Renier ses origines

[Valiant]

En haut de la page un début de date avait été finement tracé mais caché par une tâche d'on ne sait quoi, le fingelien 367 est encore lisible.

Je me réveille la nuit en sursaut à cause d'étranges rêves, avec la douleur de ma blessure sur mon torse, mais rien, la plaie ne s'est pas rouverte, juste un rêve... Un cauchemar… Des souvenirs…

Ce ne peut pas être vrai tout ça.
Ce ne peut pas être celui que je suis.
Ce ne peut pas être à cause de moi, qu’Elle est morte.

Je ne comprends plus très bien où j'en suis, j'ai rencontré un Sinan il y a quelques lunes qui est revenu, nous avons discuté longuement de choses et d'autres et surtout du passé, j'aurais pu converser avec lui pendant des heures...
Mais lui, n'apprécie pas ces terres, à cause d'une histoire ancienne, mais lui avait dans la tête l'idée de partir encore, de fuir. J’ai cessé depuis longtemps de vouloir fuir. Enfin, non, je veux fuir ce qui me hante, ces peurs, ces craintes, ce passé.
Pour en revenir à Ulfang, le Sinan désespéré.
J'ai bien essayé de le raisonner, mais il ne m'a pas écouté, il est parti.

Je suis amer.

Pour une fois que je m'entendais bien avec quelqu'un le voilà parti.
Je me suis énervé, oui, je m'énerve facilement surtout ces temps-ci. J'ai bu beaucoup aussi, je dois l'avouer, je ne sais si c'est pour le départ du Sinan ou pour la mort de l'Elfe, ce doit être un peu pour les deux.
La beuverie me fatigue, mes récoltes prennent du retard, ma santé se détériore, ma cicatrice me fait mal sans être ouverte.

Puis j'ai repris mon travail, la tête pas très en place, j'ai récolté.
Mais pendant que je piochais, je pensais. Je réfléchissais. Je ne me sentais plus moi-même, je ne me sens plus moi-même.
Comme une sensation envahissante de colère, mais de douce colère, qui n'explose pas, juste quelque chose qui vous permet de résister, juste quelque chose qui vous permet de prendre un nouveau départ.

Je suis amer.

Je n'ai plus envie d'être le Valiant que j'étais.
Le temps est passé, l'Elfe est morte.
Il était temps que je tourne définitivement la page.
Comme je l'ai fait pour mon village, je resterais amer, mais serais autre.

Oui, c'est ça.
Je serais autre.
Je suis autre.

[Valiant]

Le parchemin est plié en deux.


J'ai décidé, si on peut appeler ça, une décision... De prendre un nouveau départ, j'ai donc un objectif, je dois trouver quelqu'un.
Même si je ne pense pas trouver cette personne ici, je vais du moins essayer.
La solution dont m’a parlé l’Elfe, dont me parle l’Elfe dans mes rêves, elle est là toute proche, elle me dit de la saisir, mais je ne la vois pas.

De mes journées, je ne fais plus grand chose, je me prélasse le plus souvent, travaillant peu, les commandes se faisant rares.
Le sable de Galein’th Aseyis est chaud et doux, je me suis installé devant la tente blanche près de celle de Niyeh, je crois qu’il s’est habitué à ma présence.
Je suis fort occupé cependant. Je vais vers les gens, en essayant d'être le plus sociable possible, j'essaie d'avoir des 'amis' si cela existe encore, mais je n'y crois pas trop non plus. Se créer des relations est difficile. Les préjugés passent ou restent avec le temps, les gens doivent être convaincus, les arguments manquent, la détermination et la santé font défauts parfois.

Mes migraines par contre ont repris et mes nuits sont troublées par d'étranges cauchemars, toujours ces images, cette nuit-là, où, elle, à terre, étendue... morte.
Je me réveille en sursaut, mes draps mouillés, ma tête lourde, ma cicatrice brûlante.
J'arrive à peine à réfléchir, à écrire.
Coucher mes maux sur le papier, oui c'est ce que je veux, mais je ne puis.

Oui, je suis assez amer, et las.
Mais je resterais, pour Elle, pour sa mémoire...
Son Nom, je veux juste Ton Nom...

[Valiant]

L'écriture est ronde, et tremblante par endroit.


Une forêt, l'Elfe. Et puis mon image, non pas moi, juste ce qui semblait être moi.

Un combat intérieur, une partie voulant écouter l'Elfe, l'autre voulant la faire taire.

Mal si mal. Et le monde qui tourne, et ma vue qui se brouille, et mon crâne qui me fait mal, et ma cicatrice qui reprend sa douleur originelle...

Réveil.

Un rêve, juste un rêve?

Oui, elle est morte, elle ne peut pas être. Ma cicatrice, non elle est bien fermée. Ma tête, oui elle toujours lourde. Mes yeux me font mal.

Pourquoi? Qu'ai je fait pour mériter ce supplice?

Je sais que je dois rester ici jusqu'à trouver, je le sais. Pas besoin de me le rappeler en songe! Pourquoi ce combat en moi? Pourquoi coucher mes maux sur le papier?

Mes nuits sont agitées, mes draps trempés de sueurs, ma tête toujours lourde.
Nuits fiévreuses et journées turbulentes.

Je viens de m'attirer les foudres d'une certaine personne, espérons qu'elle le prenne bien mais je ne crois pas.

Je suis donc véritablement né pour être chasser de là où je commence à apprécier, je suis donc destiné à semer le trouble, et à flétrir les fleurs qu'effleure à peine ma cape? Il avait donc raison, celui qui est à l'origine de ma naissance... Descendance de malheur, progéniture destinée à fuir...C'est de sa faute si je suis là, et lui tout ce qu'il a trouvé à faire pour Moi c'est de me faire jeter du village par sa faute... Si il n'y avait pas eu ce fichu mage, s'il n'était pas saoul! Je ne serais pas là, C'est lui, c'est lui, je veux partir... le retrouver et le tuer, même s'il doit l'être déjà, déterrer son corps et le mutiler, disséminer ses organes à travers le monde, ou si je ne retrouve pas son corps, faire du mal à son esprit, torturer son âme, oh je ne sais plus ce que je dis, la fièvre me reprend entre ses bras!

Non, je ne peux pas partir, même si je vais être poignarder dans le dos, je resterais car je crois en Sa parole, je sais que quelqu'un ici saura me comprendre. Elle me l’a insufflé.


Mais qui?

[Valiant]

Une note.


Tenter de compter les fingeliens passés à errer entre le territoire Sinan et la terre maudite.

[Valiant]

Le parchemin semble avoir été écrit en deux parties, une tâche de vin confirme que le Sinan est encore passé à la Taverne.


Les potions somnifères marchent à merveilles. L’amie d’Ysuna fait des merveilles.

La cicatrice ne cesse cependant pas de me rappeler à quel prix je suis encore en vie.
Le temps passe et je ne sais pas où me mettre.

Je n’écris plus très souvent, j’essaie de me créer une place à Séridia, j’ai postulé au projet de Milice.


Un court passage est écrit de la main tremblotante du Sinan, comme si la peur, la douleur, ou autre chose le tenaillait, ou peut-être était-ce parce qu'il était ivre?


Elfette... Patrouilleur... Chanson... Tente... Pardon...


Le Sinan reprend le morceau de papier chiffonné et écrit à la suite.


Il est ..
Il est des choses qu'on essaie de ne pas s'avouer, mais qui pourtant sont inévitables.
Je commence à me repentir de certaines réactions impulsives, à me repentir de cette précipitation, à ne pas avoir fait attention...

C'est Elle.

Aucun doutes.
Comment n'ai-je pas pu comprendre plus tôt? Maintenant il est trop tard.

Elle m'évite, elle refuse mes excuses, elle a peur, elle a ses raisons...

Il est des choses, qu'on regrette à jamais.
Mes cauchemars m'ont quittés, jamais mes nuits n'ont été aussi calmes depuis longtemps. Bercées par de doux rêves...

Et on se réveille, et on se rappelle. On voit là où on est. On crache de s'être réveillé.

Pourquoi? Pourquoi ...


Le Sinan casse la plume dans son poing serré, puis de peur de faire quelque dégât s'en va au fond d'une mine à taper de sa pioche le roc.

[Valiant]

Exaspéré par les paroles d'un Nain, le Sinan cherche en vain l'inspiration, cela faisait longtemps qu'il n'avait jouer de la plume, et ce Sir Nain n'arrangeait guère les choses. Tentant de se calmer, il écrit, hésitant.


Plus d'un Fingelien que je parcours ces terres à la recherche de... de quoi au juste? Je ne sais.
Quête impossible, sans solution? Enigme sans indice?
Les rêves? Hin? Quoi les rêves. Oui, je rêve. Peut-être trop d'ailleurs.
Mais ces temps-ci, bizarrement, je ne rêve plus du tout des mêmes choses: non, plus de Belle Elfe, plus de forêts. Oh, mais par les chimères, ce qui les a remplacé n'est guère mieux, et même pire.
Quoi, pourquoi elle? Depuis cette conversation curieuse avec mon cher Voisin Eskrok, le doute s'est initié dans mon esprit. Pourquoi ces questions touchant à mes relations avec elle?
-Soit il est très curieux...
-Soit... je n'ose l'écrire.

Mais les rêves sont plus distincts, mais pourquoi... serait-ce elle? Trop présente ne l'aurais-je pas remarquer? Et maintenant que la vérité éclate et que je crois être sur de ce fait, j'hésite.

Tout ceci est si complexe... Viennent à cela s'ajouter divers petits problèmes sans trop d'importance: l'argent commence à me manquer, les Sinans se "reconstruisent".

Ma seule satisfaction: je commence à me forger une réputation en ces terres, et je suis assez considéré de ceux qui me connaissent je pense. Respecté, écouté et certainement compris.
On vérifiera cela lors de la journée d'instruction qui se rapproche, j'enseignerais la nécromancie.
J'espère que les élèves seront nombreux, et que je serve à rendre cet art sombre plus "populaire" et moins "horrible" aux yeux des aventuriers. Enfin nous verrons.

J'ai peur que mes yeux ne se ferment, je refuse de rêver. Je crains mes rêves autant que ma réalité.

Le village est pour moi une vraie famille, nous sommes devenus bons amis, et les affaires sont assez bonnes. D'ailleurs je dois aller réfléchir à une solution à un problème pour ma gilde.

J'écrirais peut-être plus tard.

[Valiant]

Dans la noirceur d'une grotte, le Sinan s'est refugié. Il savait. Il griffone sur un parchemin qu'il a sur lui, hativement.

Je sais! Je sais!

Ou plutôt je suis allé au bout de mon cauchemar! Je sais! J'ai la réponse!
Je comprends maintenant pourquoi, je comprends!
Ce combat entre les deux êtres m'apparaissant comme les plus chers, je comprends, j'ai vu qui a gagné, j'ai compris ce que me disait l'elfe, je sais!
Ainsi Elle a battu ma belle Elfe, ainsi, Elle la remplace peu à peu...
Je sais! Je sais!

Mais... maintenant que je sais... j'ai peur... je crains cette personne. Je n'ose retourner dans le désert, je n'ose même sortir de ma cachette. Comment, elle? L'idée n'a jamais effleuré mon esprit... Elle... je sais, oui je sais... Elle...

Alors ma Belle m'a envoyé ici en ces terres pour en trouver une autre, et voilà que je la trouve et que je me dérobe. Non. Je ne dois pas. Mais je ne peux pas lui dire... je ne peux pas, j'en suis incapable...

Je sais désormais, je sais... mais comment faire?

La solution est là, il suffirait peut-être de déclarer ces 3 mots que je n'ai su dire qu'une seule fois... Il suffirait peut-être... Non... je ne sais pas... Un problème résolu en amène un autre, me voilà bien avancé.


Quelques jours après sûrement.


Mémorial de Fingel, solution trouvée.

[Valiant]

Etendu dans le sable fin du désert des Hommes Bleus, un Sinan soupire et grogne en ce jour où toute récolte est proscrite. Cela fait si longtemps qu’il n’a écrit pour lui, il jette un œil à la pile de parchemins déjà vieilli par le temps et les aléas du climat, et décide d’écrire un autre parchemin.

J’attends.

Valiant regarde ces deux mots écrits là, qui attendaient une suite, comme il attendait lui-même une fin.
Sa plume se fait hésitante, comme si retranscrire cette vérité coûtait un effort suprême.

Voici maintenant 28 longs jours… que j’attends.
Ma blessure s’est rouverte, les rêves et les souvenirs sont revenus me hanter et personne, plus personne pour les chasser, pour me faire oublier.

Oublier… c’est pourtant tout ce que je voudrais.

Oublier ces derniers mois que j’ai passé naïvement, espérant au bonheur, crédule au point d’avoir cru toutes choses possibles… Même les plus insensées.
Oublier aussi cette vie en dehors de Séridia, oublier ma Belle Elfe, L’oublier… elle aussi…
Oublier ce jour sombre, où j’ai quitté ma terre natale.
Oublier… tout.. tout recommencer…

Le Sinan a l’impression de divaguer, la fièvre le reprenait sûrement, songea-t-il, tout espoir n’était pas perdu, il se faisait peut-être trop d’idées.

L’Elfette, elle aussi… elle est partie… Elle Lui ressemblait tant, et puis… elle aussi… est partie…
Oublier… il faut que je l’oublie… son image… qui me rappelle… ces souvenirs…

Mes nuits, je les passe à la mine, à frapper toujours plus fort le roc, à inlassablement tenter d’oublier la douleur qui émane de mon torse, à essayer d’échapper au sommeil et à ces rêves cauchemardesques… Quand mes bras ne peuvent plus porter la pioche et les minerais, quand mon dos est trop douloureux, quand mon bandage est imbibé de sang, je me traîne jusqu’à la cité Sinane où je m’abandonne, gardant désespérément les yeux ouverts en espérant La voir venir, attendant que la douleur s’en aille. Et quand elle s’en est allée, je retourne à la mine, et je pioche. Et quand le fourbe sommeil me prend… un supplice…

Il rature. Oublier… il faut que j’oublie… Il rature.

J’attendrais… j’attendrais qu’Elle revienne…

Valiant soupire, et arrache son bandage avec un rictus, la blessure n’a jamais été si horrible, du sang s’écoule le long de sa poitrine, il éponge le sang, lave la blessure légèrement en s’empêchant de crier de douleur, et met un bandage neuf, il enfile son armure en cuir Sinan, se drape de sa cape couleur rouge sang pour cacher les tâches éventuelles et part s’isoler près de Vargath.

[Valiant]

[hrp: Ce texte est un récit raconté par un narrateur omniscient, aucune trace n'en reste... ]

Quelque part en Irilion ou en Séridia... la nuit est déjà tombée, et tout semble calme... très calme...
Valiant est assis devant une rivière, il regarde l'eau s'écouler, essayant de se calmer.
Il devait rester calme, il se le devait à présent... La moindre de ses paroles, le plus petit geste, un seul mot, juste un pas, et désormais il devrait renoncer, il le savait.
Le Sinan se déshabilla et plongea dans l'eau froide, il eut l'impression qu'il ne vivait plus, qu'il avait quitté son corps, il resta longtemps à nager à contre courant, à plonger... et enfin il se hissa sur la rive de nouveau, et se laissa aller, épuisé.
Alors qu'il se relèvait il sentit la colère affluer en lui, il cogna sur le sol de rage, il arracha l'herbe... Il devait rester calme... Etouffer ce sentiment... ces origines qui remontent.
Il se mit à courir, nu, à travers les arbres, cela ressemblait fort à son voyage en dehors des landes, cela ressemblait à la forêt de son Elfe, cela ressemblait à sa fuite... ( à un détail près: il avait des vêtements à ce moment là )
Les branches fouettaient son visage, erraflaient son corps, sa blessure au torse saignait, mais il courait.
Il ferma les yeux, une demi-seconde à peine, Elle était là.
Une branche devant lui, pas le temps de se baisser.
BAM.
Le Sinan se réveilla quelques heures après, une bosse sur le front, le torse brulant, le dos et la tête douloureuse.
Valiant se rendit compte de sa nudité. Le pudeur reprenait le dessus, il se traina jusqu'à la rivière, retrouva ses affaires, se rhabilla.
Il était calme à présent, alors que la nature commençait à s'éveiller.
Valiant reprit son chemin, boitant légérement, courbé en avant. Le poids des années diront certains, mais c'est surtout le poids de ces origines et de son passé qu'il doit porter, comme une énergie spirituelle insoupçonnée qui refaisait surface, la volonté à beau combattre le sang qui coule dans les veines...
On sait déjà qui gagnera...
Il le sait déjà.

[hrp: ce qui suit est un parchemin écrit de la main même de mon Sinan.]

Valiant s'arrêta de nouveau près de la rivière, le soir suivant et avant de partir, il écrit.

Quand on a tout, on cherche toujours plus. Jamais satisfait.
Quand on perd tout, on cherche même plus à le regagner.

Quoi de mieux: un bonheur inespéré, une "famille", un peuple, un poste politique, un peu d'air frais, de la nourriture, des piécettes... Une vie.

Mais non, bien sur, il faut que la colère monte, il faut que je m'enflamme pour un oui ou pour un non: un caprice.

Quoi, j'ai changé? Rien ne sert de braver la tempête quand on peut aller le vent en poupe.
Qui ai-je trahi? Le vent tourne, pourquoi ne pas en profiter au lieu de chercher à attendre la fin de cette histoire?

On considère trop souvent les gens. On s'attache trop vite. Trop longtemps. Et quand la mort, la trahison, le changement vient.
On brise tout, on abandonne, on tourne le dos.

La colère emporte tout... et surtout nous-même.

On fait semblant, après tout.

Le Sinan contemple ses mots avec mépris, il laisse le parchemin près de la rivière, et s'en retourne, comme si de rien n'était.

[Valiant]

Elle s'appelait Leithian Anna an Meldhis.

Le Sinan contemple cette phrase un instant, avec un petit sourire.

Le jour 15 du Thyllion du Fingelien 364 elle est morte. Cela fait trois ans qu’elle me hante, mais c’est fini maintenant, c’est fini.
Elle ne pourra plus venir dans mon esprit, la blessure n’est plus, je suis guéri, et je me souviens de tout, de ses yeux, de sa beauté…

Il lève un instant sa plume, oui, si il avait été meilleur peintre, il aurait fait un si beau portrait.

Leithian Anna an Meldhis pour « délivrance amie du don ». Elle m’a délivré, elle vit en moi… Elle est morte à cause du Destin. Le Destin.

Il l’admettait en l’écrivant.
Il se souvient encore, de cette course à travers la forêt, des marais, de la maison, de l’Elfe.

La blessure s’était rouverte, Elle allait de nouveau venir hanter mes rêves, Elle venait, je le sentais bien. Alors j’ai couru, mes pensées ne devaient pas se propager, les autres aventuriers ne devaient pas savoir… La boue des marécages, la pluie, le brouillard, tout était contre moi, mais la maison était proche, j’y étais voilà.
Ca aurait pu en rester là. M’écrouler sur le sol, essayer de ne pas la laisser m’envahir.
Mais non. Une Elfe m’avait suivi, une Elfe qui connaissait ma belle…

Valiant passa sa main sur son torse où même la cicatrice n’était à présent presque plus visible, il avala une potion, puis reprit.

Elles s’étaient rencontrés. Elle lui avait dit. Leithian –comme elle m’a dit qu’elle s’appelait- avait le don de lire l’avenir. Elle savait qu’elle devrait donner sa vie. Elle me connaissait déjà, on m’attendait déjà, sans que je le sache. Le Destin.
Les Elfes chassaient une bestiole invoquée dans la forêt quand ils m’ont surpris avec Leithian. La flèche de trop qui s’est figé en elle. Ils m’ont pris pour le nécromant qui avait osé invoquer en leur territoire.
Ce n’était pas de ma faute.

Il aurait voulu encore plus se convaincre, il soupira.

Ainsi, elle m’avait délivrée de ce passé, elle m’avait donné sa vie en sachant ce qu’elle faisait. C’est difficile de croire que tout ça était prévu, qu’elle le savait.
Mais bon, me voici en ces terres, et j’ai ma solution.

Il effleure quelque chose sur son torse en souriant.

Oui, j’ai ma solution, et c’est un nouveau départ. Le temps du deuil est passé, il est temps de se relever, et d’aller de l’avant.

Sur cette phrase, le Sinan se lève, déterminé, et marche avec l’espoir que son Destin ne s’achèvera pas demain.

[Valiant]

Les parchemins avaient été laissés en plan depuis quelques longs mois, un nouveau parchemin à l'encre encore fraîche rejoint les autres.


Je ne sais pourquoi j'ai recommencé la récolte.
L'argent amassé dès mon arrivée que j'ai fait fructifier me suffit amplement.
J'ai une gilde, des gens sur qui compter.

Au Tableau ne manque qu'un Peuple que je puisse tenir en mon Coeur, et celle qui est absente de ces terres voilà bientôt un Fingelien.

Les événements se suivent, ne se ressemblent plus tellement.
Après la guerre en Irilion, la pseudo-Union incertaine des Peuples contre les monstres, après les disputes et les discussions sur l'après guerre, et le dépôt commun, après l'errance dans les contrées d'Irilion, et de surcroit, après ma démission au poste de représentant Sinan, il a fallu qu'un Frère se fasse remarquer.

Déjà deux empoisonnements, deux courses poursuites en Irilion, deux occasions où les Sinans ont du se faire remarquer, malgré mes efforts pour aider ces demoiselles affectées.

Je suis las d'attendre, je suis las d'entendre les railleries de certains. Alors je cogne sur la pierre pour ne plus entendre leurs mots, mais leurs pensées sont plus fortes que ma pioche...

Cela fait bien longtemps que je ne me suis plus rendu dans les jardins de Fingel pour boire, scruter l'horizon et peut-être tomber sur Elfy et parler jusqu'à ce que l'alcool fasse son effet. Peut-être parce que ce Palais n m'insire plus rien de bon.

Le Quarante Cinquième Conseil se profile à l'horizon. Je ne sais pas si j'y assisterai, si j'en ai l'envie...
Les Sinans me soucient.
Entre la nouvelle Eliena qui j'espère va devenir une Grande Sinane- elle en a les capacités, elle a un charisme renversant!-, Palladio qui a un empérament qui fairait fuir un Troll avec ses colères, sa haine et son passé compliqué, Magazran qui me paraît sage, bien que réservé, Grenouille que je ne comprend pas, Enelia absente hélas, remark ambitieux comme jamais, Xargost lui aussi assez absent dans le peuple malgré son bon-vouloir de revenir, Arelieth discrète, Zerty un peu motivé mais pas assez patient, Moonson que je connis peu...
Et sur ce peu d'Humains, une opinion plutôt mauvaise.. Cela m'inquiète. Bien que je n'ai plus tellement foi en ce Peuple, j'y crois malgré moi depuis ces chants bleus à la taverne.

L'avenir se profile, solitaire, et difficile.
Mais je me battrai pour faire valloir mes idées, mes origines!
Et je l'attendrai jusqu'à ce que les Landes me prennent dans leurs bras...

[Valiant]

[Pour ceux qui ne sotn pas au courant, lors du départ de Yullan, Valiant est devenu semi-fou, promettant de la tuer, puis il s'est écroulé à terre, en crachant du sang et son corps a disparu. L'Elfe dont il est question ici, est bien entendu celle qu'il a rencontré en venant dans ces Landes (voire les chroniques "Mémoire d'un Sinan"), le texte est en fait plus une description qu'un écrit. L'avatar peut-être au courant (et peut donc l'interprêter comme un songe, considérer Valiant comme sénile, ou ne pas le considérer etc) merci emrci ]


Immensité noirâtre à perte de vue.
Linceul blanc immaculé sur un corps étendu sur un lit aux couvertures pourpres.
Un lieu béni, un lieu maudit.
Les âmes en perdition murmurent au dessus de celui qui est endormi, se réveillera-t-il? Arrivera-t-il à sortir d'ici?
Le Sinan rouvre les paupières, les esprits disparaissent sans un bruit. Valiant se lève soudainement, courbaturé, douloureux, mais décidé à mettre la main sur celle qui a osé partir sans explications.
Il cherche sa dague mais se rend compte qu'il n'a que pour seul habit une tunique de lin blanc ajusté à sa taille.
Il hurle furieux.


" Pourquoi?! Pourquoi est-ce que tu es partie?! Dis-moi! Reviens-moi! Tu ne pouvais pas... tu ne devais pas me laisser seul! Tu étais La solution! Pourquoi es-tu partie?! "


Silence.
-Il est sénile, la vie l'a usé, il ne résistera pas longtemps, bientôt ils auraient un nouvel ami.-
Il tente de donner un coup de pied rageur aux couvertures, qui semblent s'évaporer avant qu'il ne les touche.
L'aventurier regarde, abasourdi, décontenancé, le phénomène.
Il porte alors un regard circulaire au vide qui l'entoure, c'est à peine si il sent le sol sous ses pieds, si un horizon se dessine, si un vent souffle.
Le Sinan est envahi de ce qu'on appelle ici bas, la peur.


" Je... suis .. mort? Où.. que? "


Prit de démence ou de l'envie de vivre peut-être, il s'adresse au silence.


" Dites-le moi! Je suis mort? Où suis-je? Que me voulez-vous? Pourquoi ne suis pas en Séridia ou Irilion?! "


Une voix s'élève, douce, mélancolique, belle, une voix que le Sinan connaît, que le Sinan a aimé.


" Calme-toi Humain, les âmes n'aiment pas le divertissement que tu leur offres. Tu n'es pas mort... du moins pas encore. Je dois t'avouer que je suis étonnée, ta force spirituelle et cette envie de poursuivre ton Destin me fascinent. Un autre ne serait déjà plus qu'âme parmi les âmes. Je suis contente de pouvoir à nouveau te parler, même si ce n'était pas le projet des Mains Divines... "

" Ma belle... Mon Elfe... Comment? N'es-tu donc pas morte ma douce... tes yeux ont-ils toujours l'éclat qui m'a donné la foi? "


Une légère brise se lève et semble caresser le visage de Valiant tel une caresse venant l'effleurer.
Le Sinan frémit, les larmes aux yeux.


" Je ne suis plus dans l'enveloppe corporelle que tu as connu, je suis libre à présent... ou peut-être enfermée. L'on ne sait. Mais je vis toujours en Toi, ce regard restera toujours dans Tes Souvenirs. Mais je ne peux pas te parler très longtemps... Ecoute-moi... Elle était ta solution, mais Elle a déjoué le Destin, tu devais finir tes jours heureux la tenant dans tes bras. Mais elle ne te méritait pas. Elle est partie, et ne reviendra jamais totalement vers Toi. Ainsi les Mains Divines en ont décidé. Maintenant c'est à toi de trouver la solution pour sortir d'ici... Saches que la vengeance, la rancune et la colère qui sont en Toi ne t'y aideront pas. "

" Si je la retrouve... Je l'écorcherai... Je la torturerai, et quand son corps ne sera plus que souffrance, je caresserai une dernière fois ses lèvres que j'ai tant chéri, et je la renvoierai en Enfer, et je recommencerai ce Rituel jusqu'à ce que les Landes en aient assez de la faire revenir! "

" Valiant... "


Le vent souffle plus fort, rouvrant la cicatrice sur son torse, effaçant les marques dues au fer rouge. Le Sinan comme sous le coup d'un violent coup dans l'estomac, se retrouve à genoux, crachant du sang, la douleur le consumant autant que la rage.


" Quoi.. je la hais et je t'aime... Ne veux-tu donc plus de Moi? Pourquoi ne puis-je pas être âme parmi les âmes.. Près de toi... Loin de ce monde où l'Union n'est pas...? Pourquoi dois-je y retourner, pourquoi ne dois-je pas lui en vouloir... Ca fait mal ma belle, ça fait mal... "


" Les Divines Voix ont parlé Valiant. Il n'est pas encore temps pour toi, tu as des choses qui t'attendent là-bas... Ton peuple, les gens que tu apprécies... Les oublierais-tu tous pour la rancune que tu lui portes, pour le souvenir que je suis? "


Le calme revient sur la terre noire, Valiant a malgré lui des larmes qui coulent.
Un temps interminable se déroule, il visualise alors la terre qu'il chérissait, le bonheur qu'il y avait entrevu, un instant il se retrouve sur le sol de la cité du port, mais la haine l'envahit de nouveau...


"Je vais la... "


Il est ravalé brusquement par un tourbillon, il lui semble que la vie le quitte définitivement.

Un temps indéfini plus tard, la même immensité noirâtre, le même silence, le même lit aux couvertures pourpres, le même linceul blanc immaculé, la même tunique blanche... tâchée de son sang.
Et cette douleur malgré les blessures refermées.
La voix s'élève de nouveau.

" Je t'avais prévenu mon Sinan... Je te l'avais dit... "


Valiant ne répond rien, persuadé qu'il est fou, qu'il est mort.


" N'abandonne pas, il y a tant de choses qui t'attendent encore, les écrits sont parfois modifiés si les Mains Divines le souhaitent, et elles l'ont souhaité, je le sais, tu te relèveras. tu verras demain... "


La brise souffle de nouveau entourant Valiant, comme refermant des bras de tendresse autour de lui. Valiant se laisse un instant bercer par ce bonheur... éphémère.

Le vide de nouveau.
Et la solitude.
Le repentis.
L'envie de continuer ce qui a été commencé.


Et... le Sinan se sent de nouveau aspiré... la fin ou la suite?
Un ponton, une douleur réelle, un grand sentiment de libération, du vent, de la pluie sur son armure de cuir Sinan, une impression que la force spirituelle et physique l'a quittée. Que tout haine a disparu.


"Que...? Quel mois sommes-nous?"


C’est la voix télépathique d'un Galdur qui répond, Valiant tressaille.


"Le 9 Mundia du Fingelien 368."


Le Sinan en reste bouche bée, cela faisait un mois qu'il était resté dans cette "salle".
Valiant boîte, courbé, jusqu’au sable de Galein’th.
Elle était bien partie, il était bien là.
Et le temps courrait, et l’emportait avec lui dans son sillage.

[Valiant]

Le Sinan reste pensif entre son glaive de magie de glace, les archives politiques du palais, des souvenirs de sa belle, sa pioche, ses essences, et sa cape bleue.
Il décide d'écrire.


Les temps ont changé.

Voilà qu'Elle est partie à son tour, comme me fuyant.
Voilà que je me lance dans l'écriture du Passé Commun à tous les aventuriers.
Voilà que le Peuple revit un peu, et que la réconciliation semble approcher entre mon Frère et Moi.
Voilà que j'achète des choses inutiles d'apparat.
Voilà que la moindre invocation me fatigue.
Voilà le peu d'espoir.


Dans 24 Lunes exactement, nous nous rencontrerons pour mettre les cartes sur table, à âmes ouvertes, entre frères Sinans adultes et civilisés.
J'appréhende cet instant, je sais qu'il ne m'apprécie pas, qu'il me pense traitre, et sa proposition me surprend. Qu'attends-t-il de moi? Je ne le saurais qu'en allant à l'heure dite.

Le projet est source de débat, les aventuriers sont partagés entre l'idée d'un texte plus ou moins objectif ou bien de neuf textes des points de vue de chaque Historiens de chaque Peuples.
Je suis pour ma part plutôt dirigé vers la rédaction d'un seul et unique texte à visée objective, enfin on verra quelle idée plait la mieux.
Tant que l'Histoire est écrite, après tout.

Je suis seul désormais, plus de bras à rejoindre quand le silence de mes pensées me tourmente.
Je me demande si elle m'aime encore, si elle pense à moi. Si elle est en vie. Mais je sais que rien ne sert de me faire du mal, même si...

Enfin bon, j'ai sacrifié un bout de ma fortune pour une épée magique, et je sacrifie de plus en plus de temps aux Sinans. J'espère que ce Grand Peuple dont je fais parti se relèvera.

Depuis mon séjour... enfin depuis mon rêve... ce n'était pas un rêve, une sorte de semi-réalité... enfin bref depuis ce 9 Du mundia du finelien 378, toute force spirituelle m'a quittée aors que je recouvre peu à peu une santé physique.

Je suis fatigué de tout ça et je pense que je me laisserai dépérir si ce n'était... Oh ... sa jeunesse, sa volonté, son courage et sa fougue... J'ai envie de le soutenir jusqu'à ce que les Sinans se tendent la main et plus la dague... J'ai envie de le voir gravir les échelons petit à petit et s'élever... pour qu'enfin les landes me laissent m'en aller définitivement, je crois que c'est ce qu'elles attendent... Oui je le crois...

bref la mine, les recherches, l'écriture et la politique m'attendent...

[Valiant]

L'immensité noirâtre de nouveau.

Une âme s'approche, un visage apparait comme dans une fumée tout aussi noire.
Le Sinan l'a reconnu, ce visage, il l'a hait, il l'a craint, il l'a respecté malgré tout.


" Ton esprit est bien faible, Fils, ne te rappelles-tu donc plus de mes derniers Conseils?
Tu finiras comme moi, Valiant! "


Un tourbillon immense, une sensation que ses peids décollent du sol, la tête lui tourne, il a envie de vomir.

Le sable de Galein'th, les aventuriers, les voix télépathiques.

Mais un corps est là, en face de lui, son corps, il voit l'âme de son Père flotter au-dessus de l'enveloppe et le diriger un instant, lui faisant dire des choses qu'il ne pensait pas.

Il crie, il lutte, il se débat. Mais personne ne l'entend, il est trop faible.

Dans un ricannement sinistre, l'âme de son Père s'en va, puisqu'elle en a décidé, avec un sourire comme pour lui dire " Ne me dis pas que je ne t'aurais pas prévenu! "

Valiant revient à lui avec une impression de chute libre, il se retrouve à nouveau sur ses deux pieds sentant le sable chaud à travers ses bottes, le vent sec lui ébouriffer les cheveux, sa barbe sous ses mains.
Ses jambes tremblent un peu.

De quoi voulait-il le prévenir, pourquoi les songes et les esprits n'étaient-ils jamais précis?!

Valiant se sent plus vieux, plus usé, plus las que jamais, il a l'impression que c'est la fin, qu'il allait devenir comme les Sinans bruts, ceux qui sont excécrables et n'ont foi qu'en leurs dagues.

Il parle avec les Sinans de toute l'histoire, il pleure presque, il est anéanti.

La seule chose qui le consolait, la promesse que lui avait faite Palladio, le Peuple Sinan allait renaître de ces cendres, le Peuple Sinan s'avancerait Grand et Fort, mais lui... ne serait pas là pour le voir, il le pressentait presque.

Valiant pour ultime faveur demande à Palladio qu'à sa mort, son cadavre soit transporté au pied de l'Arbre de l'Eternité et qu'on le fasse disparaître par un rituel magique puissant.
Il ne supporterait pas non, qu'il devienne comme celui qu'il avait haït, il se tuerait de sa propre dague, et les landes le laisseraient partir.

Il pense à rédiger son testament.

Mais il voit que cela embête ses Frères, alors il sourit, il se force du moins. Il rit, il discutte. Mais le coeur n'y est pas.

Pourquoi son Père était-il revenu tant de Fingeliens après son départ, de quoi voulait-il le prévenir?!

Pourquoi, oh Mains Divines, pourquoi le Destin n'est-il pas écrit sur les pages d'un livre que les aventuriers pourraient lire et changer?

[Valiant]

Le vide de nouveau, mais un vide autre, un manque.

Le Sinan s’est éveillé, mais ce n’était pas un cauchemar.
La trahison, la politique, la différence… tout cela avait causé à sa perte.

Quand on est Sinan, on le reste.
Quand on ne trahit pas les autres, on se trahit soi-même.

Il L’avait dénoncé au Corps d’Enquête, il Le haïssait, il le haït.
Il avait voulu changer la politique pour lui montrer ce qu’il valait, et il a échoué.
Il avait voulu être si différent de Lui, qu’il était devenu comme Lui.

Son Père l’avait prévenu… et il ne s’était pas méfié, naïf, aveuglé par la colère.

Des serpents à cause d’une accusation prononcée lors d’un Conseil. Egoïste, il ne pensait pas aux conséquences, ni au mal qu’il pourrait faire autour de Lui. Sot, il est entré dans Son jeu.
Il s’est battu, mais il a été vaincu, mordu.
La malédiction s’est répandu en lui, il le sait. Il est lié à l’Autre.
Il lui manque cette partie de lui qui se tait quand il est seul, qui écrase son âme quand Il se manifeste.
Il ne peut que fuir.

Les aventuriers ne savent pas, mais ne t’en fais pas, certains sauront. C’est eux, la solution.
Mais sauras-tu les voir, sauras-tu les garder?

Il est redevenu le Sinan d’avant, celui que le Destin a mis contre mon sein, celui qui m’a aimé.
Oh… mon Amour, je suis désolée de t’avoir dit d’y retourner… mais Elles ont parlé, il le fallait…
Ne t’inquiètes pas, Sinan, le Destin prend fin un jour.
Sauras-tu me pardonner Humain ?
Sauras-tu m’aimer quand tu viendras me rejoindre dans le monde des Âmes ?


[l'on comprendra bien évidemment que le narrateur n'est autre que l'Elfe dont est tombé amoureux Valiant en dehors des Landes, cependant l'avatar peut-être au courant en ayant une vision, ou lors d'un passage en Archéron où il auait entendu la voix de l'Elfe par exemple!]

[Valiant]

Il a baissé la tête, il a laissé tomber ses épaules, il n'est plus fier.

IL ne se contrôle plus.
Il ne s'appartient plus.


**
Ce vide immense, ce manque.

Cette sensation d'exhaltation alors que le serpent approche, cette envie de se laisser mordre et de refuser le venin à la fois, ce paradoxe.

Cet abandon, cette impression de repos.
Bénédiction.

Ce retour à la réalité, cette douleur d'apprendre avoir blessé ceux à qui il tient.
Malédiction.

Ce vide, encore et toujours et ce malgré le retour de sa Belle...
Cet arrière goût qu'a laissé l'espoir qui a cédé à l'amertume.
**


Il voudrait gouter à un instant de répis, il aurait voulu que les Landes le laissent s'en aller.
Mais Elles ne le veulent pas, et déjà, il entend les aventuriers le demander.

-Va apporter ta parole à la Vérité.
-Va prouver ton Innocence.

Hélas.
C'est à peine si il a encore la flamme de se défendre, l'espoir que la vérité n'éclate.

-Résiste, souviens toi.

Hélas.
Si il le pouvait.

Mais tu l'as dit, mon Sinan, il t'appartient encore le choix.
Décide donc de Les défier, relève-toi...



"S'il te plaît, promets-le, quand tout sera fini pour moi et que les Landes me laisseront m'en aller, ne l'oublie pas je t'en prie, emmène mon corps sous les feuillages de l'Abre de l'Eternité pour que je puisse avoir l'impression d'un ultime repos... Promets-le..."

[Valiant]

Les notes s'élèvent, se perdent, se retrouvent, se lient, se séparent, pleurent, chantent.

Ta mélancolie, mon Sinan, j'en fais mes pierres les plus précieuses.
Tes larmes si rares, et si vraies, je les gardent dans les perles de ta tristesse.
Je m'habis de ton espoir.
Je bois tes paroles.

Mais pour qui verses-tu tant d'humanité?
Mon amour, si tu savais combien cela me torture...
L'aimes-tu plus que moi?


J'aurais du désobéir aux Mains Divines, ne pas t'avoir laisser y retourner, te garder jalousement, t'aimer jusqu'à ce que l'éternité s'achève.

Regarde-toi, tu n'es plus qu'un sombre pantin, manipulé par un Sinan qui ne le mérite pas... Valiant, ne perds pas face à lui, bats-toi pour moi.

Je le sais, Palladio, ton ami, ton Frère comme tu l'appelles, est là. Il saura faire ce qu'il doit faire. Tu as vu en lui celui qui prendra la relève, il s'est débarrassé de son passé, tu penses que les aventuriers n'ont plus besoin de toi... Tu te trompes mon Sinan...

Vois ces aventuriers, vois-les comme ton espoir.
Restes pour eux du moins.
N'essaie pas d'aller la retrouver, ne te laisse pas abattre.


Je ne vais pas Leurs désobéir mon Sinan... je t'en prie... je ne dois pas...

Je suis l'Âme, l'Amante, l'Attachée.
Je suis Tes souvenirs.


Alors laisse moi juste te tenir compagnie dans tes rêves, ferme tes yeux mon Sinan, laisse-moi te bercer, reposes-toi.

Demain le soleil se lévera à l'est comme chaque fois, il ne se lévera pas pour toi.
Mais lorsqu'il aura finit sa course et que tu trouveras le sommeil au crépuscule de ton espoir, je serais l'étoile qui brille dans le ciel qui ne s'éteindra jamais, sans toi.


"Relève la tête, bombe le torse, et sois fier de ce que tu es"

[Valiant]

Je te l’ai promis,
Mon Sinan.
Je te l’ai promis.

Tu trouveras ta solution.

Ne fais pas comme l’Autre, n’essaie pas de défier le Destin.
Elles sont maîtresses, ce n’est pas ton tour de partir, ne fais pas ça.

Tu laisses des parchemins, tu creuses la terre, comme pour t’enterrer… vivant.

Les écrits mon Sinan, tu l’as dit, tu as désormais la plume à la main, et pourquoi ne pas continuer ?
Pourquoi ne te bats-tu pas ?

L’Union mon Sinan, tu l’as voulu, tu as hissé ton préféré jusqu’à la place que tu as tant convoité, et pourquoi ne plus la prendre ?
Pourquoi te fais-tu ça ?

Tu t’abandonnes, tu les abandonnes.

Je ne te comprends plus mon Sinan, tu t’éloignes et te rapproches en même temps.

Et je te crie de continuer, même si mon âme t’attend impatiente et torturée.

Je t’aime et je te hais.
Tu me combles, et me tortures à la fois.

Paradoxe éternel, j’ai cru Les comprendre, tu crois Les comprendre !
Mais seules Elles savent.
Mon Sinan…
Si nous savions…

Sois l’historien immortel qui rend au passé ses lumières.
Sois le conteur près de l’âtre qui donne vie à ses mots.


« Après tout, ne sommes-nous pas immortels ? Mais qui sait si Elles voudront nous faire revivre demain ? »

[Valiant]

Le temps s’écoule et s’allonge.

Chaque seconde, chaque minute, chaque heure te pèse un peu plus.

Le temps passe et s’en va.

Quoiqu’il advienne dans les pires comme dans les meilleurs moments, il coulera.


Laisse-moi te bercer ce soir encore, mon Sinan.
Te souviens-tu de nos soirées passées côte à côte ?

Tu sais, ce n’est pas vraiment moi qui t’ait choisi.
La forêt elle-même me l’a soufflé, c’était toi, ce jeune homme qui devait aller au cœur de la malédiction.
Je devais t’y guider, et qu’importe le moyen, je savais ce qu’il allait advenir, je mourrais.

Ne t’agite pas mon Humain.

Je sais que tu te souviens de l’image de l’elfe à la robe immaculée dans la clairière, de mon regard indifférent jusqu’à ce qu’il ne croise ta silhouette.
De cet étonnement qui fut mien, non pas dû à ta présence, mais à tout ton être.

Alors que tu allais t’enfuir de nouveau, c’est ma voix qui me trahit, elle laissait entrapercevoir cette émotion qui s’emparait de moi.
Qui étais-tu, bel inconnu perdu au beau milieu des bois?

Ah mon Sinan quand j’ai posé ma main sur la tienne, quand nos lèvres se sont effleurées.
Quand tu as pris peur et quand enfin, après t’avoir rassuré, nous nous sommes aimés…

Le temps ne s’est pas arrêté, il n’a pas ralenti.
Et toutes les incantations et sortilèges n’y auront rien fait, pas plus que mes prières.

Chut…
Souviens-toi, c’est notre moyen à tous les deux de revivre cet acte passionnel, c’est ce qu’il me reste, c’est ce qui te fait rester.

Tu es las, tu es fatigué, tu es prêt à Les laisser te bercer dans Leurs bras.
Ton dernier voyage a commencé, mon Sinan.

Je t’en supplie ne fais pas ça.
Je ne veux pas te perdre deux fois.


« Et quand plus rien ne nous rattache à la terre, il y a toujours un bateau qui nous attend pour un voyage au delà des mers dont on ne revient pas. »

[Valiant]

Lis ce parchemin !
Lis-le !

N’écoute pas sa voix à lui, écoute la mienne !
Entends le chant ! Va-t-en, va-t-en !

Lis ce parchemin et pars, je t’en supplie.
Je Les en conjure, qu’Elles te laissent partir, qu’Elles t’éloignent de Lui, qu’Elles te sauvent.

Mon Sinan, il a de l’emprise sur toi, il essaie de prendre le dessus, il essaie et tu te bats, si tu savais comme j’ai eu peur, si tu savais…
Mais tu es affaibli désormais et il se nourrit du peu de forces qu’il te reste, je t’en supplie, pars, il est encore temps.

Je te bénis et je prie, pourquoi ne le lis-tu pas ?
Pourquoi refuses-tu cette échappatoire, cette bifurcation ?

Je te hais ! Comme je hais cette sinane, cette odieuse qui s’approche de toi !
Je le refuse mon Sinan, je ne veux pas.

S’il te plait…
Comprends-moi…
Echappe-toi…

Non, je ne fais pas ça par jalousie, je le fais pour que tu échappes à cet ennemi, je le sais, j’ai confiance, si tu t’en vas, tu auras gagné…
Tu le sais.


« Je n’aspire qu’au silence des terres enneigées, ce sera, mon seul compagnon, cela vaut mieux. »