L'Elfe, la Harpe, la Magie et le Voyage

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Soriemirhil
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L'Elfe, la Harpe, la Magie et le Voyage

Message par Soriemirhil »

Joth et Livina


Loin à l'Ouest de Draia existaient d'autres terres, sur lesquelles vivaient d'autres peuples. l'histoire que voici prend racine sur le continent de Diffénon, dans la tribu du Désert Roufe guidée par le jeune mage nommé Dacth.

Joth n'était qu'un enfant lorsque les parents de Livina se joignirent à sa tribu : Pour avoir décidé qu'ils initieraient leur fille au chant, ceux-ci furent bannis de leur tribu et errèrent pendant près de 2 Fingels à travers le monde, avant de rencontrer une tribu qui partageait leurs envies. Quand il les vit lier connaissance pendant le premier cours de chant que Thar Zuth dispensait aux juvéniles, Dacth, dont les pouvoirs s'étendaient au-delà du concevable, su immédiatement que ces deux jeune êtres auraient un jour leurs enfants ensemble. Des sensations lui parvenaient dans sa transe, dévoilant même ce que seraient ces enfants : L'aînée, une fille, dont le talent ne la trahirait qu'une fois, aurait un jour le potentiel de lui succéder en tant que guide de la tribu. Le second, un garçon, en dépit de débuts difficiles, parviendrait à un niveau élevé dans la maîtrise de la magie, mais tard, bien après avoir quitté la tribu pour explorer des territoires inconnus. Il aurait en outre une volonté que peu de gens serait capable de faire plier. Le troisième, en dépit de tous les efforts qu'il déploya, restait assez curieusement mystérieux, tout juste lui parvenait des visions de ce qui s'apparentait à des fruits, et le galop rythmant le crissement soyeux de la robe d'une licorne.

Les années passèrent. La complicité de nos jeunes âmes devint amitié, puis amour le jour où tous deux présentèrent leurs chants. Développant ensemble leurs personnalités, ils avaient la même flamme aux fond des yeux, la même grâce, la même soif dévorante de vivre, de découvrir, de s'améliorer. Alors que Joth décida de devenir un éclaireur de sa tribu, chargé de repérer hordes d'animaux, voyageurs égarés et points d'eau éventuels, Livina mit son talent du chant au service de la guérison des blessures et maladies.

Elle mit bientôt au monde, comme l'avait prédit Dacth, une jeune fille. L'enfant, que ses parents prénommèrent Kinath, s'avéra être rapidement d'une force physique et d'un talent magique peu communs que ne démentait pas un corps gracieux mais puissamment découplé. Elle découvrit plus tôt que n'importe quel bambin le don de téléportation, un jour que sa mère lui disait d'arrêter de jouer car l'heure de la toilette approchait. Voulant fuir la tente familiale en vitesse, notre canaille se matérialisa en plein milieu de la source, ce qui fit éclater la tribu entière de rire, même si une téléportation à l'âge de 3 fingéliens était chose peu commune.

Environ deux fingeliens après cette anecdote, le ventre de Livina s'arrondit à nouveau. Joth, lui, était comblé, mais la migration de la tribu vers des territoires où des animaux plus dangereux osaient parfois attaquer les éclaireurs isolés lui prenait beaucoup de temps. Les seuls instants où il pouvait profiter de sa femme et de sa fille étaient ses périodes de repos ou de convalescence.
Dernière modification par Soriemirhil le 17 juin 2008, 00:27, modifié 1 fois.

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Soriemirhil
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L'elfe.

Un jour que les éclaireurs repéraient un gué que la tribu devrait absolument franchir, le son de détresse d'un cor de chasse déchira l'air. Ayant aperçu la veille la piste d'une troupe de "cyclopes" comme les appelaient les voyageurs humains, les éclaireurs partirent telles des flèches vers la source du vacarme.
Une vingtaine de cyclopes morts gisaient au sol, certains raccourcis de leur tête, d'autres fendus de haut en bas, les autres une flèche fichée en pleine poitrine. Une créature qu'ils n'avaient jamais vu, encerclée par 12 cyclopes, résistait vaillamment, un arc brisé à ses pieds, un bras tuméfié pendant lamentablement le long du corps. D'un blond presque blanc, les oreilles aussi pointues que ses flèches, celle-ci parait ou esquivait à une vitesse foudroyante les coups qui lui étaient destinés sans jamais la toucher. De la bouche même des Anciens, jamais aucun chant n'avait décrit une telle fluidité de mouvement, rien ne parlait de cette danse martiale aussi gracieuse que mortelle qui s'éxécutait sous leurs yeux. Pendant que l'elfe faisait mugir une nouvelle fois un cor en cuivre digne des Thar-Artisans, le sabre qu'il maniait de l'autre main éclata en abattant un cyclope qui s'était imprudemment approché. L'elfe, de déséquilibre, fut projeté au sol. Sans autre arme que les pierres sous ses mains, l'issue du combat était certaine.. Relevant son visage aux traits gracieux vers les monstres qui déja se ruaient sur lui, d'une noble voix tremblante de rage, il prononça des paroles qui signifiaient, si tant est qu'on puisse traduire pleinement le sens d'une phrase prononcée dans un tel dialecte, "Il était dit que ma fin arriverait le jour où je perdrai l'espoir... J'ai échoué dans ma mission, créatures abominables, et je vais mourir couvert de honte pour cela. Mais je jure par ma mort que vous ne rejoindrez pas intacts votre horde" . Alors que, d'une main adroite, chaque pierre qu'il lançait frappait un cyclope en plein oeil, les éclaireurs attaquèrent, chacun selon sa technique. L'un utilisait le calme de son chant pour arrêter les battements du coeur de son adversaire, un autre, maîtrisant la télékinésie, arrachait les massues hors des mains des monstres avant de leur briser sur la nuque, Joth enfin, dès qu'un cyclope abattait sa massue vers lui, se téléportait sur un cyclope inattentif qu'il agrippait avant de se revenir à l'endroit de l'impact. En moins d'une minute, la créature aux oreilles pointues était hors de danger.

"Ainsi donc, vous êtes les Hommes Bleus" commença la blonde créature en langage commun, "Votre amour des terres arides me répugne mais étant donné les circonstances je passerai outre, ne connaissant que trop bien les souffrances qui s'abattront sur vous autrement. J'en ai connu un autrefois, qui était différent des autres de votre race, mais les années ont passé, il doit être mort à présent, le pauvre... C'est le seul de votre race pour lequel j'ai jamais exprimé de la sympathie. Je m'appelle Soriëmirhil, et je suis une l'Éclaireuse elfe du clan du Bosquet Aride, qui se trouve loin au Nord de votre désert. Enfin... je devrais plutôt dire que j'en suis la dernière survivante. Les Nains sont au courant, ils m'ont demandé de vous prévenir et de vous joindre à eux, dans leur citadelle principale. J'évalue l'attaque de la troupe à cinq jours, peut-être six. Ma forêt... mon peuple... anéantis par une armée de squelettes et ce mage fou... " Une larme à l'éclat aussi pur que celui d'un diamant roula sur la joue de l'elfe qui s'écrasa de tout son long, épuisée, recouverte d'une étrange cape noire en lambeaux. "Il n'y a pas une minute à perdre, il faut retourner d'urgence au camp avancé prévenir Sam'Aro de la situation" dit un éclaireur. Tous trois acquiesèrent et arrivèrent une demie-heure plus tard au campement avancé des éclaireurs. À proximité du campement, Joth avait adressé ses pensées vers le chef des éclaireurs, le doyen Sam'Aro, qui gardait l'oeil vif et sa force intacte, et dont seul une calvitie parfaite trahissait le grand âge.
"Bien, je n'ai rien compris au nom de cette elfe, depuis le temps que je dis à Thar Zuth qu'il faut que nos jeunes connaissent davantage les langues des autres races... Oh! Luciole!" La voix du doyen s'était brisé quand son regard s'était posé sur le cor qu'un éclaireur tenait à la main. À la vue du bras gauche de l'elfe cassé, de son armure fissurée en de multiples endroits, et de la pâleur alarmante de son teint, Sam'Aro se retourna vers Joth et lui ordonna "Pars pour le camp en l'emportant, amène-la d'urgence à ta femme pour qu'elle la soigne toutes affaires cessantes, et seulement ensuite va rapporter à Dacth. Ne bouge pas du camp à moins qu'il te l'ordonne ; s'il y a une horde de squelettes, il va certainement lever le camp immédiatement et lancer une chasse sur le trajet pour la citadelle naine, je veux que tu en fasses partie. Les autres me rapporteront les évènements. File comme le Vent!"
Joth salua et prit avec précaution le frêle corps de la créature. un instant plus tard, il était déja hors de vue.

Après une journée à se téléporter aussi vite que lui permettait l'état de l'elfe, Joth arrivant à proximité du campement se mit à penser à toute allure. Premièrement, sur ordre de Sam'Aro, que les sentinelles s'écartent. Deuxièment, à l'attention de Livina, pourque sa bien-aimée se prépare à s'occuper d'une elfe dans un état critique suite à un combat avec des cyclopes, peut-être d'autres créatures, et qu'il fallait que l'elfe retouve le plus vite possible conscience. Troisièmement enfin, à l'attention de Dacth, pour lui expliquer rapidement la situation, la manière dont le doyen avait été boulversé en voyant l'elfe dans cet état, et lui demandait quelle conduite tenir. Enfin le camp. Les gardes du portail s'écartaient devant lui lorsque Dacth lui dit "Je te retrouve à l'entrée du dispensaire. Fais vite." Joth fit irruption dans le dispensaire dans lequel travaillait Livina. Pas même besoin de parler ni penser, un simple regard leur suffit à se dire à quel point ils avaient envie de d'oublier le reste du monde pour se blottir l'un contre l'autre, et à dire qu'il y avait plus urgent à faire. Un lit était déja prêt, et quand Livina commença à travailler, Joth ne put résister à l'envie de l'embrasser juste au- dessus du sourcil, à l'endroit qu'elle aimait tant. "Tu es incorrigible, mon Amour, tu sais? Allez, file!" lui dit-elle.

Joth sortit du dispensaire à l'instant même où Dacth apparaissait, la mine soucieuse. "Les Nains ont parlé de cinq à six jours, c'est bien ça? Il va falloir que je trouve une solution, et vite, nous sommes à huit jours de marche. Sam'Aro a raison, nous allons lever le camp, et partirons dès que l'elfe sera réveillée." en parlant, il avait invoqué 2 chevaliers des airs, appellés plus communément "Faucons".Il les chargea de délivrer message respectivement au doyen et au seigneur Nain. Puis en suite, il s'adressa à l'ensemble de son peuple, en leur demandant de se tenir prêt à décamper ou à dresser des barricades, et que tous ceux qui détenaient des réserves de viande, même des miettes séchées ou rassies, commande à les épargner. Une heure plus tard, Livina prévint Dacth que l'elfe était réveillée. Il saisit Joth au poignet et tous deux apparurent au chevet de la messagère, qui se leva et se dirigea alors vers la place centrale du campement.
_"Merci à vous, dit-elle, ces soins sont d'une rare efficacité, je me sens prête à marcher de nouveau. Et même si mon épaule tire encore un peu, mon bras lui est guéri."
_"C'est une bonne nouvelle, car nous levons le camp immédiatement, Répondit Dacth d'un air sombre. Si les Nains évaluent l'attaque à 5 jours, je ne sais pas comment nous allons faire pour les rejoindre à temps.
_Non, c'est un délai que moi j'affirme, sachant l'avance que j'ai sur eux et la vitesse à laquelle je peux avancer.
_Bien, pour éviter d'autres incompréhensions, tu vas me raconter ta version des choses, l'elfe. Clair, rapide, et détaillé.
_Soit! Je me nomme Soriëmirhil, messagère et Éclaireuse du clan elfe du Bosquet Aride. Il y a environ trois lunes de ça, nos patrouilleurs ont commencé à disparaître lors qu'ils s'aventuraient vers la caverne du mage ermite. Notre seigneur envoya donc une troupe afin de discuter avec l'ermite, afin de savoir s'il avait remarqué une horde de créatures récemment. La seule réponse que reçut mon clan fut la tête d'un de nos patrouilleurs qui atterrit aux pieds de mon seigneur, et qui prononça par ses lèvres, mais avec la voix du mage "Je déclare désormais ce territoire mien ainsi que tous ses habitants. Dans trois jours, je viendrai avec ma garde personelle pour recueillir votre serment d'allégeance". Il était bien sûr hors de question d'accepter ce joug, aussi nous nous préparâmes à une attaque massive. Le matin du troisième jour, le mage, accompagné d'immenses chariots tirés par des boeufs se présenta devant notre forêt. "Je vois bien que vous n'acceptez pas facilement la défaite, Elfes arrogants. Mais j'avais songé à cette éventualité. Le mage ôta la bâche du premier chariot. Des os, rien que des os! Se livrant alors à une démonstration de nécromancie, il invoqua squelettes sur squelettes. Puis il passa au second chariot. Puis au troisième. Un rire de dément s'éleva de ses lèvres, et une torche apparut dans la main de chacun de ces squelettes putrides qui étaient désormais suffisamment nombreux pour avoir entourés notre territoire. Inutile de vous expliquer pourquoi, même bien ajustée, une flèche est assez inefficace contre un squelette. Les squelettes étaient parvenus à allumer plusieurs foyers, qui rapidement se propagèrent. Lorsque la nuit tomba, Nous n'étions plus que 4, moi et 3 de nos guerriers. Ceux-ci m'escortèrent jusqu'à l'orée du bois, d'où je pus m'enfuir, avec pour mission d'avertir tous les peuples que je croiserai quelle que soit leur race. Les plus faciles à localiser sont ces Nains, avec qui nous sommes en guerre depuis longtemps. Je me frayais un chemin jusqu'aux portes de leur citadelle où je demandais audience, en jurant sur mon honneur que je venais en paix. J'eus pour réponse une volée de flèches mal ajustées, et une pluie de haches qu'il me fallu esquiver cette fois-ci. J'étais indemne, aussi envoyèrent-ils une escouade de gardes. J'étais épuisée, et verser le sang m'aurait fait manquer à ma parole. Tremblante de rage, je posais un genou au sol en remettant mon arc, ma dague et mon épée. Les nains les plus jeunes se moquèrent, mais les plus anciens comprirent qu'il fallait que l'affaire soit grave pour qu'une elfe s'humilie autant.
Le chef de la citadelle interrompit le banquet qu'il donnait pour en l'honneur de fils qui venait de remporter un championnat de forge avec une hache d'un alliage inédit de thyl et d'adamantite. Je ne pus me contenir et fut époustouflée par la vitesse à laquelle le souverain ivre mort que les soldats portaient jusqu'à son trône décuva et s'éclaircit suffisamment les idées. Pas un baillement, jamais la tête ne dodelina, et ses questions furent aussi pertinentes que les flèches de nos meilleurs archers sont meurtrières.
Je lui expliquai la situation, il compris que ce mage aux pouvoirs considérables ne frappait pas bêtement, mais adaptait sa stratégie à son opposant. Je lui racontais que j'avais vu, avant la fin de l'assaut, d'autres chariots inutilisés repartir dans la direction approximative de votre campement. Il jugea que le mage ne frapperait pas en deux endroits simultanément, et que dans l'hypothèse où un elfe réchapperait, il se dirigerait davantage vers une tribu d'Hommes Bleus que vers une citadelle naine. J'avais fait la même analyse, d'où mon choix de prévenir les nains en priorité.
Le seigneur nain, tout à fait dégrisé, regretta qu'il ait fallu qu'une menace gronde de nous annihiler tous pour que nos deux peuples parlent sans verser le sang. J'étais soulagée, mais j'avais encore à faire, j'étais de loin le meilleur moyen de vous prévenir, aussi je repartis après avoir salué le seigneur.
Les autres Nains me bougonnèrent un merci dans leur barbes, qui témoignait du maximum de gratitude que leurs caractère bourru pouvait exprimer envers ma race, puis m'expliquèrent la route de l'Ouest permettant d'approcher votre tribu itinérante. Je venais de remarquer des traces d'éclaireurs lorsque je suis tombée sur cette troupe de cyclopes. J'ai fini mon récit, j'attends vos questions.

Dacth avait suffisamment pâli pour que Soriëmirhil le remarque durant son récit. "Bien. Donc la durée que tu estimais, c'était la durée pour que ces chariots et... le mage n'atteigne la zone dans laquelle nous campons, c'est bien ça?" dit-il. L'elfe acquiesca. "Parfait, reprit Dacth, notre meilleure arme est la préparation d'une bataille rangée, et nous connaissons sa stratégie. Nous devons donc gagner du temps, et l'ennemi ne possède pas d'éclaireurs. Dans une heure, nous aurons achevé nos adieux à ce coin de désert qui nous a nourri, et nous partirons pour la citadelle de nos amis nains. Tu seras notre hôte, fière Éclaireuse du Bosquet Aride, sur ma voix personne ne nuira à ton intégrité ou ton honneur là-bas. Reçois par ma parole un hommage de ma tribu rendu au sacrifice des tiens, à ta sagesse et les épreuves par lesquelles tu passas pour sauver des vies indépendamment des races." La tribu du Désert Rouge s'agenouilla comme un seul homme, la main droite sur le coeur et la gauche sur la gorge, salut suprême de la tribu. Une heure après, une tribu formant une colonne bleue s'ébranlait, en habits de voyage. Les plus sensibles parlaient de la fin d'une époque, les plus belliqueux recomposaient d'instinct les vers des chants de guerre de jadis, que le vent avait depuis longtemps effacés des gorges et des mémoires.

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