. Introduction poétique
2. Prologue
3. Colonisation des Landes
4. Sanguinaire époque
5. Naissance de Fingel
6. Séjour à Trad-Ûm
7. Utopique solution
8. Audience royale
9. Voyage diplomatique
10. Arrêt au royaume D'jhi
11. Guerre du Trépont
12. Luminea s'élève
13. Le massacre des jours sombres
14. Bataille de l'Illith-thyl
15. Paix éternelle
16. Ô Corruptibles races
17. Épilogue



Fingel est le héros le plus célèbre de l’histoire des Landes. D’innombrables récits et légendes tournent autour de sa personne ou de ses proches. Sa naissance marque l’an 1 du calendrier et l’année a été rebaptisée en « fingelien ».

Fingel était fils de l’Eldorian Thylion, grand conseiller de son roi. A l’assassinat de ses parents, il fut recueilli par des Hommes Bleus qui l’élevèrent dans leurs traditions. Cela lui donna le goût des cultures différentes, il entreprit un voyage initiatique auprès des peuples des Landes. Il apprit l’art martial saurien, se lia d’amitié avec le fils du roi nain, conquit l’estime des Elfes et le cœur de la superbe D’jhi Sanai. Il parvint même à rencontrer les mystérieux Humains Anciens. La bénédiction des Landes semblait être sur lui.

Grâce à ses voyages, Fingel prit conscience que les guerres entre les peuples avaient des motifs futiles. Fort du prestige de ses premiers exploits, il convainquit plusieurs rois de former une alliance pacifique, à laquelle chaque peuple pourrait un jour participer.
Mais cette union contrecarrait les projets du roi sinan Erham, qui tissait sa toile pour contrôler les Landes par l’espionnage et la manipulation. Très bien informés, les Sinans tentèrent de détruire l’alliance en l’attaquant avant qu’elle ne soit opérationnelle. C’était sans compter sur les talents de stratège de Fingel, qui sut utiliser au mieux les capacités de chaque peuple allié. Les Sinans subirent une lourde défaite dans les gorges du Trépont et la plupart des peuples rejoignirent l’alliance.
Erham ne s’avoua pas vaincu pour autant. Il mit la main sur un puissant orbe magique, l’Illyth Thyl, qui lui permettait de lever des armées de morts vivants et d’autres monstruosités. Deux ans à peine après sa défaite, il défiait la jeune alliance avec une armée apparemment invincible. Fingel dut se faire Sinan parmi les Sinans pour comprendre l’origine de la puissance de son ennemi et le contrer. Il permit la victoire de son camp en dérobant l’orbe maudite lors de la bataille décisive. Vaincus, les Sinans et leurs alliés Galdurs durent rejoindre l’alliance.

Dès lors commença le siècle le plus heureux de l’histoire des Landes, connu sous le nom de Paix Eternelle. L’alliance regroupait tous les peuples. Fingel la guidait sagement depuis une capitale bâtie pour symboliser cette ère nouvelle, Luminea. Et le continent vivant semblait approuver cette paix, se faisant doux pour ses habitants et accordant à Fingel une apparente immortalité.
Pour unifier les peuples, Fingel leur enseigna la religion que les Humains Anciens lui avaient transmise, celle de la Prompte et Forte Poigne. Il montra que chaque religion des Landes était un aspect de cette divinité d’amour et de paix. Ce fut paradoxalement la cause de sa chute. Un jeune prêtre eldorian, Tallikion, fit une interprétation extrême de cette religion. Il réveilla le racisme latent de son peuple en accusant les Hommes Bleus de pratiques hérétiques. La haine déboucha sur une nouvelle guerre générale, et Fingel se suicida en contemplant l’effondrement de son œuvre.

Tallikion semblait triompher, mais nul n’avait anticipé la réaction des Landes, dont les grandioses projets venaient d’être brisés par la sottise de leurs habitants…

Coursier
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1. Introduction poétique

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Voici donc ces fameuses terres
Qui aiment retenir dans leurs serres,
Celui dont le courageux cœur
Infaillible à la terreur,
Ou l’aigre-douce infortune
Qui, de désespoir, s’assume
L’a amené à s’approcher,
De ces landes bien cachées...
Perdu entre les hauts sommets.
Ires et colères et regrets,
Le submergent. Mais très vite,
Il veut fuir mais ne résiste…
En extase devant tant de pureté,
Aux paysages inégalés,
Il s’émerveille, cœur et âme
Et ne s’aperçoit pas du blâme.
Voici la faiblesse de Prométhée :
Donner à l’homme l’envie d’explorer...
Elles l’ont maintenant sous leur joug,
Et il apprécie. Pauvre fou...

Ces landes sont immortelles
Et résistent à l’assaut du temps.
Mais très vite, d’un linceul blanc
Couvrent ses habitants. Si cruelles...

Je me souviens du riant faciès
Lors des fêtes et agapes,
Des fiers Alliés en liesse
Buvant dans de précieux hanaps.

Ces landes sont criminelles,
Car y résonnent longtemps après
Les cris de ceux qu’elle a défait,
Si vous tendez quelque peu l’oreille.

La paix telle une grande cape
Recouvrait toutes les races
Suivant, unis, la même trace
Jusqu’à ce que le destin ne frappe...

Ces landes semblent vénielles
Mais s’y affrontent deux camps
Chaque jour dans un combat sanglant
Souffrance et beauté font querelle.

La magie des Hommes Bleus
Et la sagesse des Elfes anciens
S’appliquaient aux arts Sauriens
Dans l’idée d’un grand enjeu.

Ces landes sont immatérielles
Gorgées d’une infinie kyrielle
De chimères semblant si réelles,
Jusqu’à ce qu’arrive le réveil !

Sous le règne de Fingel le Divin,
Tous croyaient son chant infini,
Que disparaîtraient tout conflit,
Que le songe n'en était pas un...

Gisent aujourd’hui encore sur elles,
Les souvenirs d’un torque délaissé
Seule preuve d’une époque oubliée
Qu’elles ont couverte de leur fiel.

Sous la lueur de leur soleil,
Vous serez vite épris d’elles
Mais cet amour passionnel,
En vérité, sera mortel...
Si vous osez les affronter,
Ne suivez pas l’exemple d’Enée
Car vouloir les coloniser,
Vous abattrait sans pitié.
Néanmoins gardez espoir :
Elles s’affaiblissent certains soirs
Et se mettent à apprécier
Ceux qui tentent de les dompter.
Alors vous connaîtrez le repos,
A moins que la Mort et Sa faux
Ne vous ait dit, souriante : "A bientôt !"…
Je vous ai averti de ces mots !
De leurs lèvres dorées,
Je les entends murmurer :
"Viens à nous fol aventurier
Ici tu pourras lever l’épée !
Nous sommes éternelles,
Et, les plus beaux, sont nos ciels...
Obéis à nos sentinelles,
Nos sirènes sempiternelles,
Qui de désir, t'éveillent !
Laisse-toi aller à notre appel...»

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Coursier
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2. Prologue

Message par Coursier »

Les landes éternelles...

Oh combien ces deux mots me semblent aujourd'hui cyniques...

Ces landes sont éternelles, oui... Mais ses habitants, ses royaumes, ses vertus et son histoire ne le sont pas.

Je dois être le seul rescapé de ce qu'on appelait autrefois une civilisation. Elle a disparu aujourd'hui, noyée dans son orgueil, étouffée par sa décadence, tombée dans le gouffre de l'oubli. Néanmoins les landes qui l'ont accueillie, elles, restent, semblant souligner la futilité de ce que hommes et autres races bâtissent.

Je suis maintenant vieux, usé et surtout seul. Le feu qui réchauffe ma maison et mon corps va bientôt s'éteindre. Il ne me reste des provisions de bois que pour quelques jours. Le vent souffle dehors et des rafales de neige cognent contre la vitre. Je suis seul et je ne suis même plus capable de soulever une hache. Le destin m'est clair pour une fois : je m'éteindrai avec le feu, lorsqu'il aura digéré mes dernières bûches.

Mais je ne suis pas encore mort et je ne laisserai pas ces landes effacer tout ce que j'ai vécu ! Ces landes qui se targuent de ne pas disparaître ont une concurrente : ma plume.

Voilà ce que je vais faire pendant que les minutes s'égrènent et que le temps qui m'a été imparti touche à sa fin : je vais écrire comme jamais je ne l'ai fait !

Je ne suis peut-être pas barde mais j'ai tellement de choses à raconter, que la qualité ne m'importe pas. La quantité la remplacera.

J'écris pour oublier que la mort est toujours là au tournant, qu'elle m'a dit "à bientôt".

J'écris pour prouver qu'il n'y a pas que ces landes qui sont éternelles !


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Coursier
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3. Colonisation des Landes

Message par Coursier »

Je ne vais pas raconter toute l'histoire des Landes Eternelles car elles sont nées avec ce monde entier.

Cernées par une chaîne de très hautes montagnes, elles semblaient s'en contenter. Pendant des millénaires, les seuls habitants des landes furent les Humains Anciens.

Fruits d'une civilisation dont l'origine même a été oubliée, ils cultivaient le savoir et le gardaient jalousement. D'aucuns disent qu'ils sont les véritables maîtres ou êtres des Landes Eternelles.

Certains d'entre eux sont immortels, d'autres non. Ils semblent venir d'un autre monde et viennent d'une civilisation qui avait pour but d'aider les autres races, plus fragiles. Très peu sont ceux qui ont pu ne fut-ce que les apercevoir et qui pourront les apercevoir dans le futur,- s'il en reste encore...

Un jour, commencèrent à arriver des étrangers de races très diverses. Ils s'installèrent, fondèrent familles et royaumes, colonisèrent les sauvages Landes Eternelles. Elles semblèrent s'en accommoder et la véritable partie encore non habitée se réduisit à une langue de terre centrale.

Ces Landes, qui pendant des millénaires étaient restées sauvages, s'étaient vu attribuer une réputation de contrées maudites.

Mais voilà que des peuples y prirent racine... Le monde extérieur n'en entendit plus parler et crut que la malédiction des Landes les avait engloutis. S'ils savaient combien ils avaient raison...

Il était néanmoins trop tard : les habitants des Landes en étaient tombés amoureux et n'en sortiraient pas vivants.


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Coursier
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4. Sanguinaire époque

Message par Coursier »

L'époque que je vais vous conter est celle dite "du Fingelien", qui prit son nom du plus grand être que les peuples des Landes ne connurent.

Entre l'arrivée des premiers étrangers et l'époque du Fingelien, des siècles s'étaient déroulés.

Toutes ces années n'avaient pourtant connu qu'un seul mot : la guerre.

Lorsque naquit celui qui donna son nom à l'heureuse époque, Fingel, il y avait dix royaumes. Et il n'en était pas un qui ne soit pas en guerre avec son voisin, sans même parfois se souvenir de la raison de celle-ci.

Le peuple qui cumulait le plus de différends était celui des humains d'Eldorian. Les humains, prompts au déchirement et au racisme, avaient réussi à s'attirer la haine de la plupart des autres pays et étaient même parvenus à perdre une partie d'eux-mêmes : les Sinans, anciens Eldorians, revendiquèrent leur propre royaume au prix du sang de bien des innocents.

Quelques autres royaumes de races presque humaines existaient, très écartés d'Eldorian même : c'était le cas des D'jhis, le peuple des chevaux, et les Galdurs, Hommes des Glaces.

D'autres peuples avaient les caractéristiques des humains mais s'étaient vu écartés par les Eldorians mêmes par simple peur de la différence. Les Kultars, très petits hommes à la peau noire et les Hommes Bleus, qui, - mis à part la couleur légèrement bleutée de leur peau -, avaient toutes les caractéristiques physiques des Eldorians.

Les Hommes Bleus, vivant dans un grand désert, avaient des pouvoirs très particuliers : la télépathie mais aussi le chant : par ce dernier, ils pouvaient tout aussi bien détruire des objets, que leur donner la vie ; comparables aux sirènes, leur chant leur donnait un charisme ineffable.

Les seuls peuples qu'on ne pouvait qualifier d'humains étaient les Sauriens, gardiens des mers ; les Nains, gardiens des montagnes ; les Elfes, gardiens des forêts et les Humains Anciens, que personne n'a eu l'honneur de décrire.

Tous ces peuples avaient au fil des siècles délimité leurs territoires, laissant une large bande inhabitée : ce qu'il restait des Landes Eternelles.

Ces dernières semblaient se réjouir des nombreuses guerres entre royaumes, espérant sans doute leur perte et ainsi recouvrer leur immensité d'antan.


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Coursier
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5. Naissance de Fingel

Message par Coursier »

Voilà l'environnement géographique dans lequel l'eldoriane Raya, femme de Thylion, Grand Conseiller du Roi eldorian Ellion mit au monde Fingel.

Raya et Thylion étaient de fervents admirateurs du peuple Elfe, ne rejoignant ainsi pas l'avis général des Eldorians, qui les craignaient et les trouvaient trop hautains, sûrs d'eux.

C'est pour cette raison qu'ils donnèrent à leur fils le nom de Fingel, à consonance elfe. Fingel apprit la langue des Eldorians mais aussi celle des Elfes, dès son plus jeune âge.

Fingel ne connut pas beaucoup son père : celui-ci, était régulièrement envoyé par le Roi Ellion en mission, afin de découvrir ce que les autres Royaumes projetaient. Thylion avait depuis longtemps compris que les Sinans n'avaient plus attaqué les Eldorians depuis longtemps, parce qu'ils projetaient en réalité de terribles plans.

Ces derniers, depuis leur séparation des Eldorians, s'étaient adonnés aux magies les plus sombres et anciennes. La nécromancie était devenue leur principale force, par la peur qu'elle inspirait. Mais Thylion ne fit pas part au roi du risque de nouvelle guerre, encore peu sûr des projets Sinans.

Quand Fingel atteignit l'âge de six ans, Thylion et Raya décidèrent de l'emmener chez les Elfes, parmi lesquels ils avaient des amis. Fingel ne vit pas les Elfes mais vit plutôt la mort de ses parents. Les Sinans, au courant des soupçons de Thylion, tendirent un guet-apens à celui-ci et l'assassinèrent ainsi que sa femme.

Heureusement pour Fingel, une troupe d'Hommes Bleus passait par là, menés par Tin-Lath, un des membres du Conseil Bleu qui dirigeait ces derniers. Lui et ses guerriers mirent en déroute les quelques Sinans. Voyant l'enfant encore vivant, Tin-Lath décida de le ramener dans sa tribu.

Il laissa des bijoux typiques des Hommes Bleus sur le lieu du crime, laissant ainsi un signe aux Eldorians et croyant que ceux-ci l'interprèteraient comme il le voulait : "Nous avons l'enfant, venez le prendre".

Lorsque les Eldorians découvrirent le crime ils ne saisirent pas le message et qui plus est, un espion Sinan bien introduit, fit croire à Ellion que les bijoux des Hommes Bleus ne prouvaient qu'une seule chose : les Hommes Bleus avaient massacré le plus proche ami du Roi, sa femme et son enfant.

La haine passive que les Eldorians entretenaient envers les Hommes Bleus s'enflamma et la guerre fut déclarée. Les Sinans avaient atteint leur but : Ellion n'avait aucun soupçon envers eux, en avait fait des alliés et les Eldorians allaient s'affaiblir dans une guerre sans raison contre les Hommes Bleus...

Le Conseil Bleu n'eut même pas l'occasion de s'expliquer et d'éviter la guerre, les Eldorians étaient devenus bien trop méfiants. Tin-Lath décida alors de prendre l'enfant sous sa protection et il l'éleva selon les traditions des Hommes Bleus. Son enseignement fit effet sur Fingel : apprenant vite, ce dernier acquit même les capacités particulières des Hommes Bleus.

Ses premiers essais de magie et d'utilisation de la voix eurent grand succès et l'entendre chanter était un baume pour le cœur et l'âme de ceux qui l'entendaient.

Tous les Hommes Bleus attendaient avec impatience le jour où l'Humain Fingel, créerait son propre chant, selon la tradition des Hommes Bleus. Trois années après son arrivée, les batailles entre Eldorians et Hommes Bleus firent des ravages. Tin-Lath et le Conseil Bleu, voyant la guerre s'éterniser et aller en leur désavantage, décidèrent de réorganiser le territoire et les campements de leur pays, afin de mieux faire face à l'ennemi.

Pendant cette période, Fingel fut envoyé chez les Sauriens, en paix avec les Hommes Bleus. Là, il découvrit les secrets Sauriens et le plus grand : ils ne vivaient pas sous l'eau comme les rumeurs persistantes voulaient le dire mais bien sur une île, au large des côtes des Landes Eternelles. Malgré cela, leur faculté de respirer sous l'eau fut transmise à Fingel et les Sauriens lui apprirent à utiliser l'eau à son avantage : c'est ainsi qu'il apprit à combattre selon les méthodes Sauriennes.

Armé de deux courtes épées ondulées, il acquit une agilité époustouflante en exerçant ses mouvements sous l'eau. Ralenti par les flots, il apprit à maîtriser parfaitement chacun de ses gestes. Après deux ans de séjour parmi les Sauriens, il était devenu un guerrier redoutable, sans que personne d'autre que ses maîtres ne s'en rendent compte.

De retour parmi son peuple adoptif, Fingel se mit à travailler sur son chant et à continuer à maîtriser la magie bleue.

Avec les conseils de Tin-Lath, il mit fin à sa création à la date du Grand Conseil où tous les créateurs de chants exposaient leur création afin d'essayer d'entrer dans le Conseil Bleu. Lorsqu'il monta sur scène, devant tout son peuple, un murmure d'étonnement et de réprobation se fit entendre : on n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi jeune s'essayer au Grand Conseil et, qui plus est, Eldorian d'origine.

Ne prêtant pas attention à ces murmures, Fingel prit son instrument et chanta de tout son cœur. Dès les premières notes, le bruit de fond s'arrêta net et un peuple entier fut charmé par la voix d'un étranger.

Les larmes vinrent aux yeux des plus endurcis et l'admiration apparut dans les yeux des meilleurs chanteurs.

Utilisant sa voix avec la même dextérité que ses épées courtes, lissant les cordes de sa harpe de voyage pour faire naître des sons inattendus, concentrant ses paroles sur le thème d'un monde déchiré - le sien -, Fingel fit de sa création une explosion de beauté, qui fit frémir les Landes elles-mêmes : le sol se mit à trembler et dans le ciel, des colorations vertes et jaunes apparurent, comme dans un songe.

Continuant son chant sans prêter attention aux phénomènes, les yeux fermés, Fingel ne vit pas non plus ce que ses spectateurs virent sur lui : son front s'éclaira d'une lumière bleue et s'y forma un signe, comme le portaient à la naissance tout homme bleu.

Non seulement Fingel avait bouleversé l'art d'un peuple entier qui s'y consacrait, mais il obtenait une des caractéristiques qui différenciait l'homme bleu de l'humain classique.

Un miracle, voilà ce qu'il avait été donné de voir aux êtres réunis ce soir là et à tous les autres qui virent les Landes Eternelles y réagir.

C'est ce jour là en particulier, que le Fingelien commença réellement. Les Landes avaient annoncé haut et fort une période de changement.

Allait-elle durer ?


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Coursier
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6. Séjour à Trad-Ûm

Message par Coursier »

Selon les lois des Hommes Bleus, suite à son chant exceptionnel à l'avis de tous, Fingel devait entrer dans le Conseil Bleu, aussi jeune fut-il.

Mais il en décida lui-même autrement, en expliquant au Conseil qu'il ne se sentait ni prêt ni à la hauteur de si hautes fonctions.

Il demanda néanmoins une faveur que Tin-Lath, chef du Conseil s'empressa d'accepter : sa visite chez les Sauriens lui avait fait découvrir un certain attrait au voyage et à la découverte d'autres peuples et il désirait plus que tout voyager encore, tout en aidant le peuple des Hommes Bleus.

C'est ainsi que Fingel fut envoyé chez le roi nain Talkur : officiellement dans le but d'apprendre l'art des forges et la culture naine, il était en réalité chargé de renouer les liens oubliés qui avaient autrefois existé entre Hommes Bleus et Nains.

Arrivé à l'entrée des immenses grottes de Trad-ûm, il fut accueilli par le Roi en personne, qui sans ignorer la mission diplomatique que représentait le jeune envoyé, l'accueillit néanmoins comme un simple apprenti. D'une tape dans le dos, il l'invita à se joindre aux jeunes nains aussi en apprentissage dont faisait partie son propre fils Enur, et se retira ensuite.

Sans relever le manque de diplomatie de l'accueil très particulier du roi nain, Fingel se dit que ce pouvait aussi bien être intentionnel que normal pour un Nain. Il se promit, quelle que soit l'issue de ne pas relever le sarcasme qui pouvait n'être qu'une simple tradition naine.

Les premières semaines de l'année que Fingel devait passer à Trad-ûm furent très difficiles : même s'il se débrouillait dans le travail harassant qui lui été destiné et ne perdait pas patience dans un apprentissage qui n'avait pas été convenu, il subissait jour et nuit les railleries de ses proches compagnons nains.

Ces derniers, dès le premier jour, lui avaient fait montre d'hostilité envers sa présence, comme tous les autres Nains du royaume découvrit-il très vite.

Dans une ambiance de méfiance omniprésente qui envahissait tous les royaumes des landes éternelles, les Nains semblaient les plus hostiles à toute forme d'amitié entre peuples.

Dans leur profondes et somptueuses cavernes, ils voulaient garder leurs secrets pour eux et ne voyaient pas d'intérêt à accueillir des étrangers qui ne les comprendraient de toute façon pas.

Mais Fingel tint bon et comprit qu'il avait un rôle à jouer par rapport à cette situation : fruit de différentes cultures, il devait éviter de fuir les plus xénophobes, mais plutôt de les contrer.

Ses efforts furent alors récompensés par un évènement fort inattendu : un jour où il avait été affecté seul dans un boyau des mines souterraines, la montagne qui abritait le peuple nain exprima sa colère et les cavernes toutes entières furent secouées des spasmes de son mécontentement.

Les mines, quoique bien creusées ne résistèrent pas et la plupart s'effondrèrent. Tous les Nains travaillant à la mine fuirent les boyaux bientôt condamnés par les éboulis, suivis par Fingel. Le roi Talkur, descendu ce jour-là faire sa tournée dans les mines, n'eut pas le temps d'échapper à la tempête de pierres autours de lui et resta prisonnier des gorges pierreuses.

Quant les travailleurs nains réunis s'en rendirent compte, ils comprirent qu'ils ne pouvaient plus rien faire : des tonnes de pierres les séparaient de leur valeureux roi et tenter de le sauver ne pouvait que déclencher de nouveaux écroulements ainsi que la mort d'autres Nains.

Défaits, les Nains se résignèrent, mais Fingel refusa le défaitisme de tous : il s'avança devant la mine bouchée et s'assit en tailleur.

Il se mit alors à chanter, et, les yeux fermés, à se concentrer. D'aucuns des Nains présents virent alors le signe sur le front de du jeune homme briller d'un bleu éclatant.

La lumière bleuâtre enveloppa alors son corps entier et à la grande surprise de tous, il disparut !

Les mineurs ébahis n'eurent pas le temps de s'étonner : un éclat de lumière apparut à nouveau mais cette fois-ci, elle fit place à Talkur soutenu par Fingel. Ce dernier venait de découvrir un nouvel aspect de la magie des Hommes Bleus, qu'il tentait de mettre au point depuis son arrivée chez les Nains : il avait transformé le pouvoir de télépathie des Hommes Bleus en un pouvoir plus puissant encore : celui de se transporter d'un endroit à l'autre sans bouger, la télétransportation.

Suite à l'effort de concentration demandé par une telle magie, Fingel s'écroula devant tous.

Quand il se réveilla, il vit Talkur et son peuple entier autour de lui l'acclamer. A partir de ce jour, il fut accepté par tous les Nains et devint le plus proche ami du prince nain Enur, éternellement reconnaissant. Ceux qui l'avaient insulté et exclu devenaient maintenant ses plus sympathiques compagnons.

Cet évènement eut une importance plus grande encore : Fingel comprit la futilité des disputes qui éloignaient tous les peuples des landes éternelles. Il suffisait d'un simple coup dur pour que les mains hostiles se joignent à nouveau et acceptent leurs différences mutuelles.

Le reste de l'année passée chez les Nains toucha à sa fin très vite et le jeune apprenti apprit l'art de la forge avec l'aide de tous. Il surpassa les meilleurs forgerons et acquit la reconnaissance des plus grands artistes de Trad-ûm.

Un mois avant la fin le séjour du nouvel artiste né, le royaume nain fut attaqué par une armée sinane qui cherchait à voler les richesses de la montagne. La grande armée ne pût que reculer devant la colère naine qu'ils avaient déclenchée, mais découvrirent surtout la puissance guerrière de Fingel.

Alors que la bataille battait son plein et que les haches des plus braves guerriers nains s'agitaient, Fingel, malgré la demande de Talkur de rester en dehors de la bataille, vêtu d'une simple cape, s'avança vers les deux armées s'empoignant et sortit ses deux lames sauriennes.

Poussant un cri de colère face à l'avidité des humains sinans, il courut et arriva rapidement au centre de la plaine du combat. Fingel commença alors la danse guerrière qu'il avait inventé lors de son séjour chez les Sauriens. Car c'est ce que faisait Fingel au combat : il dansait et suivait une chorégraphie sanglante, aussi bien rythmée que ses chansons.

Virevoltant entre les ennemis, il transperçait l'un et déjà, faisant un pas de côté, évitait l'épée de son voisin. Sa cape flottant autours de lui, il donnait l'impression à ceux qui tentaient de le viser d'être partout à la fois.

Avec une agilité extraordinaire, il utilisait ses deux lames ondulées, dont l'éclat apportait le signe d'une mort certaine à celui qui l'apercevait. Devant les guerriers sinans terrifiés et les Nains bouche bée, le jeune Fingel montra à tous qu'outre de grands idéaux de paix et de puissants dons magiques, naissait en lui un formidable guerrier dont les exploits seraient chantés à travers les âges...

Ce combat prit le nom de bataille de la Grande Chaussée et le Roi Talkur décida qu'après avoir sauvé la vie d'un roi et mené un peuple à une victoire rapide, le jeune humain et homme bleu devait être récompensé largement.

C'est pourquoi, le jour de son départ de Trad-ûm, Talkur lui offrit une armure couverte de thyl, l'extraordinairement précieux et éternel métal recherché par les Nains du monde entier. Réputé indestructible, ce métal valait plus que tous les autres réunis.

Talkur n'en avait cure : il prévoyait que Fingel aurait l'étoffe d'un être digne de la porter.

Le cadeau inestimable scella définitivement la paix entre les hommes bleus et les habitants de la montagne. En outre, Enur décida de suivre son nouveau compagnon pour une année, afin de confirmer la paix retrouvée, et de découvrir lui aussi le monde extérieur.

Enur et Fingel prirent alors des chemins détournés avant de retrouver les hommes bleus : ils voyagèrent durant une année supplémentaire, traversant la plupart des contrées orientales des landes...

L'épisode du séjour chez les Nains est primordial car il aura permis à Fingel de découvrir ses propres dons et... songes...


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7. Utopique solution

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Durant leur année de voyage, les deux compagnons découvrirent qu'il ne restait que lambeaux des anciennes amitiés déjà rares entre les différents peuples des Landes.

Ils comprirent très vite qu'un seul peuple était la cause de la presque disparition des relations amicales et des nouvelles guerres apparues : les Sinans.

Fingel, sans le savoir, découvrit au détour de plusieurs périples et incursions discrètes dans le royaume de ces derniers, leurs plans, comme l'avait fait son père avant de mourir. Les Sinans voulaient la domination sur les Landes entières et suivaient un plan très simple à cette fin : ils profitaient de la peur intrinsèque des peuples les un pour les autres pour la transformer en haine.

A son retour chez les Hommes Bleus, Fingel raconta tout cela à Tin-Lath qui décida qu'il était temps de dire à celui-ci qui était la cause de la mort de ses parents. Fingel prit alors la décision de venger l'honneur de ses parents.

Non pas en cherchant futilement à punir leurs assassins, mais en luttant pour que les plans des Sinans soient défaits, et qu'à la place d'un monde en ruine, à feu et à sang, s'élève son rêve le plus ancré : un monde en paix, un monde sans déchirements.

Il s'isola alors une semaine pour réfléchir à la voie la plus opportune qu'il fallait emprunter afin d'approcher quelque peu cet idéal.

Une idée germa dans son esprit : un type particulier d'alliance, qui reposerait non seulement sur les principes de protection mutuelle des pays qui la composeraient mais aussi sur leurs apports réciproques et le serment de ceux-ci de ne jamais attaquer un autre royaume, membre ou non de l'alliance.

De cette façon, ceux qui feraient partie de cette dernière seraient non seulement prompts à s'accepter entre eux mais aussi aptes à ne pas déclencher le courroux des autres pour mieux les accueillir parmi eux.

Ainsi, cette alliance ne pourrait que grandir sans se détruire d'elle-même et appliquerait ses principes aussi bien sur ses membres, que sur les autres.

Si bonne soit cette idée, il fallait faire en sorte qu'adhèrent à elle lors de sa création, plusieurs royaumes aux guides motivés par un but si grandiose.

Il fit donc part de son idée à Tin-Lath et à Enur. Tin-Lath, sage d'entre les sages vit dans cette idée l'espoir d'un futur qui ne pourrait être que meilleur.

Il savait aussi que pour le Conseil Bleu et son peuple entier, l'idée ne serait pas difficilement acceptable : la paix est ce que cherchaient depuis toujours les Hommes Bleus, n'espérant que pouvoir développer leur art et leur magie librement.

Quant à Enur, bien que nain ayant comme ses confrères l'esprit pragmatique, et peu enclin aux grands rêves fraternels entre peuples, il avait fait ce que beaucoup de sa race n'auraient jamais entrepris : un voyage d'une année où il avait découvert la bêtise des êtres qui n'ouvrent jamais leurs yeux sur l'extérieur.

Il accepta au nom de son peuple et de son père, de se charger de convaincre ceux-ci. C'est à cette fin qu'il prit congé du pays des Hommes Bleus.

Fingel, après avoir montré la découverte du pouvoir de se transporter sans effort par la magie au Conseil Bleu, partit pour Eldorian, bien décidé à convaincre le roi Ellion...


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Coursier
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8. Audience royale

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Fingel arriva en Eldorian le jour de la grande audience royale d'Ellion : il s'agissait d'un grand rassemblement de tous les nobles, hommes et femmes du royaume devant le trône du roi, qui y informait ces derniers de l'état du pays et des guerres en cours.

Fingel, le visage dissimulé et habillé sombrement, intervint au moment où Ellion entreprit de parler des actions des Sinans qui visaient à éradiquer tous les ennemis de la paix dans les Landes en particulier le peuple des Hommes Bleus : il cria au mensonge.

Invoquant le droit de tout citoyen Eldorian de pouvoir réagir aux paroles du roi lorsqu'il les jugeait inadaptées, personne ne put le contraindre au silence.

Les essais du conseiller royal sinan d'Ellion pour ridiculiser Fingel et le faire sortir de la salle du trône furent réduits à néant lorsque ce dernier enleva sa cape et sa capuche : tous reconnurent le fils de Thylion, que tous avaient respecté avant sa mort et respectaient encore.

Le roi en fut renversé et devant ses interrogations, le jeune homme se mit à chanter. Il conta en musique la mort de ses parents, les récentes actions des Sinans contre les Nains et les autres peuples libres des landes ainsi que leurs plans déjà dévoilés autrefois.

Au grand silence qui suivit la fin des douces et bouleversantes notes de la harpe du chanteur, Ellion répondit en ordonnant à la garde de mettre aux fers son conseiller sinan et d'inviter Fingel à monter dans ses appartements pour tout lui expliquer en détail.

Pendant les jours qui suivirent, Fingel entretint de longues heures le roi quant à la situation politique et militaire réelle des landes, qu'on lui avait cachée. Lorsqu'il jugea le roi prêt à entendre ce qui pourrait être une solution à l'inextricable zizanie installée par les Sinans, il lui fit part de son idée qui émerveilla Ellion et reçut immédiatement son appui : ainsi, l'alliance naquit des mains des deux hommes.

Un mois après l'audience agitée, le Conseil Bleu eut la surprise de voir arriver deux personnes royales : le roi Ellion et le roi nain Talkur, la main tendue vers la réconciliation et le cœur ouvert à une idée qui allait changer l'avenir de tous.

Les Rois jurèrent de respecter fidèlement les principes de l'Alliance : de ne jamais s'en prendre à un autre membre de celle-ci, de toujours protéger les membres attaqués, de refuser de combattre un quelconque pays extérieur sans que celui-ci ne l'ait d'abord attaqué, de faire partager les autres peuples respectant ces principes leurs particularités et de tout faire pour favoriser l'entente de chacun.

Ils firent le serment, un genou à terre, en cercle, entourés par les plus estimés habitants des trois royaumes maintenant unis.

Sur proposition d'Ellion, une armée commune fut mise sur pied : composée des plus puissants guerriers Eldorians, accompagnés des mages les plus respectés et magiciennes bleues et des meilleures haches naines, elle était en outre protégée par l'art protecteur forgeron de Trad-ûm.

Le Conseil des Rois fut instauré : tous les mois et à chaque demande d'un de ses membres, les représentants de chaque pays de l'alliance se réunissaient pour construire une politique diplomatique et militaire commune.

Bien que Tin-Lath soit le seul représentant officiel des Hommes Bleus, tous proposèrent Fingel comme arbitre des prestigieuses réunions malgré son appartenance à un des royaumes.

Mais le fondateur de l'Alliance refusa, ayant un autre projet en tête : avant de se reposer sur ses lauriers et de considérer l'Alliance parfaite, il voulait apprendre son existence aux autres peuples, et les inviter à en faire partie.

Il partit donc avec pour seule compagnie un diplomate de chaque pays de l'Alliance dont son ami Enur, avec pour première direction la Grande Forêt Elfique d'Althaniel.


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Coursier
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9. Voyage diplomatique

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A peine entrés dans la forêt, ils furent arrêtés par une véritable muraille végétale : des buissons extrêmement touffus, des grandes racines et d'autres nombreuses plantes leur bloquaient la route et ce sur une très longue distance.

Demandant à Enur de ne pas céder à sa tentation de passer au travers à coup de haches, Fingel parla haut et fort en clamant, dans le parler elfique, qu'il venait en paix et en ami des Elfes. A peine eut-il parlé que les plantes s'écartèrent sur une troupe d'elfes qui les emmenèrent à Alganiel, l'Ancien Guide du royaume elfe des Landes.

Voir un étranger utiliser leur langue sacrée fit effet parmi les Elfes et devant Alganiel mais cela ne fut pas suffisant pour les convaincre d'entrer dans l'Alliance.

Malgré leur intérêt pour la paix, lorsque ceux-ci comprirent qu'ils devraient sceller la paix voire une amitié entre eux et les nains, ils se rétractèrent.

Enur contint sa rage naissante mais se retint après avoir croisé le regard brillant de Fingel : les Elfes avaient accepté comme seule concession leur présence à un banquet organisé le soir même et avaient autorisé ce dernier à consulter les manuscrits elfes suite à sa demande respectueuse.

Fouillant toute l'après-midi dans les milliers de parchemins anciens, il découvrit ce qu'il cherchait : la cause de la mésentente entre Nains et Elfes.

Fingel ne put se retenir de rire aux éclats en la découvrant : lors d'une soirée fort arrosée, à l'époque où les deux peuples se serraient les coudes, le roi nain avait blagué sur le compte des arcs si souvent utilisés par les Elfes, et qui en faisaient leur fierté. En réponse, l'Ancien Guide elfe avait tranché la barbe du roi. Ce qui n'était que moquerie éthylique était devenu mésentente, puis s'amplifia en séparation et les blagues devinrent affrontements armés.

A l'heure de l'ouverture du banquet par les paroles d'Alganiel, Fingel se leva et conta ses découvertes. Sur le nom de la sagesse elfique si réputée, il pria les Elfes rassemblés de comprendre que leur déchirement des être de Trad-ûm ne s'appuyait sur aucune raison valable et qu'ensemble, autrefois, les deux peuple avaient bâti de grandes choses et s'étaient longuement complétés.

Alors que Fingel vit dans le regard d'Alganiel qu'il était trop buté pour y croire, un évènement changea le cours des choses : un guerrier sinan s'était introduit dans la forêt elfique et avait profité de l'inattention des archers elfes pour tendre son propre arc et viser Alganiel.

Enur qui vit le guerrier tendre la corde de son arme lâche s'interposa devant l'Ancien Guide. La flèche vint se ficher dans l'épaule du Nain et alors que le Sinan se faisait abattre par les guerriers elfes, le maître nain la retira violemment en souriant, défiant quiconque de prétendre qu'il avait mal.

Il se retourna vers Alganiel et concluant la mésaventure d'une remarque emplie de franchise naine, il provoqua par là même l'entrée des Elfes dans l'alliance, Elfes qui durent se rendre à l'évidence en ce qui concernait les Nains : il fallait avant tout être capable d'apprécier leur humour... caractéristique.

Le voyage de la compagnie diplomatique prit alors la direction du pays des Sauriens, une fois faite la promesse d'Alganiel de se rendre en Eldorian officialiser son entrée dans l'Alliance.

Sur le chemin, un message parvint à Fingel, l'informant par ce biais que le Conseil des Rois avait entrepris la construction d'un bâtiment consacré à l'Alliance et à son armée, proche de la capitale eldoriane.

L'endroit avait été accepté par tous les membres du Conseil. Dès la fin de la construction, une cérémonie serait organisée pour l'entrée des Elfes dans l'Alliance.

Enfin, dans ce même message, on pressait Fingel de terminer son voyage pour voir et participer à la concrétisation de son rêve.

La tentation était grande pour ce dernier. Mais il continua sa route d'un pas sûr et arriva aux frontières sauriennes d'où il vit ainsi que ses compagnons, la scintillante côte des Landes Eternelles.

La mer s'étendait paresseusement à leurs pieds. Ils rencontrèrent une troupe de guerriers sauriens qu'ils suivirent. Ceux-ci les guidèrent à une barge qui navigua vers l'île saurienne, entourée d'autres guerriers des mers, qui la suivaient à la nage.

Une fois sur l'île, ils se rendirent à l'étrange capitale saurienne, aux bâtiments tous de même type : de forme ovale et construit d'un marbre verdâtre.

Le Chef Prachin, élu à la majorité de l'assemblée démocratique du peuple saurien leur fit un accueil chaleureux. Le résultat de cette rencontre fut un grand intérêt de Prachin et de ses conseillers envers l'alliance. Il expliqua qu'il ne manquait qu'une chose : l'accord de l'assemblée. Ceci prendrait du temps, mais il était sûr de l'obtenir.

Le pays suivant sur l'itinéraire de Fingel était celui des Kultars qui était en pleine guerre interne : depuis sa naissance, le royaume était divisé en permanence entre le clan de ceux qui adoraient la magie et celui de ceux qui préféraient les armes classiques.

Fingel et ses compagnons rencontrèrent l'Alta Mundi, Maîtresse Sorcière du clan de la magie, qui leur expliqua que bien que la guerre allait bientôt être remportée par son clan, le pays des Kultars était loin d'être digne de faire partie d'une noble cause, trop peu unifié.

Elle assura à Fingel qu'elle repenserait à l'Alliance le jour où son peuple connaîtrait la paix.


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10. Arrêt au royaume D'jhi

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Au pays des D'jhis, Fingel obtint bien plus que l'envie de ce peuple de faire partie de l'Alliance : lors d'une visite dans une ville secondaire du royaume, il rencontra la discrète mais superbe Sanai un soir de fête.

De leur première rencontre à l'écart de la fête, un profond amour naquit et il fallut quelques jours seulement pour que les amants qui ne se quittaient plus, se fiancent discrètement dans un petit village au sud du royaume.

Que ceux qui veulent connaître une des plus belles histoires d'amour des Landes Eternelles trouvent leur bonheur dans le conte le peignant superbement, écrit de la main d'un poète d'jhi de l'époque.

La reine des D'jhis et son haut Conseil montrèrent ouvertement à Fingel, leur envie de faire partie de l'Alliance.

Mais le peuple D'jhi, incarné par les guerrières les plus fidèles (les hommes ne participent ni à la guerre ni au pouvoir, chez les D'jhis), voulait être sûr que ce projet valait la peine d'être suivi. La reine assura donc Fingel que son peuple entrerait dans l'Alliance le jour où celle-ci aurait prouvé militairement sa valeur.

Avant de s'en retourner avec de bonnes nouvelles, les promesse de Prachin, de la reine d'jhi et de l'Alta Mundi, ainsi qu'avec sa dulcinée, vers Eldorian, Fingel décida d'entreprendre un court voyage que la Reine d'jhi le supplia de ne pas faire, rejointe par Sanai.

Il avait décidé d'aller à l'encontre de toutes les rumeurs et mauvais sorts lancés à l'encontre de la région des Humains Anciens pour lequel il avait un grand attrait : depuis son arrivée chez les D'jhis, il accumulait les rêves où il se voyait appelé par une voix inconnue, l'enjoignant à découvrir son avenir dans la région inconnue. Il y alla seul, sans sa compagne ni personne d'autre : ses écrits vous le conteront mieux que moi, je les joins ici.

Fingel en fut transformé : il y avait découvert ce qui manquait dans sa vie, il avait rencontré la Prompte et Forte Poigne, le Dieu Unique, que quelques peuples des Landes honoraient déjà mais sous une autre forme.

Il découvrit la vision d'un Dieu d'amour et de générosité, qui n'imposait ni sa volonté, ni nul principe, exception faite de celui de respecter l'autre. Devant une vision si nouvelle et si belle, Fingel trouva un sens à ses actions et à ses rêves les plus chéris.

Il décida donc de lutter pour l'Alliance, mais aussi de faire connaître à tous ceux qui le voudraient, la parole du Haut Guide qui l'avait subjugué.

Revenu de ce périple, Fingel resta quelques jours chez les D'jhis visiter la splendeur de leur pays, aux nombreuses villes toutes bâties de pierre et d'argile, leur donnant une couleur brune et les dissimulant ainsi dans les immenses steppes couvertes d'herbe brûlée et de végétation de même couleur.

Il apprit à chevaucher aussi bien que toute amazone D'jhi et passa de longs moments avec Sanai, l'amour de sa vie. Il composa en son honneur nombre d'odes et de poèmes chantés, lui clamant chaque jour l'amour qu'elle lui rendait aussi passionnément.


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11. Guerre du Trépont

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Cette période de repos pour Fingel prit alors fin et il dut rebrousser chemin en revenant néanmoins sans regrets vers Eldorian : un messager l'avait averti que de nombreux signes donnaient à croire au Conseil des Rois qu'une attaque des Sinans était très probablement imminente. Sa présence était exigée.

Arrivé en Eldorian, où avait été construit entre temps le somptueux bâtiment en l'honneur de l'Alliance, il arriva devant Tin-Lath, Ellion, Enur et Alganiel penchés sur un énorme plan : les Landes Eternelles et les dix royaumes y étaient représentés d'une précision qui époustoufla Fingel. Jamais telle carte n'avait été créée à sa connaissance.

Il apprit que les Sauriens avaient autrefois pris le temps de la réaliser avant que les différents peuples ne les éloignent, par peur de leur différence.

Le Chef Prachin avait envoyé cette carte en guise de participation au combat qui se dessinait entre l'Alliance et les Sinans : désolé de ne pouvoir faire officiellement partie du Conseil des Rois avant quelques temps, il envoyait néanmoins son apport, au grand secret de l'assemblée de son peuple.

Le Conseil des Rois, malgré sa concentration totale sur cette carte et sa réflexion à propos d'une quelconque stratégie face aux Sinans, était arrivé à une impasse.

En effet, les renseignements rapportés par les différents espions envoyés en Sinan, leur avait fait comprendre que les Sinans disposaient d'une immense armée.

Depuis quelques semaines, de nombreuses incursions étaient menées aux frontières des Hommes Bleus et au Canyon du Trépont : celui-ci constituait le seul passage du pays Sinan au pays Eldorian.

Il s'agissait d'un très long passage mais large d'une cinquantaine de mètres seulement, entouré de très hautes falaises, à plusieurs niveaux.

Il avait reçut son nom suite à la construction de trois ponts gigantesques : l'un traversant le canyon, les deux autres partant du sol, à l'entrée et à la sortie, vers le haut de la falaise, permettant ainsi de passer au-dessus des gorges elles-mêmes et de les contourner. Les constructions titanesques avaient été détruites lors de la séparation sanglante des Eldorians et Sinans.

D'autres informations confirmaient ce que tous craignaient : les Sinans, informés de la création de l'Alliance, allaient attaquer de front celle-ci avant qu'elle ne puisse grandir et acquérir la moindre puissance.

L'armée de l'Alliance, même aidée par les différentes armées nationales, ne pourrait faire face à une telle puissance. L'attaque qui se préparait se traduisait dans l'esprit du Conseil, par la mort de leur rêve commun.

Pourtant Fingel, après avoir écouté ces fort mauvaises nouvelles, ne se découragea pas. Après un long silence, il se pencha sur la carte et s'y plongea. Les quatre rois présents ne dirent mot et admirèrent son calme. Quant il releva la tête, ils étaient tout ouïe.

Fingel demanda alors au Conseil ce qu'il savait du climat actuel chez les Galdurs. Face à cette question si étrange, Alganiel répondit posément que le pays Galdur était en pleine période des glaces : le territoire entier, entouré de ses hautes falaises enneigées, était en proie comme chaque année à cette époque, à de terribles tempêtes de neige, empêchant ainsi tout mouvement.

En réponse à ceci, Fingel sourit et expliqua son raisonnement : l'armée sinane, quelle que soit sa taille, ne pouvait passer que par deux endroits pour attaquer Eldorian, le désert des Hommes Bleus et le canyon du Trépont, puisque tous les autres passages possibles ne pouvaient se faire que par le territoire de leurs alliés les Galdurs. Or ceux-ci étaient immobilisés par la période des glaces.

La solution du passage par le désert des Hommes Bleus était à éviter pour un stratège informé : trop long à traverser et harassant pour une lourde armée, vu le soleil meurtrier du désert et ses tempêtes de sable, il ferait stagner l'attaque des Sinans et laisserait le temps à l'Alliance de s'unir suffisamment et de préparer un siège qui pouvait durer des années : les Sinans l'avaient expérimenté lors de leur sanglante séparation des Eldorians.

Il ne leur restait donc qu'à passer par le canyon du Trépont et ce en plusieurs salves, pour éviter une embuscade.

Fingel expliqua alors sa stratégie qui plut immédiatement au Conseil pour son audace.

Le jour où les Sinans attaquèrent, ils le firent comme l'avait supposé Fingel, par le Trépont et arrivèrent devant la capitale eldoriane complètement vide. Aucune armée, aucun habitant. Ces derniers avaient été évacués dans la forêt elfique.

Au moment où l'armée Sinan réunie et gigantesque s'en rendit compte, ses éclaireurs apprirent à ses généraux qu'une petite armée d'hommes et d'elfes les avait croisé de loin, allant dans la direction du canyon et du pays Sinan.

L'armée ennemie fit donc ce que Fingel avait espéré : elle fit demi-tour pour rattraper la courte armée afin d'éviter que celle-ci ne détruise leur propre capitale, une tactique logique dans la situation désespérée des Alliés qui, les Sinans le savaient, ne disposaient que d'une armée de petite taille.

Mais à peine franchi le milieu du long et escarpé canyon, l'armée ennemie vit la petite armée décrite devant eux, à l'arrêt, dans le canyon.

Comprenant leur position risquée, ils voulurent reculer mais à cet instant, apparut dans leur dos une armée de même taille, composée de nains et de mages bleus.

Ils n'eurent pas le temps comprendre qu'ils étaient pris entre deux feux, que Fingel, au milieu de l'armée qui leur faisait face, fit résonner le son du cor : une pluie de flèches s'abattit sur l'ennemi, des arcs des archers elfes postés plus haut dans les gorges de canyon.

Le son du cor retentit à nouveau et plus haut encore que les elfes perchés dans les gorges du canyon, les Sinans aperçurent en hauteur, deux rangées bien fournies de chanteuses du peuple des Hommes Bleus.

Celles-ci commencèrent alors à chanter ce qui pour les Alliés bénis et immunisés par Tin-Lath avant l'attaque, était une douce mélodie. Mais ce chant n'eut pas le même effet sur les ennemis : tous virent les Sinans se tordre de douleur, les mains à plat sur leurs oreilles, lâchant épées et armes et courant, affolés.

Les sons produits par les sirènes bleues, amplifiées par l'écho du canyon, envahissaient têtes ennemies, les faisant hurler de douleur.

D'un signe, Fingel lança l'attaque et les deux armées entourant les ennemis en grand nombre affolés et désordonnés, se mirent à l'attaque.

Les flèches elfiques tombèrent de plus belle, accompagnées des mouvements de haches naines, des épées des Eldorians, de la magie bleue et de l'agilité des lames de Fingel lui-même, qui fauchait les vies ennemies comme autant d'épis de blés.

L'ingénieuse stratégie de l'enfant fruit de multiples peuples apporta à l'Alliance une victoire écrasante et l'espoir d'une paix au moins temporaire, qui leur permettrait de mieux faire face à la menace sinane et bientôt galdure...

Le retour en Eldorian se fit sous un tonnerre d'acclamations au passage de Fingel, des différents rois et de l'armée courageuse qui avait vaincu l'impossible. Une fois le calme installé, Ellion annonça qu'une somptueuse et grandiose fête commencerait le soir même et durerait une semaine entière. Et ainsi fut fait : on dut la faire hors de la capitale eldoriane même, tant il y avait de monde : Nains, Elfes, Humains, Hommes Bleus et même Sauriens étaient majoritairement venus de leurs contrées pour participer à la fête. L'avant-dernier soir de fête, l'entrée des Sauriens dans l'alliance fut célébrée.

La conclusion des festivités se fit le dernier soir : Fingel monta sur une estrade, prit sa harpe et chanta, transportant à nouveau les âmes au paradis mélodique. Une fois son chant terminé, il prit la parole et annonça ses différentes propositions que le Conseil avait accepté. La principale et qui reçut l'approbation de tous fut la conquête de la zone sauvage des Landes Eternelles.

Fingel comptait installer une titanesque capitale de l'Alliance qui accueillerait le Conseil, tous les êtres qui désireraient y habiter, l'armée et tout ce qui allait être le nœud de l'union des peuples.

La capitale prendrait le nom de Luminea : elle guiderait et illuminerait les inquiétantes Landes d'un éclat qui jamais ne s'éteindrait. Y serait aussi bâti un édifice en l'honneur de la Prompte et Forte Poigne, du Dieu dont Fingel révéla l'existence et sa rencontre devant le peuple buvant ses paroles.

A la fin de son discours, Fingel reprit sa harpe et fit venir un chœur composé des plus belles voix du peuple des Hommes Bleus. Il fit sonner les brillantes notes de ce qu'il proposait comme hymne de l'Alliance. Lorsque les dernières notes et voix s'éteignirent, le silence parfait qui régnait et les nombreux yeux brillants d'émotion indiquèrent au compositeur que son hymne obtenait l'unanimité.


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Coursier
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12. Luminea s'élève

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Les années qui suivirent furent celle d'une paix temporaire mais qui fortifia l'Alliance : la reine D'jhi vint donner suite à la promesse qu'elle avait prononcée.

Elle et son peuple acceptaient d'entrer dans l'Alliance : celle-ci avait suffisamment prouvé sa valeur, celle de ses membres et de son créateur. L'Alliance comptait maintenant six peuples des Landes.

La construction de Luminea avançait à grands pas et rien dans les Landes ne gênait les bâtisseurs et voyageurs.

Ce qui ne manqua pas d'étonner ceux qui autrefois avaient osé traverser cette bande de terre : alors que dans le passé il valait mieux prendre garde et ne pas manquer d'être entourés de bons guerriers en la traversant, maintenant, tous les dangers réputés des Landes semblaient s'être évaporés.

Les êtres malfaisants semblaient avoir disparu, le soleil parvenait enfin à réchauffer la terre mille fois maudite et sa mesquinerie semblait s'être tue : les Landes Eternelles semblaient s'être effacées au profit de Fingel et de l'Alliance.

Elles étaient conquises et se peuplèrent alors très vite grâce à Tin Lath. Ce dernier avait longuement étudié la découverte de Fingel quant aux pouvoirs de téléportation des Hommes bleus. Il avait ainsi mis au point sept portes magiques : ceux qui avaient reçu la bénédiction des mages bleus une fois dans leur vie, pouvaient à jamais passer par ces portes qui les menaient immédiatement aux autres portes.

Une porte magique avait été installée dans chaque capitale des pays de l'alliance : l'armée et les voyageurs bénis pouvaient alors voyager plus rapidement, en toute sécurité. Un moyen de transport magique idéal pour l'Alliance, qui évitait tout risque d'utilisation par un étranger malveillant.

Deux ans après la défaite des Sinans, Luminea était presque achevée : elle avait été bâtie sur le fleuve scintillant de Tarn, qui traversait la bande de terre occupée par les Landes Eternelles avant de se jeter dans la mer. Ainsi, le calme Tarn coupait la ville en deux parties et les bateaux pouvaient sans difficulté la traverser et la fournir en approvisionnements divers.

Au centre de Luminea, le fleuve contournait un imposant édifice : celui-ci était constitué de cinq bâtiments en cercles concentriques superposés. Sur le sommet du plus haut cercle, une très haute tour triangulaire trônait, supportant en son sommet, une plateforme couverte d'une coupole de verre.

Celle-ci était destinée à accueillir le Conseil des Rois. Quant aux bâtiments en cercles superposés, leur rôle était encore gardé secret.

La ville était entourée de très hautes murailles aussi blanches et éclatantes que le reste de la ville, réverbérant ainsi la lumière du fleuve Tarn.

Celui-ci sortait et entrait dans la ville en passant entre les immenses battants des deux portes de Luminea dont la base était par conséquent dans l'eau du fleuve.

Afin de permettre une entrée non maritime dans la ville, devant chacune des deux portes, deux ponts prenaient pied en dehors de la ville, sur chacune des rives du fleuve, se rejoignaient ensuite en un seul très large pont qui passait au dessus des portes et aboutissait, de la même façon à l'intérieur de la cité. Au sommet de chacun des deux ponts, deux tours siégeaient autour d'une porte secondaire, afin d'éviter une quelconque attaque par le pont.

Le sud de la ville était réservé aux commerces, quant à l'est et à l'ouest, aux habitations.

Le nord de la ville n'était fait que de somptueux jardins sertis de grands arbres et entrecoupés par des sources dont l'eau s'écoulait, en petites rivières, dans le fleuve Tarn toujours aussi central.

Au beau milieu de ces jardins, deux bâtiments de grande taille se faisaient face : le premier était la salle des cérémonies, bâti en colonnes, autours d'une grande cour intérieure, destinée aux grands rassemblements. Quant au second, il s'agissait du temple tant attendu, consacré à la Prompte Poigne : un imposant bâtiment ovale, surmonté de deux tours triangulaires secondaires, et d'une, plus haute, toute recouverte du rare métal thyl répandant une aveuglante mais rassurante lumière.

Le temple fut terminé avant la ville elle-même. Il fut inauguré par une grande cérémonie où de nombreux hommes et femmes s'offrirent comme prêtres en l'honneur de la Prompte Poigne.

Des cultes et fêtes furent instaurées, sur base de tous les cultes des différents peuples de l'Alliance qui honoraient un Dieu unique et d'autres coutumes acceptées de tous.

Le lendemain de son inauguration, un splendide mariage fut célébré : celui de Fingel et de Sanai, dont l'amour ne faisait que grandir et dont l'innocence touchait tous ceux qui les croisaient.

Quelques mois plus tard, c'était au tour de la ville elle-même d'être achevée. Mais le soir de son ouverture, ce qui devait être la plus grandiose cérémonie que tous les peuples libres des Landes aient connue, se transforma en ce qu'aujourd'hui, on appelle encore « Le massacre des jours sombres ».


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Coursier
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13. Le massacre des jours sombres

Message par Coursier »

Alors que Fingel prononçait les premiers mots de son discours d'inauguration, debout devant la tour de verre, face au futur peuple de Luminea qui allait s'y installer mais aussi à des représentants des différents pays, tous debout sur les différents bâtiments en cercles concentriques, la porte magique installée sur le deuxième cercle produisit un éclat de lumière rouge.

Produisant des éclairs de lumière, la porte s'ouvrit tout à coup sur des êtres tout droits sortis des mannes infernales. De grands cerbères, suivis d'autres bêtes immondes apparurent et attaquèrent la foule réunie.

Fingel réagit extrêmement vite et, ordonnant à un sorcier Bleu présent la fermeture de toutes les portes magiques, il mena l'armée de l'Alliance pour attaquer les démons et faire diversion pour que les habitants puissent fuir.

La porte magique fermée, plus rien ne pouvait en sortir. Néanmoins, la puissance des démons apparus infligea de lourdes pertes à l'armée et au peuple de Luminea. Les cadavres de la moitié de la foule rassemblée dans la joie, jonchaient le sol neuf de la ville.

Mais le pire restait à venir : un messager arriva au milieu du massacre annoncer à Fingel que les avant-postes d'Eldorian et du Pays des hommes Bleus étaient en proie à de nombreuses attaques de démons du même type, mais aussi d'armées de Sinans et de Galdurs. Tin-Lath et Ellion réclamaient l'aide de l'armée Alliée au plus vite.

Une fois assuré de la sûreté de Luminea et de la fermeture de la porte magique qui semblait avoir été corrompue par une puissance occulte, Fingel rassembla toute l'armée de l'Alliance et la scinda : une partie partit pour défendre les frontières d'Eldorian, l'autre les frontières des Hommes Bleus.

Il fit alors réunir le Conseil des Rois en envoyant un message à chaque membre. Le soir même, les six chefs alliés arrivèrent, à contre cœur dans le cas d'Ellion et de Tin-Lath, éloignés de leur royaume en proie aux attaques ennemies mais défendu par l'armée alliée.

La première conclusion du Conseil était celle-ci : tous savaient que les Sinans, depuis leur dernière défaite, s'étaient adonnés à la magie noire et à la nécromancie. Des preuves avaient été ramenées quant aux essais du roi ennemi, le sinan Erham, de mettre sur pied des troupes de morts-vivants, pour acquérir plus de puissance encore.

Mais le Conseil des Rois était convaincu qu'en deux ans, Erham n'avait pas eu le temps d'acquérir assez de puissance et de former assez de nécromants pour obtenir une armée aussi forte et démoniaque que celle qu'il employait aujourd'hui.

Il était aussi inimaginable qu'un peuple non habitué à la magie, arrive en deux ans à avoir assez d'aptitudes pour parvenir à corrompre les portes magiques, à distance. Erham ne pouvait qu'avoir été aidé par un ennemi inconnu ou un objet très puissant.

Fingel proposa alors un plan de réaction désespéré que le Conseil, arrivé à une impasse, accepta : il allait se rendre à la bibliothèque elfe faire des recherches sur un tel objet et pendant ce temps, l'armée alliée garderait ses positions en Eldorian et chez les Hommes Bleus. Il demanda aussi à la reine D'jhi, à Alganiel, à Talkur et a Prachim d'envoyer leurs armées nationales protéger les frontières sinanes et galdures.

Les recherches de Fingel lui apportèrent le nom d'un objet : l'illith-thyl.

Il s'agissait d'une orbe magique dont tous les exemplaires avaient été brisés par les Elfes, il y avait des millénaires de cela, vu leur danger. Cet objet était en réalité un amplificateur de sorts : il permettait à celui qui utilisait une magie d'amplifier sa portée, sa puissance et sa durée.

Un seul exemplaire n'avait pas été détruit, mais jeté à la mer. Avant l'arrivée des Sauriens sur les côtes des Landes, ceux-ci faisaient partie d'un peuple de Sauriens plus grand encore et loin au large des Landes. Ce peuple avait découvert l'exemplaire et l'avait enfermé dans un temple, connaissant son danger et ne sachant pas le détruire.

Cet exemplaire de l'orbe avait alors été volé par un Saurien curieux, déclenchant ainsi la guerre qui scinda ce peuple (vous l'apprendrez dans l'histoire des Sauriens).

Quand la flotte des Hommes Bleus qui allait s'installer dans les Landes repêcha quelques survivants sauriens de cette guerre, ils avaient pris avec eux l'orbe sans le savoir.

Elle fit ensuite partie des bijoux que les Hommes Bleus avaient laissé près du cadavre des parents de Fingel et avait été volée par le conseiller sinan d'Ellion.

Tout ceci expliquait comment le précieux objet était parvenu dans les mains d'Erham, comment quelques morts vivants et démons étaient devenus une armée infernale dans les mains d'Erham, comment les portes alliées avaient pu être corrompues.


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Coursier
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14. Bataille de l'Illith-thyl

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Il ne restait qu'une solution à Fingel : la puissance de l'orbe étant impossible à vaincre, il fallait la récupérer et la détruire à jamais. Il expliqua le tout au Conseil des Rois qu'il chargea de protéger les royaumes attaqués et de tenir bon jusqu'à son retour : il allait s'introduire d'une façon ou d'une autre chez les Sinans et se débrouiller pour trouver l'orbe.

Un homme seul avait des chances d'y parvenir, surtout un homme aux pouvoirs de charme des hommes bleus, sans avoir leur couleur de peau.

J'ai pu récupérer les écrits de plusieurs maîtres de la plume de l'époque de Fingel, qui vous décriront mieux que moi comment Fingel parvint à ses fins.

Sachez seulement, au cas où lire ces contes ne serait pas à votre goût, que les coutumes Sinans divisent leur société en guildes et que seuls ceux qui en font partie sont respectés et ont quelques libertés. Le reste du peuple, exclu des guildes, est opprimé et vit un presque esclavage perpétuel.

Dans certains cas exceptionnels, un jeune Sinan faisant partie du bas peuple, se distingue dans un tournoi et entre selon certains conditions dans une guilde, ce qui est pour lui l'honneur suprême.

Sachant cela grâce à ses nombreux voyages, Fingel parvint à convaincre les plus opprimés des Sinans, qu'il changerait leur situation s'ils lui permettaient de prendre l'apparence d'un des leurs promis à l'avenir d'entrer dans une guilde.

Son ton convainquit ceux qui de toute façon n'avaient pas le choix : utilisant les pouvoirs des Hommes Bleus, il prit l'apparence physique d'un jeune Sinan futur membre de la guilde des assassins. Il ne dut pas apprendre à connaître la façon d'être du jeune Sinan, couvert par la famille opprimée de celui-ci.

Il intégra la guilde des assassins et, déjà expert dans l'utilisation de couteaux grâce à l'art saurien, il se distingua auprès du roi sinan Erham, lors d'un combat contre l'Alliance.

Petit à petit, Fingel, jouant le rôle détesté d'un Sinan ambitieux, parvint à monter dans la hiérarchie de l'armée et à devenir un des conseillers d'Erham qui ne se doutait de rien, comme pour tous les autres Sinans, Galdurs et autres êtres damnés.

Mais Fingel ne vécut pas aussi facilement qu'il pourrait le sembler.

Il dut, pour obtenir confiance, réellement jouer le rôle qu'il avait emprunté : afin de se faire remarquer, il combattit contre son propre peuple, ses propres amis. Hommes Bleus, D'jhis, Eldorians, Elfes, Nains et Sauriens : voilà ceux qu'il dut combattre, la mort dans l'âme, et le cœur déchiré, pour parvenir aux hautes sphères.

Le visage transformé par une magie bleue de dissimulation, personne ne le reconnaissait mais lui, voyait le visage de ceux qu'il connaissait souffrir.

Jusqu'à la fin de sa vie, Fingel connut les réminiscences de cette terrible épreuve. Il combattit ses amis Hommes Bleus quand l'armée sinane et galdure envahit leur pays et en prit le contrôle. Il était aussi là lorsque la capitale eldoriane fut maîtrisée et détruite.

Quand il obtint le rôle de conseiller d'Erham, le territoire Eldorian et des Hommes Bleus avait été vaincu et conquis par l'ennemi que Fingel devait feindre de prendre pour ami.

Les deux peuples vaincus avaient fui, avec l'aide de l'armée alliée et s'étaient réfugiés à Luminea, et dans d'autres pays alliés.

Fingel parvint alors à découvrir la cachette de l'orbe et au péril de sa vie, réussit à l'échanger contre une fausse orbe de simple thyl. Il vola l'Illith-Thyl la veille de l'attaque la plus massive qu'envisageaient Erham et ses alliés.

Le lendemain, dans la plaine entourant Luminea, s'était entassée toute la puissance mégalomane d'Erham, des Galdurs et de leurs alliés sortis de l'enfer.

L'armée alliée et les armées nationales de l'alliance étaient rassemblées en face et leur nombre dérisoire n'éveillait que le rire pour Erham. Il allait gagner et posséder les dix royaumes des Landes Eternelles.

Mais alors qu'il allait lancer l'ordre d'attaque de front, Fingel toujours sur l'apparence d'un conseiller Sinan, fit galoper son cheval vers l'armée alliée.

Erham crut qu'il allait les narguer et le laissa donc faire. Mais Fingel, galopant, se débarrassa alors de son apparence et reprit la sienne. Il arracha ses vêtements sombres toujours au galop sur son cheval et son armure de thyl, offerte autrefois par Talkur, brilla de mille feux.

Il se mit alors à chanter l'hymne allié, sur son cheval et exhiba l'Illith-Thyl qui, perdant sa couleur noire sous l'effet de son chant, prit un éclat blanc pur.

L'armée alliée, abasourdie, vit la moitié de l'armée sinane s'écrouler, inanimée. Erham venait de perdre tous ses alliés mort vivants et infernaux.

L'éclat de l'Illith-Thyl se répandit tout d'un coup sur l'armée alliée qui semblait exhaler une nouvelle puissance. Arrivé à hauteur des six rois alliés et de leur armée, Fingel redonna courage aux alliés de quelques paroles et tous se mirent alors chanter avec lui l'hymne allié.

Fingel leva soudain l'orbe au dessus de sa tête et la lança sur le sol. Elle se brisa comme la puissance factice et traître des Sinans. Fingel retourna son cheval et galopa vers l'ennemi, suivi de tous les soldats alliés, le cœur gonflé de fierté et de courage. Les Sinans furent écrasés et Erham mourut de la dague de Fingel.

Les acclamations firent alors vibrer le sol des Landes, tous scandaient le nom de leur sauveur qui, malgré sa joie, gardait un peu d'amertume : il pensait au prix de cette victoire.

Le temps n'était pas encore à la fête : il envoya les armées nationales libérer les territoires Eldorians et des Hommes Bleus des derniers ennemis et partit avec l'armée alliée vers le pays Sinan.

Là, il ne vit plus aucun soldat armé ni aucune trace d'un quelconque ennemi. Il ne restait plus que les restes des civils sinans, affamés et terrifiés.

Fingel savait qu'ils n'avaient pas eu le choix face aux décisions belliqueuses de leur tyran.

Il les fit donc libérer et laissa une partie de l'armée alliée pour les aider à effacer les traces du démon et de l'horreur.

Il fit aussi la connaissance d'une jeune femme qui s'était avancée devant tous les civils pour recevoir la première le coup qu'elle croyait venir de l'armée de Fingel.

Découvrant en elle une grande force de caractère, il la nomma nouvelle reine des Sinans.

Il partit alors avec le reste de l'armée alliée vers le pays galdur, afin de pacifier aussi la région. Ce ne fut pas aussi simple que chez les Sinans. Il n'y eut pas d'attaque mais une longue poursuite sur les territoires gelés des Galdurs.

L'armée alliée poursuivit des jours durant, dans le froid, l'armée galdure restante jusqu'au jour où ils aperçurent cette armée faire demi-tour et venir à leur encontre.

Croyant les voir renoncer et céder à la paix, l'armée alliée ne se méfia pas et n'eut pas le temps de réagir, lorsqu'un homme en tête des Galdurs leva les mains et cria une incantation.

Fingel n'eut pas le temps de reconnaître l'homme, un puissant nécromant Sinan, autrefois conseiller d'Erham, qu'instantanément, tous les alliés furent immobilisés et paralysés.

Fingel sombra dans le noir longtemps et tous crurent qu'il avait disparu avec son armée. Jusqu'au jour où l'amour de sa vie, Sanai, qui n'avait pas renoncé et ne croyait pas en sa mort, découvrit Fingel et ses soldats paralysés, en plein milieu de la steppe galdure.

Ne sachant que faire face à une telle magie, elle consulta les chefs des peuples alliés mais personne n'avait jamais connu un sortilège de ce type.

Il ne lui restait plus qu'à aller en pays kultar voir les sorciers de l'Alta Mundi, ce qu'elle fit.

L'Alta Mundi lui assura qu'elle connaissait le contresort mais qu'elle n'aiderait Sanai que si cette dernière était jugée digne par son peuple.

L'Alta Mundi, devenue le dieu vivant des Kultars selon leurs traditions depuis le passage de Fingel, expliqua cette décision.

Elle affirma qu'elle n'affronterait le danger galdur pour sauver l'alliance et n'en ferait alors partie que si seulement cette dernière était dirigée par des personnes dignes de l'être.

Prévoyant que le réel pouvoir allié résiderait à l'avenir dans les mains de Fingel, elle voulait être sûre que la compagne de celui-ci, Sanai, serait digne d'un tel rôle et assez forte pour être celle que suivrait l'Alta Mundi.

L'épreuve que dut passer Sanai vous sera mieux décrite par elle-même.

Elle la surmonta et obtint l'amitié de l'Alta Mundi, qui la suivit avec une armée kultar en pays galdur où elle délivra Fingel.

Elle le suivit alors à la poursuite des Galdurs rebelles et de celui qui lui avait lancé ce sort. L'armée alliée délivrée rattrapa rapidement l'ennemi et grâce aux pouvoirs combinés de l'Alta Mundi et de Fingel, le puissant nécromant sinan fut vaincu. Seule une magie puissante avait pu le vaincre.

Fingel resta alors quelques temps en pays galdur, pour le réorganiser, de la même façon que chez les Sinans. Le nouveau chef guerrier fut choisi selon les traditions de ce peuple : par la force, entre les différents candidats.


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Coursier
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15. Paix éternelle

Message par Coursier »

Les neufs royaumes des Landes Eternelles étaient à présent pacifiés. Le rêve de Fingel s'était réalisé, même si son prix avait été grand.

Le retour de Fingel à Luminea constitua le plus grand rassemblement des Landes : tous les peuples alliés, ainsi que les récents qu'étaient le pays sinan et galdur se réunirent pour fêter le retour du sauveur.

Il me serait impossible de décrire mieux que ceux qui l'ont déjà fait, le splendide spectacle que fut le retour de Fingel.

Des centaines de milliers de gorges scandant le même nom et hurlant de joie, le triomphe lors de la traversée de cette foule en liesse par Fingel et les neuf rois alliés au beau milieu de Luminea dont la reconstruction avait été achevée.

Sur des centaines de barges ancrées dans le fleuve Tarn, sur les deux ponts gigantesques, sur tous les remparts de la ville, le peuple maintenant en paix était réuni.

Arrivé avec les neuf au cinquième palier de l'édifice central de Luminea, devant la tour de verre, Fingel leva les mains, paumes vers le ciel et entonna l'hymne, repris par tout un peuple.

Le même phénomène que lors du premier chant de Fingel se reproduisit : le ciel des landes prit des couleurs bleues, vertes et jaunes.

Quand le chant fut fini il remercia tous ceux qui ont cru et croient en son rêve. Il fit venir à ses côtés Sanai qui fut aussi acclamée pour son courage et... sa beauté.

Fingel conclut par un discours où il annonça haut et clair que l'époque de la Paix Eternelle était maintenant ouverte. Les Landes Eternelles et la haine futile de ses êtres avaient été conquises.

Enfin, il mit en garde les alliés par ces quelques vers que je reprends :

L'ombre qui nous enveloppait s'est dissoute.
L'espoir est né des cendres d'un sanglant passé
Volatil, a pris son envol et s'est mué,
En douce paix, couvrant notre rêveuse route.

Toutefois, prenons garde à nos traîtres pas,
Malgré nous, ils pourraient, rebelles, dans l'oubli,
Sur les sombres chemins du déshonneur honni,
Nous faire sombrer, sonnant l'inévitable glas.

Le souvenir du temps des déchirements
Semble avoir été englouti depuis longtemps
Mais veille pourtant éternel, comme ces landes.

Cette joie et ce réconfort qui nous transcendent
Ne doivent voiler nos esprits libérés de haine.
Soutenons-nous et que l'Alliance règne !

Etres de nos nations, écoutez votre guide !
Restons unis dans l'adversité ! Sous cette égide,
Les Landes Cruelles elles-mêmes nous accueilleront !
Enfants de la différence, nous survivrons !

Ainsi la Paix Eternelle commença, et dura presque un siècle : Fingel ne fut jamais atteint par les rides et ne mourut pas, prolongeant ainsi son existence à l'étonnement de tous.

Ses amis et les rois alliés qui avaient été les constructeurs de l'Alliance disparurent peu à peu, à l'exception du roi elfe jamais atteint par l'âge. Fingel semblait être béni par la Prompte et Forte Poigne elle-même dont l'amour se répandit sur tous.

Il reçut par la suite le titre de Maître Spirituel de l'Alliance : sous ce nom, il acquit le rôle d'arbitre de l'Alliance, de décideur dans les cas d'urgence et les disputes entre alliés, ainsi que le rôle de gérer Luminea et la zone neutre des Landes Eternelles.

En parallèle à ces pouvoirs supplémentaires, il créa aussi différents organes participatifs pour les questions nécessitant plus de réflexion : naquit le Conseil des Anciens, composés des plus vieux et sages êtres de l'Alliance qui choisissait lui-même ses membres et qui était destiné à mener les réflexions les plus ardues, ainsi qu'a gérer la grande bibliothèque du savoir de Luminea.

Naquit aussi le Conseil du Renouveau, choisi par les populations alliées, dans le but d'avoir un organe de conseil militaire au Conseil des Rois.

Tout ceci contribua à une grandiose époque, la plus prospère de l'histoire des neuf royaumes.

Mais l'homme et les autres races ne sont pas si incorruptibles que le rêva Fingel. Toute époque de splendeur a sa fin, et les Landes Eternelles sont toujours là pour le rappeler et pour indiquer à tous qu'elles sont les seules qui sont réellement éternelles...


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Coursier
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16. Ô Corruptibles races

Message par Coursier »

Qu'est-ce qui poussa l'horreur et la séparation à renaître, dans les mains d'un Eldorian extrémiste et charismatique ?

Peu ont d'explication mais pour moi, ce sont les Landes qui sont à l'origine de ceci : lasses de cette paix qui les obligeaient à la docilité, elles furent la cause des folles idées de celui que je maudis encore plus que les Landes !

En l'année du Fingelien 141 (en l'honneur du grand homme, on avait commencé à compter, à partir de sa naissance en Fingeliens, faisant de ce nom une part même de l'histoire), un Eldorian résidant à Luminea, du nom de Tallikion, déjà connu de ses pairs pour son charisme et ses discours convaincants, apparut comme un fervent admirateur et adorateur de la Prompte et Forte Poigne.

A ses débuts en tant que prêtre, il avait subjugué ses auditeurs et avait cumulé les acclamations de la part des croyants mais, on ne sait pourquoi, Tallikion commença à croire qu'il n'existait qu'une seule manière de l'adorer.

Il devint donc, discrètement, un opposant à l'universalité de culte soutenue par Fingel.

Faisant ressurgir les vieilles traditions liées au dieu unique qu'adoraient les Eldorians avant de connaître Fingel, il reçut le soutien de nombreux Eldorians, et de la plupart des prêtres du Temple de Luminea, qui désiraient plus que tout que Celui en lequel ils croyaient, reçoive l'assentiment de toutes les races de l'Alliance.

Il réussit à convaincre plus que son entourage et se concentra sur les Hommes Bleus : ces derniers constituaient la proie facile pour Tallikion.

En effet, la majorité des Hommes Bleus acceptaient l'idée du Dieu unique, mais avaient des divergences en ce qui concernait la manière de l'honorer. Au fil des ans, des groupes s'étaient formés à ce sujet, au sein du peuple charmeur.

Mais les tentatives de Tallikion rencontrèrent un échec croissant : car malgré ces divergences, tous les Hommes Bleus honoraient la Forte Poigne d'une autre manière que les Eldorians même. D'aucuns refusèrent donc de suivre les idées de Tallikion, respectant le principe de liberté soutenu par Fingel.

Tallikion comprit alors qu'il ne pourrait jamais les convaincre et conçut de la colère contre ce peuple qui semblait avoir les faveurs du Maître Spirituel de l'Alliance en personne.

Il transforma alors l'écart religieux qui s'était creusé entre ses partisans et le peuple bleu, en une solide haine. Il utilisa à cette fin la jalousie de la plupart des Eldorians, qui enviaient la grâce, la beauté et le charme des Hommes Bleus.

Il mit sur pied une faction, qui avait pour but de faire passer la "vraie parole" et pour principale caractéristique de jalouser les pouvoirs et l'importance des Hommes Bleus dans l'Alliance.

La jalousie fut le moteur du racisme naissant : il est facile d'exclure les Sauriens, d'aspect repoussant ; d'exclure les Elfes, toujours trop hautains mais il est encore plus facile de jalouser ce que nous n'avons pas, même si le partage se fait.

Des disputes se déclenchèrent ou furent déclenchées dans les lieux de rassemblements et se répandirent dans les rues de Luminea.

Le parti de Tallikion réussit à s'infiltrer de manière de plus en plus imposante dans le Conseil du Renouveau.

La haine raciste renaissait dans l'esprit des Eldorians de Luminea, qui las de vouloir partager, trouvaient un avantage dans l'individualisme exacerbé de Tallikion le franc parleur et surtout, celui qui semblait être le véritable et plus haut représentant du Dieu Unique dont la parole avait été apportée par Fingel.

L'ironie voulut que ce dernier ne put rien faire pour lutter contre ce mouvement général : dès qu'il avait appris ce qu'essayait de faire Tallikion, le Maître Spirituel de l'Alliance avait fait de nombreux discours pour faire marche arrière.

Mais ces discours furent, avec l'aide du renégat, interprétées comme des oppositions à la parole divine : alors que Fingel avait pour but de faire accepter par tous, les opinions de chacun sur le Dieu Unique, les partisans de Tallikion considérèrent que Fingel refusait d'aller jusqu'au bout et de réellement suivre la Prompte Poigne.

Celui qui avait apporté la Vraie Parole, était donc devenu un obstacle à son existence selon ces derniers. Alors que Fingel voulait juste que les principes fondant l'alliance même soient conservés, il se mettait sans le savoir dans le camp ennemi de Tallikion.

Et même s'il le comprit, Fingel ne put rien faire : s'il avait suivi Tallikion ou accepté ses opinions, il aurait été par là même le destructeur de l'Alliance qui se devait d'accepter les cultures et opinions de chacun ! Ne se doutant pas de l'ampleur du pouvoir de Tallikion, il prit un temps pour réfléchir sur la solution adéquate. Un temps trop long...

Ce qui devait arriver arriva : malgré les nombreuses tentatives de convaincre et avertissements de Fingel, la haine se transforma en colère destructrice, tant en Luminea qu'en Eldorian même jusqu'au jour où elle éclata, durant le Fingelien 148.

Tallikion et ses très nombreux fidèles prirent les armes durant une chaude nuit d'été, lorsque les cloches du temple sonnèrent minuit.

Telle une maladie incurable, tous ses fidèles se mirent à parcourir et à envahir toutes les rues de Luminea pour massacrer tous les Hommes Bleus qu'ils croisaient.

Fous et ivres de sang, Tallikion et ses suivants commencèrent à défoncer les portes des habitations qu'ils savaient loger des Hommes Bleus. Le mal se répandit dans toute la ville et s'enflamma en bataille.

Tous ceux qui s'opposaient à Tallikion et à sa folie meurtrière furent lâchement tués et Hommes, Nains, Elfes ainsi que bien d'autres furent assassinés dans leur lit ou sans défense. Femmes et enfants ne manquèrent pas au nombre.

Les partisans de Tallikion n'avaient en outre aucun signe qui les distinguait de ceux qui ne les suivaient pas : le massacre devint guerre civile dans les deux grandes villes.

Le conflit devint impossible à maîtriser dans les petites rues de Luminea et l'interdiction qu'avait donné Fingel à son armée d'intervenir pour éviter que des civils soient tués sans raison puisqu'ils ne pouvaient être sûrs du camp de chacun, perdit tout son sens lorsque certains soldats de haut rang apprirent la mort de leur propre famille, des mains de Tallikion.

Fous de rage, ils bravèrent l'interdiction. Ceux-là désobéirent au chef de l'armée et partirent venger leur famille, de leurs épées. Fingel perdit totalement le contrôle de l'armée quand elle se divisa, certains hauts soldats ayant en cachette suivi Tallikion.

Tallikion leur lança alors l'ordre de supprimer le maître de l'alliance qui selon lui, s'opposait à eux en massacrant des civils soi-disant sans défense, ce qu'il n'avait même pas ordonné.

Fingel fut évacué par ses plus fidèles en Eldorian, où il croyait trouver refuge. Mais dans la capitale Eldorian, la situation similaire s'était déroulée. Il du donc fuir chez les Hommes Bleus, le royaume le plus proche.

Sa fuite chez les Hommes Bleus fut interprétée par les fidèles de Tallikion comme le choix définitif d'un camp : Fingel avait choisi d'être contre eux, il payerait donc. Suite à la fuite de Fingel, Tallikion et ses fidèles, en très grand nombre et maintenant sans opposants (ils avaient tous été massacrés) prirent le contrôle de tout Luminea et de tout le royaume Eldorian.

Fingel, ne pouvant pas faire face au conflit qui s'enlisait et même ayant entraîné avec lui le Roi Eldorian, ne put rien faire : l'armée de l'Alliance, amputée d'une grosse partie, ne pouvait faire face au grand nombre qui avait pris possession de Luminea. Il ne pouvait pas non plus attaquer Eldorian, sous peine d'enfreindre les principes de l'Alliance.

Mais outre ces impossibilités, le héros Fingel n'avait plus goût à rien : voilà le lot de ceux qui vivent si longtemps, voilà le lot des immortels. Avec l'âge, Fingel n'avait rien perdu de sa vivacité et de sa jeunesse : la lassitude s'était toutefois emparée de lui.

Voyant toute son œuvre détruite de l'intérieure par ceux qui avaient oublié les affreux maux du passé chaotique des Landes, voyant la corruption s'étendre à nouveau sur les êtres irréfléchis qui les peuplent, voyant tout cela, le héros sans faille sombrait dans une morosité sans précédent.

Il prit une décision, malgré son découragement : il fit appel aux armées nationales et réunit le Conseil des Rois. Les portes magiques ayant été fermées pour empêcher Tallikion de faire des dégâts, le Conseil mit du temps à se réunir et l'ennemi en profita.

Avant que la reine D'jhi ne parte pour le Conseil, celle-ci fut renversée par une partie de son peuple, que Tallikion avait eut le temps de convaincre. L'armée d'jhi se scinda et ses parties s'affrontèrent. Bien que les survivantes du combat soient des opposantes à la folie de Tallikion, elles durent rentrer pour réorganiser leur armée. Sur le chemin que devait emprunter l'Alta Mundi, celle-ci fut assassinée lâchement par un partisan suicidaire de Tallikion. Les Kultars, pleurant la mort de leur déesse terrestre, firent demi-tour et quittèrent l'Alliance.

Puis, dans le même courant, les Galdurs, dont l'esprit sanguinaire s'était réveillé, annoncèrent leur soutien envers Tallikion. Ils prévoyaient par cette voie, de beaux combats à venir : l'Alliance et la paix les lassaient.

Quant aux Elfes, devant cette folie sans raison, ils quittèrent l'alliance, dégoûtés par la petitesse humaine.

Fingel vit son œuvre s'étioler de plus en plus mais ne réagit pas avec autant de motivation que dans le passé : il croyait plus que tout, que si l'Alliance était une bonne chose, elle devait apprendre à vivre d'elle-même, et pas seulement par les actions de son créateur. Il voyait tous ses efforts passés se réduire à néant et n'avait plus le courage et la force mentale pour recommencer tout ce qu'il avait entreprit autrefois.

Le Conseil appelé par lui, ne contint que les Hommes Bleus, les Nains et les Sauriens qui rassemblèrent leurs armées communément pour affronter Tallikion, qui, entre temps, avait réussit par multiples ruses et corruptions à réunir aussi de son côté les Sinans : appelant à l'union des peuples humains qui suivaient véritablement la Prompte et Forte Poigne, ils parvinrent à avoir de leur côté leurs frères humains.

La concentration totale de Tallikion sur la puissance militaire de ses suivants, au prix des multiples souffrances des peuples qui le suivaient, eut raison des rêves brisés des fidèles de Fingel et de la lassitude de ce dernier.

Tallikion remporta la bataille qui opposa les restes de l'Alliance à l'union de ses partisans et massacra tous ceux qui avaient été fait prisonniers. Fingel combattit mais le cœur n'y était pas et avoir en face de lui ceux qu'il avait fait naître dans la paix éternelle maintenant oubliée et écrasée, n'ajoutait que plus d'intensité à son désarroi.

L'armée de ses derniers fidèles fut écrasée et il dut sonner la retraite pour les quelques survivants et les rois alliés.

Fingel, qui était resté, après le son de la retraite, sur le haut d'une colline près de Luminea, maintenant complètement détruite, vit la fin de son utopie.

Il avait fait confiance aux Humains, corruptibles avant tout et aux autres races tout aussi légères d'esprit. Il avait fait confiance à l'amour et à la paix mais la haine avait tout surmonté. Face à tout ce travail accompli pour rien, face aux ruines de Luminea et de son rêve, il tomba à genoux et pleura.

Entre les larmes, il réussit à chanter une chanson d'amertume qui par un étrange phénomène se réverbera et résonna dans toutes les contrées voisines des Landes Eternelles.

Tous ceux qui l'entendirent ne purent résister à sa beauté et se maudirent pour leur rôle dans la fin de l'alliance. Tous pleurèrent et l'on vit même Tallikion baisser les paupières.

Quand le chant fut terminé, les Landes conclurent elles-mêmes la fin de l'alliance et des puissants royaume qui avaient oser braver leur défi en croyant qu'elles pouvaient être conquises et qu'une civilisation pouvait être éternelle.

Le sol se mit à vibrer et lorsque Fingel accomplit son dernier geste, - il enfonça sa dague dans son ventre en maudissant les Landes Eternelles et en maudissant la stupidité des races qui se targuaient d'être importantes – le sol des landes s'écarta sur une abysse sans fond.

Les eaux de la mer voisine aux Landes se précipitèrent dedans et Tallikion et tous ses fidèles furent engloutis, ainsi que Luminea. Des phénomènes du même type eurent lieu un peu partout dans les landes : éruption de volcans, tremblements de terre, tempêtes destructrices.

Le cœur cruel des Landes Eternelles se remit à battre et elles redevinrent sauvages et voraces. Les survivants du cataclysme durent se réfugier comme des bêtes dans leurs capitales et les grands royaumes d'autrefois se réduirent à des régions perdues.

Les Landes reprirent le dessus et conquirent ce qu'elles avaient pendant trop longtemps laissé aux rêveurs.

La géographie de la région se modifia et la bande centrale des Landes devint un gigantesque îlot, entouré par des flots aussi impétueux que ne l'était devenue la mer autrefois calme.

Les Landes étaient revenues, ne laissant plus aucune place aux songes doux et grandioses mais à un seul grand vide, comblé par des souvenirs d'amertume, de regrets, de territoires indomptables et inhabitables...


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Coursier
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17. Épilogue

Message par Coursier »

On dit qu'un groupe d'êtres très étranges, correspondant aux rares descriptions des Humains Anciens avait, avant le cataclysme, emporté avec lui le corps de Fingel mais personne ne put le confirmer.

En réalité on dit beaucoup de choses : certains prétendent que Fingel est mort et son corps a été enterré par les Humains Anciens ; d'autres que ces derniers l'ont soigné de ses blessures et l'ont emmené avec eux, dans leur exode (le cataclysme avait même contraint les véritables maîtres des Landes à fuir) ; d'autres encore que Fingel erre encore aujourd'hui dans les Landes, cherchant à combattre les maléfices de ces dernières...

On dit beaucoup de choses mais une chose est sûre : Fingel le rêveur, a fini en légende, en songe, tout aussi beau que celui qu'il avait voulu faire naître.

Les anciens neuf royaumes ne sont aujourd'hui, à l'heure où j'écris, plus que des ensembles de villages mal protégés et sans seigneurs. Les êtres des races d'autrefois circulent encore mais sans but ni ordre.

Je n'en suis plus sûr... je ne suis d'ailleurs plus sûr de rien, je suis depuis trop longtemps le seul habitant de l'île, du continent central des Landes Eternelles, entre les ruines bâties par les fous d'antan qui avaient espéré vaincre celles-ci.

Mais dans un songe, j'ai vu des royaumes reconstruits et des courageux prendre la mer pour rejoindre ces lieux maudits pour tenter d'y reconstruire la civilisation d'autrefois, à moins que ce ne soit qu'un simple désir de vengeance ou une fatale curiosité...

J'espère que ce que j'ai écrit aujourd'hui sera lu par eux afin qu'ils prennent garde et qu'ils sachent où ils ont mis les pieds.

Je suis maintenant libéré de tout ce savoir qui oppressait mon esprit.

Je ressens à nouveau tout à coup le froid et je vois les cendres de mon feu maintenant mort.

Vais-je bientôt le suivre et rejoindre toutes ces réminiscences moribondes que j'ai voulu mettre par écrit ?

Je ne suis pas assez fort pour mettre moi-même la fin à mes jours, comme Fingel afin de dire : « Ô cruelles landes, ma mort ne sera pas orchestrée par votre main mais par la mienne ! ».

Non, je ne suis pas comme ça. Je n'ai pas cette force et ce courage, ni ce regard perçant la mort même et l'avenir incertain.

Mes doigts s'engourdissent et j'ai soudain encore l'envie d'écrire d'autres souvenirs et des aventures plus précisément encore : il était si doux de ne pas devoir penser à la mort qui de sa faux a frappé à ma porte, il était si doux de se croire au moins une fois utile en apprenant aux autres et en constituant la mémoire d'un passé qu'il faudrait oublier...

Le froid s'insinue de plus en plus et j'ai peine à rassembler mes idées... Je vois les Landes qui me sourient. Je ferme les yeux et leur tourne le dos, refusant de les voir et de les entendre...

Je suis seul... Je ne vois plus rien...

Tout a disparu...


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